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Ethnos

L’ethnos, au pluriel ethnĂš (en grec ancien ÎˆÎžÎœÎżÏ‚), dĂ©signe gĂ©nĂ©ralement une communautĂ© d’habitants partageant les mĂȘmes ancĂȘtres, divinitĂ©s, cultes, sanctuaires et fĂȘtes, dans la GrĂšce antique.

Le terme a une connotation raciale en ce qu'il est synonyme Ă  la fois de "ethnie" et "nation" en grec moderne. Cela se comprend puisque l'historien HĂ©rodote, dans « L'enquĂȘte », apporte la dĂ©finition de l'Hellenikon Ethnos qui comprend le critĂšre du sang : on est grec si les ancĂȘtres le sont.

Le Hellenikon Ethnos comprend trois autres critĂšres : les Grecs partagent les mĂȘmes coutumes, les mĂȘmes dieux et la mĂȘme langue. Les AchĂ©ens, Étoliens ou BĂ©otiens se savent tous membres de la mĂȘme communautĂ© des HellĂšnes et se retrouvent dans des sanctuaires mais cela n’empĂȘche pas des luttes fratricides entre citĂ©s hĂ©gĂ©moniques notamment au sein de la confĂ©dĂ©ration bĂ©otienne.

Description générale et définition

MĂȘme si on a tendance Ă  opposer citĂ© et ethnos, quelques rapprochements sont possibles. Il s’agit notamment de deux formes de vie communautaires. Comme les habitants de la citĂ©, ceux qui forment l’ethnos se retrouvent autour de sanctuaires qui leur sont propres. Que ce soit Passaron (en) pour les Molosses, Dodone pour une communautĂ© plus large qui rassemble tout l’Epire , Thermos pour les Eoliens, Action pour les Acarnaniens et tant d’autres.

Thucydide, parlant de l'ethnos[1], semble dĂ©crire une autre planĂšte au sujet des gens qui vivent Ă  l’Ouest de Delphes. Il y dĂ©crit une maniĂšre ancienne de vivre qui se caractĂ©rise par l’absence de remparts, par des groupements de villages, par la pratique de la piraterie, du pillage et du port des armes pour se faire justice soi-mĂȘme.

Thucydide Ă©numĂšre ces rĂ©gions du Nord-Ouest organisĂ©es en entitĂ©s ethniques assez larges comme les Locriens Ozoles, les Étoliens, les Acarnaniens et bien d’autres[2].

Dans certains cas, au sud de la GrÚce, l'ethnos est superposé au cadre de la polis notamment en Béotie, en Achaïe et plus largement en Acarnanie[2].

Dans ce cadre fĂ©dĂ©ral, la polis a pu ĂȘtre vĂ©hiculĂ©e dans certaines citĂ©s par des colons venus de Corinthe ou de MĂ©gare par exemple. Mais, dans certains ethnos comme chez les Molosses ou les Chaoniens, les communautĂ©s de base restent des ethnĂš fĂ©dĂ©rĂ©s entre eux.

L'ethnos macédonien

De trĂšs nombreux rois se succĂšdent en MacĂ©doine entre le Ve et le IVe siĂšcle av. J.-C. Au moment de l’arrivĂ©e au trĂŽne de Philippe II, la MacĂ©doine n’est pas structurĂ©e gĂ©ographiquement, elle est faible sur le plan extĂ©rieur. A l’ouest, la MacĂ©doine subit des attaques illyriennes, au sud des attaques Ă©piriennes.

D’un point de vue gĂ©o-climatique, la MacĂ©doine possĂšde des fleuves et un climat favorable. C’est avec ces Ă©lĂ©ments qu’elle trouve son unitĂ©. 90% de la MacĂ©doine se trouve Ă  plus de 500 mĂštres d'altitude, et 50% Ă  plus de 1500 mĂštres. La vie en altitude offre des ressources limitĂ©es et la transhumance des Ă©leveurs oblige Ă  avoir un habitat en hiver et un habitat en Ă©tĂ©. Cela crĂ©e une structure en communautĂ©s tribales soudĂ©es qui se dĂ©placent et ne sont pas adaptĂ©es Ă  une vie urbaine. La MacĂ©doine du centre est trĂšs humide, il y pleut trĂšs souvent. On a une grande quantitĂ© de bois que les Grecs font importer (HĂ©rodote[3] nous raconte que XerxĂšs dĂ» dĂ©boiser au moment de son passage).

