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Front national de libération de l'Ogaden

Le Front national de libĂ©ration de l'Ogaden (FNLO) (Amharique : ኩጋደን ቄሔራዊ ነጜነቔ ግንባር, Somali : Jabhadda Wadaniga Xoreynta Ogaadeenya) est une faction autonomiste Ă©thiopienne crĂ©Ă©e en 1984 et se battant pour l'indĂ©pendance de la rĂ©gion de l'Ogaden, Ă  l'est de l'Éthiopie. L'Ogaden Ă©tant peuplĂ© par de nombreuses ethnies somaliennes, le FNLO affirme que l'Éthiopie serait un gouvernement d'occupation. Pourtant, les peuples de l'Ogaden sont reprĂ©sentĂ©s dans la politique Ă©thiopienne, notamment par le Parti dĂ©mocratique du peuple Somali.

Front national de libération de l'Ogaden
Histoire
Fondation
Organisation
Idéologie
Somali nationalism (en)

La branche armée du FNLO est l'"Armée nationale de libération de l'Ogaden". Le FLNO est qualifié par le gouvernement éthiopien de « groupe terroriste »[1].

Histoire

Territoires peuplĂ© par les somalis. La zone d'action du FNLO figure en rouge, Ă  l'intĂ©rieur de la zone contrĂŽlĂ©e par l'Éthiopie en vert clair.

Le FNLO a été créé en 1984 par un groupe de six personnes : Abdirahman Mahdi, Mohamed Ismail Omar (Front de libération de la Somalie occidentale, FLSO), le Sheikh Ibrahim Abdalla Mohamed (FLSO), Abdi Ibrahim Ghehleh (FLSO), Abdirahman Yusuf Magan (SLSO) et Abdullahi Muhumed Sa'di (FLSO). L'actuel chef du FLNO est Mohamed O. Osman qui a été désigné à ce poste lors d'une convention nationales en 1998.

À ses dĂ©buts, le FNLO a luttĂ© contre le Derg, la dictature militaire de Mengistu Haile Mariam, mais il n'Ă©tait pas alliĂ© avec le Front de libĂ©ration du peuple du Tigray (FLPT), le mouvement de guĂ©rilla menĂ© par le futur premier ministre Ă©thiopien Meles Zenawi[2].

Le FLNO s'est constitué aprÚs la défaite de la Somalie lors de la guerre de l'Ogaden en 1977-1978. Il recruta systématiquement les membres du Front de libération de la Somalie occidentale (FLSO) qui était de moins en moins soutenu par la Somalie. En 1993, le FLNO consolida pleinement sa position parmi les somaliens de l'Ogaden. AprÚs la chute du régime de Mengistu, il rejoint le gouvernement éthiopien mais il le quitta rapidement lorsque le gouvernement lança une campagne de répression contre lui en 1993 en raison de ses revendications d'indépendance et d'autonomie de la région de l'Ogaden.

En dĂ©cembre 1992, le FNLO remporta 80 % des siĂšges du parlement local du cinquiĂšme district de la rĂ©gion Somali en Éthiopie. Ayant ainsi pris ainsi la prĂ©sidence, la vice-prĂ©sidence et le corps exĂ©cutif du district, il dĂ©signa les responsables chargĂ©s de contrĂŽler le territoire. Hormis le FNLO, d'autres partis jouaient un rĂŽle dominant, tel que le Parti dĂ©mocratique du peuple Somali.

Par la suite, le gouvernement éthiopien fut accusé par FNLO de supprimer certain de ses membres, alors que de son cÎté le gouvernement l'accusait d'avoir tué des hommes politiques Somali. C'est dans ce contexte tendu qu'en 1995 est créé le Comité des Droit de l'Homme dans l'Ogaden (CDHO)n une organisation contrÎlée par le FNLO et qui constitue sa branche diplomatique notamment pour ses relations étrangÚres avec les pays occidentaux. Par le biais de ce comité, le FNLO réclame la condamnation internationale des actions du gouvernement éthiopien contre lui[3].

