AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Erwan Dianteill

Biographie

Ancien Ă©lĂšve de l'ENS Paris-Saclay, agrĂ©gĂ© de sciences sociales, il fait sa thĂšse de doctorat Ă  l'UniversitĂ© Paris-Nanterre et Ă  l'ENS Cachan sous la direction de l'historienne et anthropologue Carmen Bernand. Erwan Dianteill a enseignĂ© Ă  l’EHESS en tant que MaĂźtre de ConfĂ©rences avant d'ĂȘtre nommĂ©, en 2008, Professeur d’anthropologie Ă  UniversitĂ© Paris CitĂ©, oĂč il dirige actuellement le dĂ©partement de sciences sociales au sein de la FacultĂ© de Sciences humaines et sociales. En tant que professeur invitĂ©, il a Ă©galement enseignĂ© Ă  l'universitĂ© de Californie (Santa Barbara), Ă  l'universitĂ© Tulane (La Nouvelle-OrlĂ©ans), Ă  l'universitĂ© Nationale du Honduras, Ă  l'UniversitĂ© de Buenos Aires, Ă  l'universitĂ© de Vienne et Ă  l'universitĂ© Harvard[2]. Il a Ă©tĂ© laurĂ©at senior de l'Institut universitaire de France[3] en 2012, puis en 2023.

Il a été le premier directeur du Canthel (Centre d'anthropologie culturelle), qu'il a dirigé de 2010 à 2018. Il a créé avec Francis Affergan la revue d'anthropologie culturelle cArgo.

Anthropologie des religions

Ses recherches portent sur les thĂ©ories anthropologiques et sociologiques de la religion, sur les relations entre pouvoir politique et pouvoir religieux, sur les ressorts symboliques de la domination et de la rĂ©sistance. Il mĂšne des enquĂȘtes sur les cultures afro-amĂ©ricaines[4] (Cuba[5], États-Unis[6], BrĂ©sil[7]), sur l'Ă©volution des religions autochtones en Afrique Occidentale (BĂ©nin) et sur les nouveaux christianismes.

Son ouvrage sur la santeria cubaine (Des dieux et des signes, 2000 ; Dioses y signos, 2019), et en particulier l'Ă©tude trĂšs prĂ©cise de l'Ă©mergence d'une tradition Ă©crite au sein de cette religion afro-cubaine, est une "rĂ©fĂ©rence incontournable" dans le domaine[8]. Selon Roberto Motta, spĂ©cialiste des religions africaines au BrĂ©sil, ce livre est un "vĂ©ritable traitĂ© sur les religions afro-cubaines (...) Il n'y a pas un seul BrĂ©silien qui ait un peu frĂ©quentĂ© le CandomblĂ© Ă  Bahia et Rio, ou le XangĂŽ Ă  Recife, qui ne puisse se retrouver dans les gens, dans les temples, dans les rituels, dans les initiations dĂ©crites ici, et dans l'enthousiasme d'Erwan Dianteill."[9] Pour Bertrand Hell, il s'agit d'un "ouvrage majeur", qui "privilĂ©gie une mĂ©thode singuliĂšre combinant analyse classique d’entretiens, de textes et de donnĂ©es chiffrĂ©es avec un investissement religieux personnel", tout en renouvelant "le regard anthropologique posĂ© sur les religions afro-cubaines et, plus largement, sur tous les systĂšmes de communication avec les esprits"[10]

En outre, Dianteill est l'un des rares chercheurs à avoir étudié les églises spirituelles afro-américaines de La Nouvelle-Orléans, qui intÚgrent des éléments catholiques, protestants et une influence du vaudou sous-jacente[11].

Il a aussi montrĂ© comment, en se crĂ©olisant, l'Épiphanie catholique est devenu la fĂȘte la plus populaire de la ville de Porto-Novo, au BĂ©nin. Son ouvrage sur ce sujet (L'Epiphanie de Porto-Novo : Textes, histoire et ethnologie / Fifanixwe xɔgbonu tɔn : Kinkan, otan kpóɖɔ akɔnĂșwiwazĂ­nzĂĄn, 2017) est le premier livre intĂ©gralement bilingue en Gun-gbe et en Français[12].

