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Fosse n° 4 - 4 bis des mines de l'Escarpelle

La fosse no 4 - 4 bis de la Compagnie des mines de l'Escarpelle est un ancien charbonnage du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, situĂ© Ă  Douai, dans le hameau de Dorignies. Les travaux commencent en 1865, Ă  300 mètres Ă  l'ouest de la ligne Paris-Nord - Lille, en bordure de la DeĂ»le. Cette situation, aux premier abord idĂ©ale, s'avère ĂŞtre problĂ©matique puisque les terrains sont gorgĂ©s d'eau et dĂ©sagrĂ©gĂ©s. Pour la première fois dans le Nord, le procĂ©dĂ© Kind-Chaudron est utilisĂ© pour le fonçage du puits. En 1867, un second, le no 4 bis est creusĂ©, Ă  90 mètres du premier. ComparĂ© aux autres fosses de la Compagnie, le fonçage est plus long et coĂ»teux.

Fosse no 4 - 4 bis des mines de l'Escarpelle
La fosse no 4 - 4 bis en 1977.
La fosse no 4 - 4 bis en 1977.
Puits n° 4
Coordonnées 50,390521, 3,082714[BRGM 1]
Début du fonçage
Mise en service 1872
Profondeur 535 mètres
Étages des accrochages 278 et 334 mètres
ArrĂŞt 1918 (extraction)
années 1950 (aérage)
Remblaiement ou serrement 1954
Puits n° 4 bis
Coordonnées 50,390309, 3,082964[BRGM 2]
Début du fonçage 1867
Mise en service 1872
Profondeur 448 mètres
ArrĂŞt 1918 (extraction)
années 1950 (aérage)
Remblaiement ou serrement 1952
Administration
Pays France
RĂ©gion Hauts-de-France
DĂ©partement Nord
Commune Douai
Caractéristiques
Compagnie Compagnie des mines de l'Escarpelle
Groupe Groupe de Douai
Ressources Houille
Concession Escarpelle

GĂ©olocalisation sur la carte : Nord
(Voir situation sur carte : Nord)
Fosse no 4 - 4 bis des mines de l'Escarpelle
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fosse no 4 - 4 bis des mines de l'Escarpelle

Bien que la construction de la fosse ait coĂ»tĂ© 1 618 897,67 francs, sa productivitĂ© est telle que peu après son ouverture en 1872, elle produit plus que les trois autres fosses rĂ©unies. Son ouverture a Ă©tĂ© une très bonne affaire pour la Compagnie, qui commence en 1875 les travaux de la fosse no 5, quelques centaines de mètres Ă  l'ouest. Ces deux fosses exploitent le mĂŞme gisement que la fosse Gayant de la Compagnie des mines d'Aniche.

La fosse est détruite pendant la Première Guerre mondiale. Elle est reconstruite avec des installations plus modestes, et ne sert plus qu'à l'aérage de la fosse no 5. Le puits no 4 bis et 4 sont respectivement remblayés en 1952 et 1954. Les installations sont détruites en , puis un lotissement est construit sur le carreau de la fosse. De la fosse, plus rien ne subsiste. Depuis le début du XXIe siècle, les têtes de puits sont matérialisées, et équipées d'exutoire de grisou.

La fosse

Fonçage des puits

En 1865, un premier puits est creusĂ© Ă  travers les sables mouvants, au moyen d'une tour en maçonnerie qui s'arrĂŞte dans l'argile plastique Ă  8,82 mètres. Il est continuĂ© par le système de croisures jointives[C 1]. La quantitĂ© d'eau augmente avec l'approfondissement, et bientĂ´t quatre pompes de cinquante centimètres de diamètre sont devenues insuffisantes ; on les remplace d'abord par deux, puis par quatre pompes de 70 centimètres de diamètre et on a atteint la tĂŞte des marnes Ă  seize mètres, lorsque, le 18 avril 1866, le balancier de la machine se brise[C 1].

