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Franciscus de le Boë

Franciscus de le Boë, ou, de son nom latin, Franciscus Sylvius[1] (Hanau, – Leyde, ) est un médecin, anatomiste, chimiste et physiologiste, né en Allemagne, qui passa la plus grande partie de sa vie dans les Provinces-Unies (aujourd'hui les Pays-Bas). Champion des théories de Descartes, Van Helmont et William Harvey, il fut l’un des premiers, dans son pays d'adoption, à soutenir la théorie de la circulation du sang ; il attira l'attention sur l'importance des processus chimiques en médecine.

Franciscus de le Boë Sylvius
Sylvius, gravure de J. L. Durant
Autres informations
A travaillé pour
Université de Leyde ( - )
Université de Leyde
Maîtres
Adolphus Vorstius, Emmanuel Stupanus (en)
Directeur de thèse
Influencé par

Biographie

On sait de Sylvius que son nom aux Pays-Bas Ă©tait « de le BoĂ« Â» ; « Sylvius Â» est, en latin, le nom des personnes appelĂ©es « Dubois », ou portant un nom Ă©quivalent. Sa famille, qui Ă©tait aisĂ©e, Ă©tait originaire de Cambrai[2] et s'Ă©tait exilĂ©e pour des raisons religieuses.

Il étudia la médecine à l’Académie protestante de Sedan et, à partir de 1632–1634, à l’université de Leyde sous Adolphe Vorstius et Otto Heurnius. En 1634, il soutint, sous la présidence de Vorstius, un débat intitulé Positiones variae medicae, dans lequel il défendait la thèse de l'existence d'une circulation pulmonaire. Après un voyage d’étude à Iéna et Wittenberg, il obtint le titre de médecin en soutenant, le 16 mars 1637, une thèse intitulée De animali motu ejusque laesionibus, à l’université de Bâle, sous la présidence d’Emmanuel Stupanus (en)[3] - [4].

Il pratiqua la médecine dans sa ville natale d’Hanau, mais revint à Leyde en 1639 pour donner des conférences. C’est à cette période qu’il devint célèbre pour ses démonstrations sur la circulation du sang. À partir de 1641, il entretint une lucrative pratique médicale à Amsterdam.

C'est à Amsterdam qu'il rencontra Johann Rudolf Glauber, qui l’initia à la chimie. On peut considérer que Sylvius est l’un des pionniers de la chimie clinique moderne. Estimant que les processus chimiques jouaient un rôle important dans le corps humain, il déduisait que leur étude pouvait contribuer à la qualité du diagnostic et du traitement, point de vue très sujet à controverse à cette époque.

MĂŞme si bien des collègues critiquaient ses idĂ©es, il fut nommĂ©, en 1658, professeur de mĂ©decine Ă  l’universitĂ© de Leyde avec 1 800 florins d’appointements (le double du salaire habituel). Il rĂ©unit autour de lui une Ă©quipe de chercheurs, parmi lesquels Reinier de Graaf et Jan Swammerdam. Il fut vice-chancelier de l’universitĂ© en 1669–1670.

Ĺ’uvre

Ce dessin de Sylvius, gravé par J. Voort Kamp et publié en 1641, a contribué à faire donner le nom de Sylvius au sillon latéral[5]

En 1669, Sylvius fonda, à l’université de Leyde, le premier laboratoire universitaire de chimie en Europe[6] et rendit cette université mondialement connue par son enseignement de l'iatrochimie, selon laquelle tous les processus vitaux, pathologiques ou non, sont fondés sur des actions chimiques. Cette école de pensée tentait de comprendre la médecine en termes de règles universelles de physique et de chimie. L'enthousiasme de Sylvius attira des étudiants de nombreux pays. Les plus célèbres furent Burchard de Volder (de), Jan Swammerdam, Reinier de Graaf et Niels Stensen.

Sylvius fut le premier à établir un lien direct entre les nodules pulmonaires chez les tuberculeux et la maladie elle-même. Il étudia également l’influence des sels sur la digestion en introduisant le concept d’affinité chimique comme moyen de comprendre la façon dont le corps humain utilise les sels. Il a ainsi grandement contribué à la compréhension de la digestion et des fluides corporels.

