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Folha de S. Paulo

Folha de S.Paulo, connu aussi sous le nom de Folha, est un quotidien brĂ©silien fondĂ© en 1921 sous le nom de Folha da Noite, et Ă©ditĂ© dans la ville de SĂŁo Paulo par l’entreprise Folha da ManhĂŁ S.A.

Folha de S. Paulo
Image illustrative de l’article Folha de S. Paulo
Logo du Folha de S. Paulo.

Pays Brésil
Langue portugais
anglais
espagnol
Périodicité quotidien
Format grand format
Diffusion 330 000 en semaine
420 000 le dimanche ex.
Fondateur Olival Costa e Pedro Cunha
Date de fondation 19 février 1921
Ville d’édition SĂŁo Paulo

Propriétaire Grupo Folha
Directeur de publication Luiz Frias
Directeur de la rédaction Otavio Frias Filho
RĂ©dacteur en chef SĂ©rgio DĂĄvila
ISSN 1414-5723
Site web (pt) folha.uol.com.br

Le journal est la base du Grupo Folha, conglomĂ©rat qui comprend Universo Online (UOL), le plus grand portail internet du pays, le journal Agora SĂŁo Paulo, l’institut de sondages Datafolha, la maison d’édition Publifolha, le label TrĂȘs Estrelas, l’imprimerie Plural et, en partenariat avec les Organisations Globo, le quotidien Valor et d’autres entreprises.

Tout au long de son histoire, Folha est rĂ©putĂ© pour ĂȘtre un journal plus souple et permĂ©able aux aspirations de la sociĂ©tĂ© que ses principaux concurrents, identifiĂ©s aux Ă©lites politiques et Ă©conomiques. Elle est passĂ©e par diffĂ©rentes phases et a donnĂ© la prioritĂ© Ă  de diffĂ©rents publics – la classe moyenne urbaine, les propriĂ©taires ruraux –, toujours en maintenant l’indĂ©pendance politique comme un de ses piliers Ă©ditoriaux[1].

Depuis 1986, Folha a la plus grande diffusion parmi les grands journaux quotidiens brĂ©siliens – selon les donnĂ©es de l’IVC (Institut VĂ©rificateur de Circulation) en janvier 2010, ce sont environ 279 000 exemplaires les jours de semaine et 329 000 les dimanches. À cĂŽtĂ© de O Estado de S.Paulo et de O Globo, Folha est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant un des plus influents mĂ©dias de presse quotidienne du BrĂ©sil. Parmi les journaux quotidiens, Folha possĂšde ainsi le site d’informations avec le plus grand nombre de lecteurs[2].

Conservateur, Folha de S. Paulo se dĂ©finit comme un journal d’opposition au gouvernement de Luiz InĂĄcio Lula da Silva[3].

Histoire

Folha a Ă©tĂ© fondĂ©e le 19 fĂ©vrier 1921 par un groupe de journalistes dirigĂ© par Olival Costa et Pedro Cunha, sous le nom de Folha da Noite. C’était un journal du soir, avec un projet qui prĂ©conisait des textes plus courts et plus clairs, centrĂ© plus sur l’informatif que sur les opinions, sur la proximitĂ© avec les sujets qui affectent le quotidien de la population de SĂŁo Paulo, principalement les travailleurs urbains.

En opposition au principal journal de la ville, O Estado de S.Paulo, qui reprĂ©sentait l’élite rurale et assumait une position conservatrice, traditionnelle et rigide, Folha a toujours Ă©tĂ©, depuis sa fondation, un journal plus souple, plus fluide et plus permĂ©able aux aspirations de la sociĂ©tĂ©[4].

L’entreprise a Ă©tĂ© rĂ©ussie, amenant les partenaires Ă  acheter un siĂšge, une presse rotative et en juin 1925, Ă  crĂ©er un deuxiĂšme journal, cette fois-ci matinal : Folha da ManhĂŁ.

