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Franchise (réseau commercial)

La franchise est un accord commercial et juridique par lequel une entreprise appelée « franchiseur » s'engage à fournir à une seconde entreprise, dite « franchisée », une marque, un savoir-faire et une assistance permanente en contrepartie d'une rémunération.

Un restaurant franchisé McDonald's à Moncton (Canada).

Le terme « franchise » ne s'applique que si les trois conditions précédentes sont réunies.

Il existe de nombreux exemples de franchises : Starbucks, McDonald's, Domino's Pizza, les nombreuses enseignes du groupe Accor, Axa, Yves Rocher. En France, dans les années 2010, se sont créés des réseaux de boulangeries tels que Ange ou Marie Blachère.

Il existe d'autres formes de coopération entre entreprises développées en réseau : licence, commission, affiliation, master-franchise, partenariat, etc.

Fonctionnement

La franchise est un mode de collaboration entre une entreprise propriĂ©taire d’une marque ou d’une enseigne (le franchiseur) et un ou plusieurs commerçants indĂ©pendants (les franchisĂ©s). Le caractère normĂ© de la franchise permet aux franchisĂ©s de dĂ©marrer une activitĂ© clĂ© en mains. En effet, le franchisĂ© bĂ©nĂ©ficie, dès son dĂ©marrage, d'un ensemble d'Ă©lĂ©ments qu'il n'aura pas Ă  crĂ©er (liste des produits, publicitĂ©, amĂ©nagement, fournisseurs, techniques de vente, etc.). Le franchiseur s’engage Ă  fournir un savoir-faire « secret, substantiel et identifiĂ© » et une assistance continue Ă  ses franchisĂ©s. En Ă©change, il perçoit dans la plupart des cas, un droit d’entrĂ©e et des redevances forfaitaires ou calculĂ©es sur le chiffre d’affaires. Une entreprise peut devenir franchiseur Ă  partir du moment oĂą son savoir-faire est matĂ©riellement reproductible avec des mĂ©thodes spĂ©cifiques. Elle doit Ă©galement passer par un audit de faisabilitĂ© rĂ©alisĂ© par une sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e afin de confirmer cette reproductibilitĂ© et que le concept est transposable en franchise[1]. Pour autant, la jurisprudence considère que le franchiseur n'est pas tenu de disposer d'un pilote avant de se lancer en franchise.

Le franchisé est un commerçant juridiquement et financièrement indépendant de son franchiseur et il bénéficie à ce titre du statut des baux commerciaux. Aucun contrat de franchise ne peut limiter de quelque façon que ce soit cette liberté. Le franchisé gère donc son entreprise en toute liberté dans la limite du cadre fixé par l'utilisation de la marque ou de l'enseigne[2].

Le franchisé peut être propriétaire de son affaire sous diverses formes juridiques, notamment sous la forme d'une société. Il est responsable de la marche de son entreprise. Un franchisé peut entre autres, dans les limites de son contrat de franchise, gérer son personnel, choisir ses fournisseurs, fixer ses prix, organiser son entreprise, etc. comme il l'entend. Comme les clauses des contrats de franchise peuvent être très ou très peu contraignantes, le franchisé peut avoir peu ou beaucoup de latitude dans la gestion de son entreprise. Cette gestion doit cependant se faire dans le respect du concept.

La franchise est donc un type de contrat très paradoxal qui fixe un cadre très précis, cadre duquel le franchisé ne peut s'écarter, mais qui respecte l'indépendance juridique et financière du franchisé.

Il existe plusieurs types de franchises :

  • Franchise de production
  • Franchise de distribution
  • Franchise de services
  • Franchise industrielle
  • MaĂ®tre franchise (Master franchise)

Histoire

Au Moyen Âge, les franchises étaient accordées aux villes par des chartes octroyées par les souverains (ducs, rois, empereurs) et leur garantissaient la jouissance d'un certain nombre de libertés (libertés communales). Les habitants étaient très attachés à ces franchises, et prenaient soin de les faire confirmer, chaque fois que cela était nécessaire. Les franchises pouvaient être suspendues en cas de conflit, mais les habitants réclamaient leur rétablissement.

Le 26 août 1066, la ville de Huy en Belgique est la première ville d'Europe occidentale à avoir bénéficié de franchises, octroyées pour remercier les habitants, qui avaient contribué à la restauration de l'église de Notre-Dame de Huy, détruite après l'incendie de la ville, mise à sac en 1053 par Baudouin V le Pieux (v. 1012-1067), comte de Flandre

[non pertinent]

La franchise n’apparaît cependant sous sa forme actuelle et moderne qu'à la fin du XIXe siècle : Martha Matilda Harper crée un réseau franchisé de salon de coiffure aux États-Unis[3]. Dans la période de l’entre-deux-guerres, aux États-Unis toujours. General Motors, souhaitant développer rapidement son réseau de distribution, sans tomber sous le coup de la loi anti-trust, très sévère aux États-Unis, concluait des accords de franchise avec des garagistes indépendants, installés dans les localités les plus reculées.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la franchise connaît un grand succès aux États-Unis. À cette époque, des lignes de franchise étaient offertes dans toutes sortes de services aux vétérans sans emplois qui souhaitaient exercer des activités indépendantes. Le même phénomène se répéta après la guerre du Viêt Nam. On estime qu’environ 40 à 50 % du chiffre d’affaires du détail américain est réalisé dans le cadre de contrats de franchise.

