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Gabrielle Petit (féministe)

Gabrielle Petit, née Gabrielle Mathieu le à Cayrols (Cantal) et morte en 1952, est une militante féministe, anticléricale et socialiste libertaire.

Gabrielle Petit
Naissance
Cayrols (Cantal, France)
DĂ©cĂšs (Ă  91-92 ans)
PremiÚre incarcération
pour propos antimilitaristes
Origine Française
Type de militance journaliste
Ă©ditrice
propagandiste
conférenciÚre
Cause défendue néomalthusianisme
libertaire
féminisme
antimilitarisme
ProcÚs de Gabrielle Petit à Besançon le 29 août 1908.

IndĂ©pendante de tout parti politique, elle collabore avec des syndicalistes et des militants de la Libre pensĂ©e. Elle fonde le journal La Femme affranchie oĂč elle dĂ©nonce la prostitution. Dans ses confĂ©rences, elle parle de l'Ă©mancipation des femmes, du contrĂŽle des naissances, des mĂ©faits du militarisme, du soutien aux grĂšves ouvriĂšres.

Biographie

Gabrielle Petit est nĂ©e dans une famille de meuniers du Cantal. Elle travaille dĂšs l’ñge de 8 ans. Elle aide ses parents et garde Ă©galement les chĂšvres[1].

À 14 ans, elle connaĂźt son premier dĂ©mĂȘlĂ© avec la justice pour avoir jetĂ© des pierres sur la voie du chemin de fer, sur un train en marche. Elle et son amie sont condamnĂ©es Ă  une amende. Elle ne va pas Ă  l’école et ainsi qu’elle l’explique lors de son premier procĂšs : « Jusqu’à 20 ans, je n’ai eu d’autre professeur que la nature, les champs, les prĂ©s, la forĂȘt pour bibliothĂšque, le livre de la vie, le plus complet et le plus nouveau car il a une page nouvelle chaque jour »[1].

Elle Ă©migre aux États-Unis oĂč elle a un fils avant de se sĂ©parer du pĂšre. Elle ne revient en France qu’à l’ñge de 32 ans, oĂč elle Ă©lĂšve seule son fils.

En 1897, alors qu’elle est ĂągĂ©e de 37 ans, elle s'engage dans la dĂ©fense et l’assistance aux femmes et aux enfants.

La Femme affranchie

La Fronde, 1er janvier 1898.

Elle rencontre Marguerite Durand, militante féministe fondatrice du journal La Fronde. Gabrielle y fait ses premiers pas dans le journalisme.

En avril 1904, elle fonde La Femme affranchie[2], « organe du féminisme ouvrier socialiste et libre-penseur »[3]. Elle dirige le journal jusqu'en 1913 puis durant les années 1930[4].

Elle s’appuie sur le soutien d’un ancien communard, Jean Allemane, dĂ©portĂ© en Nouvelle-CalĂ©donie, qui rĂ©sout avec elle l’épineux problĂšme du financement du journal. Il provient des abonnements, de la vente Ă  la criĂ©e et de la vente aux syndicats et militants.

De 1904 Ă  1907, l’équipe se renforce de nombreuses rĂ©dactrices dont Odette Laguerre (pacifiste et fĂ©ministe, qui fondera la Ligue internationale des mĂšres et Ă©ducatrices pour la paix) et Nelly Roussel, issue d’une famille bourgeoise catholique, mais qui rompt Ă  20 ans avec les valeurs familiales pour se tourner vers la lutte fĂ©ministe[5].

Parmi les nombreux thÚmes développés, La Femme affranchie consacre quantité d'articles à la dénonciation de la prostitution.

Selon le politologue Francis Dupuis-DĂ©ri : « Le journal La femme affranchie, dirigĂ© de 1904 Ă  1913 par Gabrielle Petit, fĂ©ministe, antimilitariste et anarchiste, dĂ©nonçait la police française et son droit d’interpeler sans mandat les prostituĂ©es. Le journal estimait Ă  « dix mille » le nombre de prostituĂ©es ou prĂ©tendues telles, emprisonnĂ©es pour n’avoir « commis d’autres crimes que d’ĂȘtre pauvres »[6].

En plus de la revue, Gabrielle enchaĂźne dans toute la France des confĂ©rences sur l’exploitation des femmes, notamment avec le nĂ©omalthusien Paul Robin[5].

C’est au cours de l’une d’elles qu’elle rencontre Julia Bertrand, qui l’amùne vers les thùses libertaires[1].

De 1904 Ă  1910, Gabrielle donne 2 000 confĂ©rences dans 58 dĂ©partements.

Elle voue une véritable admiration à Louise Michel et lui rend hommage lorsque celle-ci disparait en 1905[5].

ProcĂšs pour antimilitarisme

Le 1er aoĂ»t 1907, elle est arrĂȘtĂ©e Ă  Granges, dans les Vosges, et incarcĂ©rĂ©e. À son procĂšs, le 20 novembre 1907[7], on lui reproche d’avoir tenu des propos antimilitaristes au cours d’une confĂ©rence et d’avoir, dans un train, provoquĂ© des militaires Ă  la dĂ©sobĂ©issance et au vol des armes. Elle reste en prison jusqu’au 1er fĂ©vrier 1908. Devenue une personne « dangereuse », elle est accompagnĂ©e dans tous ses dĂ©placements par un commissaire de police ou un gendarme. Mais cela ne l’empĂȘche pas de continuer Ă  sillonner la France pour y donner des confĂ©rences, elle en fait parfois trois par jour.