En 2005, l'Éthiopie a proposĂ© des pourparlers de paix avec le FNLO qui acceptĂ© Ă  condition que les discussions soient engagĂ©es dans un pays neutre et en prĂ©sence d'un arbitre neutre de la communautĂ© internationale. Les pourparlers ont Ă©tĂ© rompus en raison de l'insistance de l'Éthiopie Ă  ce que les deux parties se rencontrent dans un lieu situĂ© dans la corne de l'Afrique. Le FNLO a intĂ©grĂ© l'Alliance pour la libertĂ© et la dĂ©mocratie le mais cette alliance n'a accompli aucun progrĂšs depuis sa crĂ©ation[4].

Depuis 2006, le FNLO continue Ă  opĂ©rer dans l'Ogaden. l'armĂ©e Ă©thiopienne a intensifiĂ© ses actions contre le FNLO aprĂšs que celle-ci a annoncĂ© qu'elle allait attaquer la compagnie pĂ©troliĂšre malaisienne Petronas qui projetait d'extraire du pĂ©trole dans le bassin de l'Ogaden. Les conflits entre le gouvernement et le FNLO ont considĂ©rablement ralenti le dĂ©veloppement de la rĂ©gion SomaliE mĂȘme si une universitĂ©, des Ă©coles et un hĂŽpital ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s.

Le , 13 membres du FNLO ont été tués et plusieurs responsables ont été capturés. Le FNLO a contesté ces faits en prétendant que le gouvernement éthiopien tentait seulement de rassurer les compagnies de prospection pétroliÚre malaisienne et chinoise en affirmant qu'il contrÎlait l'Ogaden[5].

Impacts sur la guerre civile en Somalie

Rebelle du FNLO pratiquant le Salat, la priĂšre islamique
Rebelles du FNLO

Tout au long de la guerre qui a opposĂ© l'Éthiopie et la Somalie, le FNLO n'a cessĂ© d'intervenir pour freiner l'intervention Ă©thiopienne sur le territoire de son voisin. Ainsi, le , le FNLO annonçait qu'il n'autoriserait pas les troupes Ă©thiopiennes a passer sur son territoire pour se rendre en Somalie[6]. Le 23 dĂ©cembre, le FNLO affirma avoir attaquĂ© une colonne blindĂ©e Ă©thiopienne prĂšs de Baraajisale, dĂ©truisant 4 des 20 vĂ©hicules, et avoir ainsi contraint le convoi Ă  rebrousser chemin[7], mais aucune source indĂ©pendant n'a confirmĂ© cette attaque.

Le , le FNLO a condamnĂ© la participation de l'Éthiopie Ă  la Guerre en Somalie, indiquant que cette invasion dĂ©montrait que le gouvernement de Meles Zenawi Ă©tait partie prenante dans ce conflit dont le but Ă©tait de saper la souverainetĂ© de la Somalie[8]. Cependant, le gouvernement somalien remercia l'Éthiopie pour son aide Ă  Mogadiscio.

Le raid sur Abole et ses conséquences

Le 24 avril, 2007, des membres du FNLO ont attaqué un champ pétrolifÚre chinois à Abole, dans la région Somali, tuant 65 éthiopiens et 9 chinois[9]. Les rebelles affirmÚrent avoir "complÚtement détruit" le champ pétrolier[8]. La plupart des personnes tuées étaient des ouvriers, des gardes ainsi que du personnel d'encadrement. Ce fut la plus sanglante des attaques menées par le FNLO[10].

Peu de temps aprÚs ce raid, l'armée éthiopienne déclencha une vague de répression dans l'Ogaden.

Autres attaques du FNLO

En mai 2007, une attaque Ă  la grenade menĂ©e par les rebelles du FNLO dans la rĂ©gion Somali couta la vie Ă  au moins 11 Somalis[11]. Durant une cĂ©rĂ©monie dans la ville de Djidjiga, le 28 mai, une grenade fut jetĂ©e sur le podium blessant le prĂ©sident rĂ©gional de Somali, Abdulahi Hassan Mohammed, et tuant trois artistes. Au mĂȘme moment, dans la ville, un seconde attaque Ă  la grenade fit quatre morts parmi de jeunes Ă©tudiants[12].