Aussi en 1925, le personnage Juca Pato apparaĂźt dans Folha da ManhĂŁ, qui est devenu un symbole du journal. CrĂ©Ă© par le dessinateur Benedito Carneiro Bastos Barreto (1896-1947), appelĂ© Belmonte, Juca Pato Ă©tait un « homme commun », qui critiquait avec ironie les problĂšmes politiques et Ă©conomiques et rĂ©pĂ©tait l’expression : ça pourrait ĂȘtre pire.

Les principales critiques des Folhas Ă©taient dirigĂ©es contre les partis rĂ©publicains qui monopolisaient les gouvernements de l’époque et faisaient campagne pour des amĂ©liorations sociales. Le journal a mĂȘme soutenu la crĂ©ation du Parti DĂ©mocratique, de l’opposition. Cependant, en 1929, Olival Costa, Ă  ce moment-lĂ , seul propriĂ©taire des Folhas, s’est rapprochĂ© des rĂ©publicains de SĂŁo Paulo et a rĂ©pudiĂ© les opposants de l’Alliance LibĂ©rale, liĂ©e Ă  GetĂșlio Vargas.

En octobre 1930, avec la victoire de la RĂ©volution Varguiste’, les journaux qui s’étaient opposĂ©s Ă  Vargas ont Ă©tĂ© saccagĂ©s par des partisans de l’Alliance LibĂ©rale.âč Les installations de Folha ont Ă©tĂ© dĂ©truites et Costa a vendu l’entreprise Ă  Octaviano Alves de Lima, entrepreneur, principalement de commerce du cafĂ©.

DĂ©fense des producteurs ruraux et opposition Ă  Getulio Vargas

Le but initial d’Alves de Lima, qui a assumĂ© le journal en 1931, Ă©tait de dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts « de l’agriculture Â», c’est-Ă -dire des producteurs ruraux. Cependant, des Ă©vĂšnements importants ont fait que l’attention se pose sur d’autres thĂšmes : la rĂ©volution de 1932 (lorsque les habitants de SĂŁo Paulo ont essayĂ© de rĂ©cupĂ©rer le pouvoir perdu pour Vargas), la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et le Estado Novo, dictature varguiste qui a durĂ© de 1937 Ă  1945.

Sans familiaritĂ© avec la presse, Lima a indiquĂ© le poĂšte Guilherme de Almeida pour la direction de l’entreprise et a donnĂ© la direction Ă©ditoriale Ă  Rubens do Amaral, qui a formĂ© une RĂ©daction de tendance anti-getuliste. Herminio Sachetta, militant trotskiste qui a Ă©tĂ© emprisonnĂ© par l’Estado Novo, a assumĂ© le secrĂ©tariat de RĂ©daction juste aprĂšs sa sortie de prison.

Le gouvernement dictatorial exerçait une pression politique et Ă©conomique sur la presse, concentrant ses munitions sur SĂŁo Paulo contre le journal matinal Estado, qui avait soutenu la RĂ©volution de 1932. Le directeur du journal, JĂșlio de Mesquita Filho a Ă©tĂ© emprisonnĂ© trois fois et a Ă©tĂ© forcĂ© Ă  l’exil pendant que le journal Estado restait sous le contrĂŽle du gouvernement varguiste, de 1940 Ă  1945. Avec le concurrent sous silence, Folha da ManhĂŁ a excellĂ© comme voix d’opposition Ă  la dictature.

L’attitude critique est un des motifs pointĂ©s sur l’échange de propriĂ©taire de l’entreprise, survenu en 1945. Selon JoĂŁo Baptista Ramos, frĂšre de JosĂ© Nabantino Ramos, un des nouveaux partenaires, aux cĂŽtĂ©s de ClĂłvis Queiroga et Alcides Ribeiro Meirelles, l’achat des ’’Folhas’’ a Ă©tĂ© articulĂ© par Getulio Vargas, qui voulait se libĂ©rer du journalisme d’opposition commandĂ© par Rubens do Amaral, de son propre aveu anti-getuliste.

