Endospore
Lâendospore ou spore est une structure qui se forme au sein du cytoplasme de certaines espĂšces de bactĂ©ries lorsque les conditions environnementales sont dĂ©favorables (stress nutritif, dessiccation, chaleurâŠ). Lâendospore permet Ă la bactĂ©rie de survivre Ă ces conditions dĂ©favorables dans un Ă©tat de vie ralentie (Ă©tat de dormance). Lâendospore reprĂ©sente donc une forme de rĂ©sistance mais aussi une forme de dissĂ©mination.
Les bactéries des genres Clostridium, Bacillus, Sporosarcina sont des exemples de bactéries pouvant sporuler. Dans certaines classifications taxonomiques les bactéries pouvant sporuler sont regroupées dans un seul sous-embranchement : les endobactéries (ou Endobacteria).
Les endospores sont trĂšs rĂ©sistantes : elles rĂ©sistent Ă la dessiccation, Ă la chaleur (thermorĂ©sistance), aux radiations, aux antibiotiques, aux antiseptiques⊠De plus leur longĂ©vitĂ© peut ĂȘtre importante (elles pourraient atteindre plusieurs milliers dâannĂ©es pour certaines espĂšces de Bacillus).
Structure de la spore
La spore contient notamment des acides nuclĂ©iques (ADN et ARN) et des protĂ©ines. Le cytoplasme est dĂ©shydratĂ©. La spore est entourĂ©e dâune paroi sporale, dâun cortex (composĂ© dâun peptidoglycane spĂ©cifique et de dipicolinate de calcium), dâune double tunique constituĂ©e de protĂ©ines fibreuses. La couche la plus externe est lâexosporium.
La sporulation est le phénomÚne de formation de la spore.
La germination est le phénomÚne inverse de retour à la cellule active, lorsque les conditions redeviennent favorables.
Propriétés de la spore
Les endospores constituent des formes de vie trÚs résistantes. Elles peuvent résister à des températures trÚs élevées, à la pression, aux rayons UV ou X, aux désinfectants, aux antiseptiques et aux antibiotiques.
La thermorĂ©sistance des spores varie dâune espĂšce Ă lâautre. Elles survivent aprĂšs chauffage Ă 70-80 °C mais sont en gĂ©nĂ©ral toutes dĂ©truites Ă lâautoclave Ă 120 °C pendant 20 minutes, ce qui fait Ă©clater leurs enveloppes de protection.
La longĂ©vitĂ© des spores peut ĂȘtre trĂšs importante, peut-ĂȘtre jusquâĂ plusieurs dizaines ou centaines de milliers dâannĂ©es. La germination et la croissance de spores retrouvĂ©es dans des momies Ă©gyptiennes embaumĂ©es depuis plusieurs millĂ©naires ont Ă©tĂ© observĂ©es.
Plusieurs facteurs peuvent avoir un rĂŽle dans la rĂ©sistance des spores : lâĂ©tat dĂ©shydratĂ© des constituants cytoplasmiques ; la prĂ©sence du complexe acide dipicolinique-calcium qui stabiliserait les acides nuclĂ©iques de la spore. Les tuniques (interne et externe) rendent la spore impermĂ©able et sont responsables de la rĂ©sistance aux agents chimiques.
Des spores de bactĂ©ries ont Ă©tĂ© transportĂ©es sur Mars lors des diffĂ©rentes missions dâexploration de la planĂšte. Cependant, ces spores sont Ă lâĂ©tat de dormance et ne pourront vraisemblablement pas germer car non adaptĂ©es Ă lâenvironnement martien. Les techniques de stĂ©rilisation des sondes et satellites devront toutefois ĂȘtre amĂ©liorĂ©es pour ne pas interfĂ©rer avec les recherches de vie sur dâautres planĂštes.
