Francisco Whitaker
Francisco Whitaker Ferreira (dit Chico Whitaker), nĂ© en 1931 Ă SĂŁo Paulo au BrĂ©sil, architecte de formation, est un militant altermondialiste brĂ©silien au Parti des Travailleurs brĂ©silien, l'un des organisateurs du Forum social mondial de Porto Alegre et secrĂ©taire exĂ©cutif de la Commission brĂ©silienne Justice et paix (organisme Ă©manant de lâĂ©piscopat brĂ©silien).
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Il est récipiendaire du Right Livelihood Award en 2006. Francisco Whitaker est conseiller du Conseil pour l'avenir du monde.
Il est membre du comité de parrainage du tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont été présentés le .
Biographie
Chico Whitaker a commencĂ© son engagement social dans les annĂ©es 1950 comme Ă©tudiant en architecture[1] et membre du JUC (Jeunesse Universitaire Catholique) qui repose sur l'idĂ©e de s'impliquer dans son propre milieu[2]. En 1957, dĂšs l'obtention de son diplĂŽme d'architecte-urbaniste, Chico Whitaker collabore avec Louis-Joseph Lebret[Note 1], fondateur Ă Sao Paulo de SAGMAS[Note 2], un institut pour lequel Chico Whitaker rĂ©alise des enquĂȘtes sur les structures urbaines brĂ©siliennes.
De 1962 à 1963, directeur de la SAGMAS, Chico Whitaker travaille sur la planification urbaine et les projets de réforme agraire[3] pour le gouvernement brésilien.
De 1963 à avril 1964, il est directeur de la planification de la SUPRA[Note 3], avant de rejoindre le mouvement d'opposition contre le régime militaire du pays en 1964.
Ă la fin du concile Vatican II, en 1965, il commence sa collaboration avec les thĂ©ologiens de la libĂ©ration comme l'Ă©vĂȘque HĂ©lder CĂąmara et Paulo Freire, sous l'influence de Leonardo Boff. Il est assesseur Ă la ConfĂ©rence nationale des Ă©vĂȘques du BrĂ©sil (CNBB), pour les questions de planification pastorale.
En 1966, il s'exile, avec sa femme Stella et quatre enfants, en France durant la dictature militaire, à la suite de son action de militant chrétien[1].
Dans les années 1970, Chico Whitaker vit et travaille en France. Il est d'abord enseignant à l'IRFED[Note 4], puis, de 1968 à 1970, chef de projet pour le Comité catholique contre la faim et pour le développement[2]. Chico Whitaker prépare ; il est conseiller pour l'UNESCO, travaille pour l'Organisation des Nations unies, au Chili, via le CEPAL dans les efforts pour le développement économique en Amérique latine, sous le gouvernement Allende.
AprÚs le coup d'état, Stella et Chico Whitaker se consacrent à l'action politique, abandonnant leurs métiers respectifs (psychologue et architecte)[2].
AprĂšs son retour au BrĂ©sil, Chico Whitaker travaille Ă l'organisation des mouvements de solidaritĂ© parmi les chĂŽmeurs. Il est aussi l'assistant de l'archevĂȘque de SĂŁo Paulo, le cardinal Paulo Arns. Il est l'un des principaux initiateurs du mouvement civil pour une participation universelle Ă la crĂ©ation de la constitution. Chico Whitaker organise « une initiative populaire » qui propose 122 amendements au projet de constitution. De 1989 Ă 1996, il est conseiller de SĂŁo Paulo, au nom du Parti des travailleurs (PT)[1].
De 1996 Ă 2003, il est secrĂ©taire exĂ©cutif commission Justice et Paix de la ConfĂ©rence nationale des Ă©vĂȘques du BrĂ©sil[1]. Chico Whitaker est Ă l'origine d'un projet de loi contre la corruption Ă©lectorale, et en particulier l'achat de voix[3]. Cet amendement recueille un million de signatures et il est approuvĂ© par le CongrĂšs en 1999. Il a eu un grand impact : plus de 400 maires, dĂ©putĂ©s et conseillers ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans la corruption Ă©lectorale en 2000[3], et perdent leur mandat.
En 2001 à Porto Alegre au Brésil, Chico Whitaker est cofondateur du Forum social mondial en réponse au Forum économique mondial. Car, Chico Whitaker est convaincu que l'on ne peut pas changer le monde à travers la seule sphÚre politique : « si on ne change pas nos comportements personnels, nos habitudes de consommation, le problÚme du climat ne sera pas résolu »[4].