Queiroga, de son cĂŽtĂ©, reprĂ©sentait le comte Francisco Matarazzo JĂșnior, qui ne pouvait pas possĂ©der de mĂ©dias de communication, Ă©tant italien. Matarazzo a financĂ© l’achat des presses rotatives plus modernes et a vu dans cette entreprise une occasion de rĂ©pondre aux attaques que lui faisaient les journaux de Assis Chateaubriand, son ennemi.

Une des armes qu’il a idĂ©alisĂ©e dans cette bataille a Ă©tĂ© de rĂ©duire le prix des Folhas, afin d’étouffer les affaires des quotidiens associĂ©s, de Chateaubriand.

NĂ©anmoins, le plan n’a pas fonctionnĂ© : Nabantino Ramos a comptabilisĂ© les pertes que l’entreprise a souffertes Ă  cause de la rĂ©duction de prix comme paiement du financement accordĂ© par le comte ainsi, aprĂšs quelques mois, il a dĂ©clarĂ© la dette effacĂ©e, assumant la marche Ă©ditoriale des journaux.

Journal des classes moyennes et des campagnes civiques

Avocat, Nabantino Ramos apprĂ©ciait les techniques de gestion et de contrĂŽle, et a implantĂ© dans les annĂ©es 1940 et 1950 de nombreuses innovations : concours publiques pour contrats, cursus de journalisme, prix pour accomplissement, contrĂŽle des erreurs. Il a rĂ©digĂ© un manuel de rĂ©daction et une politique Ă©ditoriale. Il a lancĂ© un troisiĂšme journal Folha da Tarda en 1949 et a soutenu des dizaines de campagnes dans plusieurs domaines : combat contre la corruption et le crime organisĂ©, dĂ©fense des sources, amĂ©lioration de l’infrastructure, chantiers urbains, entre autres.

MalgrĂ© l’organisation d’entreprise, Nabantino manquait de discernement commercial et de flexibilitĂ© nĂ©cessaires pour nĂ©gocier des financements et administrer des budgets. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, l’entreprise souffrait avec des coĂ»ts augmentĂ©s par le prix du papier journal. Les trois journaux ont Ă©tĂ© regroupĂ©s en un seul titre, Folha de S.Paulo, en 1960, en maintenant au dĂ©part, les trois Ă©ditions. Mais, comme la situation financiĂšre se dĂ©gradait, les Ă©ditions du soir ont Ă©tĂ© annulĂ©es et le journal s’est fixĂ© comme matinal.

Les difficultĂ©s se sont aggravĂ©es en 1961, par la victoire issue d’une grĂšve de journalistes qui a paralysĂ© tous les moyens de communication de SĂŁo Paulo et a obtenu des amĂ©liorations de salaire et des bĂ©nĂ©fices travaillistes, ce qui a amplifiĂ© encore plus les coĂ»ts du journal. L’entreprise a Ă©tĂ© vendue aux chefs d’entreprise Octavio Frias de Oliveira et Carlos Caldeira Filho.

Pluralisme et direction générale

Frias et Caldeira, respectivement prĂ©sident et superintendant de l’entreprise, se sont mis Ă  la tĂąche prioritaire de rĂ©cupĂ©rer l’équilibre financier du journal. Pour diriger la rĂ©daction, Frias a nommĂ© le scientifique JosĂ© Reis, un des crĂ©ateurs de la SociĂ©tĂ© brĂ©silienne pour le progrĂšs de la science (SBPC). Il a amenĂ©, pour intĂ©grer l’équipe le responsable de la modernisation du rival O Estado de S.Paulo, le journaliste ClĂĄudio Abramo, qui succĂ©dera Ă  Reis et maintiendra avec Frias une coexistence professionnelle productive qui s’est prolongĂ©e pour plus de vingt ans. En 1964, Folha de S.Paulo a soutenu le renversement du prĂ©sident JoĂŁo Goulart et l’établissement d’un rĂ©gime de tutelle militaire – temporaire, comme on le croyait – dans le pays.

