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Emmerson Mnangagwa

Emmerson Mnangagwa, né le à Shabani (aujourd'hui Zvishavane), est un homme d'État zimbabwéen, président de la république du Zimbabwe depuis le .

Emmerson Mnangagwa
Illustration.
Portrait officiel d'Emmerson Mnangagwa (2017).
Fonctions
Président de la république du Zimbabwe
En fonction depuis le
(5 ans, 7 mois et 12 jours)
Élection 30 juillet 2018
Vice-président Constantino Chiwenga (depuis 2017)
Kembo Mohadi (2017-2021)
Prédécesseur Robert Mugabe
Président de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique
En fonction depuis le
(5 ans, 7 mois et 17 jours)
Vice-président Constantino Chiwenga
Kembo Mohadi
Prédécesseur Robert Mugabe
Premier vice-président de la république du Zimbabwe (en)

(2 ans, 11 mois et 12 jours)
Président Robert Mugabe
Prédécesseur Joice Mujuru
Successeur Constantino Chiwenga (indirectement)
Biographie
Nom de naissance Emmerson Dambudzo Mnangagwa
Date de naissance [1]
Lieu de naissance Shabani (Rhodésie du Sud)
Nationalité Zimbabwéenne
Parti politique ZANU-PF
Conjoint Auxillia Kutyauripo
Résidence Palais national (Harare)

Signature de

Emmerson Mnangagwa
Présidents de la république du Zimbabwe

Premier vice-président de la république du Zimbabwe de 2014 à 2017, il accède à la présidence du pays à la suite du coup d'État de 2017, qui aboutit au départ du pouvoir de Robert Mugabe. Il remporte de façon contestée l'élection présidentielle de l'année suivante.

Jeunesse

Son épouse, Auxillia Mnangagwa.

Dambudzo Mnangagwa est né le 15 septembre 1942 à Shabani, une ancienne ville minière située dans la colonie britannique de Rhodésie du Sud (aujourd'hui Zvishavane au Zimbabwe). Membre d'une famille nombreuse, ses parents, Mafidhi et Mhurai Mnangagwa, sont des agriculteurs issus du peuple Kalangas lesquels sont apparentés au grand groupe des Shonas[2]. Son grand-père paternel, Mubengo Kushanduka, a servi à la cour du roi Ndebele, Lobengula, et s'est battu contre les Britanniques lors de la Seconde Guerre ndébélé. Dambudzo Mnangagwa effectue ses études primaires à l'école primaire du village de Shabani.

À la fin des années 1940, Mafidhi Mnangagwa est devenu le chef par intérim du village mais en 1952, entre en conflit avec un fonctionnaire chargé du développement foncier qui a confisqué du bétail appartenant aux villageois. Le commissaire de district, ne souhaitant pas le combattre ni l'emprisonner, lui conseille de partir en Rhodésie du Nord (actuelle Zambie), qui est alors également une autre colonie britannique.

La famille Mnangagwa s'installe alors à Mumbwa où le jeune Emmerson poursuit ses études entre 1956 et 1957 avant de s'inscrire à Kafue dans une école de métiers liés à la construction. Il intègre ensuite le Technical College de Hodgson puis un cours industriel. Avec d'autres élèves, il est expulsé de l'université en 1960 pour activisme politique. Il rejoint alors le mouvement étudiant UNIP.

En 1962, Emmerson Mnangagwa est recruté par l'Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU) et notamment Willie Musarurwa (en). Après avoir rejoint ce mouvement, il part pour le Tanganyika (actuelle Tanzanie) où il reste à Mbeya puis au nouveau camp d'entraînement du ZAPU. En avril 1963, avec douze autres membres de la ZAPU, il est envoyé à Dar es-Salaam, puis à Héliopolis pour une formation militaire à l'Académie militaire égyptienne.

