François Morin-Forestier
Né le , fils de l’amiral Michel Morin, polytechnicien, François Morin traverse l’ensemble de la Résistance sous le pseudonyme le plus courant de « François Forestier », d'abord comme un dirigeant du mouvement de résistance Combat, en zone nord, dès la fin de 1940, puis comme premier chef d'état-major de l'Armée Secrète, principalement à Lyon, enfin à Londres, où il dirige la « Délégation des mouvements de Résistance » voulue et créée par Henri Frenay.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 70 ans) 16e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
François Étienne Michel Morin |
Nationalité | |
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Distinction |
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Biographie
Famille
François Morin est élevé chez les jésuites de Saint-Louis-de-Gonzague. Il prépare l'École polytechnique à Janson-de-Sailly. Polytechnicien, licencié es sciences, il entre chez Landry & Cie, entreprise de Célestin Montcocol, ami du maréchal Pétain, beau-père de Bernard Ménétrel.
Combats de 1940
Officier de réserve, interprète auprès de la 1re division canadienne, officier de liaison du général Antoine Béthouart en Grande-Bretagne, Morin est démobilisé à Rabat le 14 août 1940.
Occupation
Le 11 novembre 1940, Morin est de ceux qui organisent à Paris les manifestations commémoratives interdites par l'occupant[1]. En juin 1941, il est mis en contact avec Elizabeth Dussauze qui le présente à Robert Guédon. En zone Nord, il est aux côtés du Groupe du musée de l’Homme, ensuite à Combat Zone Nord, jusqu’à leur anéantissement par la Geheime Feldpolizei auquel il échappe de justesse début 1942; en février 1942, Morin passe en zone libre en compagnie d'Henri Ingrand.
Survivant ainsi aux premières répressions, il prend immédiatement les fonctions de responsable militaire de « Combat ». À la fusion des mouvements de Résistance en zone Sud, fin 1942, il est désigné pour prendre les fonctions de premier chef d’état-major du général Charles Delestraint[2]. Avec Raymond Aubrac[3], de Libération, il est alors de ceux qui travaillent le plus activement à la construction de l’Armée Secrète.
Tous deux sont arrêtés le 15 mars 1943, à Lyon. S’ensuivent plusieurs semaines dans la même cellule de la prison Saint-Paul, puis à l’hôpital de l’Antiquaille, avec Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et Raymond Hego. Le 24 mai, 10 jours après être lui-même sorti de prison grâce à l’action de sa femme, Lucie, Raymond Aubrac et elle font à leur tour évader ses codétenus, dont François. Considéré comme trop exposé pour rester en France, il est exfiltré après trois mois de cavale, par avion, vers Londres où Passy lui propose de rejoindre le BCRA.
À la demande de Frenay, François décline cette offre, pour prendre la tête de la « Délégation » des mouvements de Résistance. Il peut ainsi aider à mieux faire comprendre ce qu’était la Résistance - dont il devient à la fois un porte-parole, et « un observateur privilégié » (Henri Noguères), alors même que se mettent en place les acteurs de la Libération. En mars 1944, il est chef de la délégation de Londres du Commissariat des Prisonniers, Déportés et Réfugiés dirigé par Henri Frenay.
Après la guerre, et quelques missions officielles bien remplies, il reprend comme beaucoup d’autres la vie civile, avant de disparaître le 10 mai 1980.
DĂ©coration
- Titulaire de l'ordre de la Francisque[4].
Notes et références
- Le tract manuscrit présenté au musée de la Résistance de Champigny, appelant à manifester le 11 novembre 1940, a été reconnu comme étant de sa main par le fils et par la fille de François Morin-Forestier.
- François Broche, « L’Armée secrète, nouvelle « armée de l’intérieur » », Les Chemins de la mémoire, no 231,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
- Raymond Aubrac, préface écrite pour la biographie de François Morin-Forestier :
« Tel était, après lecture de cet ouvrage, mon dialogue imaginaire avec mon vieux camarade François Morin-Forestier. Survivant des premières répressions, au début de la Résistance en zone nord, il avait une responsabilité centrale dans l’organisation paramilitaire de « Combat » en zone sud, quand nous nous sommes rencontrés pour travailler ensemble à la construction de l’Armée Secrète, avec le général Delestraint, avant d’être arrêtés le même jour de mars 1943. François n’avait eu ni le loisir ni le goût d’écrire lui-même ses souvenirs. Ce polytechnicien assez artiste avait sans doute jugé l’entreprise inutile, comme hélas beaucoup de nos camarades que guette l’oubli, au risque de rendre plus difficile une bonne compréhension d’une époque importante et complexe. Ce travail de mémoire, aujourd'hui heureusement assumé, nous décrit la trajectoire d’une personnalité attachante, qui tient sa place dans l’Histoire de la France. »
- Jacques Baynac, Jean Moulin (17 juin 1940-21 juin 1943) : esquisse d'une nouvelle histoire de la Résistance, Paris, Hachette Littératures, coll. « Grand pluriel », 2009 (ISBN 978-2-01-279384-2), p. 587.
Bibliographie
- Michel F. Morin, François Forestier 1940-1945, premier chef d'état-major de l'Armée Secrète, Lacour, (ISBN 2-7504-0354-5).
- Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, Laffont, .
- Henri Frenay, La nuit finira, Laffont, .
- Claude Bourdet, L'aventure incertaine, Stock, .