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Gentil organisateur

Un gentil organisateur mieux connu sous le sigle de G.O., est un employé de club de vacances qui « participe à toute la vie et aux animations du village »[1].

Un G.O. au Club Med de Marbella, village longtemps fermé et ouvert de nouveau à l'été 2019.

Historique

Le nom est inventé par le Club Méditerranée peu après la création de l'entreprise. Les premiers recrutés sont des proches de Gérard Blitz le fondateur de l'entreprise ; peu après, les embauches se font par connaissance ou cooptation, puis notoirement parmi les G.M. (« Gentil membre »)[2]. Claudine Blitz, la femme de Gérard, se charge des recrutements. Si au départ les G.O sont français, peu à peu les postes s'ouvrent à toutes les nationalités[3]. « Le Club a écrit les premières pages de son histoire dans des pays à coût de main-d’œuvre bas et avec les fameux GO à nationalités diverses, dont le statut social était flou et la rémunération faible » précise plus tard Philippe Bourguignon[4].

Chef de village reste une évolution possible ; dans les premières années du Club, cela prend au moins cinq ans, avec une formation « sur le tas », réalisée exclusivement au sein des villages[5]. Mais dans les années 1970, le Club évolue et le profil recherché également : les recrutements deviennent plus encadrés et la formation mieux structurée[6]. Les recrutements sont alors majoritairement masculins, les mœurs de certains pays de destination n'acceptant pas ce rôle pour une femme[7].

Après 2000

Après les annĂ©es 2000, le Club MĂ©diterranĂ©e exploite un nombre fluctuant d'environ 80 villages dans le monde, et emploie plus de 18 000 personnes dont plus de la moitiĂ© sous contrat de travail saisonnier[8]. MĂŞme si la « langue vĂ©hiculaire au Club reste le français »[1], les G.O. peuvent ĂŞtre de niveaux d'Ă©tudes très diffĂ©rents et de multiples religions ou nationalitĂ©s[9] - [10] : lors de l'ouverture d'un village au Mexique, les G.O. sont surnommĂ©s par le Ministre du Tourisme d'alors « la raza del Club », la race du Club[11]. Les G.O. sont logĂ©s et nourris dans le village du Club oĂą ils exercent, et habitent souvent Ă  deux par chambre, le tout moyennant une participation aux frais[1] retenue sur leur salaire[8]. Bien souvent, dans les villages Ă©loignĂ©s, les G.O. passent 100 % de leur temps au sein du village[12]. Pourtant, « ils n'appartiennent pas au Club, ils sont le Club » Ă©crit Alain Ehrenberg[12]. Les G.O., « ambassadeurs de l’esprit Club Med »[10], sont Ă©galement dotĂ©s d'un vestiaire variĂ© permettant de changer d'uniforme quotidiennement en fonction du thème planifiĂ© au sein du village ; cet « Esprit-Club », l'uniforme ou l'ensemble des actions des G.O. participent Ă  la théâtralisation de leur fonction[12]. D'une façon gĂ©nĂ©rale, l'accueil des G.M. reste un point clef de la fonction[13].

Cette catégorie de personnel comprend une centaine de métiers[10], dont ceux en contact direct avec les G.M. durant une grande partie de la journée : les barmans, maitre-nageur, réceptionnistes… Mais d'autres corps de métiers sont présents (électricien, chef de partie (cuisine)…) et la plupart des postes à responsabilité (chefs de cuisine, de restaurant, directeur des ressources humaines…). Serge Trigano précise à propos de ce métier que « le nomadisme en est l'un des principes de fonctionnement[14] », une certaine mobilité géographique étant de mise. Un pied d'égalité a toujours été de mise au sein du Club parmi les G.O, « ni larbin, ni vedettes », tendant à effacer au maximum toute organisation hiérarchique de la vue des vacanciers[12].

Il y a plusieurs milliers d'embauches par an[8], nombreux étant les gentils organisateurs ne renouvelant pas l'expérience d'une année sur l'autre[15]. La disponibilité ou le sourire sont aussi importants pour l'entreprise que les compétences ou la maitrise du métier[1], la fonction première du métier consistant à encadrer et divertir[16]. Gilbert Trigano décrit la fonction à son époque comme « un doux mélange de folie et de discipline quasi militaire[17]. » Les contrats de travail sont majoritairement à durée déterminée[10], et les horaires sont souvent payés de façons forfaitaires[18]. Pour beaucoup, ce métier est un « mode de vie »[12].

Certains GO ont fait carrière dans le show business et les médias par la suite.

GO célèbres

Cinéma

  • Les GO, et de façon plus gĂ©nĂ©rale le Club MĂ©diterranĂ©e, ont Ă©tĂ© parodiĂ©s dans le film Les BronzĂ©s de Patrice Leconte : dans les annĂ©es 1970, l'Ă©quipe du Splendid est invitĂ©e durant trois saisons Ă  animer des soirĂ©es au Club Med, dont en Turquie. Ă€ l'issue de cette expĂ©rience, l'Ă©quipe rĂ©alisera la pièce de théâtre Amour, Coquillages et CrustacĂ©s qui donnera par la suite le film Les BronzĂ©s.