Depuis 2007, Dianteill conduit Ă©galement une recherche de terrain Ă  Porto-Novo sur la transformation d’une religion africaine dans la modernitĂ© urbaine : le culte de Fa. Il a en particulier Ă©tabli le lien astrologique de cette forme de divination avec la gĂ©omancie mĂ©diĂ©vale europĂ©enne et arabe[13].

ParallĂšlement Ă  ces enquĂȘtes de terrain, il poursuit en collaboration avec Michael Löwy un travail de relecture critique de l’histoire de l’anthropologie et de la sociologie des religions[14].

Dianteill et Löwy ont aussi montrĂ© dans leur ouvrage Le SacrĂ© fictif (2017) tout l'intĂ©rĂȘt de la fiction littĂ©raire (romans, nouvelles) pour comprendre le phĂ©nomĂšne religieux. Selon Yves-Charles Zarka, "on ne saurait trop souligner l’importance de ce livre dans le contexte actuel des sciences sociales. Revenir sur l’apport de la littĂ©rature Ă  la comprĂ©hension du rĂ©el social est indispensable Ă  une Ă©poque oĂč la sociologie entend imposer une prĂ©tendue scientificitĂ© en s’opposant Ă  tout apport venant des rĂ©cits de fiction, voire Ă  tout apport rĂ©sultant d’approches conceptuelles, comme celle de la philosophie (..) On y trouvera ainsi des analyses passionnantes de J. K. Huysmans, Thomas Mann, Bertold Brecht, Jorge Luis Borges, Isaac Bashevis Singer, Umberto Eco et d’autres. À lire absolument."[15].

Responsabilités à l'UNESCO

Erwan Dianteill est conseiller pour les sciences humaines et sociales à la Commission Nationale Française de l'UNESCO[16].

Il reprĂ©sente la France au Conseil Intergouvernemental de Gestion des transformations sociales (Management of Social Transformations - MOST), qui comprend 31 États membres de l'UNESCO. Il a Ă©tĂ© Ă©lu PrĂ©sident du Conseil Intergouvernemental MOST en novembre 2019 pour un mandat de deux ans (2019-2021)[17]. Il a succĂ©dĂ© Ă  ce poste Ă  Wan Azizah Wan Ismail, Vice-PremiĂšre Ministre de la Malaisie.

Il était précédemment Vice-Président du Conseil Intergouvernemental MOST, représentant de l'Europe occidentale et de l'Amérique du Nord (2016-2019).

Erwan Dianteill (Université de Paris, Président du conseil intergouvernemental MOST) et Ndri ThérÚse Assié Lumumba (Cornell University, Présidente du conseil scientifique MOST) ont été les organisateurs du colloque mondial sur les sciences sociales face à la pandémie de COVID 19[18], réunissant des chercheurs de 19 pays membres de l'UNESCO (21-22 octobre 2021).

Publications

  • Dioses y signos: IniciaciĂłn, escritura y adivinaciĂłn en las religiones afrocubanas, Madrid, Ediciones de la Universidad Complutense, 2019, prĂ©face de Carmen Bernand.
  • Le sacrĂ© fictif. Sociologies et religion, approches littĂ©raires, Paris, Éditions de l'Éclat, collection "Philosophie imaginaire", 2017 (avec Michael Löwy).
  • L'Épiphanie de Porto-Novo, Textes, histoire et ethnologie / Fifanixwe xɔgbonu tɔn : Kinkan, otan kpóɖɔ akɔnĂșwiwazĂ­nzĂĄn, Editions des Lagunes, Porto-Novo & Paris, 2017 ; 2e Ă©dition revue et corrigĂ©e, 2018 (ISBN 978-99919-7166-7)
  • Eshu, dieu d'Afrique et du Nouveau Monde, Paris, Larousse, collection "Dieux, mythes et hĂ©ros", 2011 (avec MichĂšle Chouchan)[19].
  • Sociologies et religion III - Approches insolites, Paris, PUF, 2009 (traduit en espagnol) (avec Michael Löwy).
  • La Samaritaine noire - Les Églises spirituelles noires amĂ©ricaines de La Nouvelle-OrlĂ©ans, Paris, Éditions de l'EHESS, 2006[20].
  • 100 titres pour la sociologie et l'anthropologie, Paris, ADPF / MinistĂšre des affaires Ă©trangĂšres, 2006 (ISBN 2-914935-73-0)
  • Sociologies et religion II - Approches dissidentes, Paris, PUF, 2005 (traduit en espagnol et en arabe) (avec Michael LĂŽwy)[21].
  • Des dieux et des signes - Initiation, Ă©criture et divination dans les religions afro-cubaines, Paris, Éditions de l'EHESS, 2000.
  • Le savant et le santero - Naissance de l'Ă©tude scientifique des religions afro-cubaines (1906-1954), Paris, L'Harmattan, 1995.

