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François Falc'hun

Le chanoine François Falc'hun (né et mort à Bourg-Blanc, 1909-1991) est un linguiste et phonéticien breton, et un prêtre catholique (nommé en 1933 et fait chanoine honoraire en ). Professeur d'Université, d'abord à Rennes, puis à Brest, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la langue bretonne.

François Falc'hun
Image illustrative de l’article François Falc'hun
Falc'hun notant un chant auprès de M. Gouriou (1939, Hanvec, Mission du MNATP).
Biographie
Naissance
Bourg-Blanc (Finistère, France)
Ordination sacerdotale
Décès
Bourg-Blanc (Finistère, France)
Autres fonctions
Fonction laĂŻque
Écrivain, linguiste et phonéticien
Professeur d'université

Biographie[1]

Une vocation de celtisant

NĂ© le Ă  Bourg-Blanc (Ă  cĂ´tĂ© de Brest) dans une famille paysanne, fils de Yves Marie Falc'hun (1869-1938) et Marie-Yvonne Tournellec (1876-1960), François Falc’hun effectue sa scolaritĂ© Ă  Bourg-Blanc puis Ă  Plabennec avant d'entrer au collège Saint-François Ă  Lesneven en 1921. ScolarisĂ© en français, il Ă©crit « Le breton a Ă©tĂ© la seule langue que j’ai parlĂ©e et comprise jusqu’à 8 ou 9 ans, […] je n’ai jamais cessĂ© de la pratiquer et il ne s’est guère passĂ© d’annĂ©e oĂą elle ne soit redevenue ma langue la plus usuelle durant une pĂ©riode variant de quatre Ă  douze semaines. J’en ai commencĂ© l’étude raisonnĂ©e dès l’âge de quinze ans, au collège de Lesneven, sous la direction du chanoine Batany, auteur d’une thèse sur Luzel, Ă  qui je dois sans doute ma vocation de celtisant[2]. Â»

En 1932, Falc’hun retrouve le chemin du collège de Lesneven, comme professeur cette fois, mais pour un mois seulement car, atteint d’une fragilité aux poumons, les médecins lui recommandent de quitter la Bretagne dont le climat ne lui convient pas. Il effectue un long séjour dans le sanatorium du clergé à Thorenc, près de Nice. C'est à Nice d'ailleurs qu'il sera ordonné prêtre en .

Une formation de linguiste et de phonéticien

Gagnant Yerres en région parisienne où il devient chapelain, il prépare une licence de lettres classiques à l’Institut catholique de Paris, qu'il obtient en 1937. Il suit les cours de moyen-irlandais que Joseph Vendryes donne à l’École pratique des hautes études, ceux de moyen-gallois donnés par Marie-Louise Sjoestedt-Jonval, puis les cours de phonologie d’André Martinet. Il suit également les cours de linguistique d’Émile Benveniste au Collège de France et enfin les cours de dialectologie d’Albert Dauzat. Dans le cadre du certificat de phonétique qu'il prépare à l’Institut de phonétique de Paris, il rédige un mémoire sur les mutations consonantiques du breton. Mme Sjœstedt-Jonval l’incite à en tirer un article pour la revue Études celtiques, qui paraît en .

Rencontre avec Pierre Le Roux

Au début de l’année 1939, Falc'hun est recommandé par ses professeurs de celtique à Georges Henri Rivière. Directeur du Musée national des arts et traditions populaires (MNATP) à Paris, il cherche un spécialiste pour accompagner la musicologue Claudie Marcel-Dubois sur le terrain bas-breton. Le MNATP, créé deux ans plus tôt, organise en effet sa première mission de folklore musical[3]. Falc'hun est chargé de préparer et de prendre en charge le volet linguistique de la mission, puis de transcrire et traduire les textes des chants enregistrés sur le terrain avec Claudie Marcel-Dubois.

