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Famille Bonivard

La famille Bonivard (latin Bonivardi) est une famille noble de Savoie, issue de la bourgeoise de Chambéry, et ayant obtenu des charges importantes dans le comté, puis duché de Savoie, du XIIIe au XVIe siècle.

Bonivard
(de) Bonnivard
Image illustrative de l’article Famille Bonivard
Armes.

Blasonnement D'or à la croix de sable, chargée de cinq coquilles d'argent
Période XIIIe au XVIe siècle
Pays ou province d’origine Chambéry (Comté de Savoie)
Allégeance Comtes de Savoie
Charges Châtelains, Chambellan du duc de Savoie
Fonctions ecclésiastiques Évêque, prieurs commendataires
Preuves de noblesse
Autres Chevalier de l'Ordre du Collier (1362)

Histoire

La famille Bonivard, issue de la bourgeoisie de Chambéry, a accédé au rang de la noblesse durant les XIIIe siècle et XIVe siècle[1] - [2]. L'historien Pierre Lafargue qui a travaillé notamment sur cette famille relève que « Des années 1230 aux années 1530, la famille Bonivard exprime avec une remarquable vitalité les enjeux politiques et sociaux de la fin du Moyen Âge savoyard »[3].

Le comte Amédée de Foras relève que ses membres seraient de « simples marchands », selon les notes de Samuel Guichenon[1]. Les Bonivard semblent toutefois avoir obtenu des biens féodaux au cours du XIIIe siècle (Foras)[1], notamment dans les alentours de Chambéry, ainsi qu'en Maurienne[3]. Foras conclut que « c'est probablement ainsi que la noblesse est venue dans cette famille »[1].

Un Bonivard (Jacques ?) est témoin lors de l'obtention d'une charte de franchises par la cité de Chambéry, par le comte Thomas Ier, en 1232[2] - [4].

Jacques Bonivard (le même ?), secrétaire du comte Thomas, est accusé par la tradition d'avoir provoquée « la colère divine, [provoquant ainsi] la chute partielle du mont Granier en 1248 »[2] - [5]. Il semble que sa réussite rapide à la cour de Savoie, ainsi que sa prétendue « cupidité », seraient à l'origine de ces rumeurs[2]. Une autre version précise qu'un Bonivard aurait chassé les moines du prieuré de Saint-Benoit à Granier et s'y serait installé[6].

Un Pierre Bonivard, en raison du soutien que lui vaut sa proximité avec le comte de Savoie, obtient le prieuré d'Arbin[7], en 1289. L'année suivante, il est mentionné comme bourgeois de Chambéry dans un acte où il se porte débiteur pour un homicide[ReG 1]. En 1309, un Guillaume de Bonivard est mentionné comme frère de l'ordre de Saint-Antoine dans une sentence arbitrale[ReG 2].

Les Bonivard obtiennent dès le début du XIVe siècle de nombreuses charges auprès du comte de Savoie[2]. Ainsi Jean Bonivard est « clerc des dépenses de l'Hôtel en 1300-1303 »[8]. Cette position lui permet de devenir « châtelain de Tarentaise en 1312, puis du Châtelard-en-Bauges de 1326 à 1340 »[8]. Il achète à Humbert de La Salle, en 1321, sa maison de Chambéry, avant d'acquérir par la suite son manoir à Montcharvin[9].

Un Pierre Bonivard est également mentionné comme châtelain, notamment de Pont-de-Beauvoisin, du Châtelard-en-Bauges et à Ugine, entre 1334 et 1368[8]. Cette famille est implantée dès cette période à Seyssel, où ses représentants obtiennent la châtellenie vers 1350[3] - [10]. Il s'agit notamment d'un certain Aymon, qui est châtelain au cours des deux périodes suivantes : 1357 à 1363, puis de 1384 à 1389, il réussit à se faire remplacer par son frère, François, pour la période de 1368 à 1378[8]. Il obtient aussi la fonction pour la châtellenie des Allinges entre 1363 et 1380[8]. Il est fait par ailleurs vicaire de Turin[8]. Cette position lui permet de devenir l'un des quinze chevaliers de l'Ordre du Collier, lors de sa création par Amédée VI de Savoie en 1362[1] - [8].

François Bonivard occupe les charges de capitaine des fortifications et châtelain de Tarentaise, ainsi que maître de l'Hôtel du comte de Savoie, entre 1375 et 1383[11].

En 1455, Louis Bonivard, seigneur de Saint-Michel-des-Déserts, chambellan et principal maître d'hôtel du duc de Savoie Louis Ier, achète à Gaston de Grailly, comte de Foix, la seigneurie et son château de Grilly, en Pays de Gex[12] - [13] - [14]. Il semble que la famille adopte les armes de la maison de Grailly à cette occasion[1].

La famille Bonivard s'éteint au cours du XVIe siècle[15]. Une branche cadette, installée à Vimines, dans la banlieue de Chambéry, part s'installer à Nice-sur-mer, vers le début du XVIIe siècle[15]. Elle semble disparaître, selon Foras, dans la famille Isnardi[15].

HĂ©raldique

Famille Bonivard

Les armes de la famille Bonivard se blasonnent ainsi : D'or à la croix de sable, chargée de cinq coquilles d'argent[1] - [16] - [17].
Le comte de Foras indique que « on croit très généralement que les Bonivard ont pris ce blason, qui est celui des Grailly (…) en achetant le fief de ce nom au pays de Gex[1] ». Il s'étonne par ailleurs qu'aucune trace de l'ancien blason des Bonivard n'ait été retrouvé[1].

