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Gemini Planet Imager

Le Gemini Planet Imager (GPI), en français « Imageur de planètes de Gemini », est un instrument délivrant des images à très haut contraste, conçu et construit pour le télescope Gemini-Sud situé près de La Serena au Chili. GPI est optimisé pour les faibles séparations angulaires, ce qui lui permet d’imager directement et de mesurer le spectre des objets extrasolaires orbitant autour d’étoiles voisines du Soleil. Le design et la construction de cet instrument sont le fruit de dix années de collaboration entre de nombreuses institutions, notamment le Muséum américain d’histoire naturelle (AMNH), le Dunlap Institute, l’observatoire Gemini, l’institut Herzberg d’astrophysique (HIA), le Jet Propulsion Laboratory (JPL), le Laboratoire national de Lawrence Livermore (LLNL), l’observatoire Lowell, l’institut SETI, le Space Telescope Science Institute (STScI), l’université de Montréal, l’université de Californie (Berkeley, Los Angeles et Santa Cruz), l’université de Géorgie et le centre de recherches Ames (NASA).

Logo du Gemini Planet Imager

Spécifications techniques

Diagramme des sous-systèmes de GPI.

GPI est monté au foyer Cassegrain du télescope Gemini-Sud situé sur le Cerro Pachón au Chili. Sa première lumière a eu lieu en et il est prévu qu’il soit mis à disposition de la communauté scientifique avant la fin de l’année 2014. GPI détecte et image directement de jeunes géantes gazeuses grâce à leur rayonnement thermique. Il travaille dans le proche infrarouge (bandes Y à K), gamme de longueurs d'onde dans laquelle ces planètes sont suffisamment brillantes par rapport au rayonnement thermique de l’atmosphère terrestre. Le contraste attendu est de l’ordre de 10-6 à 10-7 en bande H pour des séparations angulaires de 0,2 à 1 seconde d’arc.

Pour remplir son objectif, l’instrument embarque un système d’optique adaptative extrĂŞme, un coronographe de Lyot apodisĂ©, une unitĂ© de calibration basĂ©e sur un interfĂ©romètre et un spectrographe intĂ©gral de champ. Avant d'envoyer le GPI Ă  Gemini Sud, il Ă©tait essentiel de tester le coronographe en reproduisant les conditions expĂ©rimentales exactes dans lesquelles il allait ĂŞtre employĂ©. La source de laser accordable de Photon etc. a Ă©tĂ© utilisĂ©e Ă  cet effet et a permis de dĂ©terminer que, Ă  son pic d'efficacitĂ©, l'imageur peut dĂ©tecter une planète Ă  peine plus massive que Jupiter[1]. L’optique adaptative, dĂ©veloppĂ©e et construite au LLNL, utilise deux miroirs dĂ©formables pour corriger les aberrations induites par l’atmosphère et les optiques du tĂ©lescope. Le premier, fourni par la sociĂ©tĂ© CILAS, utilise des actuateurs piĂ©zoĂ©lectriques et une platine tip-tilt pour compenser les basses frĂ©quences spatiales tandis que le second, de type MEMS et fourni par Boston Micromachines, prend le relais pour les hautes frĂ©quences. L’unitĂ© de calibration mise en place par le JPL permet de mesurer les erreurs rĂ©siduelles quasi-statiques non perçues par l’optique adaptative afin d’indiquer Ă  cette dernière les compensations Ă  rĂ©aliser pendant les acquisitions. Elle comprend deux analyseurs de surface d’onde : un Shack-Hartmann bas ordres et un interfĂ©romètre de Mach-Zehnder modifiĂ© pour les hauts ordres. Le coronographe, dĂ©veloppĂ© par l’AMNH, sert Ă  bloquer la lumière de l’étoile hĂ´te pour pouvoir distinguer le compagnon faiblement lumineux que constitue la cible scientifique. Enfin, la camĂ©ra scientifique de GPI est un spectrographe conçu par les universitĂ©s de MontrĂ©al et de Californie (Los Angeles) qui dĂ©livre après post-processing un cube de donnĂ©es contenant une image pour chaque longueur d'onde de la bande d’observation avec une rĂ©solution d’environ 50 (bande H) sur un champ de vue de 2,8 secondes d’arc carrĂ©es. Il est aussi possible de travailler en polarisation en remplaçant le prisme dispersif par un prisme de Wollaston.