Pour se préparer à cet exercice nouveau pour lui, Rivière lui conseille de prendre contact avec l’auteur de l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne, Pierre Le Roux, professeur de celtique à la Faculté des lettres de Rennes, pour qu’il lui fasse profiter de son expérience de dialectologue. C’est à cette occasion que P. Le Roux parle, pour la première fois, de sa succession à la chaire de celtique à l'université de Rennes à François Falc'hun. Ce dernier le remplacera en , comme chargé de cours tout d'abord, puis comme titulaire de la chaire de celtique à la rentrée universitaire de 1951.

François Falc'hun et le Bleun-Brug

Les évêques de Bretagne choisissent en 1956 le chanoine François Falc'hun pour succéder au chanoine Visant Favé comme aumônier général du Bleun-Brug. « D'une compétence incontestable en matière bretonne, mais trop intellectuel, il n'arrivera pas à s'imposer, surtout auprès des trégorrois »[4] qui contestaient l'orthographe skolveurieg couramment utilisée par le Bleun-Brug. Le chanoine Falc'hun démissionnera de la direction du Bleun-Brug en 1959 et sera remplacé par le chanoine Mevellec. "Les cahiers du Bleun-Brug" qu'il avait créés en 1957 comme revue trimestrielle de réflexion doctrinale pour compléter "Bleun-Brug", le bulletin officiel du mouvement, ne survivront pas à son départ du mouvement.

Une fin de carrière à Brest

En , Falc'hun demande le transfert de sa chaire à l’université de Brest. Il y enseigne jusqu’à sa retraite, qu'il prend en . Il décède à Brest le .

Bourg-Blanc, où il s'est retiré, honore sa mémoire en nommant une de ses rues "Chanoine Falc’hun". Quant à la ville de Quimper, elle a nommé une de ses voies "Allée François Falc’hun".

Apport scientifique

Ses deux thèses

En 1941, Falc'hun se lance dans la prĂ©paration d'une thèse sur les mutations consonantiques initiales en breton. En , Pierre FouchĂ©, directeur de l’Institut de phonĂ©tique de Paris, la juge irrecevable parce qu’elle repose sur « une thĂ©orie Ă  base physique et physiologique qui heurtait de front les idĂ©es alors rĂ©gnantes en France[5] Â». Lucien Wolff, doyen de la FacultĂ© des lettres de Rennes, conseille Ă  Falc’hun de la soutenir Ă  Rennes. Falc'hun reprend alors ses travaux, mais les rĂ©sume pour en faire une thèse secondaire tandis qu'il prĂ©pare sa thèse principale sur l’histoire de la langue bretonne d’après la gĂ©ographie linguistique.

Il soutient les deux thèses à Rennes en . En 1954, la thèse principale obtient le prix Volney de l’Institut et est éditée. Elle est rééditée en 1963 avec d’importantes additions, puis en 1981, avec 107 pages de nouveaux ajouts. La thèse secondaire, qui concerne le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale, est publiée en 1951, puis partiellement rééditée en 2005 sous le titre Études sur la langue bretonne : système consonantique, mutations et accentuation.

Origine de la langue bretonne

F. Falc’hun voit dans la langue bretonne « un mĂ©lange de gaulois armoricain et de brittonique insulaire au pourcentage variable selon les rĂ©gions[6] Â». Ainsi selon lui, « le breton descendrait du gaulois influencĂ© par du grec[7] Â» et non du brittonique. « Je suis persuadĂ©, Ă©crit-il encore[8], que le dialecte vannetais, surtout au sud du Blavet, est une survivance gauloise peu influencĂ©e par l’apport breton et les autres dialectes, un gaulois simplement plus marquĂ© par la langue des immigrĂ©s d’origine insulaire Â». La thèse de Falc'hun Ă©tait contraire Ă  celle de Joseph Loth et de LĂ©on Fleuriot. Cela dit, Fleuriot s'y rallia finalement Ă  la fin de sa vie, considĂ©rant que le gaulois n'Ă©tait pas Ă©teint en Armorique quand les Bretons vinrent s'y installer[9].

RĂ©formes orthographiques

L'orthographe du breton, autrement dit sa normalisation, n'est pas une question nouvelle, loin de là. Comme d'autres avant lui et de même que d'autres personnalités de son époque, Falc'hun va tenter d'y répondre dans le cadre, notamment, de la réforme engagée en 1951 par le ministère de l'Éducation nationale[10].