En Europe, la franchise s'est principalement développée à partir de la France (le premier système revenant aux laines Pingouin, création du Groupe Prouvost).

Son apparition en France s'est développée fortement dans les années 60. Les secteurs pionniers : l'équipement de la personne et de la maison, l'hôtellerie, l'alimentation et la coiffure ont connu un essor fulgurant dans les années 70 et 80. Ces derniers secteurs représentent encore aujourd'hui une part importante dans le poids économique dans la franchise malgré l'apparition de nouveaux secteurs tels que la restauration rapide ainsi que les services à la personne.

La législation a par la suite formalisé le contrat de franchise. En effet, depuis la loi Doubin du 31 décembre 1989, le Code de Commerce (article L 330-3) impose au franchiseur une obligation d’information pré-contractuelle vis-à-vis du franchisé (dans un Document d’Informations Pré-contractuelles ou D.I.P. qui doit être remis au moins vingt jours avant de signer le contrat de franchise). Outre l'étude de marché du secteur concerné par l'entreprise en question, il faut que le franchiseur donne le SIRET, la raison sociale, l'organigramme, les partenaires, le contact des autres franchisés, le Kbis, etc. [4].

En France, la franchise reste un univers plutôt masculin puisqu'en 2014, 60 % des franchisés étaient des hommes[5].

Avantages Ă©conomiques

Les avantages de la franchise se divisent en deux parties :

  • Pour le franchiseur,
    • La franchise permet d'accĂ©der de manière rapide Ă  un rĂ©seau de points de vente.
    • Le franchiseur peut avoir un suivi du dĂ©veloppement et du rĂ©seau de l'entreprise.
    • Elle permet de former des Ă©conomies d'Ă©chelle grâce Ă  la mutualisation des conditions d'achat et des moyens logistiques qui montrent une forte puissance Ă©conomique.
    • La franchise impose bien la marque grâce Ă  sa forte prĂ©sence sur le territoire.

« Pour le franchiseur, les avantages de la franchise sont évidents : c'est un puissant levier qui lui permet de se développer avec l'argent des franchisés. Ce sont ces derniers qui prennent le risque financier. À l'inverse, comparée à des succursales, la franchise suppose une maîtrise moindre de son réseau de distribution : on ne peut pas tout imposer à ses franchisés », Yves Sassi[6].

  • Pour le franchisĂ©, adopter un système de franchise est attractif pour plusieurs raisons :
    • La franchise assure la crĂ©dibilitĂ© de la marque, celle-ci permettra d’accĂ©der Ă  une clientèle certaine ainsi qu'au soutien des organismes bancaires. Elle permet aussi une exclusivitĂ© des produits et des services, et dans la plupart des cas, une implantation non-concurrentielle.
    • Elle organise le transfert de compĂ©tences et de savoir-faire du franchiseur, ainsi qu’une assistance permanente notamment grâce aux formations et recommandations commerciales. Tous ces avantages reprĂ©sentent une sĂ©curitĂ© importante pour le franchisĂ© qui se lance.
    • Cette formule de franchise permet l’accès Ă  un rĂ©seau et Ă  une expĂ©rience accumulĂ©e par tous les protagonistes de celle-ci (notoriĂ©tĂ© de la marque, conditions de prix, de synergies et d’effet de masse, de partage des innovations et des enseignements, d’accès Ă  des outils de gestion ou publicitaires).
    • De plus, elle induit l’indĂ©pendance juridique du franchisĂ©, il reste un commerçant indĂ©pendant et responsable de son activitĂ© et de la stabilitĂ© de son entreprise.

La franchise laisse la possibilité au franchisé de céder son fonds de commerce à d’autres postulants, ils doivent être néanmoins adoubés par le franchiseur ou il peut céder son fonds de commerce au franchiseur lui-même.