Ces tribus n’ont pas non plus intĂ©rĂȘt Ă  aller vers les cĂŽtes qui sont basses et inhospitaliĂšres. Durant la pĂ©riode classique, la pĂ©ninsule de Chalcidique est pleinement macĂ©donienne, elle profite donc de zones cĂŽtiĂšres. Et surtout c’est une rĂ©gion oĂč le climat doux permet la culture de l'olivier (mode de vie plus sĂ©dentaire). À l’est on retrouve plus de montagnes avec des terres arables. À ces richesses s'ajoutent l’eau (irrigation, pĂȘche), les bƓufs nourris Ă  l’herbe grasse du centre du royaume, le blĂ© et la vigne au nord de la Chalcidique.

C’est sur une base solide que la dynastie des ArgĂ©ades structure l’Empire. Toutes les ressources sont Ă  disposition, avec la base centrale qui est le bois. Il y avait de l’or et de l’argent, du fer, du plomb et du cuivre. Alexandre Ier se met Ă  organiser les ressources et Ă  Ă©tendre le territoire qui finit par toucher les colonies athĂ©niennes. Il cherche Ă  influer sur l’économie athĂ©nienne de maniĂšre contrĂŽlĂ©e. C’est aussi Ă  partir d'Alexandre Ier que la MacĂ©doine commence Ă  frapper monnaie.

Cette montĂ©e en puissance et toutes ces richesses amĂšnent d’autant plus les Illyriens et Thraces Ă  convoiter la MacĂ©doine.

L’ethnos de MacĂ©doine est donc une unitĂ© peu structurĂ©e si on le compare aux autres structures qui l'entourent. De plus qu’il n’y a aucune rĂ©elle structure de dĂ©fense hormis la forte volontĂ© de rester indĂ©pendant chez chaque tribu.

La structuration de l’ethnos macĂ©donien

La MacĂ©doine va donc chercher l’aide de la GrĂšce, de la Thessalie en 393-392 lorsque les invasions illyriennes prennent de l’ampleur. De plus, la langue va se dĂ©velopper et changer. Certaines rĂ©gions vont pouvoir communiquer avec les Grecs comme Ă  la frontiĂšre avec la Chalcidique alors que d'autres rĂ©gions vont garder leur langue, incomprise par les autres peuples. Une forte influence grecque va aussi toucher la MacĂ©doine, et cela grĂące au commerce au sein de la mer EgĂ©e.

Notes et références

  1. Thucydide, Livre I, Chapitre 5
  2. Pierre Cabanes, Cité et ethnos en GrÚce ancienne
  3. HĂ©rodote, Livre VII

Bibliographie

  • Pierre Cabanes, Le monde grec, Paris, Armand Colin, coll. « 128 », , 2e Ă©d., p. 61-66
  • Pierre Cabanes, « CitĂ© et ethnos dans la GrĂšce ancienne », dans Marie-Madeleine Mactoux et Evelyne Geny (Ă©d.), MĂ©langes Pierre LĂ©vĂȘque. Tome 2 : Anthropologie et sociĂ©tĂ© (Annales littĂ©raires de l'UniversitĂ© de Besançon, 377), Besançon, UniversitĂ© de Franche-ComtĂ©, (lire en ligne), p. 63-82
  • Catherine Grandjean, GeneviĂšve Hoffmann, Laurent Capdetrey et Jean-Yves Carrez-Maratray, Le Monde hellĂ©nistique, Armand Colin, coll. « U / Histoire », (ISBN 978-2-200-35516-6).
  • Jean Leclant (dir.), Dictionnaire de l'AntiquitĂ©, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », , 2464 p. (ISBN 2-13-055018-5).
  • (en) Catherine Morgan, Early Greek states beyond the polis, London et New York, Routledge, .
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