Enric Marco
Enric Marco, né le à Barcelone et mort le [1], est un syndicaliste catalan connu principalement (depuis 2005) comme imposteur prétendant avoir été interné dans le camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière. En Espagne, il était régulièrement sollicité par les médias pour offrir son « témoignage » sur les conditions de vie dans les camps de concentration. Le livre L'Imposteur de Javier Cercas lui est consacré en 2014.
Secrétaire général de la CNT | |
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Juan GĂłmez Casas (d) JosĂ© BondĂa Román (d) |
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Biographie
Les récits de Marco (dont la première version apparaît en 1978) le montraient comme un militant anarchiste qui, exilé de la guerre d'Espagne en France, aurait été arrêté par la Gestapo à Marseille et déporté en Allemagne. Libéré en 1945, il serait rentré clandestinement en 1946 en Espagne, où il aurait repris la lutte clandestine contre la dictature franquiste jusqu'à la fin du régime.
C'est entre 2000 et 2005 que Marco s'est livré à une intense activité comme soi-disant témoin à travers des centaines de conférences et parutions dans les différents médias. Bon nombre de documentaires ont choisi Marco comme la personne qui racontait le mieux non seulement sa déportation, mais un grand nombre d'événements. Il devient Président de l’Amicale de Mauthausen[2].
En fouillant dans les archives du ministère des Affaires étrangères espagnol, l'historien Benito Bermejo (es) a mis au jour l'imposture en mai 2005, en démontrant qu'Enric Marco était en fait parti volontairement en 1941 en Allemagne comme travailleur de l'industrie de guerre nazie dans le cadre d'un accord d' du dictateur Franco avec Hitler.
Enric Marco a été obligé de démissionner de la direction de l’Amicale de Mauthausen qu'il présidait depuis 2003 et qui regroupait quelques survivants espagnols des camps nazis et des familles de déportés de ces camps. Il n'avait adhéré à cette association qu'en 2000, alors qu'il ne restait plus en Espagne qu'un très petit nombre de survivants. En outre, la plupart des survivants espagnols des camps nazis, vivant en France, ne jouaient aucun rôle dans cette association.
Bien avant cette période, il avait eu une importante activité publique. Sous le nom d'Enrique Marcos il a été en 1978-1979 secrétaire général du syndicat CNT (dont il a été expulsé en 1980 en même temps que le courant « possibiliste » dont il était un des animateurs et qui a créé la CGT espagnole). En 1999, il était vice-président à Barcelone d'une fédération catalane de parents d'élèves.
En 2014, l'écrivain Javier Cercas, dans un récit intitulé El impostor (L'imposteur), qui se situe entre enquête et roman, revient sur la vie de cet affabulateur[3].
Bibliographie
- Javier Cercas, L'Imposteur [« El impostor »], trad. de Élisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić, Arles, France, Actes Sud, coll. « Lettres hispaniques », 2015, 448 p. (ISBN 978-2-330-05307-9)[4]
Source
- Exilio y Deportacion (ensemble d'articles en espagnol, aussi en français)
- Dans le camp du mensonge (Libération, 17 juin 2005)
- Journal 20 Minutos, 11 mai 2005
- Un imposteur nommé Marcos, Actualité de l’Anarcho-syndicalisme, 11 décembre 2005
- Le mensonge qui stupéfie l'Espagne (Le Journal du dimanche, 22 mai 2005)
Notes et références
- (es) « Enric Marco: In Memóriam - Rojo y Negro », sur rojoynegro.info (consulté le )
- (en) How Spanish Nazi victim Enric Marco was exposed as impostor, bbc.com, 5 mai 2015
- Un héros pas très discret, causeur.fr, 19 septembre 2015
- Thibault Boixiere, « Javier Cercas définit une idée littéraire de l'imposteur », sur Unidivers, (consulté le )