Fraternité étudiante
Fraternités et sororités (respectivement de frater et soror mots latins signifiant « frère » et « sœur ») sont des organisations fraternelles sociales pour les étudiants, essentiellement de premier cycle. En anglais, les termes fraternity et sorority se réfèrent principalement aux organisations des universités d'Amérique du Nord, bien qu'ils soient également appliqués à des groupes analogues européens, notamment en France et en Belgique. Des organisations semblables existent aussi pour les élèves du secondaire mais moins fréquemment. Dans une acception moderne, l'expression Greek letter organization (organisation à lettres grecques) est souvent synonyme de « fraternité » et « sororité » pour désigner ce type de confréries en Amérique du Nord.
Nomenclature
Les noms des confréries en Amérique du Nord se composent généralement de deux ou trois lettres grecques, souvent les initiales d'une devise grecque ou latine. Pour cette raison, les fraternités et sororités sont désignées par le terme englobant d'« organisation à lettres grecques » et décrites par l'adjectif « grec », comme on le voit dans des expressions comme la « communauté grecque » ou le « système grec ». Les membres se nomment les Greeks. Une fraternité ou sororité est souvent appelée aussi une « maison grecque » ou simplement « maison », des termes qui sont parfois trompeurs car ces confréries n'ont pas obligatoirement une véritable maison pour se réunir.
Plusieurs groupes n'utilisent toutefois pas des lettres grecques dans leur nom : Acacia à l'Université Michigan ou Farmhouse dans le Missouri en sont des exemples tout comme les très connus Skull and Bones à Yale.
Fonctionnement
En règle générale, les organisations à lettres grecques ne sont pas mixtes. Les membres sont considérés comme actifs durant les années de premier cycle seulement, même si une exception notable à cette règle est traditionnellement le cas dans les fraternités afro-américaines (National Pan-Hellenic Council), « latinos » (National Association of Latino Fraternal Organizations), asiatiques et multiculturelles, dans lesquelles l'appartenance active se poursuit et dont les membres sont souvent initiés longtemps après l'obtention de leur diplôme de premier cycle.
Ces organisations à lettres grecques peuvent parfois être considérées comme des sociétés d'aide mutuelle dans la mesure où elles permettent d'offrir des activités extra-scolaires et sociales. Elles sont critiquées car elles entrainent souvent des comportements déviants : dénigrement du corps des nouveaux, consommation d'alcool, abus sexuels.
Histoire
La première fraternité qui utilisait des lettres grecques fut créée le à Williamsburg en Virginie, plus particulièrement à l’Université William et Mary[1] - [2]. Il s’agit des Phi Beta Kappa, une société honorifique formée par un groupe étudiant autour du slogan « Love of Learning is the guide of life ». À la suite du succès de ce regroupement, des chapitres à Harvard, Yale et Dartmouth ont été créés. Ce sont les Phi Beta Kappa qui ont instauré les règles de la communauté grecque, telles que les noms en lettres grecques, les devises (exemple : In Hoc Signo Vinces, la devise des Sigma Chi), la discrétion, le rituel d'admission (le pledging), les sceaux, une poignée de main ou un signe secret.
À la suite du succès de la fraternité et grâce aux liens et valeurs de ce cercle, elles se développent fortement dans le monde anglo-saxon à partir des années 1870, notamment dans les universités américaines. Elles constituent dès leur origine un cercle de socialisation important pour la bourgeoisie qui fréquentait ces établissements, leur créant un réseau et un esprit de camaraderie reposant sur la pratique du sport. Cette entraide se poursuit après les études, notamment par le biais des anciens élèves qui financent ces fraternités et constituent un cercle de fréquentation allant au-delà de la famille et du monde du travail. Le spécialiste des fraternités William Raimond Baird note ainsi que ces fraternités étaient des « cercles d'hommes cultivés qui autrement ne se seraient pas connus », d'où leur utilité. Outre le statut social gagné, ces fraternités étaient ensuite un terreau utile pour les affaires, de par les ramifications qu'elles engendraient, et ce en perpétuelle croissance. Ainsi, en 1889, la fraternité Bêta Thêta Phi était implantée dans seize villes puis cent-dix en 1912. En 1889, Delta Kappa Epsilon compte parmi ses membres six sénateurs, quarante parlementaires, ainsi que des personnalités comme Henry Cabot Lodge et Theodore Roosevelt ; en 1912 s'y ajoute dix-huit banquiers new-yorkais (dont J.P. Morgan), neufs notables de Boston ou encore trois directeurs de la Standard Oil[3]. En 1909, la première conférence internationale sous le nom « North American Interfraternity Conference » (NIC) a eu lieu. Cette conférence donnait lieu à des actions coopératives, tout en laissant la liberté aux fraternités.