La phase d’adversitĂ©s Ă©conomiques et financiĂšres Ă©tant dĂ©passĂ©e, la nouvelle gestion a commencĂ© Ă  se dĂ©dier Ă  la modernisation industrielle et au montage d’une structure de distribution d’exemplaires qui a Ă©tĂ© la base des sauts de circulation qui arriveraient. De nouveaux Ă©quipements et imprimantes des États-Unis ont Ă©tĂ© achetĂ©s. En 1968, Folha est devenue le premier journal latino-amĂ©ricain Ă  ĂȘtre imprimĂ© par le systĂšme off-set. En 1971, un autre pionnier : les moules en plomb montraient l’histoire et le journal adoptait la composition « Ă  froid Â». Le journal grandissait en circulation et amĂ©liorait sa participation dans le marchĂ© publicitaire.

À la fin des annĂ©es 1960, Frias a organisĂ© l’embryon d’une chaĂźne nationale de tĂ©lĂ©vision, en joignant Ă  la TV Excelsior de SĂŁo Paulo, leader d’audience, dont le contrĂŽle fut acquis en 1967, trois chaĂźnes Ă  Rio de Janeiro, Minas Gerais et Rio Grande do Sul. Par insistance de Caldeira, les deux partenaires ont nĂ©anmoins abandonnĂ© l’entreprise en 1969.

Le dĂ©but de la dĂ©cennie de 1970 a Ă©tĂ© turbulent dans l’histoire du journal. AccusĂ©e par des organisations de lutte armĂ©e d'avoir collaborĂ© avec un organe de rĂ©pression de la dictature militaire du BrĂ©sil, Folha est devenue cible des guerrilleros qui ont interceptĂ© et incendiĂ© trois camionnettes de livraison du journal, deux en septembre et une en octobre 1971 et ont menacĂ© de mort le propriĂ©taire du journal.

En rĂ©ponse, le chef d’entreprise Octavio Frias a signĂ© sur la couverture du journal, l’éditorial « Banditisme Â», affirmant qu’il n’accepterait ni l’agression, ni les menaces. Ceci s’est suivi, dans le journal du groupe guĂ©rillero ALN, d’un texte oĂč Frias Ă©tait qualifiĂ© d’ennemi de l’organisation et du pays.

L’antagonisme entre le journal et les groupes de gauche s’est approfondi et a culminĂ© avec l’éditorial « Prisonniers politiques ? Â», publiĂ© en juin 1972, dans lequel on interrogeait l’existence de personnes emprisonnĂ©es pour cause de leurs positionnements politiques. L’éditorial Ă©tait aussi une rĂ©ponse au concurrent O Estado, qui dĂ©fendait un traitement spĂ©cial aux prisonniers politiques. Il disait : « Il est su que ces criminels, que le quotidien matinal qualifie tendancieusement de prisonniers politiques, mais qui ne sont que des voleurs de banques, kidnappeurs, voleurs, incendiaires et assassins, agissants maintes fois avec beaucoup plus de perversitĂ© que les autres, pauvres-diables, marginaux de la vie, pour lesquels l’organisme en question juge lĂ©gitime toutes les promiscuitĂ©s. »

L’épisode a aussi provoquĂ© une crise interne. La semaine suivante, les Ă©ditoriaux ont Ă©tĂ© suspendus. Dans la mĂȘme annĂ©e, ClĂĄudio Abramo a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© de la direction et Folha ne reviendra Ă  adopter une attitude politique plus indĂ©pendante et affirmative, au lieu de la « neutralitĂ© Â» sans critique qui s’est suivi Ă  la fin des Ă©ditoriaux, qu’à la fin de 1973[5].

