Forteresse de Peniche
La forteresse de Peniche, classée comme monument historique depuis 1938[3], se trouve dans la ville de Peniche, située dans le district de Leiria sous-région de l'Ouest, région Centre au Portugal.
Forteresse de Peniche | ||
Vue de la forteresse | ||
Nom local | Forte de Peniche | |
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Type | Bastion | |
DĂ©but construction | XVIe siĂšcle | |
Propriétaire initial | Jean III de Portugal | |
Destination actuelle | Musée | |
Protection | Monument national (1938)[1]. | |
CoordonnĂ©es | 39° 21âČ 10âł nord, 9° 22âČ 52âł ouest[2] | |
Pays | Portugal | |
RĂ©gion | RĂ©gion Centre | |
Subdivision administrative | Ouest | |
Ville | Peniche | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Portugal
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Antécédents : le Chùteau de la ville
Au temps de l'indépendance du Portugal, Peniche était une ßle. Actuellement la forteresse est devenue le musée municipal de la ville de Peniche. à droite se trouve un monument érigé à la mémoire des "femmes aux lacets", qui ont tissé "des bobines de lacet" complexes sur des oreillers cylindriques.
L'ancien lit de la riviĂšre d'Atouguia se trouve dans l'embouchure de ce fleuve qui constitue l'un des plus importants ports portugais du Moyen Ăge et surtout un point-clĂ© pour accĂ©der aux principales villes du Centre du pays (Lisbonne, Ăbidos, Torres Vedras, SantarĂ©m et Leiria), qui ont Ă©tĂ© engagĂ©es Ă de nombreuses reprises dans les Ă©vĂšnements qui ont marquĂ© l'Histoire du Portugal.
La Forteresse
La construction de la forteresse a fait de cet endroit une place stratégique importante au XVIe siÚcle car elle fut érigée à l'entrée étroite de la péninsule. Le littoral rocheux délimitant le reste de la péninsule a permis de rendre la ville facile à défendre contre les incursions récurrentes des pirates à cette époque.
La Guerre de la Restauration et la fortification
Cette fortification était assistée par le 'Fort de la Consolação' et par le 'Fort de Saint João Baptista das Berlengas', intégrant un étendu systÚme de défense qui, néanmoins, s'est révélé faible d'abord dans le contexte de la Guerre d'indépendance espagnole, puis pendant l'invasion napoléonienne de 1807 (commandée par Junot). De fin 1807 à août 1808, elle fut occupée par des troupes françaises.
Au cours du temps, les envahisseurs ont procédé à des réparations du fort afin d'assurer leur défense et ont appliqué les armoiries du Portugal sur la barriÚre principale. Lors de l'occupation par les troupes anglaises de Lord Beresford, de nouvelles réparations ont été exécutées. Ce fut également le cas sous le rÚgne de D. Miguel qui a élargi le périmÚtre de défense. La fortification n'a cependant pas été efficace pendant les Guerres Libérales.
En 1836, la Praça-forte a vĂ©cu deux Ă©vĂ©nements importants : l'incendie pendant lequel a Ă©tĂ© dĂ©truit complĂštement le Palais du Gouverneur (qui ne put ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©) et l'explosion de la poudriĂšre du fort.
Au cours du XIXe siĂšcle, la Forteresse va perdre progressivement ses fonctions de "place-forte" pour ĂȘtre utilisĂ©e dans un premier temps comme simple prison (pendant les invasions napolĂ©oniennes) et ultĂ©rieurement comme prison politique pendant les Guerres LibĂ©rales. Il y fut incarcĂ©rĂ© soit des libĂ©raux, soit des absolutistes.
Du XXe siĂšcle Ă nos jours
Ă l'aube du XXe siĂšcle, la forteresse fut utilisĂ©e pour hĂ©berger les boers lors de leur retour de la colonie portugaise du Mozambique aprĂšs la victoire des Anglais en Afrique du Sud. Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale (1914-1918), des Allemands y furent incarcĂ©rĂ©s et elle finit par ĂȘtre transformĂ©e en prison politique de haute sĂ©curitĂ© de 1930 Ă 1974 durant l'Estado Novo.
Oliveira Salazar
Sous la dictature d'António de Oliveira Salazar (1932-1968), la forteresse a servi de prison pour les dissidents politiques. Pendant le régime de Salazar, le fort était une prison politique de haute sécurité.
Le , il y eut une spectaculaire Ă©vasion de la Forteresse de Peniche, menĂ©e Ă bien par Ălvaro Cunhal, Joaquim Gomes, Carlos Costa, Jaime Serra, Francisco Miguel, JosĂ© Carlos, Guillerme Carvalho, Pedro Retentir, RogĂ©rio de Carvalho et Francisco Martins Rodrigues.
Quelques prisonniers :
- MĂĄrio AraĂșjo, nĂ© en 1935, adhĂ©rent du PCP, anime la cellule de lâArsenal dâAlfeite, arrĂȘtĂ© le , prisonnier Ă Peniche du au [4].
