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Friperie

Une friperie est un commerce de dĂ©tail qui vend des vĂȘtements d'occasion, les fripes (de l'ancien français frepe, « chiffon », issu du bas latin faluppa, « fibre, petite chose sans valeur »). Par mĂ©tonymie, la fripe dĂ©signe la revente des vĂȘtements et, par extension, des objets ayant dĂ©jĂ  servi.

Un chiffonnier aux Pays-Bas en 1982.

Fonctionnement

Économies d'Ă©missions de gaz Ă  effet de serre associĂ©es Ă  diffĂ©rents changements de mode de vie (en kg Ă©quivalent CO2 par an).

Certaines friperies sont tenues par des organismes caritatifs, les vĂȘtements provenant des dons des particuliers. La collecte, le tri, les Ă©ventuelles rĂ©parations et la mise en vente des vĂȘtements peuvent ĂȘtre assurĂ©s par une entreprise de rĂ©insertion sociale.

D'autres fonctionnent sur le principe du dĂ©pĂŽt-vente, les vĂȘtements sont apportĂ©s par des particuliers et la friperie leur tient lieu d'intermĂ©diaire commercial.

Enfin, certaines achĂštent les vĂȘtements, gĂ©nĂ©ralement au poids, lors de dĂ©stockages d'usines ou de magasins traditionnels (faillites, fins de sĂ©rie, soldes invendus, etc.).

Outre les bas prix pratiquĂ©s dans ces magasins, leur intĂ©rĂȘt rĂ©side dans le fait qu'il est possible d'y trouver des vĂȘtements vintage.

L'achat de vĂȘtements de seconde main en friperie, permet de rĂ©duire l'empreinte carbone[1].

Histoire

Friperie vintage Ă  Belfast en 2019.

Historiquement, les origines de la friperie remontent au Moyen-Âge. À cette Ă©poque, seules les personnes riches, liĂ©es Ă  la noblesse ou Ă  la riche bourgeoisie, avaient les moyens financiers pour s’offrir assez rĂ©guliĂšrement des vĂȘtements neufs. Le reste de la population achetait rarement des vĂȘtements neufs par manque de moyens. Les friperies naissent de cette demande de la population pour se vĂȘtir sans dĂ©bourser de fortes sommes que la plupart ne pouvaient procurer. Les friperies sont alimentĂ©es par les anciens vĂȘtements que les classes sociales les plus aisĂ©es ne portaient plus ou encore par les malles de vĂȘtements des dĂ©funts et autres bouts de tissus qui servaient Ă  combler les trous prĂ©sents dans les vĂȘtements usĂ©s par le temps[2].

En 1266 Ă  Florence, la corporation de vente au dĂ©tail accueillait les marchands de ventes d’occasions. Il y avait rĂ©guliĂšrement des conflits entre les gens du « neuf » et de « l’usagĂ© ».

En France, la guilde des fripiers est mĂ©prisĂ©e car leur commerce est trĂšs rentable. Ils sont accusĂ©s de vendre trop cher les vĂȘtements d'occasion, dĂ©couler des marchandises volĂ©es. Étant associĂ© aux pauvres et criminels ils entretiennent une mauvaise image. Au XIIIe siĂšcle, les fripiers parisiens cherchent Ă  corriger leur mauvaise image en faisant homologuer leurs statuts, prouvant que leur monde artisanal Ă©tait bien ordonnĂ©.

Friperie au Carreau du Temple Ă  Paris, gravure du Palais des Glaces de Munich, 1891.

La fripe n’a pas toujours Ă©tĂ© catĂ©gorisĂ©e comme Ă©tant destinĂ©e aux personnes n’ayant pas assez de moyens financiers.

En effet, au XVe siĂšcle, la population issue de l’aristocratie aime dĂ©corer ses vĂȘtements avec des bouts de tissus sur les extrĂ©mitĂ©s. Seuls les aristocrates le faisaient car ils avaient le luxe de se permettre de dĂ©couper leurs habits contrairement au reste de la population.

La friperie connaĂźt un dĂ©veloppement et un essor au niveau continental au XVIe siĂšcle. À cette Ă©poque, Paris est le point de transit de tous les vĂȘtements. Les vĂȘtements mis Ă  la vente dans les friperies sont donc envoyĂ©s Ă  Paris d'oĂč, par la suite, ils sont distribuĂ©s dans les diffĂ©rents pays europĂ©ens.