Plus agile et innovateur que son concurrent traditionnel, Folha a gagnĂ© de l’espace auprĂšs des couches moyennes qui se sont accrues avec le « miracle Ă©conomique Â», se fixant comme publication de grande ampleur entre les jeunes et les femmes. En mĂȘme temps, elle se dĂ©diait avec une dĂ©sinvolture croissante Ă  certains domaines du journalisme jusque-lĂ  peu explorĂ©s, comme l’informatif Ă©conomique, sportif, Ă©ducationnel et de services. Folha a soutenu l’idĂ©e de l’ouverture politique et s’est mise au service de redĂ©mocratisation, a ouvert ses pages pour toutes les tendances d’opinion et a dĂ©veloppĂ© le contenu critique de ses Ă©ditions.

Frias croyait fermement Ă  la philosophie Ă©ditoriale d’une publication exempte et pluraliste, capable d’offrir le plus ample Ă©ventail de visions sur les faits.

Il a rencontrĂ© en ClĂĄudio Abramo un collaborateur apte, responsable de la partie Ă©ditoriale entre 1965 et 1973, remplacĂ© par Ruy Lopes (1972/73) et Boris Casoy (de 1974 Ă  1976) et reconduit Ă  cette fonction en 1976, oĂč il est restĂ© jusqu’en 1977, lorsque Casoy a Ă©tĂ© conviĂ© par Frias Ă  reprendre le poste, au milieu de la crise provoquĂ©e par une tentative de prise de pouvoir militaire contre le prĂ©sident Ernesto Geisel.

Abramo a reformulĂ© le journal, il a fait la premiĂšre (1976) d’une sĂ©rie de rĂ©formes graphiques qui se sont succĂ©dĂ©, il a rĂ©uni des rĂ©dacteurs comme Janio de Freitas, Paulo Francis, Tarso de Castro, Glauber Rocha, Flavio Rangel, Alberto Dines, Mino Carta, Osvaldo Peralva, Luiz Alberto Bahia et Fernando Henrique Cardoso. Folha se transformait en une des principales sources de dĂ©bats publics du pays. À l’opposĂ© des expectatives, cette ligne Ă©ditoriale a Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e et dĂ©veloppĂ©e pendant la pĂ©riode oĂč Casoy a Ă©tĂ© rĂ©dacteur en chef (1977-1984). En 1983-84, Folha a Ă©tĂ© le rempart du mouvement Diretas JĂĄ (« directes-maintenant ») dans la presse, pour des Ă©lections populaires pour la PrĂ©sidence de la RĂ©publique.

La direction de la RĂ©daction a Ă©tĂ© assumĂ©e en 1984 par Otavio Frias Filho, qui a systĂ©matisĂ© et dĂ©veloppĂ© les expĂ©riences du journal dans la pĂ©riode de l’ouverture politique et de la campagne Diretas. Des documents divulguĂ©s pĂ©riodiquement traduisaient les lignes Ă©ditoriales du journal, qui a Ă©tĂ© connu comme Projet Folha, dont l’implantation dans la RĂ©daction a Ă©tĂ© coordonnĂ©e par Carlos Eduardo Lins da Silva et Caio TĂșlio Costa. Il est dĂ©fini par la pratique d’un journalisme critique, apartidaire et pluraliste. Ces principes ont aussi guidĂ© le Manuel de RĂ©daction, lancĂ© en 1984 et actualisĂ© depuis lors. Plus qu’un manuel de style, c’est un ensemble de normes et compromis assumĂ©s par le journal. Il fut le premier livre du genre mis Ă  disposition du grand public.

La prĂ©supposition est que le journalisme doit ĂȘtre descriptif et prĂ©cis, mais que tout thĂšme sujet Ă  controverse admette plus d’un angle et exige un traitement pluraliste. Le journal est aussi devenu connu par sa diversitĂ© de rĂ©dacteurs. Au mĂȘme moment, des mĂ©canismes de contrĂŽle interne ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, comme freins et contre-poids : le propre manuel, la section quotidienne ’’Erreurs’’ (1991), l’obligation de publier des contestations envoyĂ©es au journal et surtout, le poste de ombudsman (1989), professionnel de stabilitĂ© temporaire et chargĂ© de critiquer la propre Folha et recueillir les plaintes des lecteurs et des personnes des nouvelles.