Direction d'ouvrages et de numéros spéciaux de revues

  • La violence insidieuse - Anthropologie et psychologie de la sorcellerie et du harcĂšlement moral, Paris, Archives KarĂ©line, 2023 (avec Serena Bindi & Thierry Lamote).
  • cArgo, revue internationale d'anthropologie culturelle et sociale, numĂ©ro 6-7, dossier L'anthropologie de Georges Balandier, hier et aujourd'hui, 2017 (avec Delphine Manetta).
  • Une anthropologie des traverses - L'Ɠuvre de Francis Affergan. Cargo, Revue internationale d'anthropologie culturelle et sociale, numĂ©ro hors sĂ©rie (14 articles), 2016.
  • Revue EuropĂ©enne de Sciences Sociales, 2015, 53 (2), dossier Les symboles et les choses (avec Francis Affergan).
  • Marcel Mauss, en thĂ©orie et en pratique - Anthropologie, sociologie, philosophie, Paris, Archives Kareline, 2014.
  • Marcel Mauss – L’anthropologie de l’un et du multiple, Paris, PUF, collection « DĂ©bats philosophiques », 2013[22].
  • La culture et les sciences de l'homme – Un dialogue avec Marshall Sahlins, Paris, Éditions Archives KarĂ©line, 2012.
  • Revue L’AnnĂ©e sociologique, 2012 (2), dossier : Sociologie et anthropologie (avec Francis Affergan).
  • Cartographie de l’utopie – L’Ɠuvre de Michael Löwy, Paris, Éditions du Sandre, 2011 (avec Vincent Delecroix).
  • Revue Gradhiva, 7, avril 2008, dossier : Le possĂ©dĂ© spectaculaire : possession, thĂ©Ăątre et globalisation (avec Bertrand Hell).
  • Interpretar la modernidad religiosa – teorĂ­as, conceptos y mĂ©todos en AmĂ©rica Latina y Europa, Montevideo, Ediciones del CLAEH, 2007 (avec N. Dacosta & V. Delecroix).
  • BrĂ©sil, l'hĂ©ritage africain (Catalogue de l'exposition au musĂ©e Dapper), Paris, Éditions Dapper, 2005 (avec C. Falgayrette-Leveau).
  • La modernitĂ© rituelle. Rites politiques et religieux des sociĂ©tĂ©s modernes, Paris, L'Harmattan, 2004 (avec DaniĂšle Hervieu-LĂ©ger & Isabelle Saint-Martin).
  • Archives de Sciences Sociales des Religions, 117, 2002, dossier : Les religions afro-amĂ©ricaines (avec Marion AubrĂ©e).