On se dĂ©cide Ă  ouvrir un deuxième puits Ă  cĂ´tĂ© du premier, et en faisant fonctionner, Ă  l'aide de dix gĂ©nĂ©rateurs de cinquante chevaux, deux machines avec quatre pompes de cinquante et quatre de 70 centimètres de diamètre Ă  huit et dix coups par minute, on parvient Ă  22,89 mètres de profondeur ; mais on n'a pas pu aller au-delĂ [C 1]. On tire jusqu'Ă  576 hectolitres d'eau par minute, et on fait monter la vapeur Ă  sept atmosphères et demie. D'une part, le public prĂ©tend qu'on inondait la vallĂ©e de la Scarpe, et, d'autre part, qu'on assèche les puits de la ville de Douai[note 1]. Enfin, d'après les indications fournies par un sondage et par la fosse no 3, on ne peut compter, avant la profondeur de 35 mètres, avoir des terrains solides permettant d'Ă©tablir des picotages susceptibles de retenir les eaux[C 1]. Il a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  dĂ©pensĂ© 427 248,96 francs, dont 98 728,40 francs rien que pour le charbon consommĂ© par les machines[C 2].

Dans cette situation, la Compagnie de l'Escarpelle a eu recours Ă  une commission composĂ©e de Messieurs de Bracquemont, GlĂ©pin et Vuillemin, afin de savoir quel est le meilleur moyen Ă  employer pour surmonter les difficultĂ©s que prĂ©sente le creusement de la fosse no 4[C 2]. Ces Messieurs ne mettent pas en doute la possibilitĂ© d'achever le creusement du puits no 4 par le procĂ©dĂ© ordinaire, mais ils Ă©tablissent par des calculs qu'il faudrait, pour atteindre la profondeur de 35 mètres, dĂ©velopper avec deux machines d'Ă©puisement un travail utile de plus de mille chevaux, installer dix nouveaux gĂ©nĂ©rateurs de soixante chevaux, et dĂ©penser au moins 550 000 francs, dont 120 000 en charbon, pour parvenir par un seul puits Ă  la base du niveau, 90 mètres ; enfin, que 18 mois doivent ĂŞtre nĂ©cessaires pour arriver Ă  cette profondeur de 90 mètres[C 2].

Mais les inconvĂ©nients de ce mode de travail leur font conseiller Ă  la Compagnie de l'Escarpelle de ne pas l'employer, et d'avoir recours, pour la continuation de leur fosse, au système Kind-Chaudron, alors encore peu connu, ou au système de l'air comprimĂ©[C 2]. En employant le système Kind-Chaudron, il leur paraĂ®t nĂ©cessaire d'exĂ©cuter deux puits, par suite de la rĂ©duction obligĂ©e du diamètre Ă  3,40 mètres. L'exĂ©cution de ces deux puits jusqu'Ă  90 mètres coĂ»terait 575 000 francs et exigerait 18 mois[C 2].

Le fonçage jusqu'Ă  35 mètres par l'air comprimĂ©, obligerait, pour rĂ©duire la pression Ă  deux atmosphères effectives, de continuer l'Ă©puisement dans un des puits et Ă  maintenir le niveau de l'eau Ă  quinze ou vingt mètres de profondeur au-dessous du sol[C 2]. Une fois les eaux retenues par des picotages dans l'un des puits, on continuerait son approfondissement par les procĂ©dĂ©s ordinaires, au diamètre de quatre mètres jusqu'Ă  90 mètres. La dĂ©pense ne serait que de 350 000 francs environ, et il ne faudrait que onze mois pour arriver Ă  90 mètres[C 2].

La fosse no 4 - 4 bis, avant la Guerre.

MalgrĂ© la diffĂ©rence de dĂ©penses et de temps que paraĂ®t prĂ©senter le système de l'air comprimĂ©, deux membres de la Commission ont Ă©tĂ© d'avis que la Compagnie de l'Escarpelle devait lui prĂ©fĂ©rer le système Kind-Chaudron. Ils motivent cet avis, d'abord, sur les complications qu'offre l'emploi de l'air comprimĂ© simultanĂ©ment avec l'Ă©puisement dans l'un des puits[C 2] jusqu'Ă  35 mètres ; puis, sur la nĂ©cessitĂ© oĂą l'on se trouverait ensuite d'Ă©tablir un autre attirail d'Ă©puisement pour atteindre 90 mètres ; enfin, sur l'influence funeste qu'exercerait l'emploi de l'air comprimĂ© sur la santĂ© des ouvriers, et l'incertitude oĂą l'on se trouve qu'il fallĂ»t en continuer l'emploi au-delĂ  de la profondeur de 35 mètres[note 2] - [C 3].