Le système élaboré par Falc'hun est appelé skolveurieg (universitaire). Se basant sur les phonèmes de la langue bretonne, il ne reprend pas le /zh/, adopté dans l'orthographe dite peurunvan (unifiée) élaborée entre 1911 et 1941. Quant au /c'h/, introduit en breton au XVIIe siècle, Falc'hun ne l'a pas complètement supprimé : il distingue entre les deux phonèmes /h/ et /c'h/, qui forment une paire corrélative, /h/ étant la consonne douce, de très loin la plus fréquente, et /c'h/, la consonne forte corrélative correspondante, d'un emploi bien plus rare, mais qui reste présent le cas échéant, mais cela introduisit une confusion avec les /h/ étymologiques, qui peuvent être muets.

Bien qu'approuvĂ© par le ministère de l’Éducation nationale le , le skolveurieg n’a pas fait l’unanimitĂ© et a Ă©tĂ© l’origine de nombreuses querelles, tant sur le plan linguistique que politique. Il reçut le diminutif dĂ©prĂ©ciatif de « falhuneg » (comme ses adeptes utilisent Ă©galement – dans un mĂŞme but contempteur – le terme « hemoneg » pour l'orthographe rivale). Le skolveurieg est, cela dit, toujours en usage, notamment par les associations membres d’Emgleo Breiz. La question, ou querelle orthographique, fait que Falc'hun, quoiqu'ayant prĂ©facĂ© un ouvrage favorable Ă  l'abbĂ© Yann-Vari Perrot, devint la bĂŞte noire des bretonnants nationalistes. Selon Françoise Morvan, il aurait eu Ă  subir « des campagnes de harcèlement tĂ©lĂ©phonique » (Le Monde comme si, p. 132).

Publications

  • La langue bretonne et la linguistique moderne. Problèmes de phonĂ©tique indo-europĂ©enne (celtique, germanique (lois de Grimm & de Verner), grecque, latine, romane, etc.) ; P., Librairie celtique (TirĂ© Ă  part des : ConfĂ©rences universitaires de Bretagne), 1943, 64pp.
  • Les noms bretons de saint Yves ; Rennes, Imprim. Oberthur (tirĂ© Ă  part des Annales de Bretagne), 1943, 18pp (Yves voudrait donc dire « fils d'Esus », « de la race d'Esus », et nous aurions lĂ  un nom gaulois rĂ©introduit en France par les Bretons Ă©migrĂ©s de Grande-Bretagne. C'est la mythologie celtique qui aurait fourni son nom au saint le plus populaire de la Bretagne armoricaine).
  • Le système consonantique du breton avec une Ă©tude comparative de phonĂ©tique expĂ©rimentale - Thèse prĂ©sentĂ©e Ă  la facultĂ© des Lettres de l'universitĂ© de Rennes, imp. RĂ©unies, imp. Plihon, 1951
  • La langue bretonne et l'enseignement (avec Pierre TrĂ©pos) ; rapports prĂ©sentĂ©s Ă  la journĂ©e culturelle bretonne (Rennes) le . Sans lieu ni date, 1 fasc. multigraphiĂ© de 31pp
  • PrĂ©face de l'ouvrage "L'abbĂ© Jean-Marie Perrot", du chanoine Henri Poisson, Rennes, Ă©d. Plihon (1955).
  • Notice biographique de Joseph Ollivier en complĂ©ment du travail de Bernard Daniel, Inventaire des manuscrits lĂ©guĂ©s par Joseph Ollivier Ă  la Bibliothèque municipale de Rennes. In: Annales de Bretagne. Tome 64, numĂ©ro 4, 1957. p. 475-504.
  • Un texte breton inĂ©dit de Dom Michel Le Nobletz (extrait des Annales de Bretagne). Rennes, imprimerieS rĂ©unies, 1958.
  • Celtique continental et celtique insulaire en breton ; Rennes, 1963.
  • Les langues prĂ©-bretonnes en Armorique ; Rennes, Impr. bretonne, (1963), 17pp (tirĂ© Ă  part des MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'histoire et d'archĂ©ologie de Bretagne, tome XLIII).
  • Histoire de la Langue bretonne d'après la gĂ©ographie linguistique - T. I : Texte - T. II : figures Paris, P.U.F. -1963
  • Les noms de lieux celtiques. Première sĂ©rie : vallĂ©es et plaines. Rennes, Éditions armoricaines, 1966, Deuxième sĂ©rie : Problèmes de doctrine et de mĂ©thode - noms de hauteur. Rennes, Éditions Armoricaines, 1970
  • Les noms de lieux celtiques. Deuxième sĂ©rie : Problèmes de doctrine et de mĂ©thode - noms de hauteur ; Rennes, Éditions armoricaines (Publ. Crbc, I), 1970, 207pp.
  • Les raisons d'une abstention (brochure hors commerce). (Rennes, chez l'Auteur). 1971. 32pp (sur les attaques de Paul Quentel, soutenu par P. Vendryès, Ă  qui P. TrĂ©pos (soutenu par le P.C. & Ar Falz) fut prĂ©fĂ©rĂ© comme assistant de celtique).
  • PrĂ©face Ă  l'ouvrage de Bernard Tanguy : Aux origines du nationalisme breton (2 vol.), P., 10-18, 1977.
  • Les noms de lieux celtiques. 3e sĂ©rie : Nouvelle MĂ©thode de Recherche en Toponymie Celtique 1979 (avec Bernard Tanguy).
  • Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne ; P., troisième Ă©dition, copyright : Presses Universitaires de France, 1963 et Union GĂ©nĂ©rale d'Édition, 1981 (annĂ©e du dĂ©pĂ´t lĂ©gal). RĂ©Ă©dition de la thèse de doctorat Histoire de la langue bretonne d'après la gĂ©ographie linguistique (Rennes, , ronĂ©otĂ©e), avec des complĂ©ments dĂ©jĂ  parus dans la 2e Ă©dition (Presses universitaires de France, 1963) et de nouveaux complĂ©ments.
  • Les archives de la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du MusĂ©e national des arts et traditions populaires, par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistĂ©s de Jeannine Auboyer, Ă©ditĂ©es et prĂ©sentĂ©es par Marie-Barbara Le Gonidec, Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 440 p. avec DVD, 2009.