Les Juifs, exclus des corporations de mĂ©tiers jusqu'Ă  leur abolition en 1789, sont confinĂ©s dans plusieurs mĂ©tiers comme la friperie, le prĂȘt sur gage et le commerce des chevaux[3].

Au XIXe siĂšcle, le commerce de fripier se spĂ©cialise alors que les siĂšcles prĂ©cĂ©dents, il ne se distingue pas du brocanteur. La confection mĂ©canique et standardisĂ©e du prĂȘt Ă  porter ne se dĂ©veloppant qu'Ă  partir de 1850, le vĂȘtement doit longtemps ĂȘtre constamment reprisĂ©, reteint ou retaillĂ©.

Les fripiers en boutique se distinguent des fripiers Ă©taliers vendant dans la rue, comme dans le Carreau du Temple, haut lieu de la fripe. Ils s'approvisionnent principalement auprĂšs des hĂŽpitaux, monts de piĂ©tĂ©, ministĂšre de la Guerre (uniformes au rebut qui doivent ĂȘtre dĂ©gradĂ©s) ou morgue. Avec la montĂ©e de l'hygiĂ©nisme, les fripes (le terme marchĂ© aux puces est rĂ©vĂ©lateur Ă  cet Ă©gard) sont dĂ©sinfectĂ©es dans des batteries d'Ă©tuves.

À partir de 1880 pour le vĂȘtement masculin, 1900 pour le vĂȘtement fĂ©minin, la friperie est concurrencĂ©e par les habits confectionnĂ©s bon marchĂ© et devient frĂ©quentĂ©e par la bourgeoisie, les artistes ou Ă©tudiants qui viennent s'y encanailler et rechercher de bonnes affaires. La friperie connaĂźt un renouveau dans les annĂ©es 1960 pour dĂ©tourner les uniformes militaires (contestation des guerres coloniales) et s'extraire de l'uniformitĂ© du prĂȘt-Ă -porter (contestation commerciale)[4]. La friperie connaĂźt une nouvelle vie avec les amoureux du vintage et les partisans de la seconde-main qui luttent contre la fast fashion et pour l’écologie.

Friperie au Sénégal en 2022.

Dans l'empire colonial français, le commerce de la fripe se dĂ©veloppe dĂšs le XIXe siĂšcle auprĂšs d'une clientĂšle citadine, encore peu nombreuse, attirĂ©e par les modes europĂ©ennes sans avoir le pouvoir d'achat correspondant. En 1860, l'AlgĂ©rie reprĂ©sente 5% des exportations de fripe française, loin derriĂšre l'Italie et l'Allemagne. AprĂšs les indĂ©pendances africaines, les nouveaux États tentent de dĂ©velopper leur propre industrie textile mais elle ne suffit pas aux besoins croissants des habitants : les fripes, d'abord collectĂ©es en Europe par des associations caritatives, deviennent l'objet d'un commerce international bien que certains pays comme le NigĂ©ria s'efforcent de les interdire. À Dakar, on compte une dizaine de fripiers vers 1980, une quinzaine en 1990 ; le trafic culmine dans les annĂ©es 1990 mais dĂ©cline au tournant des annĂ©es 2000 au SĂ©nĂ©gal sous l'effet de la concurrence des vĂȘtements chinois Ă  bon marchĂ©. Il se maintient en CĂŽte d'Ivoire oĂč le marchĂ© de KoutĂ© Ă  Yopougon, autogĂ©rĂ© par un collectif de jeunes locaux, attire des centaines de marchands itinĂ©rants venus du reste du pays et du Ghana[5].

Notes et références

  1. (en) Philipp Cerny, Martin Keim, EUROPEAN MOBILITY ATLAS 2021. Facts and Figures about Transport and Mobility in Europe, Heinrich-Böll-Stiftung European Union, , p. 14.
  2. Audrey Millet, Fabriquer le désir, Belin, , 472 p. (lire en ligne), page 94
  3. Ph. Sagnac, « Les Juifs et la Révolution française (1789-1791) ». In: Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 1 N°1,1899. pp. 5-23. [www.persee.fr/doc/rhmc_0996-2743_1899_num_1_1_4116]
  4. Manuel Charpy, auteur de « Le théùtre des objets. Espaces privés, culture matérielle et identité bourgeoise - Paris, 1830-1914 », émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, 25 avril 2012.
  5. Sylvie Bredeloup et JérÎme Lombard, « Mort de la fripe en Afrique ou fin d'un cycle ? », Revue Tiers Monde, 2008/2 (n° 194), p. 391-412

Voir aussi

Articles connexes

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