- Domingos Abrantes, nĂ© en 1936, emprisonnĂ© Ă Peniche du au puis du au en raison de son appartenance au Parti Communiste Portugais depuis 1954. ĂchappĂ© de la prison de Caxias le avec sept autres prisonniers, il est arrĂȘtĂ© avec sa compagne Maria da Conceiçao Matos le . Ils se marieront dans le Fort de Peniche le [4].
- Clemente Alves, nĂ© en 1952, condamnĂ© en juillet 1972 Ă 14 mois de prison pour «activitĂ©s contre la sĂ©curitĂ© de lâĂtat», de fait en tant que militant du PCP, emprisonnĂ© Ă Peniche Ă sa demande (il Ă©tait auparavant Ă Caxias) de janvier Ă [4].
- Daniel Cabrita, nĂ© en 1938, syndicaliste, PrĂ©sident du syndicat des employĂ©s de banque du district de Lisbonne. ArrĂȘtĂ© le , condamnĂ© Ă deux ans de prison, soupçonnĂ© dâappartenir Ă lâARA (Action RĂ©volutionnaire ArmĂ©e) et en lien avec le PCP, entrĂ© Ă Peniche le et libĂ©rĂ© le . Durant sa dĂ©tention, le , son Ă©pouse, Helena Cabrita se suicide[4].
- Manuel Maria Candeias, nĂ© en 1943, adhĂ©rent au PCP en 1959, syndicaliste Ă la TAP (compagnie nationale dâaviation), arrĂȘtĂ© le avec d'autres syndicalistes et membres du PCP, condamnĂ© Ă 20 mois de prison le , entrĂ© Ă Peniche le , transfĂ©rĂ© Ă lâhĂŽpital-prison de Caxias, le [4].
- JosĂ© Ernesto Cartaxo, nĂ© en 1943, arrĂȘtĂ© Ă 28 ans le , torturĂ© par la DGS (Direction GĂ©nĂ©rale de la SĂ©curitĂ©) et condamnĂ© Ă 23 mois de prison pour appartenance au Parti Communiste Portugais, alors clandestin. EntrĂ© Ă Peniche le qu'il quitte le [4].
- Mårio de Carvalho, né en 1944, à Peniche du au . Il avait été condamné en comme membre du parti communiste.
- AntĂłnio Borges Coelho, nĂ© en 1928, crĂ©ateur d'une bibliothĂšque populaire (et illĂ©gale), militant du MUD puis du Parti Communiste Portugais, arrĂȘtĂ© le "pour activitĂ©s subversives", transfĂ©rĂ© Ă Peniche le , s'y marie avec Isaura Silva le , en sort le , sous rĂ©gime de libertĂ© conditionnelle[4].
- Ălvaro Cunhal (1913-2005), prisonnier Ă Peniche pour la premiĂšre fois en 1937.
- Dias Lourenço (1915-2010)
- Dinis Miranda (1929-1991)
- Adelino Pereira da Silva, nĂ© en 1939 ; entrĂ© au Parti Communiste Portugais en 1959, il participe Ă la prĂ©paration de la fuite de 1960 en estimant les durĂ©es dâun parcours automobile entre Peniche et Lisbonne. ArrĂȘtĂ© le , sâobstinant dans le silence lors des interrogatoires, il est emprisonnĂ© Ă Peniche en rĂ©gime dâobservation (Ă lâisolement) du au . Il Ă©pouse par correspondance sa compagne, Alice Capela, emprisonnĂ©e Ă Caxias en 1966[4].
- José Tavares Marcelino, né en 1939, syndicaliste à la TAP, condamné à 16 mois de prison, entré à Peniche le , libéré le .
- Faustino Reis, nĂ© en 1937, gĂ©rant d'une boutique Singer, arrĂȘtĂ© le en raison de son activisme politique au PCP et au Mouvement dâOpposition DĂ©mocratique, 11 mois Ă Peniche, militant de la CoopĂ©rative Culturelle Populaire de Barreiro. CondamnĂ© Ă 20 mois de prison, il sera Ă Peniche du au [4].
- Ălvaro Ribeiro Monteiro, nĂ© en 1941, emprisonnĂ© Ă Peniche le aprĂšs sa troisiĂšme arrestation et sa condamnation Ă 20 mois de prison pour appartenance au Parti Communiste, oĂč il nâeffectuera que quatre mois de peine.
- Jaime Serra
- JosĂ© Pedro Soares, membre de lâUnion des RĂ©sistants Antifascistes Portugais (UniĂŁo de Resistentes Antifascistas Portugueses - URAP), emprisonnĂ© Ă Peniche du au . Ouvrier mĂ©canographe Ă la Centrale Mecanographique de lâArmĂ©e de lâAir Ă Alverca. ArrĂȘtĂ© le , Ă 21 ans, pour appartenance au Parti Communiste Portugais (clandestin). CondamnĂ© Ă trois ans et demi de prison.