Une attaque du FNLO dans une ville du wereda de Debeweyin dans la zone de Korahe fit également dix morts, dont un professeur d'école et une femme enceinte[13]. Une autre dans la ville de Shilavo fit cinq morts civis[14]. Une mine terrestre du FNLO prÚs de Aware dans la zone Degehabur a explosé, tuant trois civils qui voyageaient en voiture[15].

En deux mois, entre novembre et , on estime qu'environ 200 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s par le FNLO, selon la tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaine Voice of America[16]. De nombreux Somalis originaires de la rĂ©gion de l'Ogaden ont condamnĂ© ces actions du FNLO qui touchaient les Somalis eux-mĂȘmes[17].

2018 fin des hostilités

Le à Asmara, la capitale de l'Erythrée, pour mettre fin à un conflit qui a duré plus de trente ans. L'ONLF se battait pour l'autodétermination du peuple somali dans la région de l'Ogaden, région de l'est de l'Ethiopie.

Dans cet accord unique en 34 ans de conflit, les deux parties s’engagent Ă  cesser toute hostilitĂ©. L’ONLF, l’un des plus anciens groupe rebelle d’Ethiopie, promet de poursuivre ses objectifs politiques par des moyens pacifiques. Le gouvernement de son cĂŽtĂ© annonce qu’il respectera les droits du mouvement.

Aboutissement

Les deux parties Ă©tabliront Ă©galement un comitĂ© conjoint pour discuter des racines du conflit. Les nĂ©gociations vont donc se poursuivre. Ce compromis est un aboutissement aprĂšs plusieurs avancĂ©es rĂ©alisĂ©es depuis l’arrivĂ©e du Premier ministre Abiy Ahmed au pouvoir en avril dernier.

En juin 2018, sur recommandation de son gouvernement, le Parlement avait retirĂ© l’ONLF de la liste des groupes terroristes. Deux mois plus tard, le mouvement annonçait un cessez-le-feu unilatĂ©ral. En aoĂ»t, des troubles avaient Ă©clatĂ© dans l’Ogaden. Les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales avaient dĂ©logĂ© du pouvoir rĂ©gional puis arrĂȘtĂ© le trĂšs controversĂ© Abdi Iley. Un homme dĂ©testĂ© de l’ONLF.

Finalement, un premier round de discussions directes entre les rebelles et le pouvoir s’était tenu Ă  Asmara mi-septembre. Les deux camps s’étaient mis d’accord sur les problĂšmes Ă  discuter et la marche Ă  suivre. Le texte d’hier vient conclure cette dĂ©marche.

Comment l'ONLF va-t-elle désormais lutter pour l'autonomie ?

Beaucoup de questions restent néanmoins en suspens, notamment le dépÎt des armes, la réintégration des combattants ou encore le statut de la région de l'Ogaden.

Le document signé entre le ministre éthiopien des Affaires étrangÚres et le président du Front le précise : les deux parties vont former un comité qui sera chargé de discuter des problÚmes de fond qui ont mené à ce conflit régional.

Selon le communiqué publié par l'ONLF, la République fédérale et démocratique d'Ethiopie s'est engagée à respecter les principes constitutionnels. Comprendre : la dimension fédérale du gouvernement. Beaucoup d'opposants au régime en place l'accusent de ne pas réellement appliquer le fédéralisme.

Le fédéralisme signifie une vraie autonomie pour la région Somali, l'Ogaden historique. Mais le mouvement armé a toujours lutté pour l'indépendance plutÎt que l'autonomie. Poursuivra-t-il sur cette voie ? Pas d'indications pour le moment.

Quoi qu'il en soit, il est désormais censé poursuivre la lutte de maniÚre pacifique. Mais comment va-t-il s'intégrer au jeu politique éthiopien ? Dans la région Somali, un pouvoir réformiste est en place depuis quelques semaines. L'ONLF va-t-il s'y allier ? Ou fera-t-il cavalier seul en vue des élections générales de 2020 ?

Enfin qui dit lutte pacifique, dit dĂ©sarmement. Il est loin d'ĂȘtre acquis si l'on prend l'exemple d'un autre front de libĂ©ration : celui de l'Oromiyaa, l'OLF. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral l'a rĂ©cemment sommĂ© de dĂ©poser rapidement les armes.

Notes et références

Liens externes

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