Chico Whitaker démissionne du PT avec fracas en janvier 2006, en raison de désaccord sur les dérives éthiques marquant le mandat de Lula. « Au lieu de perdre les deux tiers de mon temps dans des bagarres internes, je préfÚre me consacrer à un travail dans la société civile, qui a besoin d'organisation »[4].
Comme Maude Barlow, Chico Whitaker fait partie de ceux qui « veillent Ă ce que les biens communs de lâhumanitĂ© ne soient ni privatisĂ©s ni transformĂ©s en marchandises, comme lâexige la dynamique profonde du capitalisme »[5]. « Je ne suis pas catastrophiste, mais je suis trĂšs prĂ©occupĂ©. Si les changements climatiques continuent de s'intensifier, le problĂšme de l'eau va devenir trĂšs sĂ©rieux, tout comme celui de la faim. »[4]
En 2007, il devient un conseiller du Conseil pour l'avenir du monde.
Reconnaissance
En 2003, Chico Whitaker a reçu la « Médaille de Vermeil de la Municipalité de Paris »[6].
Chico Whitaker est rĂ©cipiendaire du Right Livelihood Award en 2006, « pour le travail de toute une vie dĂ©vouĂ©e pour la justice sociale, qui a renforcĂ© la dĂ©mocratie au BrĂ©sil et a contribuĂ© Ă donner naissance au Forum Social Mondial, en montrant que âun autre monde est possibleâ. »
Ćuvres
- Chico Whitaker (trad. Celina Whitaker et Julien Foirier), Changer le monde : [Nouveau] mode d'emploi, Editions de l'Atelier, , 256 p. (ISBN 978-2-7082-3876-3, lire en ligne) [7].
Notes et références
Notes
- Sur le travail du pĂšre Lebret au sein des favelas, lire l'article « enquĂȘter pour lâaction » Licia Valladares 2005.
- La SAGMACS, fondĂ©e en 1947, Ă©tait un laboratoire dâenquĂȘtes sociales oĂč les dominicains nâapparaissaient pas officiellement. Luis Cintra do Prado, lâancien directeur de lâĂ©cole polytechnique de SĂŁo Paulo, le docteur Freitas, directeur de lâĂ©cole de mĂ©decine de SĂŁo Paulo et Franco Montoro, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâAction catholique de SĂŁo Paulo faisaient partie des membres fondateurs.Licia Valladares 2005.
- SUPRA : un organisme chargé de la réforme agraire.
- Un institut de formation de cadres pour le Tiers-Monde, fondé par le PÚre Lebret.
Références
- (fr) von LĂŒpke / Erlenwein le "Nobel" alternatif, 13 portraits de laurĂ©ats, La Plage, SĂšte, 2008
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- Autres sources
Annexes
Liens externes
- « Remise de médailles de vermeil », in : Mairie de Paris, sur , Paris.fr, (consulté le ).
- Louis Weber, « Interview de Chico Whitaker », in : Institut de Recherches historiques, économiques, sociales et culturelles, sur , (consulté le ).
- Licia Valladares, « Louis-Joseph Lebret et les favelas de Rio de Janeiro (1957-1959) : enquĂȘter pour lâaction », in : GenĂšses n° 60, sur , Belin, (ISBN 2-7011-4178-8, OCLC 5530963629, consultĂ© le ), p. 31 Ă 56.
- Pierre-Yves Stucki, « Whitaker, un "Nobel alternatif" Ă la Catho », in : le portail jeune de l'Ăglise catholique en France, sur , inXL6, (consultĂ© le ).
- Ludovic de Lalaubie, « Le livre du trimestre : changer le monde », in : Ăconomie & Humanisme N° 379 âą dĂ©cembre 2006, sur , (consultĂ© le ), p. 105.
- Alexandre Shields, « L'Entrevue - Le meilleur des mondes », in : Le Devoir, sur , Le Devoir, (consulté le ).
- Karol AssunçãoâpourâADITAL, « LâidĂ©ologie capitaliste domine encore les cĆurs et les esprits », in : Courrier International N°1003, sur , Le Monde, (consultĂ© le ).
- (en) Stefan Gigacz, « From Vatican II to the World Social Forum », in : Site du mouvement des intellectuels catholiques australiens, sur , ACMICA, (consulté le ).
- (en) « Biographie des participants », in : Global progressive forum, sur , globalprogressiveforum.org, (consulté le ).
- (en) Chico Whitaker sur le site Prix Nobel alternatif.