Objectifs scientifiques

Actuellement les mĂ©thodes indirectes de dĂ©tection d’exoplanètes (Doppler, transits, microlentilles gravitationnelles) ne permettent pas d’observer les exoplanètes orbitant au-delĂ  de unitĂ©s astronomiques de leur Ă©toile hĂ´te, ce qui correspond Ă  la rĂ©gion des planètes gazeuses du système solaire. En effet, la plupart du temps il est nĂ©cessaire de pouvoir observer la planète pendant au moins une pĂ©riode de rĂ©volution autour de son Ă©toile (ou du moins une fraction suffisante) pour valider la dĂ©tection, ce qui Ă©quivaut Ă  30 ans dans le cas d’un corps orbitant Ă  la distance de Saturne autour d'une Ă©toile de type solaire. Par ailleurs, les techniques existantes d’optique adaptative perdent en efficacitĂ© avec la proximitĂ© de l’étoile, limitant les observations Ă  l’extĂ©rieur d’un rayon de 30 unitĂ©s astronomiques. Le haut contraste fourni par GPI pour de faibles sĂ©parations angulaires permet d’observer justement les gĂ©antes gazeuses dont l'orbite a un demi-grand axe compris entre 5 et 30 unitĂ©s astronomiques.

Les cibles de choix pour GPI sont les jeunes géantes gazeuses âgées d’un million à un milliard d’années, car elles retiennent encore la chaleur de leur formation et se refroidissent lentement. Une planète encore chaude est plus brillante et donc plus facile à détecter. Cela limite les cibles aux planètes les plus jeunes, mais en contrepartie apportera de précieuses données sur la formation des géantes gazeuses. Plus particulièrement, le spectrographe permet de déterminer la température et la gravité de surface de ces objets, ce qui renseigne directement sur l’atmosphère et l’évolution thermique de ces derniers.

Outre sa mission principale de détection d’exoplanètes, GPI permet d’étudier les disques protoplanétaires, les disques de transition et les disques de débris de jeunes étoiles et ainsi apporter des indices sur la formation des systèmes planétaires. Pour observer ce type d’objets, GPI utilise l’imagerie différentielle en polarisation (voir Méthodes de détection des exoplanètes). Par ailleurs, il est aussi possible d’étudier des objets du Système solaire en haute résolution et avec un grand rapport de Strehl : les astéroïdes et leurs lunes, mais aussi les satellites des planètes géantes, font d’excellentes cibles pour GPI. Enfin, un éventuel cas d’étude est celui des pertes de masse stellaires par l’observation d'évictions de matière.

Galerie

  • Image de l'Ă©toile HR4796a prise par GPI et montrant un disque protoplanĂ©taire.
    Image de l'étoile HR4796a prise par GPI et montrant un disque protoplanétaire.

Notes et références

  1. S. R. Soummer et al., « The Gemini Planet Imager coronagraph testbed », Proc. SPIE 7440 Techniques and Instrumentation for Detection of Exoplanets IV,‎ (DOI 10.1117/12.826700)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Graham, James R.; Macintosh, Bruce; Doyon, Rene; Gavel, Don; Larkin, James; Levine, Marty; Oppenheimer, Ben; Palmer, David; Saddlemyer, Les; Sivaramakrishnan, Anand; Veran, Jean-Pierre; Wallace, Kent, « Ground-Based Direct Detection of Exoplanets with the Gemini Planet Imager (GPI) », Eprint arXiv:0704.1454,‎ (Bibcode 2007arXiv0704.1454G, arXiv 0704.1454)
  • Bruce Macintosh, « The Gemini Planet Imager », Proceedings of SPIE, vol. 6272,‎ , p. 62720L-62720L-12 (DOI 10.1117/12.672430, lire en ligne, consultĂ© le )
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