Gentil membre

Gentil membre (GM) est le terme utilisé par la société de tourisme Club Méditerranée à la place de « client » ou « vacancier ». Cette dénomination fait écho à gentil organisateur (GO) qui désigne une catégorie d'employé qui est tenue à participer aux animations du centre de vacances. Le terme apparait en 1951, un an après la création du Club Med[22]. Le terme vient en premier lieu du Club Méditerranée à ses débuts qui est une association dont tous les vacanciers sont obligatoirement membres. L'usage répété par Gérard Blitz du mot « gentil » fait que les membres se le sont appropriés[23].

Vers la fin des années 2000, les initiales GM ont une similitude avec « Great Members », programme de fidélisation de l'entreprise lancé à cette période[24].

Notes et références

  1. Olivier Standaert, « Ce qu’on attend du GO », sur lalibre.be, La Libre Belgique, (consulté le )
  2. Trigano 1998, Le mythe du Chef de village, p. 95
  3. Trigano 1998, Le bonheur d'ĂŞtre G.O., p. 253 Ă  255
  4. Philippe Bourguignon, Hop !, éditions Anne Carrière, , 230 p. (ISBN 978-2-84337-330-5)
  5. Trigano 1998, Le mythe du Chef de village, p. 84 Ă  91
  6. Trigano 1998, Grandir, p. 149
  7. Trigano 1998, Tourisme et politique, p. 163
  8. Guy Verstraeten, « Le Club Med renforce son armée de GO », sur lesoir.be, Le Soir, (consulté le )
  9. Trigano 1998, Le Club et les guerres, p. 216
  10. Marie-Anne Nourry, « Travailler au Club Med : dilettantes s’abstenir ! », sur letudiant.fr, L'Express, (consulté le )
  11. Expression citée par Gilbert Trigano in : Trigano 1998, Tourisme et politique, p. 165 puis par Serge in : Trigano 1998, Le bonheur d'être G.O., p. 253
  12. Alain Ehrenberg C'est au Club et nulle part ailleurs. : La société décontractée, in : Paul Yonnet, Histoire politique société, Le Débat 1985/2 (n° 34), p. 130-145. DOI 10.3917/deba.034.0130 présentation en ligne sur cairn.info
    Ehrenberg Ă©crit dans ce mĂŞme article :
    « Des G.O. bronzés et costumés s'affairent, vous offrent à boire, vous guident vers vos bungalows, vous prennent vos valises, vous tutoient et — nous arrivons le soir ‡ l'heure du dîner — on se retrouve à huit par table dans une immense salle à manger. La procédure se déroule de façon efficace et décontractée. La vie bourdonne nonchalamment. On reconnaît immédiatement qu'on n'est ni à l'hôtel ni dans une colonie de vacances pour adultes. On est au Club : les signes sont là, présents partout. L'impression de changement d'univers est réelle, forte - il faut toujours un certain temps d'apprentissage (ce sont les G.O. qui emploient ces termes) pour s'habituer au lieu et à cette ambiance qu'on ne retrouve nulle par ailleurs. »
  13. Trigano 1998, Les années heureuses, p. 295
  14. Trigano 1998, Le bonheur d'ĂŞtre G.O., p. 255 Ă  256
  15. Marie-Sophie Ramspacher, « Pour recruter ses GO, Club Med change de philosophie », sur lesechos.fr, (consulté le )
    « […] l'inventeur du club de vacances teste de gros volants de personnel : sur les 6.000 saisonniers recrutés chaque année, GO et GE - les gentils employés - confondus, un sur deux ne revient pas la saison suivante »
  16. Philippe Coulée, « Les tribulations d'un fou de villages : Encadrer et divertir les vacanciers à l'hôtel, été comme hiver », sur lesoir.be, Le Soir, (consulté le )
  17. Trigano 1998, Le mythe du Chef de village, p. 94
  18. Patrick Bonazza, « Le mauvais coup des Go », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
  19. Stéphane Jourdain, French Touch : Des raves aux supermarchés, l'histoire d'une épopée électro, Le Castor astral, , 190 p. (ISBN 978-2-85920-609-3)
  20. « Elie Kakou », Bios, sur premiere.fr, Première, (consulté le )
  21. Philippe Chevilley, « Serge Trigano prend en main les destinĂ©es du Club MĂ©diterranĂ©e », Services, sur lesechos.fr, Groupe Les Échos, (consultĂ© le ) : « Serge Trigano est, en fait, loin d'ĂŞtre un novice dans le groupe. Il s'est imposĂ© comme le successeur logique de son père, après avoir fait ses armes au Club, en en franchissant tous les Ă©chelons: de GO Ă  directeur gĂ©nĂ©ral, en passant par chef de village »
  22. Trigano 1998, La création du Club, p. 37
  23. Faujas 1994, Acte 1, p. 54
  24. « Club Med : les Gentils Membres sont morts, vivent les Great Members ! », sur quotidiendutourisme.com, (consulté le )

Sources

Voir aussi

Reportage

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