Archives

  • La Bibliothèque Yves-Le Gallo[11] du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de l'UniversitĂ© de Bretagne occidentale a acquis en 1993 près de 400 ouvrages de la bibliothèque de François Falc'hun. Ils concernent principalement la linguistique et la langue bretonne. Un fonds d'archives manuscrites y est Ă©galement a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©posĂ© : son inventaire est consultable en ligne[12]. D'autres archives de François Falc'hun se trouvent aux Archives de l’évĂŞchĂ© de Quimper.

Notes et références

  1. Cf. l'introduction de: Brun-Trigaud, Guylaine, Le Berre, Yves, Le Dû, Jean, Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont, Du temps dans l’espace, Paris, CTHS, 2005 ; Goyat, Gilles, L’abbé François Falc’hun (1909-1991) : l’indispensable linguiste de la mission, in : Le Gonidec, Marie-Barbara (ed), Les archives de la mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée National des arts et tradition populaire', par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer, Le Gonidec Marie-Barbara (ed.), Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 2009, p. 79 à 88.
  2. F. Falc’hun, Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale, Rennes, Plihon, 1951, p. 13.
  3. « Mission Basse-Bretagne 1939 — Accueil », sur bassebretagne-mnatp1939.com (consulté le )
  4. Marc SIMON, Bleun-Brug : expression d'un idéal breton. Pages d'histoire, Association Abati Landevenneg, , 122 p., p. 80
  5. F. Falc’hun, Les noms de lieux celtiques, première série, 2e éd., p. 97.
  6. F. Falc’hun, Les origines de la langue bretonne, p. 24.
  7. Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne, p. 303 et suiv.
  8. Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, p. 530.
  9. Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne, p. 9.
  10. F. Falc’hun, Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, p. 31.
  11. http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Presentation.
  12. http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Falc_hun__Fran_ois_

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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