La première « Fraternité de femme », portant le nom IC Sororis, a été créé le dans l’Illinois. Cependant, la première avec un nom grec, les Kappa Alpha Theta, existe depuis le . Le terme « Sororité » existe à partir de 1874 et s'applique à la Gamma Phi Beta[4]. La fraternité Alpha Delta Phi s'était ouverte aux femmes en 1851[5].
Liste des principales organisations à lettres grecques
(NIC) indique les membres du North American Interfraternity Conference (Conférence interfraternité nord-américaine).
(FFC) indique les membres du Fraternity Forward Coalition (Coalition Fraternité Forward).
(PFA) indique les membres du Professional Fraternity Association (Association de la fraternité professionnelle).
(NPC) indique les membres du National Panhellenic Conference (Conférence nationale panhellénique).
(NALFO) indique les membres du National Association of Latino Fraternal Organizations (Association nationale des organisations fraternelles latino-américaines).
(NAPA) indique les membres du National APIDA Panhellenic Association (Association panhellénique nationale APIDA)[6].
(NPHC) indique les membres du National Pan-Hellenic Council (Conseil national pan-hellénique).
Fraternités
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Hors de l'Amérique du Nord
La France n'est pas en reste avec des fraternités comme celle de Khômiss (Polytechnique) ou Breaking Lion's (Université Lyon III), mais encore les toutes récentes Monades créées en 2012, d'inspiration française, mais à rayonnement qui se veut international. Ces dernières apportent un renouveau au concept de fraternité étudiante avec un réseau qui ne se rattache pas à une seule école ou université mais qui comptent ses membres parmi des formations extrêmement variées, toutes ayant en commun leur qualité. Les Monades offrent par ailleurs une structure mixte et apolitique ce qui se présente comme une double entorse au fonctionnement classique des sociétés secrètes étudiantes.
Par ailleurs dans beaucoup d'écoles d'ingénieurs françaises comme les Arts et Métiers, les ENI ou l'ENSEIRB, il existe des regroupements semblables aux fraternités et sororités nommés « familles ». Il s'agit de groupes composés d'étudiants venant de chaque promotion d'une école ; il y a généralement de deux à cinq étudiants par promotion dans une même famille. Chaque élève « Ancien » est le parrain d'un élève d'une promotion plus récente. Cette suite de parrainages fait l'objet de relations durables qui perdurent dans le temps bien au-delà de la scolarité. Les valeurs des familles sont la fraternité et l'entraide (notamment pour les cours). Des repas entre familles et des soirées sont également organisées[11].
Dans l'enseignement supérieur belge, il existe également des cercles étudiants qui prennent une part importante dans la vie de l'école ou de l'université. Il existe différents types de cercles (folkloriques, politiques, culturels, etc.). Ces cercles proposent diverses activités comme des soirées, des visites culturelles ou des repas. Certains cercles organisent un baptême, période d'initiation d'environ 6 semaines.
En Allemagne, le principe de la fraternité étudiante existe mais les sources et les traditions sont différentes. Les Studentenverbindung remontent pour la plupart au XIXe siècle. Rarement mixtes, elles ont un fonctionnement démocratique et l'appartenance au groupe est valable à vie. La plupart des groupes arborent une couleur (ruban et casquette spécifique) et certains pratiquent l'escrime académique, une forme ancienne d'escrime, dont les racines principales sont les duels d'honneur et la nécessité pour les étudiants, lors de certaines périodes historiques, de pouvoir se défendre. Les fraternités catholiques réprouvent cette pratique ainsi que les duels qu'elle engendre, même si ceux-ci sont étudiés pour n'occasionner que des blessures au visage.
Dans la culture populaire
- Des fraternités apparaissent dans la série de films American Pie, notamment dans American Pie : Campus en folie où un concours est organisé entre les confréries Beta « BΔΞ » et les Geeks.
- La série télévisée Greek suit plusieurs fraternités et sororités américaines sur le campus universitaire imaginaire de Cyprus-Rhodes.
- La série de films d'horreur The Brotherhood met en scène des jeunes d'une confrérie étudiante, Delta Tau Omega, dont les membres pratiquent la magie noire.
- Dans le jeu vidéo Ghost Master, le joueur peut envoyer ses fantômes hanter, successivement, la maison de la sororité Kappa Lambda, puis celle de la fraternité Alpha Tau. Ces personnages ridicules sont par la suite récurrents dans le jeu, et constituent une parodie des fraternités étudiantes. Deux fantômes, Wendel et Tricia sont d'anciens membres de ces sociétés (respectivement le pitre de la classe qui s'est suicidé, et une cheerleader blonde très superficielle, morte en exécutant une figure).
- La première saison de Scream Queens se déroule à l'université Wallace et suit la sororité Kappa Kappa Tau dont les membres sont confrontés à une vague de meurtre. La saison met également en scène la fraternité Dickie Dollar Scholars.
- Dans le film Monstres Academy, les deux héros rejoignent une fraternité appelé Oozma Kappa.