- Ăngelo Veloso (1930-1990)[5]
Au moment de la RĂ©volution des Ćillets du , c'est au matin du que les prisonniers furent libĂ©rĂ©s aprĂšs des nĂ©gociations oĂč furent dĂ©battues de la nature des libĂ©rations, le gĂ©nĂ©ral Spinola ne souhaitant voir libĂ©rĂ©s que les prisonniers n'ayant pas participĂ© Ă des crimes de sang[6].
AprĂšs la RĂ©volution des Ćillets
Elle a servi juste aprÚs d'abri aux "retornados", des colons portugais revenus d'Afrique lors du processus de décolonisation.
AprĂšs la RĂ©volution des Ćillets, en 1974, qui a libĂ©rĂ© le Portugal du fascisme, le musĂ©e, jusqu'alors dĂ©signĂ© comme le MusĂ©e de la RĂ©publique et de la LibertĂ©, est devenu le musĂ©e municipal.
à partir de 1984, elle fut transformée en musée municipal afin d'y exposer des piÚces archéologiques, historiques et ethnographiques.
Ă la suite d'une dĂ©cision du Conseil des Ministres en , l'ancienne prison de l'Ătat Nouveau abrite le MusĂ©e National de la RĂ©sistance et de la LibertĂ©, en mĂ©moire des prisonniers politiques.
FermĂ© depuis pour des travaux de restauration confiĂ©s Ă l'architecte JoĂŁo Barros Matos, il a Ă©tĂ© inaugurĂ© en tant que musĂ©e national le , date anniversaire de la libĂ©ration des prisonniers politiques de la forteresse de Peniche. Ă cet effet, la MunicipalitĂ© de Peniche a cĂ©dĂ© 330 piĂšces du MusĂ©e municipal Ă la Direction GĂ©nĂ©rale du Patrimoine Culturel (en portugais, Direção-Geral do PatrimĂłnio Cultural) pour ĂȘtre exposĂ©s dans le futur musĂ©e : des cahiers, lettres et peinture de AntĂłnio Dias Lourenço ; des objets confectionnĂ©s par les prisonniers, des jeux, des livres, cartes de visite, dessins, poĂšmes et notes, ainsi que des lettres, cartes postales et photographies qu'ils recevaient ou Ă©crivaient (certaines des lettres Ă©taient retenues par la censure) ; le mobilier des cellules, des uniformes de prisonniers ; les contenus des 42 expositions qui ont eu lieu avant la fermeture[3]. Ă l'entrĂ©e du musĂ©e se trouve le MĂ©morial en hommage aux prisonniers politiques dĂ©tenus Ă Peniche[7].
Il est destinĂ© Ă prĂ©server non seulement la mĂ©moire comme prison politique mais aussi son passĂ© antĂ©rieur, outre une grande partie des vestiges archĂ©ologiques de Peniche, la sauvegarde dâĂ©paves historiques, l'artisanat des pĂȘcheurs et de leurs femmes.
L'ancien musée se faisait remarquer avant par une exposition permanente dédié aux lacets tressés à la main, une activité qui fut pendant des siÚcles la spécialité locale des femmes. Au centre-ville il y a un monument dédié aux " tresseuses de lacets ", qui tissent des bobines de lacets complexes sur des oreillers cylindriques[8] - [9].
En 2006, les dépendances de la forteresse ont servi de décors à la mise en scÚne d'une reconstitution historique du "débarquement anglais" de 1589.
Notes et références
- (en)(pt) IGESPAR, « Notice no 71147 », sur Instituto de Gestão do Património Arquitectónico e Arqueológico.
- Google Earth
- (pt) AgĂȘncia Lusa et AgĂȘncia Lusa, « Peniche entrega herança ao Museu Nacional da ResistĂȘncia e da Liberdade », sur Observador (consultĂ© le )
- (pt) PatrĂcia Carvalho et Adriano Mir, « Peniche: 13 rostos », sur PĂBLICO (consultĂ© le )
- (pt) PatrĂcia Carvalho, Adriano Miranda, « Cumpre-se o sonho dos presos: serem libertados e terem Ă sua espera uma multidĂŁo », sur PĂBLICO (consultĂ© le )
- (pt) PatrĂcia Carvalho, Adriano Miranda, « Cumpre-se o sonho dos presos: serem libertados e terem Ă sua espera uma multidĂŁo », sur PĂBLICO (consultĂ© le )
- (pt) AbrilAbril, « Peniche: Memorial homenageia presos polĂticos », sur AbrilAbril (consultĂ© le )
- Photo d'un lacet tressé de Peniche
- Ville de Peniche - article sur Le jardin du Portugal
Voir aussi
- Barbe la grande martyre (pour l'Ă©glise de la forteresse)
- PENICHE FOSSIL
- Site du Musée : http://www.museunacionalresistencialiberdade-peniche.gov.pt/pt/ (portugais, anglais)
Galerie
- L'Ă©glise de la forteresse
- Intérieur de la prison
- La prison
- L'une des cours de la Forteresse
- Azulejo du Musée