La Compagnie adopte l'avis de la majoritĂ© de la Commission, et a eu Ă  se fĂ©liciter de l'application du système Kind-Chaudron. D'après un MĂ©moire publiĂ© par M. de Boisset dans les Annales des Mines, tome XVI, 5e livraison, de 1869, les travaux d'installation du système Kind-Chaudron ont commencĂ© fin novembre 1867, et le 1er mars suivant, le forage est en cours[C 3]. Ă€ la fin de septembre 1868, le forage au grand trĂ©pan est parvenu Ă  104 mètres ; on descend le cuvelage, et, dès la fin de 1868, le niveau est complètement maintenu. La dĂ©pense ne s'Ă©lève qu'Ă  208 681,60 francs, et, en dĂ©duisant la valeur du matĂ©riel du sondage, Ă  161 337,38 francs seulement[C 3].

Exploitation de la fosse

La fosse no 4 - 4 bis, après la Guerre.

La fosse no 4, composĂ©e de deux puits, est entrĂ©e en exploitation en 1872. Elle a dĂ©couvert un gisement riche et rĂ©gulier de houille grasse, et sa production y a bientĂ´t atteint un chiffre Ă©levĂ©, dĂ©passant celui des trois autres fosses rĂ©unies[C 3]. En mĂŞme temps, le prix de revient y est très-bas. Aussi, cette fosse a modifiĂ© d'une manière très favorable la situation de la Compagnie de l'Escarpelle. Cette Compagnie a ouvert, en 1875, sur le mĂŞme gisement, et par le procĂ©dĂ© Kind-Chaudron, un puits no 5, Ă  490 mètres Ă  l'est-nord-est[note 3]. Son installation est terminĂ©e peu avant 1880, et il commence immĂ©diatement Ă  entrer en exploitation[C 3].

Le creusement, l'installation et l'outillage des cinq fosses de l'Escarpelle ont coĂ»tĂ© 774 415,69 francs pour la fosse no 1, 794 538,44 francs pour la fosse no 2, 996 393,85 francs pour la fosse no 3, 1 618 897,67 francs pour la fosse no 4 - 4 bis et 917 826,16 francs pour la fosse no 5, soit un total de 5 102 071,81 francs[C 3]. La moyenne du prix coĂ»tant d'une fosse est de 1 020 414,36 francs[C 3].

En 1880, la fosse produit 300 000 tonnes. Le puits no 4 bis sert Ă  l'extraction en 1886[A 1]. En 1913, on exploite Ă  540 mètres. DĂ©truite en 1918, la fosse ne sert plus que pour l'aĂ©rage de la fosse no 5[A 1]. Les deux puits sont dĂ©pourvus de chevalements, et la fosse est construite dans des proportions plus modestes.

Le puits no 4 bis, profond de 448 mètres, est remblayĂ© en 1952, le no 4, profond de 535 mètres, l'est en 1954. Les installations sont dĂ©truites en . La production totale est de 5 392 233 tonnes de charbon gras[A 1].

Reconversion du site

Au début des années 1980, un lotissement est installé sur le site de la fosse. Au début du XXIe siècle, Charbonnages de France matérialise les deux têtes de puits, et y installe des exutoires de grisou. Le BRGM y effectue des inspections chaque année[1]. Le puits no 4 est situé juste devant une habitation, alors que le puits no 4 bis est situé dans un garage.