En août 1963, avec dix des treize cadres, il décide de se joindre à la nouvelle Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU). Ceci provoque leur mise en détention par les autorités égyptiennes qui ont reconnu la ZAPU, mais pas la ZANU. Un envoyé de Robert Mugabe obtient cependant leur libération, et des billets d'avion leur sont fournis pour revenir à Dar es Salaam. À leur arrivée au Tanganyika, Emmerson Mnangagwa et cinq autres de ses camarades rejoignent le premier camp Frelimo à Bagamoyo fin août 1963. Emmerson Mnangagwa est envoyé en Chine avec d'autres membres de l'Armée de libération nationale africaine du Zimbabwe (Zimbabwe African National Liberation Army ou ZANLA). Ils passent les deux premiers mois à l'école du marxisme de l'université de Pékin, puis se consacrent à l'entraînement au combat. Il y est formé également au renseignement[3]. Après avoir terminé l'entraînement militaire en mai 1964, ils retournent au Tanganyika, où ils forment le « groupe des crocodiles »[4] - [5]. Emmerson Mnangagwa tisse des liens en Chine, qui grandissent ensuite au fil des années[6]. Le groupe assiste au congrès de la ZANU à Mkoba en mai 1964.

En janvier 1965, au cours d'une opération, ce « groupe des crocodiles » tue un fermier résident et un réserviste de la police, à Chimanimani, et sabote du matériel ferroviaire à Fort Victoria. Cette action entraîne la capture et la pendaison de deux membres du groupe. Emmerson Mnangagwa est également arrêté. Il avoue sous la torture[7] qu'il a participé à l'opération et est reconnu coupable en vertu de la loi de 1960 sur le maintien de l'ordre public[8]. Ses avocats plaident qu'il est mineur et ne peut pas être exécuté. Il est condamné à dix ans d'emprisonnement. Il passe la première année à la prison de Salisbury, puis à la prison de Grey Street, et plus tard à la prison de Khami (toutes deux près de Bulawayo) où il reste six ans et huit mois, avec d'autres militants nationalistes, dont Robert Mugabe dont il devient proche[3]. Il est ensuite expulsé en Zambie et reprend des études de droit à la demande de son mouvement. Après avoir terminé ses études à l'université de Zambie, il pratique le droit auprès d'Enoch Dumbutshena et est nommé secrétaire de la ZANU pour la zone de la Zambie, à Lusaka. Il devient membre du comité des étudiants en politique de l'université de Zambie. Il gravit ensuite, à la fin des années 1970, les échelons au sein de la ZANU.

Carrière politique

Débuts

En 1980, il est nommé ministre, successivement de la Sécurité d'État jusqu'en 1988, de la Justice entre 1988 et 2000 et des Finances entre 1995 et 1996 (« une période de stabilité économique »[9]). En 1983 et 1984, il pilote également, avec Constantino Chiwenga, la division Gukurahundi, une entité entraînée par la Corée du Nord, qui écrase et massacre dans le Matabeleland les forces de l'ex-ZAPU de Joshua Nkomo[3]. Durant cette période il « cimente ses liens avec l'armée et les services de renseignement, qui sont restés une base loyale »[9].

Président du Parlement entre juillet 2000 et 2005, il est ensuite ministre du Logement rural entre avril 2005 et février 2009 puis de la Défense entre 2009 et 2013. Il joue un rôle important dans les violences qui ensanglantent l'élection présidentielle de 2008[10], et est accusé par l'opposition d'avoir également joué un rôle dans les violences qui ont marqué l'élection de 2013[9].

La Purge zimbabwéenne de 2007 se base sur l'information, selon le gouvernement, que des soldats prévoient de destituer de force le président Robert Mugabe et de demander à Mnangagwa de former un gouvernement avec les chefs des forces armées[11]. Mnangagwa et le ministre de la Sécurité de l'État, Didymus Mutasa (en), déclarent ne pas être au courant du complot, Mnangagwa le qualifiant de « stupide ». Certains analystes ont émis l'hypothèse que des potentiels successeurs de Mugabe, tels que l'ancien chef de la Zimbabwe African National Liberation Army, Solomon Mujuru (en), tentaient peut-être de discréditer Mnangagwa[12].

Vice-président de la République

En décembre 2014, il succède à Joice Mujuru comme premier vice-président de la République[13].

La question de la succession de Robert Mugabe se pose rapidement après sa nomination comme vice-président de la République en raison de l’âge avancé de celui-ci (93 ans en février 2017). Mugabe indique qu'il souhaite voir son épouse, Grace Mugabe, lui succéder, et écarte de la ZANU-PF et du gouvernement les rivaux potentiels de cette dernière. Mais Grace Mugabe, connue pour ses goûts de luxe et sa brutalité, est impopulaire. Le 4 novembre 2017, Mugabe annonce qu'il souhaite que son épouse devienne vice-présidente. Dans ce contexte, le , Emmerson Mnangagwa est limogé de la vice-présidence, pour « manque de loyauté », ce qui déplaît aux forces armées du pays[14] - [15].