Le 2 aoĂ»t 1908, elle est Ă  nouveau arrĂȘtĂ©e tandis qu’elle soutient les grĂ©vistes des soieries de Besançon, au prĂ©texte, une fois encore qu’elle fait de la propagande antimilitariste. Le procĂšs a lieu le 29 aoĂ»t[8]. Elle est condamnĂ©e Ă  trois mois de prison ferme[9] et libĂ©rĂ©e le 13 novembre 1908.

Au dĂ©but de l’annĂ©e 1913, Gabrielle Petit et Julia Bertrand, sentant monter la menace de la guerre, rĂ©digent un numĂ©ro spĂ©cial de La Femme affranchie, tandis que la voix des nationalistes se fait de plus en plus vĂ©hĂ©mente et violente contre les pacifistes, et tout particuliĂšrement contre JaurĂšs qui est assassinĂ© le 31 juillet 1914.

En 1927, tandis qu’elle sĂ©journe successivement dans les Vosges, le Lot, la Charente, elle est toujours flanquĂ©e d’un gardien de la paix et inscrite au Carnet B, depuis le 23 aoĂ»t 1913[10].

Elle reprend ses confĂ©rences en faveur du pacifisme et du droit de vote des femmes, mĂȘme si, en tant que sympathisante libertaire, elle considĂšre que ce combat a ses limites. Pour elle, « ĂȘtre antivotant n’est pas en contradiction avec la revendication du suffrage fĂ©minin. Pour s’abstenir et manifester par ce moyen sa condamnation du comportement des politiciens, faut-il encore avoir le droit de voter ! »[1].

Au dĂ©but des annĂ©es 1930, elle participe Ă  la communautĂ© libertaire L’IntĂ©grale Ă  Puch d’Agenais, en Lot-et-Garonne, animĂ©e par le « socialiste anarchisant » Victor Coissac. MalgrĂ© son Ăąge avancĂ©, 73 ans, elle s'active beaucoup, surtout Ă  l'imprimerie[11] - [12].

Commentaire

Selon sa biographe Madeleine Laude : « ConfĂ©renciĂšre admirĂ©e et reconnue, Gabrielle Petit ne mĂąchait pas ses mots. Le pouvoir a tentĂ© de la faire taire en l’incarcĂ©rant en 1907 Ă  Nancy pour dĂ©lit d’opinion puis en 1908 Ă  Besançon. Ces deux emprisonnements n‘ont pas rĂ©ussi Ă  la « mater », comme elle disait. Pas plus que le fait d’ĂȘtre inscrite dans plusieurs dĂ©partements sur le Carnet B, qui recensait les « personnes dangereuses ». Pendant des dizaines d’annĂ©es, elle va continuer allĂšgrement Ă  parcourir la France pour soutenir des grĂ©vistes, crĂ©er des associations et donner de nombreuses confĂ©rences (plus de 2 000 dans 70 dĂ©partements). L’historien Lucien Febvre, qui l’a connue Ă  Besançon en 1908, s’adresse Ă  elle dans Le Socialiste comtois en ces termes : « Vous, bonne et vaillante citoyenne Petit ». Celle-ci est d’ailleurs, semble-t-il, la seule femme dont il est fait mention dans l’Ɠuvre de cet auteur. »[13]

ƒuvres

Les Conseils d'une MĂšre, 1904.

Bibliographie

Notices

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Patrick Schindler, Gabrielle Petit, l’indomptable : une femme affranchie, Le Monde libertaire, n°1628, 24 mars 2011, texte intĂ©gral.
  2. François-Olivier Touati (s/d), Maladies, médecines et sociétés, association Histoire au Présent, 1993, volume 1, page 291.
  3. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : La Femme affranchie.
  4. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : Julia Bertrand.
  5. Anne Cova, Féminismes et néo-malthusianismes sous la TroisiÚme République, L'Harmattan, 2011, (ISBN 978-2-296-54569-4), extraits en ligne.
  6. Francis Dupuis-Déri, Les anarchistes et la prostitution : perspectives historiques, Genres, sexualité & société, n°9, printemps 2013, texte intégral.
  7. Jean Rabaut, Marguerite Durand (1864-1936). La Fronde féministe ou Le Temps en jupons, L'Harmattan, 1996, p.106.
  8. Fédération internationale des centres d'études et de documentation libertaires : [ProcÚs de Gabrielle Petit, Besançon, 29 août 1908.
  9. Joseph Pinard, Le Sillon de Marc Sangnier et la démocratie sociale, Collection Annales littéraires de l'Université de Franche-Comté, 2006, (ISBN 978-2-84867-159-8), page 80.
  10. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : notice biographique.
  11. Michel Antony, Communes Libertaire et Anarchiste en France, in Essais utopiques libertaires de « petite » dimension, Laboratoire Urbanisme Insurrectionnel, 2005, texte intégral.
  12. Diana Cooper-Richet, L'exercice du bonheur : Ou comment Victor Coissac cultiva l'utopie entre les deux guerres dans sa communautĂ© de l'intĂ©grale, Éditions Champ Vallon, 1993, extraits en ligne.
  13. Madeleine Laude, Gabrielle Petit l’Indomptable, Les Alternatifs de Franche-ComtĂ©, 19 mai 2011, texte intĂ©gral.
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