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Gabriel Guyot de Folleville

Gabriel Guyot de Folleville, nĂ© Ă  Saint-Servan-sur-Mer le et guillotinĂ© Ă  Angers (Maine-et-Loire) le , est un prĂȘtre vendĂ©en, docteur en thĂ©ologie et en droit civil et canon, avocat Ă  ses dĂ©buts, imposteur sous le nom d'« Ă©vĂȘque d'Agra Â».

Gabriel Guyot de Folleville
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  29 ans)
Angers
Nationalité
Activité

Biographie

Issu d'une famille bourgeoise, il est le fils de Jean-Joseph Guillot, commissaire de la marine de Saint-Malo, qui l’envoie faire ses Ă©tudes au sĂ©minaire d’Angers, puis Ă  Paris. OrdonnĂ© prĂȘtre en 1787, il obtient de l’UniversitĂ© de Paris le titre de Docteur en thĂ©ologie, en droit civil et en droit canon, ce qui lui permet de prĂȘter serment d’avocat au Parlement en 1789 et d’ĂȘtre nommĂ© en avril 1790 curĂ© de Notre Dame de Dol-de-Bretagne. Il fonde dans cette ville une « SociĂ©tĂ© des amis de la Constitution Â». Il prĂȘte serment en avril 1791 et se rĂ©tracte six mois plus tard, ce qui le rend indĂ©sirable des deux cĂŽtĂ©s. « MontĂ© Â» Ă  Paris, il s'inscrit au club des Jacobins, sollicite un emploi Ă  Cayenne oĂč son pĂšre est ordonnateur de la Marine, mais y renonce lorsque ce dernier est rappelĂ©.

Quelque temps avant la guerre de la VendĂ©e, rĂ©fugiĂ© Ă  Poitiers chez une de ses parentes. Ses maniĂšres, son air religieux et doux, lui ont valu le meilleur accueil dans la sociĂ©tĂ© de Poitiers. Toutes les Ăąmes pieuses, les religieuses chassĂ©es de leur couvent, recherchent avec beaucoup d'empressement cet abbĂ© qui vit cachĂ©. C'est alors qu'il imagine, pour se donner plus de considĂ©ration et d'importance, de dire qu'il est « Ă©vĂȘque d'Agra Â».

Au mois de mai 1793, pendant que l'armĂ©e vendĂ©enne occupe la ville de Thouars dont elle vient de s'emparer, quelques paysans trouvent dans une maison un homme vĂȘtu en soldat qui leur explique ĂȘtre prĂȘtre, enrĂŽlĂ© de force dans un bataillon Ă  Poitiers. Il demande qu'on le conduise Ă  M. de Villeneuve de Cazeau, un des officiers de l'armĂ©e vendĂ©enne. M. de Villeneuve le reconnait en effet pour M. l'abbĂ© de Folleville, son ancien camarade de collĂšge.

BientĂŽt l'abbĂ© ajoute qu'il est « Ă©vĂȘque d'Agra Â», que des Ă©vĂȘques rĂ©fractaires l'ont en secret consacrĂ© Ă  Saint-Germain, et que le pape vient de l'envoyer dans les diocĂšses de l'Ouest avec le titre de vicaire apostolique. Un des ecclĂ©siastiques les plus Ă©clairĂ©s de l'armĂ©e est appelĂ© : l'abbĂ© de Folleville lui fait le mĂȘme rĂ©cit avec assurance et tranquillitĂ©. Il cite pour garants un curĂ© respectable et la supĂ©rieure du « couvent des sƓurs grises Â», situĂ© au milieu du pays insurgĂ©. D'aprĂšs lui, ils ont connaissance de son caractĂšre et de sa mission.

On lui propose de suivre l'armĂ©e, de s'attacher au parti vendĂ©en ; il n'en montre aucun dĂ©sir, allĂ©guant sa mauvaise santĂ©, avant de cĂ©der : M. l'Ă©vĂȘque d'Agra est prĂ©sentĂ© Ă  l'Ă©tat-major de l'armĂ©e. On n'a aucune raison de douter de ses rĂ©cits : il a une belle figure, un air de douceur et de componction, des maniĂšres distinguĂ©es. Les gĂ©nĂ©raux voient avec un grand plaisir un ecclĂ©siastique d'un rang Ă©levĂ© et d'une belle reprĂ©sentation venir contribuer au succĂšs de leur cause par des moyens qui peuvent avoir beaucoup d'effet.

Arrivé à l'armée sans y avoir songé, il se trouve porté à continuer son roman, dont personne ne pense à se méfier, devenant un grand personnage dans l'armée vendéenne. En effet, l'arrivée de l'abbé de Folleville à l'armée exalte les paysans.

L'« Ă©vĂȘque d'Agra Â» est mis Ă  la tĂȘte d'un conseil supĂ©rieur devant administrer le pays insurgĂ©, composĂ© d'ecclĂ©siastiques, de vieux gentilshommes et de quelques hommes de loi. Folleville se montre mĂ©diocre, supplantĂ© par l'abbĂ© Bernier.

Ce dernier, se doutant de la supercherie, Ă©crit alors Ă  Rome pour vĂ©rifier ses dires. Peu aprĂšs le passage de la Loire, au moment oĂč les VendĂ©ens vaincus et dĂ©sespĂ©rĂ©s sont forcĂ©s d'abandonner leur pays, un bref apostolique est apportĂ© aux gĂ©nĂ©raux : il est en latin suivant l'usage ; on fait venir l'abbĂ© Bernier pour le lire, qui annonce que l'« Ă©vĂȘque d'Agra Â» est un imposteur sacrilĂšge.

Les généraux demeurent confondus et embarrassés du parti qu'ils doivent prendre au milieu d'une telle détresse. Alors que l'armée entiÚre fuit, ils refusent d'y ajouter ce scandale. Certains veulent le tuer, d'autres ont pitié.

OstracisĂ© par les gĂ©nĂ©raux, mais se montrant auprĂšs des blessĂ©s, il continue de suivre l'armĂ©e jusqu'au moment oĂč, aprĂšs la bataille du Mans, elle est presque dĂ©truite. CachĂ© pendant quelques semaines, il est pris et amenĂ© Ă  Angers.

Il déclare d'abord qu'il est secrétaire de M. de Lescure, mais il est reconnu, puis guillotiné le 5 janvier 1794.

Bibliographie

  • « Gabriel Guyot de Folleville », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabĂ©tique de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littĂ©rateurs français ou Ă©trangers, 2e Ă©dition, 1843-1865 [dĂ©tail de l’édition].
  • Jean-Marie Augustin, Le faux Ă©vĂȘque de la VendĂ©e, Paris, Perrin, 1994, 371 p.
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