Principales motivations pour devenir franchisé
Bénéficier de la force d'un réseau 15 %
Bénéficier de la réputation de l'enseigne 24 %
Bénéficier d'un suivi, d'une assistance 17 %
S'appuyer sur un concept 9 %
Ils travaillaient déjà dans le réseau 6 %
Bénéficier d'une simplification des procédures 11 %
L'opportunité s'est présentée 6 %
ĂŠtre Ă  son compte 6 %
Augmenter les chances de succès 8 %
Bénéficier d'un savoir-faire 4 %
Bénéficier de la publicité d'un groupe 6 %
Bénéficier de la logistique 4 %
Le rachat d'une boutique déjà franchisée 5 %

(Source : EnquĂŞte 2009 sur la franchise CSA/FFF/Banque Populaire)

Cadre législatif

À l’exception de pays comme la Chine ou l’Italie, aucune loi spécifique à la franchise ne vient imposer une quelconque obligation dans la relation franchiseur - franchisé.

La France, plutôt pionnière en matière de franchise, fait partie de ces pays qui ont préféré laisser faire le marché et la jurisprudence. Le contrat de franchise entre souvent dans le champ d'application de la loi Doubin[7] (loi no 89-1008 du 31 décembre 1989, dite « Loi Doubin », aujourd’hui codifiée aux articles L. 330- et R. 330-1 du Code de commerce). Ce texte oblige une tête de réseau à transmettre un Document d'Information Précontractuelle (DIP) au candidat entrepreneur, au moins vingt jours avant tout engagement définitif. Ce document doit, notamment, préciser l'ancienneté et l'expérience de l'entreprise, l'état et les perspectives de développement du marché concerné, l'importance du réseau d'exploitants, la durée, les conditions de renouvellement, de résiliation et de cession du contrat ainsi que le champ des exclusivités.

Le règlement d'exemption no 330-2010 de la commission européenne s'applique à la franchise. Par là, la franchise a le droit d'exister et ne tombe pas sous le coup de l'article 101§3 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union Européenne.

Manuel opératoire

De plus, bien qu'il soit non obligatoire légalement, un manuel opératoire (ou Bible du savoir-faire) sera souvent fortement recommandé dans le développement d'une franchise ; en pratique, la plupart des contrats de franchise renvoient aux méthodes que le manuel opératoire a vocation à rassembler. En effet, c'est :

  • Un outil de dĂ©veloppement pour convaincre le franchisĂ© de l’existence d’un savoir-faire secret, substantiel et identifiĂ©.
  • Un outil de formation du candidat et de ses Ă©quipes : c’est le support majeur de la formation initiale.
  • Un outil d'animation. Pour le franchisĂ© : il peut s’y rĂ©fĂ©rer en cas d’oubli. Pour le franchiseur : il s’y rĂ©fĂ©rera pour rappeler un point au franchisĂ©.
  • Un outil de preuve juridique : le franchiseur prouve l'existence de son savoir-faire en rĂ©digeant un manuel opĂ©ratoire de qualitĂ©. Il sera difficile pour le franchisĂ© d'attaquer sur une absence de savoir-faire si un manuel opĂ©ratoire consĂ©quent existe.
  • Un outil de certification : le manuel opĂ©ratoire Ă©tant un ensemble de processus, il doit permettre de rĂ©pondre aux normes spĂ©cifiques du concept en vue d'une certification de type ISO ou HACCP par exemple.

Poids Ă©conomique en France

La France est leader européen de la franchise, mais aussi au niveau mondial avec les États-Unis.

En 2013, la France compte environ 2 000 rĂ©seaux soit 65 000 points de vente (contre 11 623 en 2006), qui reprĂ©sentent 49 milliards d’euros de chiffre d’affaires (contre 21 milliards en 2006) et 788 000 emplois indirects (300 000 emplois directs).

En 2015, la France compte environ 1 834 rĂ©seaux soit 69 483 points de vente, qui reprĂ©sentent 53,38 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 42 320 emplois indirects (342 672 emplois directs).

La franchise représente environ 12 % du chiffre d’affaires TTC du commerce de détail français contre 40 à 50 % du commerce de détail aux États-Unis.

Références

  1. « Devenir Franchiseur », sur progressium.fr
  2. « Contrat de franchise : définition, validité légale et clauses particulières », sur Observatoire de la franchise (consulté le ).
  3. (en-US) « Harper, Martha Matilda », sur National Women’s Hall of Fame (consulté le )
  4. Loi franchise : loi Doubin (article L 330-3 du Code de commerce) sur le site Toute la Franchise
  5. « Les Echos de la Franchise », sur Les Echos de la Franchise (consulté le ).
  6. PIALOT Dominique en collaboration avec FROGER Valérie. Franchise Le Guide Complet 2011. 1 vol. L'Express. 2010. 286 pages.
  7. Loi n° 89-1008 du 31 décembre 1989 relative au développement des entreprises commerciales et artisanales et à l'amélioration de leur environnement économique, juridique et social (dite « Loi Doubin ») - Légifrance

Annexes

Ouvrages de référence

  • F.-L. Simon, ThĂ©orie et Pratique du droit de la Franchise, Ă©d. Joly, 2009 (593 pages) [archive], avant-propos D. Tricot, prĂ©f. D. Mazeaud

Articles connexes

Liens externes

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