  • Vue aĂ©rienne de la fosse et son environnement après la Nationalisation. Des habitations ont Ă©tĂ© bâties sur le carreau.
    Vue aérienne de la fosse et son environnement après la Nationalisation. Des habitations ont été bâties sur le carreau[note 4].
  • Puits no 4, 1865 - 1954.
    Puits no 4, 1865 - 1954.
  • TĂŞte de puits matĂ©rialisĂ©e no 4.
    Tête de puits matérialisée no 4.
  • Exutoire de grisou et tĂŞte de puits matĂ©rialisĂ©e no 4.
    Exutoire de grisou et tête de puits matérialisée no 4.
  • Puits no 4 bis, 1866 - 1952.
    Puits no 4 bis, 1866 - 1952.
  • TĂŞte de puits matĂ©rialisĂ©e no 4 bis.
    Tête de puits matérialisée no 4 bis.
  • Exutoire de grisou et tĂŞte de puits matĂ©rialisĂ©e no 4 bis.
    Exutoire de grisou et tête de puits matérialisée no 4 bis.

Les cités

La Compagnie des mines de l'Escarpelle a construit plusieurs corons à proximité de la fosse pour y loger ses ouvriers. Il n'y a aucune maison individuelle. Après la Nationalisation, alors que la fosse est abandonnée, le site appartient toujours au Groupe de Douai, dix maisons sans étages sont construites sur le carreau de fosse. Chaque maison est constitué de deux logements, soit un total de vingt logements. Lorsqu'un lotissement est construit sur le carreau de fosse, ces habitations sont détruites, mais des modèles similaires existent encore dans tout le bassin minier, et notamment près de la fosse no 5 toute proche[note 5].

L'église Notre-Dame-d'Espérance

La Compagnie a construit près de ses corons l'église Notre-Dame-d'Espérance.

  • L'entrĂ©e de l'Ă©glise.
    L'entrée de l'église.
  • DĂ©tail du portail de l'Ă©glise.
    DĂ©tail du portail de l'Ă©glise.
  • Le clocher.
    Le clocher.
  • DĂ©tail des fenĂŞtres.
    DĂ©tail des fenĂŞtres.
  • Vue gĂ©nĂ©rale de l'Ă©glise.
    Vue générale de l'église.
  • DĂ©tail du clocher.
    DĂ©tail du clocher.
  • Vue globale de l'Ă©difice.
    Vue globale de l'Ă©difice.

Notes et références

Notes
  1. Un procès a été intenté à la Compagnie de l'Escarpelle par une association de propriétaires et de cultivateurs de la vallée de la Scarpe, dont les terrains ont été inondés pendant l'hiver et le printemps de 1867. Des experts ont été chargés d'examiner jusqu'à quel point les eaux de la fosse no 4 ont contribué à cette inondation. Ils ont reconnu que le volume d'eau fourni par les pompes de cette fosse ne représente qu'une quantité insignifiante du volume débité par les canaux de dessèchement de la vallée, et, sur leur rapport, le tribunal de Douai a débouté les plaignants.
  2. Rapport de Messieurs de Bracquemont, Glépin et Vuillemin à la Compagnie de l'Escarpelle, 1867.
  3. Les distances sont mesurées grâce à Google Earth. Dans le cas de puits, la distance est mesurée d'axe en axe, et arrondie à la dizaine de mètres la plus proche. Les têtes de puits matérialisées permettent de retrouver l'emplacement du puits sur une vue aérienne.
  4. L'image est un photochrome, ainsi, certaines couleurs sont différentes de la réalité.
  5. D'après une vue aérienne de la fosse no 4 - 4 bis, prise dans les années 1950 à 1970.
Références
Références aux fiches du BRGM
Références à Guy Dubois et Jean Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais. Tome I,
Références à Émile Vuillemin, Le Bassin Houiller du Pas-de-Calais. Tome I, Imprimerie L. Danel,

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Guy Dubois et Jean-Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais : Des origines Ă  1939-45, t. I, , 176 p., p. 74. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Guy Dubois et Jean-Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais : De 1946 Ă  1992, t. II,
  • Émile Vuillemin, Le Bassin Houiller du Pas-de-Calais. Tome I : Histoire de la recherche, de la dĂ©couverte et de l'exploitation de la houille dans ce nouveau bassin, Imprimerie L. Danel, Lille, , 348 p. (lire en ligne), p. 10-12. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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