Fusillade de Nashville

L'établissement « The Covenant School » se situe dans le quartier de Green Hills au sein de Nashville, dans l'État du Tennessee. C'est une école privée et chrétienne — plus précisément presbytérienne, une branche du protestantisme —[1] qui accueille des élèves de la maternelle à la sixième année[2]. Elle compte environ 200 élèves et une quarantaine d'employés[3].

La fusillade se déroule le lundi 27 mars 2023. Hale a 28 ans[4] et a été élève dans l'école[1].

Aiden Hale, né le 24 mars 1995 sous le nom de Audrey Elizabeth Hale[18] à Nashville, travaille comme graphiste ainsi qu'illustrateur au sein d'une entreprise dans la même ville et n'a pas de casier judiciaire[19]. L'assaillant possédait sept armes à feu, légalement achetées[20] et était suivi par un médecin pour « des troubles émotionnels »[21].

Homme trans, il utilise le prénom masculin Aiden[22] - [23] et son profil sur le réseau professionnel LinkedIn indique qu'il voulait être désigné par les pronoms « he / him » (en français : « il / lui »)[24] - [8]. Sur son site, Hale affirmait être « resté comme un enfant qui aime aller courir à la cour de récréation »[25].

John Drake, chef de la police locale, déclare qu'il s'agit d’une attaque « ciblée ». Il s'appuie sur un manifeste ainsi que des plans de l’établissement retrouvés par les enquêteurs[26]. À l'intérieur de ce manifeste, la police annonce que le projet de Hale prévoyait « plusieurs lieux » dont l'un qui fut abandonné à cause du niveau de sécurité[27] - [28].

Un quart d'heure avant que la tuerie ait lieu, Hale adresse plusieurs messages via le réseau social Instagram à une ancienne coéquipière de basket-ball, rencontrée au collège (expliquant ce choix car elle est « la personne la plus belle » vue dans sa vie). Hale déclare vouloir « mourir aujourd'hui » — en utilisant également le terme « suicider » — et qu'on entendra « parler de lui aux informations » après son geste qui « un jour » aura « plus de sens »[29]. Quelques instants après cet échange, l'interlocutrice essaye de contacter les autorités mais la tuerie vient à peine de commencer[30].

Interrogée sur le mobile, la police évoque une possible « rancune » envers l'école, qui défend des valeurs religieuses traditionnelles[31] - [32] - [30].

Quelques heures après la fusillade, le chef d'État américain doit tenir une allocution[36] — initialement prévue — abordant plusieurs thèmes. Du fait de l'actualité, Joe Biden ajoutera à cette dernière un mot à la suite du drame. Peu de temps après être arrivé à son pupitre, alors que plusieurs personnes ont déjà pris le micro, il déclare « [je suis] descendu parce que j'ai entendu dire qu'il y avait de la glace aux pépites de chocolat ». Bien qu'il n'ait pas minimisé les faits lorsqu'il a abordé la tuerie, ni eu ce ton plaisantin comme dans le reste de sa prise de parole, ce comportement « relâché » est critiqué notamment par la droite américaine[37] - [38] - [39].

La police a fait savoir que les autorités étaient en possession d'un « manifeste » rédigé par Hale. L'éventualité d'une publication de ce manifeste soulève des inquiétudes majeures de la part des groupes LGBTQ+. A contrario, certains conservateurs, comme le représentant républicain du Tennessee Tim Burchett, ont appelé à la publication du document, arguant que cela donnerait au public des informations critiques sur l'état d'esprit de l'auteur[40].

Laura McGinnis, porte-parole de PFLAG — première et plus grande organisation — dédiée au soutien des personnes LGBTQ+[41], affirme que dévoiler ces documents pourrait « augmenter le risque de contagion » et souligne que « le contenu ne change pas l'issue de la tragédie ». Jordan Budd, directeur exécutif de l'association « Children of Lesbians and Gays Everywhere », déclare que le manifeste ne « devrait pas être publié » et voudrait une focalisation sur le sujet des armes[40].

À la suite de cette tuerie, le débat très tendu aux États-Unis des armes à feu est relancé[42]. Le 30 mars suivant, des milliers de manifestants se rassemblent au Capitole de l'État du Tennessee afin de demander des lois plus strictes sur le contrôle des armes à feu[43]. Donald Trump utilise l'occasion pour défendre le lobby des armes à feu[44].

Selon plusieurs médias, dont The Advocate, The Independent[45] et Libération, l'extrême-droite avec ses trolls fascistes[44] et le parti républicain (États-Unis) exploitent l'événement afin de promouvoir la transphobie et diffuse de la désinformation, en se focalisant sur l'identité de genre du tueur et non sur les armes à feu[46].

Skylar Baker-Jordan de The Independent perçoit dans les réactions de républicains, « un récit émergent à droite qui cherche à transformer un incident isolé [...] en un cri de ralliement pour davantage de haine et de violence contre la communauté LGBTQ. » en estimant que c'est la droite la « menace radicalisée pour la sécurité publique, pas la communauté LGBTQ », ce qui « ne veut pas non plus dire que le tireur de Nashville n'était peut-être pas politiquement motivé ». Skylar Baker-Jordan, renvoie la balle et contrebalance à travers une liste plusieurs tueries faites par la main de suprémaciste blancs, de l'extrême-droite, de misogyne et d'incels[47]. Libération écrit : "Ces arguments LGBTphobes ont été démontés par de nombreux militants associatifs et experts.

Dans un article du San Francisco Chronicle , la journaliste Katelyn Burns fait miroir à l'offensive des réactionnaires : « Si l'identité est un tel facteur de motivation dans ces fusillades, comme le disent maintenant de nombreux républicains, ne devrions-nous pas avoir une conversation sur les raisons pour lesquelles tant de conservateurs ont commis tant d'actes odieux au cours de la dernière décennie et demie ? » La majorité des « tueurs de masse » sont des hommes cis[44]. Selon The Violence Project, une base de données recensant toutes les tueries de masse depuis 1966, 98 % de ces attaques sont le fait d'hommes. Les chiffres du FBI vont dans le même sens : dans 83 % des fusillades de masse en 2020, le tireur était un homme, et 98 % en 2021."[44]. Libération ajoute « Le président démocrate Joe Biden a de nouveau appelé à interdire les fusils d'assaut, option fermement rejetée par les républicains. Et stigmatiser les personnes trans est une tentative à peine voilée d'éviter toute remise en question du 2e amendement, quand bien même 129 autres tueries ont été recensées cette année. Une contradiction pointée par Kris Brown, président de l'ONG Brady : United Against Gun Violence, une association de lutte contre les violences par armes à feu : « Malgré ce que l'industrie de l'armement et leurs alliés veulent, tenter de trouver un bouc émissaire n'effacera pas le fait que ce qui cause les violences par armes à feu en Amérique, c'est notre accès si simple à [celles-ci] » »[44].

Libération écrit : "De nombreux militants LGBTQI + ont aussi fait entendre leur indignation, alors que le climat réactionnaire aux États-Unis fait peser une menace continuelle sur leurs droits et libertés. Alejandra Caraballo, activiste trans, résume bien la teneur du débat : «Quand des centaines d'hommes blancs commettent des fusillades de masse, c'est un "problème de société", mais quand une personne trans commet une fusillade de masse, c'est un "problème trans". Le vrai problème est que ce pays est incapable de faire quoi que ce soit pour arrêter la violence par armes à feu.»"[44].