Depuis le milieu du rĂ©gime militaire, Folha a maintenu une position critique face aux gouvernements successifs (Ernesto Geisel, JoĂŁo Figueiredo, JosĂ© Sarney, Fernando Collor, Itamar Franco). Otavio Frias Filho a Ă©tĂ© poursuivi judiciairement avec trois autres journalistes de Folha par le prĂ©sident de l’époque Fernando Collor. MĂȘme soutenant ses propositions de libĂ©ralisation Ă©conomique de la gestion Collor, ce fut la premiĂšre publication Ă  recommander l’impeachment (mise en accusation – destitution) du chef du gouvernement, en fin de compte accompli en 1992. La couverture des gouvernements Fernando Henrique Cardoso (PSDB) et Luiz InĂĄcio Lula da Silva (PT) a valu au journal des accusations d’ĂȘtre pro-opposition pendant les deux pĂ©riodes prĂ©sidentielles.

Lors de l’élection prĂ©sidentielle de 1989, le quotidien manifeste un vif mĂ©pris de classe Ă  l'Ă©gard de l'ancien ouvrier mĂ©tallurgiste Lula da Silva, exprimant son dĂ©goĂ»t devant la perspective que « les plus puissants entrepreneurs du pays soient accueillis au troisiĂšme Ă©tage du palais du Planalto par un ouvrier barbu, qui parle un portugais plein de fautes et Ă  qui il manque un petit doigt de la main gauche ». Pour l’universitaire Carlos Piovezani, le journal serait instrumentalisĂ© par l’élite Ă©conomique de façon Ă  « perpĂ©tuer l’ordre social profondĂ©ment inĂ©galitaire qui caractĂ©rise l’AmĂ©rique latine »[6].

De la rĂ©vĂ©lation de la fraude dans la concurrence du chemin de fer Nord-Sud (1985) jusqu’à celle du scandale du mensalĂŁo (pots-de-vin) (2005), Folha a Ă©tĂ© en avant-garde de la fiscalisation des autoritĂ©s et de la rĂ©vĂ©lation d’outrages et d’abus.

En 1986, Folha est devenue le journal de plus grande circulation dans tout le pays, suprĂ©matie qu’elle maintient jusqu’à nos jours. En 1995, un an aprĂšs avoir dĂ©passĂ© la marque d’un million d’exemplaires les dimanches, Folha a inaugurĂ© son nouveau parc graphique, considĂ©rĂ© le plus grand et le plus actualisĂ© technologiquement de l’AmĂ©rique Latine. Le record de tirages et de ventes du journal a Ă©tĂ© atteint en 1994, Ă  l’époque du lancement de Atlas Folha/The New York Times (1 117 802 exemplaires le dimanche).

Actuellement, Folha est le centre d’une sĂ©rie d’activitĂ©s dans la sphĂšre de l’industrie des communications, comportant journaux, banque de donnĂ©es, institut de sondages d’opinion et de marchĂ©, agence de presse, service d’informations et divertissement en temps rĂ©el, imprimerie de revues et entreprise de transport.

En 1991, les actions de l’entreprise Folha da ManhĂŁ. À qui appartenaient Ă  Carlos Caldeira Filho ont Ă©tĂ© repassĂ©es Ă  Octavio Frias de Oliveira, Ă©diteur du journal jusqu’à sa mort en 2007.

Depuis 1984, les journalistes Matinas Suzuki (de 1991 à 1997), Eleonora de Lucena (de 2000 à 2010) et Sergio Dåvila (depuis mars 2010) ont exercé la fonction de rédacteur en chef de Folha.