Le , le général Sibusiso Moyo annonce à la télévision nationale prendre le contrôle des rues afin « d'éliminer des criminels proches du président Mugabe »[16]. Dans le cadre de ce coup d’État, Robert Mugabe et sa femme sont placés en résidence surveillée par l'armée[17]. Le 19 novembre, le comité central de la ZANU-PF destitue Robert Mugabe de son poste de président du parti et le remplace par Emmerson Mnangagwa. Le Parlement prévoit de voter une mention de censure le 21 novembre pour le démettre de son mandat de président du Zimbabwe s'il n'a pas démissionné d'ici-là[18]. Le jour même, la ZANU-PF désigne Emmerson Mnangagwa candidat à l'élection présidentielle de 2018[19].

Président de la République

Robert Mugabe démissionne le pour devancer la procédure de destitution lancée à son encontre[20].

Emmerson Mnangagwa regagne le Zimbabwe le lendemain, le 22 novembre[21]. Il prend la tête de l'État par intérim, puis est investi président de la République en prêtant serment le 24 novembre[22]. Le , la justice zimbabwéenne déclare constitutionnel le coup d'État et annule rétroactivement le limogeage d'Emmerson Mnangagwa de son poste de premier vice-président[23].

Le , trois jours après avoir dissous le gouvernement de son prédécesseur[24], il forme un gouvernement composé exclusivement de membres de la ZANU-PF et de deux militaires, dont Sibusiso Moyo, un des participants au coup d'État, nommé ministre aux Affaires étrangères[25]. Le , le gouvernement est remanié[26], puis les ministres prêtent serment le [27]. Le , il nomme Constantino Chiwenga et Kembo Mohadi comme vice-présidents de la République[28].

Emmerson Mnangagwa donne, fin , trois mois aux entreprises et particuliers ayant placé illégalement des capitaux à l'étranger pour les rapatrier, sous peine de poursuites[29]. Alors que son prédécesseur avait favorisé le racisme antiblanc, il promet de réformer la politique agraire du pays afin que les Blancs retrouvent leurs terres, la politique de Mugabe en la matière ayant de l’avis général participé à la ruine de l'économie du Zimbabwe[30].

Le , il est élu de justesse dès le premier tour de l'élection présidentielle[31]. Sa victoire est contestée par son principal opposant, Nelson Chamisa (coalition MDC), et donne lieu à des violences[32]. Mnangagwa condamne les actions des militaires qui ont tenté d'empêcher le déroulement d'une conférence de presse du MDC, ainsi que la répression[33]. Le 10 août, le MDC dépose un recours à la Cour suprême, qui a alors 14 jours pour prendre une décision, tandis que la cérémonie d'investiture de Mnangagwa, prévue pour le 12 août, et pour laquelle la présidence a invité des dirigeants internationaux, est reportée à une date ultérieure[34]. Le 24 août, la Cour constitutionnelle confirme à l'unanimité les résultats annoncés par la commission électorale. Les juges expliquent que le MDC n'a pas fourni de preuves substantielles de fraudes électorales. Le MDC répond qu'il accepte la décision de la Cour[35]. La cérémonie d'investiture se déroule le 26 août[36]. Six manifestants sont par ailleurs tués par l'armée, certains opposants sont arrêtés, d'autres torturés[37].

Le 7 septembre 2018, il forme son nouveau gouvernement[38].

En octobre 2022, Emmerson Mnangagwa est investi candidat par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2023[39].