Personnalités

Titres

Seigneurs de Saint-Michel[1] (dit Saint-Michel-des-DĂ©serts, puis Les DĂ©serts) et de La Barre[1], en Savoie, de Lompnes (Angeville), en Bugey et de Grailly (Grilly)[1] (1455)[23] en Pays de Gex.

Charges

Des membres de la famille ont été châtelains de[24] :

Aymon Bonivard fut courrier (« ou corrier, sorte d'administrateur ») de la Terre commune de Maurienne (1350-1357, 1374-1393), en même temps qu'il fut châtelain de Seyssel, d'Allinges-Neuf-Thonon, puis au-delà vicaire de Turin en 1373[26]. La charge de courrier passe à ses fils et leurs descendants jusqu'en 1451, puis de 1454 à 1456 et de 1465 à 1504[26].

Notes et références

RĂ©geste genevois

  1. Acte du , (REG 0/0/1/1319).
  2. Sentence arbitrale du , (REG 0/0/1/1319).

Autres références

  1. Foras, p. 247.
  2. Demotz 2000, p. 414.
  3. Pierre Lafargue, « Les Bonivard, des notables chambériens à la fin du Moyen Age », publié dans le Bulletin de la Société des Amis du Vieux Chambéry, n°41, 2002.
  4. Lafargue 2001, p. 192 (lire en ligne).
  5. Stéphane Gal, Histoires verticales. Les usages politiques et culturels de la montagne (XIVe-XVIIIe siècles), Champ Vallon, , 456 p. (ISBN 979-1-02670-681-6, lire en ligne), p. 207-208.
  6. Jean-Marie Jeudy, Les sentiers autour de Chambéry, Syndicat d'initiative de Chambéry, 1985.
  7. Lafargue 2001, p. 190 (lire en ligne).
  8. Demotz 2000, p. 415.
  9. Michèle Brocard, Les Châteaux de Savoie, Cabédita, coll. « sites et villages » (ISBN 978-2-88295-142-7), p. 123.
  10. Lafargue 2001, p. 206-207 (lire en ligne).
  11. Lafargue 2001, p. 194 (lire en ligne).
  12. Archivum heraldicum, Société Suisse d'Héraldique, Volumes 48 à 49, 1934, p.103.
  13. Henri Buathier, Histoire des communes de l'Ain : Le Haut-Bugey, Le Valromey, Le pays de Gex, vol. 4, Horvath, , 519 p. (ISBN 978-2-7171-0315-1), p. 422-425.
  14. Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, Chambéry, , p. 359.
  15. Foras, p. 252.
  16. François Bonivard, Les chroniques de Genève, vol. 1, Genève, D. Dunant, (lire en ligne), p. 122.
  17. Joseph Hubert Willems, H Lamant, J -Y Conan, Armorial français; ou Répertoire alphabétique de tous les blasons et notices des familles nobles, patriciennes et bourgeoises de France, 17 vols., G. Lelotte, 1964-1979.
  18. Arnaud Bunel, « Armorial des Chevaliers de l'Annonciade », sur http://www.heraldique-europeenne.org/Principal.htm, Héraldique européenne (consulté le ).
  19. « Les Bonivard, à Genève et à Contamine », publié sur le site de la société locale « Les Amis de la Grande Maison » - www.lesamisdelagrandemaison.com.
  20. (it) Francois-Charles Uginet, « urbain-bonivard_(Dizionario-Biografico) », dans Enciclopedia Treccani, Rome, Istituto dell'Enciclopedia Italiana
  21. Claire Martinet, « Bonivard, Jean-AmĂ©dĂ©e ou Jean-AmĂ© » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  22. Micheline Tripet, « Bonivard, François » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  23. Henri Buathier, Histoire des communes de l'Ain : Le Haut-Bugey, Le Valromey, Le pays de Gex, Lyon, Horvath, , p. 422-425.
  24. « SA - Comptes des châtellenies, des subsides, des revenus et des judicatures », sur le site des Archives départementales de la Savoie - enligne.savoie-archives.fr (consulté en ), p. 3.
  25. Abbé Jean-François Gonthier (1847-1913), Les Châteaux et la chapelle des Allinges, Annecy, impr. de J. Niérat (Ancienne imprimerie Burdet), , 136 p. (lire en ligne).
  26. François-Clément de Mareschal de Luciane, « Discours de réception de M. le comte de Mareschal de Luciane : Souveraineté temporelle des évêques de Maurienne au Moyen Age (séance ) », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, vol. III, no 4,‎ , p. 253-380, notamment 302-303 (lire en ligne).

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Demotz, Le comtĂ© de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Ă‚ge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3), p. 414-416.
  • Comte AmĂ©dĂ©e de Foras, continuĂ© par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duchĂ© de Savoie, vol. 1, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 247-252, « Bonivard »
  • Pierre Lafargue
    • « Bourgeois et crĂ©dit : les Bonivard et les ducs de Savoie (XIVe – XVe siècles) », dans Guido Castelnuovo, Olivier MattĂ©oni, CrĂ©dit et SociĂ©tĂ© : les sources, les techniques et les hommes : actes des 39e rencontres du Centre EuropĂ©en d’Études bourguignonnes, Asti-ChambĂ©ry, septembre 1998, , p. 165-185
    • « Entre ancrage et dĂ©racinement : les Ă©lites chambĂ©riennes et la fonction châtelaine (fin XIIIe-XVe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier MattĂ©oni, Tome 1, De part et d’autre des Alpes. Les châtelains des princes Ă  la fin du Moyen Ă‚ge : actes de la table ronde de ChambĂ©ry, 11 et 12 octobre 2001, Publications de la Sorbonne, , 337 p. (ISBN 978-2-85944-560-7, lire en ligne), p. 189-219

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