Pionnier

En 1967, Folha a adoptĂ© l’impression offset en couleurs, utilisĂ©e en grand tirage pour la premiĂšre fois au BrĂ©sil. En 1971, le journal a abandonnĂ© la composition en plomb et est devenu le premier Ă  utiliser le systĂšme Ă©lectronique de photo-composition au BrĂ©sil. En 1983, avec l’installation des premiĂšres bornes d’ordinateurs, elle a eu la premiĂšre rĂ©daction informatisĂ©e de l’AmĂ©rique du Sud.

En 1984, Folha a lancé le premier de ses manuels de rédaction, qui deviendront des ouvrages de références pour étudiants et journalistes. Le livre a reçu de nouvelles versions en 1987,1992 et 2001.

En 1989, Folha est devenue le premier mĂ©dia du pays Ă  avoir un ombudsman, professionnel chargĂ© de recevoir, enquĂȘter et acheminer les plaintes des lecteurs et de faire des commentaires critiques sur le journal et les autres moyens de communication. Depuis lors, neuf journalistes ont occupĂ© le poste Ă  Folha : Caio TĂșlio Costa, Mario Vitor Santos, Junia Nogueira de SĂĄ, Marcelo Leite, Renata Lo PrĂȘte, Bernardo Ajzenberg, Marcelo Beraba, Mario MagalhĂ”es et Carlos Eduardo Lins da Silva. En fĂ©vrier 2010, Suzana Singer a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e pour assumer la fonction Ă  partir du 24 avril.

En 1995, avec l’inauguration du Centre Technologique Graphique-Folha Ă  TamborĂ© (Santana de ParnaĂ­ba, banlieue de SĂŁo Paulo), moderne parc graphique estimĂ© Ă  120 millions de dollars US, le journal est diffusĂ© avec la plupart de ses pages en couleur.

Cahiers

Dans le premier semestre 2012, Folha était constituée des cahiers/sections suivantes :

Cahiers / Sections quotidiennes :

  • A : PremiĂšre page, Opinion (inclus la section d’articles « Tendances/DĂ©bats Â» et « Panneau du lecteur Â»), panneau, pouvoir et monde
  • B : MarchĂ© (inclus la chronique MarchĂ© ouvert)
  • C : Quotidien, SantĂ©, Sciences, Folha Rapide
  • D : Sport
  • E : IllustrĂ©e (inclus la chronique MĂŽnica Bergamo), Ă©vĂšnements

Cahiers / Sections hebdomadaires :

Lundi : Folhateen (ados), Tec

Mardi : Équilibre

Mercredi : Tourisme

Jeudi : Manger

Vendredi : Guide de Folha*

Samedi : Folinha (pour enfants)

Dimanche : Illustrissime, Revue São Paulo, véhicules, construction, immobilier, emplois, commerce

Revue mensuelle :

Serafina

Correspondants Ă  l’étranger

Dans le premier semestre 2012, Folha comptait sur les correspondants, entre fixes et boursiers, dans les villes suivantes :

Notes et références

  1. (pt) Carlos Guilherme Mota et Maria Helena Capelato, HistĂłria da Folha de S.Paulo: 1921-1981, Impres, , 416 p. (LCCN 82143090)
  2. Renaud Lambert, « En Amérique latine, des gouvernements affrontent les patrons de presse », sur Le Monde diplomatique,
  3. [(pt) Gisela Taschner, Folhas ao vento: anĂĄlise de um conglomerado jornalĂ­stico no Brasil, SĂŁo Paulo, SP ., Paz e Terra, 230 p.
  4. Politi, Maurice, ResistĂȘncia atrĂĄs das grades. SĂŁo Paulo: Plena Editorial/NĂșcleo MemĂłria, 2009
  5. Anne-Dominique Correa, « Les médias en Amérique Latine. Dire et construire l'actualité latino-américaine », sur Le Monde diplomatique,

Liens externes

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