- Dans Mademoiselle Détective, Molly une adolescente détective amateure infiltre une université ainsi qu'une sororité pour protéger une fille.
- Dans le film Nos pires voisins, le couple — Mac et Kelly — découvre que Delta Psi Beta, une fraternité d'étudiants connue pour mener des fêtes avec alcool et drogue, s'installe dans la maison à côté de chez eux. Le meneur charismatique, Teddy, espère que sa confrérie rejoindra le mur du panthéon des Delta. Même histoire dans Nos pires voisins 2 mais avec la sororité Kappa Nu et des filles qui veulent leur indépendance.
Personnalités
Personnalités connues issues de fraternité
- Neil Armstrong : Phi Delta Theta
- Bill Clinton : Alpha Phi Omega
- Harrison Ford : Sigma Nu
- Ashton Kutcher : Delta Chi
- Marthin Luther King : Alpha Phi Alpha
- Brad Pitt : Sigma Chi
- Elvis Presley : Tau Kappa Epsilon
- Ronald Reagan : Tau Kappa Epsilon
- Steven Spielberg : Theta Chi
Personnalités connues issues de sororité
- Elizabeth Banks : Delta Delta Delta
- Sophia Bush : Kappa Kappa Gamma
- Jennifer Garner : Pi Bêta Phi
- Jenna Dewan : Pi Bêta Phi
- Aretha Franklin : Delta Sigma Theta
- Kourtney Kardashian : Alpha Phi
- Alicia Keys : Alpha Kappa Alpha
- Meghan Markle : Kappa Kappa Gamma
- Michelle Obama : Alpha Kappa Alpha
Termes utilisés dans les fraternités et sororités[12] - [13]
- Alumni : lorsque les membres d'une fraternité ou sororité terminent leurs études, ils deviennent alumni et n'ont plus les mêmes obligations.
- Bid Night : soirée officielle de recrutement.
- Chapter : il s'agit d'une entité locale d'une fraternité ou sororité.
- Get-together : rencontre entre les membres de fraternité exclusivement, de sororité exclusivement ou de plusieurs fraternités et sororités.
- Mixer : rencontre entre les membres d'une fraternité et d'une sororité exclusivement
- Pledge : candidat qui a été accepté pour s'essayer à la greek life. On rejoint officiellement la fraternité/sororité lorsqu'on devient un membre actif.
- Pledge master : membre de la fraternité/sororité responsable du pledging qui s'assure entre autres que les pledges s'intègrent bien et réalisent leurs tâches.
- Rush : période de recrutement, où les candidats posent leur candidature et participent aux activités de recrutement.
- Social Chair : membre de la fraternité/sororité responsable d'organiser la vie sociale (entre autres organiser les mixer et les get-together).
Notes et références
- (en) Craig LaRon Torbenson et Gregory Parks, Brothers and Sisters : Diversity in College Fraternities and Sororities, Associated University Presse, , 320 p. (ISBN 978-0-8386-4194-1, lire en ligne).
- (en) « Phi Beta Kappa Minutes » [PDF], sur digitalarchive.wm.edu (consulté le ).
- Eric Hobsbawm, L'ère des empires. 1875-1914, Pluriel, 2012, page 234.
- Jack Anson, Baird's Manual of American College Fraternities (20th Edition), Bairds Manual Foundation, (ISBN 978-0963715906), p. III-32
- Wesleyan Female College (originally Georgia Female College and now simply Wesleyan College), was the origin of the first two sororities, both the Adelphean Society and the Philomathean Society. The Adelphean, founded in 1851 eventually became Alpha Delta Pi, while The Philomathean, begun in 1852, eventually became Phi Mu. Together, these sororities are known as the "Macon Magnolias". Several other unrelated "Philomathean Societies" emerged during the 19th Century, most notably a literary society at UPenn and another, unrelated, at NYU.
- Le site Web de NAPA est ici. Il n'y a pas d'article Wikipédia en anglais. (consulté le ).
- (en) National Asian Pacific Islander Desi American Panhellenic Association, (consulté le ).
- (en) « ZETA LAMBDA ZETA », sur Zeta lambda zeta (consulté le ).
- https://www.zetathetaxi.org/ (consulté le ).
- https://www.facebook.com/ndm.montreal/ (consulté le ).
- « Dico d'argadz de Mister π », sur fondam.org (consulté le ).
- (en) « Greek Vocabulary », sur Fraternity & Sorority Life, (consulté le ).
- (en) « Language of Greek Life », sur Delta Eta Iota (consulté le ).
Voir aussi
- Ressource relative à la santé :
- Studentenverbindung
- Fraternité (société)
- Sororité (université)
- Collège d'études supérieures (Hongrie)
- Fraternités et sororités au Canada
- Fraternités et sororités en Amérique du Nord
- (en) http://time.com/4976836/fraternity-hazing-deaths-reform-tim-piazza/?xid=newsletter-brief