Gabriel de Clieu
Gabriel-Mathieu d'Erchigny de Clieu[1], né en 1687 à Dieppe dans la Haute-Normandie et mort le à Paris[1], ou né en 1678 et mort en 1775[2], capitaine d'infanterie, enseigne de vaisseau et gouverneur de la Guadeloupe, connu pour avoir importé le premier plant de café en Martinique, lequel a permis la propagation du café dans plusieurs îles des Antilles. Il a ainsi contribué à la culture du café[3].
Gabriel-Mathieu d'Erchigny de Clieu | ||
Portrait de Gabriel de Clieu, XVIIIe siècle | ||
Naissance | à Dieppe |
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Décès | à Paris |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France | |
Arme | Marine royale française | |
Grade | Capitaine de vaisseau | |
Autres fonctions | Gouverneur de la Guadeloupe | |
Biographie
Origines et jeunesse
Gabriel de Clieu descend d'une famille noble originaire de Bretagne, implantée à Dieppe et qui fut anoblie par Charles VI[4]. Il est le cousin de Marthe Baudry (1661-1743), la femme de Jean-Baptiste du Casse et la grand-mère du futur duc d'Anville qui se distingueront tous deux dans la Marine du Roi[5]. Son père, Mathieu-Jean de Clieu, est écuyer et seigneur de Neufvillette, de Derchigny, Conseiller du Roi et Général au bailliage de Caux[4].
Débuts dans la Marine royale
Gabriel de Clieu entre jeune dans la Marine royale, au début de la guerre de Succession d'Espagne. Il a quinze ans, en 1702 ou 1703[5], lorsqu'il intègre la compagne de gardes de la Marine au Havre. L'année suivante, en 1703, il passe dans celle de Rochefort avant d'être promu enseigne de vaisseau en 1705[5].
Service en Martinique
Capitaine en pied en 1717, il est fait chevalier de Saint-Louis en 1718[5], avant d'être promu capitaine d'infanterie de marine en 1720, puis envoyé à la colonie de Martinique, il embarque à Nantes en 1723.
En 1725, il est major à Marie-Galante[5]. La même année[6], à la faveur d'un cyclone qui avait détruit des plantations de cacao, le capitaine de Clieu transporte un plant de café, type arabica, qui provenait du Jardin des Plantes de Paris obtenus par M. de Chirac (médecin du Roi), en Martinique. Grâce aux graines, le café est répandu dans les Antilles, notamment en Guadeloupe où de Clieu a été gouverneur de 1737 à 1753[7] - [8]. Il y fait construire ponts et bâtiments et améliore les fortifications[4]. Il est également à l'origine de la création du port de Pointe-à-Pitre en 1763.
Gabriel de Clieu, « Après avoir enrichi la Martinique de cette branche du commerce, mourut pauvre et ignoré à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans, en 1775 »[2]. Cette situation de dénuement est contestée par Louis Du Bois, dans sa notice sur le chevalier de Clieu[9].
En parallèle, il poursuit sa carrière dans la Marine royale et au sein de l'administration coloniale. Promu lieutenant de vaisseau en 1733, puis capitaine de vaisseau en 1746. Il est fait commandeur de Saint-Louis à titre honoraire en 1750[5]. Le , il reçoit une pension de 1 800 livres sur le budget des Invalides et une pension de 3 000 livres sur le budget de la Marine[5]. Le , il reçoit l'ordre de passer au Havre[5]. Il est nommé commandant de la Marine au Port Louis (1756). Lors du bombardement du Havre, en 1759, il se distingue dans le commandement des batteries flottantes qui lui sont confiées. Enfin, il est promu Grand-croix de l'ordre de Saint-Louis en 1774.
Gabriel de Clieu meurt à Paris, le . Les Affiches de Normandie de décembre 1774 dressent un portrait flatteur de lui : « Il était aimé, respecté et estimé de tout ce qui le connaissait ; il fut le père des pauvres, surtout des familles nombreuses, mariant et dotant les filles indigentes des villages voisins de sa terre. Comme ses jours furent comptés par des bienfaits, il ne pouvait manquer d'être regretté de tous ceux qui le connaissaient ».
Vie privée
Gabriel de Clieu s'est marié quatre fois. Sa première femme, Marie Collombe de Mallevault décède à la Martinique en 1725, le laissant seul avec un fils né en 1717 appelé Jean-Baptiste de Clieu. Trois ans plus tard, il épouse Marie Rigolet avec qui il aura trois enfants nommés Jacques-François-Mathieu de Clieu né en 1729, Marie-Madeleine-Rachel de Clieu en 1734 et Catherine-Marthe de Clieu en 1735. Cinq années après le décès de Marie Rigolet, Gabriel de Clieu se remarie avec Luce-Nicole du Bourg d'Esclainvilliers à la Guadeloupe. De cette union naîtra Charles-Abraham de Clieu en 1760. Enfin, à 83 ans Gabriel de Clieu épouse Elizabeth Roux du Fay[4].
Gabriel de Clieu devient grand-père pour la première fois en 1756 d'une petite fille Marie-Charlotte-Mathurine de Clieu[10], fille de Jean-Baptiste de Clieu[4].
Commémoration
- Stade Desclieux, à Fort-de-France, Martinique
- Le Jardin Botanique de Fort-de-France fut inauguré en son honneur.
Notes et références
- Notice n° : FRBNF12545714 de la BnF
- G.-E. Coubard d'Aulnay, Monographie du café : ou Manuel de l'amateur de café, ouvrage contenant la description et la culture du caféier, l'histoire du café, p. 41, Publié par Delaunay, 1832, 215 pages
- Pierre-Jacques Charliat, Le temps des grands voiliers, tome III de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 117
- Catherine de Beaunay-Cotelle, Hommage au chevalier Gabriel de Clieu : la fabuleuse histoire du café au siècle des explorateurs dieppois, Derchigny-Graincourt/Luneray, Association de Clieu / Bertout, , 70 p. (ISBN 2-86743-235-9)
- Mazas 1860, p. 123
- Le voyage des plantes, Le jardin botanique de la marine, Musée Balaguier, ville de la Seyne-sur-mer, éditeur Gehess, 2008
- [PDF] Gérard Lafleur, La culture du café en Guadeloupe, de son introduction à sa quasi disparition, in Bulletin de la Société d'Histoire de la Guadeloupe, no 145, pp. 59-120, septembre–décembre 2006.
- Son successeur, de 1753 à 1757 est Jean-Antoine Riqueti de Mirabeau
- Ibidem - Notice sur le chevalier de Clieu par Louis du Bois
- « Marie Charlotte Mathurine de Clieu ( - 1845) », sur man8rove.com (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Traité sur les effets et les propriétés du café, par Benjamin Moseley, 120 pages, traduit de l'anglais par M. Lebreton, édition Prault, imprimeur du Roi, 1786, cite une lettre adressée à l'auteur par de Clieu le .
- Jacques Le Cornec, Un royaume antillais sur Google Livres, page 43
- Alexandre Mazas, Histoire de l'ordre royal et Militaire de Saint-Louis depuis son institution en 1693 jusqu'en 1830, vol. 2, Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, (lire en ligne), p. 123
- Jean Baptiste Lecomte, Messire J. B. de Clieu, Curé du Havre (1629-1719). Le Capitaine Clieu ou le premier pied de café aux Antilles (1687-1774), Dieppe : Émile Delevoye. 1862, 23 p.
- Catherine de Beaunay-Cotelle, Hommage au chevalier Gabriel de Clieu. La fabuleuse histoire du café au siècle des explorateurs dieppois, 2002, p. 70