Notes et références

  1. Kimiko de Freytas-Tamura, « A Strongman Nicknamed ‘Crocodile’ Is Poised to Replace Mugabe », sur www.nytimes.com, (consulté le ).
  2. Emmerson Mnangagwa: The 'crocodile' who snapped back, BBC, 3 aout 2018
  3. Jean-Philippe Rémy, « Zimbabwe  : Emmerson Mnangagwa, le successeur invisible », Le Monde, (lire en ligne).
  4. (en) Fay Chung, Zimbabwe since the Unity Government, Routledge, (ISBN 978-0-415-62484-8), « Chapter 5. Emergence of a New Political Movement », 63.
  5. (en) Nyangoni, Wellington Winter, African nationalism in Zimbabwe (Rhodesia), University Press of America, (ISBN 978-0-8191-0275-1), p. 96.
  6. Tanguy Berthemet, « Au Zimbabwe, Mugabe se cramponne à la présidence », Le Figaro, samedi 18 / dimanche 19 novembre 2017, page 7.
  7. (en) John Conroy, Unspeakable Acts, Ordinary People : The Dynamics of Torture, Knopf, , 304 p. (ISBN 978-0-679-41918-1, lire en ligne), p. 176.
  8. (en) « Zimbabwe: Status of the Law and Order (Maintenance) Act and the draft Public Order Act », Immigration and Refugee Board of Canada (IRB)/UNHCR, (lire en ligne).
  9. « Emmerson Mnangagwa : sera-t-il différent de Mugabe ? », BBC Afrique, 24 novembre 2017.
  10. « Les cinq acteurs majeurs de la crise au Zimbabwe », sur lemonde.fr, .
  11. « Zimbabwe: Alleged coup plotters deny treason charges », Irish Examiner, (consulté le )
  12. Coup 'plot' feeds Zimbabwe political tension, June 16, 2007. Times Online
  13. (en-US) Alan Cowell, « Zimbabwe Leader Picks Hard-Liner as Vice President », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  14. « Grace Mugabe prend l’avantage dans la guerre de succession au Zimbabwe », sur Le Monde, (consulté le ).
  15. « Zimbabwe : Robert Mugabe limoge son vice-président pour « manque de loyauté» », Jeune Afrique, (lire en ligne).
  16. « Zimbabwe : l'armée intervient contre des «criminels» proches de Mugabe », Le Figaro, (lire en ligne).
  17. « Le Zimbabwe se réveille dirigé par des militaires », Le Monde, (lire en ligne).
  18. « Zimbabwe : le président Robert Mugabe a été exclu de la direction du parti au pouvoir », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  19. « Zimbabwe : la Zanu-PF destituera Mugabe s'il ne démissionne pas d'ici lundi », sur Europe 1 (consulté le ).
  20. « Zimbabwe : le président Mugabe démissionne après 37 ans de pouvoir », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
  21. « De retour au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa appelle au rassemblement - RFI », sur RFI Afrique, (consulté le ).
  22. « Au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa investi président », Le Monde, 24 novembre 2017.
  23. « Zimbabwe : un ex-ministre mis en examen », sur Le Figaro (consulté le ).
  24. « Zimbabwe : Emmerson Mnangagwa dissout le gouvernement Mugabe – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  25. « Zimbabwe : Mnangagwa nomme deux hauts gradés au gouvernement, l'opposition écartée - France 24 », sur France 24 (consulté le ).
  26. AfricaNews, « Zimbabwe-gouvernement : Emmerson Mnangagwa a-t-il cédé à la critique ? », sur Africanews (consulté le ).
  27. « Zimbabwe : le président Mnangagwa appelle à « l'unité » pour « relancer l'économie » - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  28. « Zimbabwe : l'auteur du coup de force anti-Mugabe devient vice-président », sur TV5MONDE (consulté le ).
  29. « Le Zimbabwe donne un délai de trois mois pour rapatrier les capitaux avant de lancer des poursuites - France 24 », sur France 24 (consulté le ).
  30. « White farmer gets land back under Zimbabwe's new leader », telegraph.co.uk, 22 décembre 2017.
  31. « Zimbabwe : Emmerson Mnangagwa élu président, l'opposition pas d'accord », sur Le Point Afrique (consulté le )
  32. AFP, « ZIMBABWE », Le Progrès, (lire en ligne, consulté le ).
  33. https://www.voaafrique.com/a/l-opposition-dénonce-une-répression-généralisée-au-zimbabwe-/4515636.html
  34. « Elections au Zimbabwe: l'opposition dépose son recours contestant les résultats de la présidentielle (2) », sur RTBF Info (consulté le )
  35. (en) "Zimbabwe court upholds President Mnangagwa's election win", BBC News, 24 août 2018
  36. « Zimbabwe: la Cour constitutionnelle valide l’élection d’Emmerson Mnangagwa - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  37. Caroline Dumay, « Zimbabwe : Mnangagwa confirmé, les opposants chassés », Le Figaro, 25-26 août 2018, p. 8.
  38. AfricaNews, « Le Zimbabwe a une nouvelle équipe gouvernementale », sur Africanews (consulté le )
  39. AfricaNews, « Zimbabwe : Emmerson Mnangagwa candidat de la ZANU-PF en 2023 », sur Africanews (consulté le )

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