Les Ă©tapes de la sporogenĂšse
La sporogenĂšse (formation de lâendospore) dĂ©bute par une division cellulaire asymĂ©trique. AprĂšs la duplication du chromosome, la membrane plasmique sâinvagine et forme un septum transversal qui divise la cellule en deux parties inĂ©gales. La plus petite correspond Ă la prĂ©spore. Ensuite la prĂ©spore sâenkyste, il y a formation du cortex et de la tunique sporale (phase de maturation). La partie la plus grande de la cellule (sporange) est lysĂ©e ce qui permet la libĂ©ration de la spore.
La germination
La germination ne peut se produire quâen milieu hydratĂ©. Bien souvent, une activation par la chaleur est nĂ©cessaire ainsi que la prĂ©sence de certains nutriments (sucres, acides aminĂ©s). La spore se rĂ©hydrate, les enveloppes se rompent, lâactivitĂ© mĂ©tabolique augmente ; la germination aboutit Ă la naissance dâune cellule vĂ©gĂ©tative qui subira plusieurs mitoses pour former une bactĂ©rie dans le cas d'une endospore[1].
Mise en Ă©vidence des spores ou du pouvoir sporogĂšne
Cette mise en Ă©vidence peut se faire de deux maniĂšres :
- une méthode rapide : la coloration au vert de malachite ;
- une mĂ©thode lente : on prĂ©lĂšve un Ă©chantillon de culture pure (environ 1 mL) et le fait chauffer pendant 10 minutes Ă 80 °C. On dĂ©pose ensuite un peu de cette prĂ©paration sur un milieu nutritif que lâon place Ă incuber dans les conditions optimales de culture de la souche Ă©tudiĂ©e. Si on observe un dĂ©veloppement de la culture, la souche est sporogĂšne.
Implication en santé
Lâexistence de bactĂ©ries sporulĂ©es a des consĂ©quences en santĂ© publique. Les endospores rĂ©sistant aux antiseptiques, la stĂ©rilisation du matĂ©riel mĂ©dical doit ĂȘtre rigoureuse.
Certaines bactĂ©ries sporulĂ©es sont pathogĂšnes : Bacillus cereus et Clostridium botulinum peuvent provoquer des toxi-infections alimentaires. Dâautres espĂšces peuvent entraĂźner une altĂ©ration des denrĂ©es alimentaires (Bacillus stearothermophilus, etc.)
Quand la stĂ©rilisation en autoclave nâest pas possible, une autre façon de les tuer est de les exposer pendant une courte durĂ©e aux rayonnements ionisants Ă haute Ă©nergie (gamma ou prĂ©fĂ©rablement bĂȘta) qui dĂ©structurent le gĂ©nome interne des spores (voir Irradiation des aliments). Cette technique est couramment utilisĂ©e dans lâindustrie agro-alimentaire (par exposition au rayonnement Ă©mis par des capsules de cobalt radioactif de synthĂšse 60Co Ă©metteur de particules ÎČâ, des Ă©lectrons Ă haute vitesse) pour la stĂ©rilisation des fruits et lĂ©gumes frais contre nombre de bactĂ©ries pathogĂšnes ubiquitaires, quâelles soient Ă lâĂ©tat vivant, vĂ©gĂ©tatif ou sporulĂ©. Les rayonnements utilisĂ©s ne sont toutefois pas assez Ă©nergiques pour casser les noyaux atomiques et ne produit pas de nouveaux noyaux radioactifs. Cette mĂ©thode de stĂ©rilisation comporte toutefois des risques de manipulation car elle peut aussi bien dĂ©truire un gĂ©nome animal, elle est donc totalement automatisĂ©e et pratiquĂ©e uniquement en environnement industriel ou sĂ©vĂšrement contrĂŽlĂ©.
Notes et références
- (en) Paula HernĂĄndez Calvo, Noelia Calvo SĂĄnchez et Juan Luis Muñoz Bellido, « General Characteristics of Bacteria », dans Encyclopedia of Infection and Immunity, Elsevier, (ISBN 978-0-323-90303-5, DOI 10.1016/b978-0-12-818731-9.00219-6, lire en ligne), p. 481â491