Notes et références

  1. « Erwan Dianteill », sur data.bnf.fr (consulté le )
  2. « Erwan Dianteill | Harvard Divinity School », sur web.archive.org, (consulté le )
  3. « IUF » edianteill », sur web.archive.org, (consulté le )
  4. Denis-Constant Martin, « Erwan Dianteill, La Samaritaine noire. Les Églises spirituelles noires amĂ©ricaines de la Nouvelle-OrlĂ©ans », L’Homme. Revue française d’anthropologie, nos 185-186,‎ , p. 511–514 (ISSN 0439-4216, DOI 10.4000/lhomme.18382, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Winnie Lambrecht, « Des Dieux et des Signes: initiation, ecriture et divination dans les religions afro-cubaines (review) », Journal of American Folklore, vol. 117, no 463,‎ , p. 103–103 (ISSN 1535-1882, DOI 10.1353/jaf.2004.0015, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. AndrĂ© Mary, « Review of La Samaritaine noire. Les Églises spirituelles noires amĂ©ricaines de la Nouvelle-OrlĂ©ans », Archives de sciences sociales des religions, vol. 51, no 136,‎ , p. 167–171 (ISSN 0335-5985, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Brésil : l'héritage africain », sur Afrik, (consulté le )
  8. (es) LÓPEZ y SEBASTIÁN, Lorenzo E., « Reseña del libro : Des dieux et des signes », Revista Española de AntropologĂ­a Americana,‎ 2004 (vol. 34), p. 252 (lire en ligne)
  9. (pt) Roberto Motta, « SciELO - Brasil - », Revista de Antropologia, vol. 44,‎ , p. 203–222 (ISSN 0034-7701 et 1678-9857, DOI 10.1590/S0034-77012001000200008, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Bertrand Hell, « Erwan Dianteill, Des dieux et des signes. Initiation, Ă©criture et divination dans les religions afro-cubaines », L’Homme. Revue française d’anthropologie, no 166,‎ , p. 268–270 (ISSN 0439-4216, lire en ligne, consultĂ© le )
  11. (es) Fernando Giobellina Brumana, « La sammaritaine noire: les Ă©glises spirituelles noires AmĂ©ricaines de la Nouvelle-Orleans », Revista de Antropologia, vol. 50,‎ , p. 445–452 (ISSN 0034-7701 et 1678-9857, DOI 10.1590/S0034-77012007000100013, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. La Nouvelle Tribune, « "L’Epiphanie de Porto-Novo" : L’histoire d’une fĂȘte crĂ©ole populaire rĂ©vĂ©lĂ©e »
  13. Erwan Dianteill, « Venus, Issa, and the Moon Dog: Why Is There a Seventeenth Sign of Fa? Essay on the Historical Anthropology of Geomancy (Gulf of Benin, Islamized West Africa, Western Europe) », International Journal of Divination and Prognostication, vol. 3, no 2,‎ , p. 125–170 (ISSN 2589-9198 et 2589-9201, DOI 10.1163/25899201-12340025, lire en ligne, consultĂ© le )
  14. Jean SĂ©guy, « Erwan Dianteill, Michael Löwy, Sociologies et religion. T. II. Approches dissidentes: Paris, PUF, coll. « Sociologie d’aujourd’hui », 2005, 188 p. », Archives de sciences sociales des religions, no 138,‎ , p. 97–251 (ISSN 0335-5985 et 1777-5825, DOI 10.4000/assr.6032, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. Yves Charles Zarka, « Erwan Dianteill et Michael Löwy, Le SacrĂ© fictif. Sociologies et religion : approches littĂ©raires, Paris, Éditions de l’Éclat, 2017 », CitĂ©s, vol. 75, no 3,‎ , p. 167 (ISSN 1299-5495 et 1969-6876, DOI 10.3917/cite.075.0167, lire en ligne, consultĂ© le )
  16. « PrĂ©sentation de l’équipe de la CNFU », sur La France Ă  l’UNESCO (consultĂ© le )
  17. « Nomination d’Erwan Dianteill Ă  l’UNESCO | Canthel - Centre d'Anthropologie Culturelle » (consultĂ© le )
  18. « Retour sur le colloque « Les sciences sociales et la pandĂ©mie de Covid-19 : État des connaissances et propositions d’action » », sur La France Ă  l’UNESCO (consultĂ© le )
  19. Marc Michel, « Dianteill Erwan, Chouchan MichĂšle, Eshu, dieu d’Afrique et du Nouveau Monde, 2011 », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 99, no 374,‎ , p. 346–347 (lire en ligne, consultĂ© le )
  20. Neal Santamaria, « Dianteill, Erwan. – La Samaritaine noire, les Églises spirituelles de la Nouvelle-OrlĂ©ans », Cahiers d’études africaines, vol. 48, no 191,‎ , p. 622–624 (ISSN 0008-0055, DOI 10.4000/etudesafricaines.13432, lire en ligne, consultĂ© le )
  21. Alternatives économiques, « Les religions sont-elles solubles dans la modernité ? »
  22. Carmen Bernand, « Erwan Dianteill (Coord.), Marcel Mauss. L’anthropologie de l’un et du multiple », Archives de sciences sociales des religions,‎ (lire en ligne)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.