Sylvius a Ă©tudiĂ© la structure du cerveau et dĂ©crit le mince tube entre le troisième et le quatrième ventricule du cerveau, qu’on appelle maintenant « aqueduc de Sylvius » ; il se situe dans la « scissure de Sylvius », dĂ©couverte Ă©galement par Sylvius, selon Caspar Bartholin le Vieux dans Anatomicae institutiones corporis humani de 1641[7]. Cependant, comme Caspar Bartholin est mort en 1629 et que Sylvius n’a commencĂ© Ă  pratiquer la mĂ©decine qu’en 1632, on a soutenu que les termes dĂ©crivant la scissure de Sylvius Ă©taient dues soit Ă  son fils Thomas Bartholin, voire Ă  Franciscus Sylvius lui-mĂŞme[7]. Dans son propre Disputationem medicarum decas, Sylvius dĂ©crit, en 1663, la scissure latĂ©rale : « Particulièrement remarquable est la profonde fissure ou scissure qui commence Ă  la racine des yeux (oculorum radices) […] elle va de l’arrière au-dessus des tempes jusqu'aux racines du tronc cĂ©rĂ©bral (medulla radices). […] Elle divise le cerveau en une section supĂ©rieure, plus grande, et une infĂ©rieure, plus petite[8] - [7] - [9] ». Il aurait Ă©galement dĂ©crit l'artère sylvienne aux alentours de 1645[10].

Sylvius et sa femme par Frans Mieris l’Ancien.

La sylvine, dont il conseillait l’usage en gastro-entérologie, est également nommée en son honneur[11].

On affirme que Sylvius a été le premier à distiller du genièvre, sans que cela puisse être établi avec certitude. De toute manière, il était expert dans la composition de potions médicinales et aurait, vers 1650, baptisé l’une d’entre elles « genièvre » (en français dans le texte) comme précurseur de la boisson actuelle le gin[12] - [13]. En ce XVIIe siècle de peintres très chers et très appréciés, il possédait également une collection de 190 tableaux, dont neuf de Mieris l’Ancien et onze de Gérard Dou[14].

Ĺ’uvres (liste partielle)

Les Ĺ“uvres de Sylvius sont en latin.

Annexes

Éponymie

Notes et références

  1. En page titre de ses Ĺ“uvres, il s'appelle « Franciscus deleBoe Sylvius Â» ou « Franciscus de le Boe Sylvius Â».
  2. Jean-Chrétien-Ferdinand Hoefer (Histoire de la chimie depuis les temps les plus reculés jusqu’à notre époque, p. 222) le fait descendre de la famille de Crèvecœur.
  3. Jean-Chrétien-Ferdinand Hoefer, Histoire de la chimie depuis les temps les plus reculés jusqu’à notre époque, Paris, Hachette, (OCLC 14166162, lire en ligne), p. 222–225.
  4. (en) Peter J. Koehler, George W. Bruyn et John M. S. Pearce, Neurological Eponyms, New York, Oxford University Press, , 386 p. (ISBN 0-19-513366-8, OCLC 42969585, lire en ligne), p. 51.
  5. (en) Ludwig Choulant, Mortimer Frank, Fielding Hudson Garrison et Edward Clark Streeter, History and bibliography of anatomic illustration…, 1852, p. 246.
  6. Le bâtiment dans lequel sont situĂ©es plusieurs des facultĂ©s de chimie et de sciences naturelles de l’universitĂ© de Leyde porte le nom de « laboratoire Sylvius Â» pour cette raison.
  7. La prĂ©face note que « nous pouvons tous mesurer la noblesse et le talent du cerveau de Sylvius par la merveilleuse, nouvelle structure du cerveau Â». Et : « Dans les nouvelles images du cerveau, le graveur a suivi la conception et le scalpel le plus approfondi de Sylvius Franciscus, Ă  qui nous devons, dans cette partie, tout ce que le cerveau a de plus, ou le plus merveilleux. Â» : (en) M. Collice, R. Collice et A. Riva, « Who discovered the Sylvian fissure ? Â», dans Neurosurgery, no 63(4), p. 623–628 DOI 10.1227/01.NEU.0000327693.86093.3F PMID 18981875.
  8. Ce texte de Syvius est dans ses Opera, dans la quatrième Décade de controverses, p. 7, paragr. 9.
  9. (en) Stephen Michael Kosslyn et Stephen Kosslyn, Top brain, bottom brain : surprising insights into how you think, p. 27.
  10. (en) Jacob Edward Schmidt, Medical discoveries : who and when, Springfield, Thomas, , 566 p. (ISBN 978-1-258-42295-0, lire en ligne), p. 35.
  11. (en) « Webmineral » (consulté le ).
  12. (en) « Origins of gin », Bluecoat American Dry Gin (consulté le ).
  13. (en) « Gin », tasteoftx.com (consulté le ).
  14. (nl) Eric J. Sluijter, Marlies Enklaar et Paul Nieuwenhuizen, Leidse fijnschilders : van Gerrit Dou tot Frans Mieris de Jonge, 1630-1760, Zwolle, Waanders, 1988, 269 p.
  15. (en) http://journals.lww.com/neurosurgery/Abstract/2008/10000/WHO_DISCOVERED_THE_SYLVIAN_FISSURE_.10.aspx.
  16. (en) Christoph LĹ«thy, David Gorlaeus, 2012, p. 22.

Liens externes

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