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Emmanuel Hocquard

Emmanuel Hocquard, né le à Cannes[1] ou à Tanger[2] suivant les sources et mort le à Mérilheu (Hautes-Pyrénées)[3], est un poète et traducteur français.

Emmanuel Hocquard
Raquel LĂ©vy et Emmanuel Hocquard Ă  l'atelier de Malakoff 1975-1980
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  78 ans)
MĂ©rilheu
Nom de naissance
Emmanuel Marie Hocquard
Nationalité
Formation
Programme international d'Ă©criture de l'Iowa (en)
Activités

Biographie

Emmanuel Hocquard grandit Ă  Tanger au Maroc[1].

Fortement influencé par Wittgenstein[4], Emmanuel Hocquard peut être défini comme un tenant d'une « modernité négative »[5]. Il a créé en 1973, avec Raquel Levy, la maison d'édition Orange Export Ltd.[1] Cette structure disparaît en 1986 après avoir été pendant près de 20 ans un foyer de rencontre entre les générations. Hocquard a également dirigé le département de littérature contemporaine à l’A.R.C. (Animation, Recherche, Confrontation) au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris de 1977 à 1991 puis fondé en 1989 une association destinée à favoriser une meilleure connaissance, en France, de la poésie américaine contemporaine : Un bureau sur l’Atlantique[6].

Son travail, qui se réclame des objectivistes américains (Charles Reznikoff ou George Oppen), s’attache à rompre avec le lyrisme pour privilégier des formes minimalistes et descriptives. Le poète selon Emmanuel Hocquard est « un guetteur involontaire de notre quotidien, et qui en retient ce qu’il veut en retenir. (…) Il s’agit alors de parvenir à une sorte d’écriture tabulaire, de l’ordre de la photographie, d’où serait exclu tout attirail métaphorique, c’est-à-dire toute pseudo-profondeur, et qui néanmoins s’imposerait au regard, à l’oreille et à la sensibilité même comme “poétique”, à cause de son agencement, sa grammaire et sa focale »[7].

Dans Un privé à Tanger (1987) ironiquement appelé roman, Emmanuel Hocquard rassemble à la manière d'un montage de film, des poèmes, des éléments de journal de voyage , des textes critiques. Un deuxième volume du Privé à Tanger Ma haie est publié en 2001. C'est une succession de textes hétéroclites qui forment selon l'auteur « une sorte de rhizome incontrôlé.» Dans Le Cap de Bonne Espérance (1988), Emmanuel Hocquard écrit : « Tel fut mon art : de brusques contrastes entre un prosaïsme trivial et de nostalgiques élans de l’âme ; la rapidité des changements de ton, l’emploi d’une langue familière qui ne s’interdisait pourtant pas les emprunts érudits, les réminiscences mythologiques, le recours aux abstractions. »

Ĺ’uvres

  • Le Portefeuil, avec des sĂ©rigraphies de Raquel, Orange Export Ltd., 1973
  • Album d’images de la villa Harris, Hachette/POL, Paris 1978
  • Les dernières nouvelles de l’expĂ©dition sont datĂ©es du 15 fĂ©vrier 17.., Hachette/POL, Paris, 1979
  • Une journĂ©e dans le dĂ©troit, Hachette/P.O.L, Paris, 1980
  • Une ville ou une petite Ă®le, Hachette/P.O.L, Paris, 1981
  • Aerea dans les forĂŞts de Manhattan, POL, Paris, 1985. Prix France Culture
  • Des nuages & des brouillards, Spectres Familiers, Ă©tĂ© 1985
  • Le Modèle et son peintre (en collaboration avec Alexandre Delay), Villa MĂ©dicis, Rome, 1987
  • Un privĂ© Ă  Tanger, POL, Paris, 1987
  • La Bibliothèque de Trieste, Éditions Royaumont, Asnières sur Oise, 1988
  • Le Cap de Bonne-EspĂ©rance, POL, Paris, 1989
  • Deux Ă©tages avec terrasse et vue sur le dĂ©troit, Royaumont, Asnières sur Oise, 1989
  • Les ElĂ©gies, POL, Paris, 1990 (ISBN 2-86744-184-6) (BNF 35086154)
  • Hier (avec Alexandre Delay), MusĂ©e de l'ÉlysĂ©e, Lausanne, 1991
  • ThĂ©orie des tables, POL, Paris, 1992
  • Allo Freddy ? (avec Juliette ValĂ©ry), cipM, Marseille, 1996
  • Un test de solitude, POL, Paris, 1998
  • Le Consul d’Islande, POL, Paris, 2000
  • Ma haie, POL, Paris, 2001
  • L'Invention du verre, POL, Paris, 2003
  • Silva, variation sur le thème du jadis de Pascal Quignard, Contrat Maint, 2003
  • Une grammaire de Tanger (2006-2016)
    • Terrasse Ă  la kasbah, « Le Cahier du Refuge », cipM, Marseille, 2006
    • Une grammaire de Tanger, « Le Refuge en MĂ©diterranĂ©e », cipM, Marseille, 2008
    • Les babouches vertes, Une grammaire de Tanger II, « Le Refuge en MĂ©diterranĂ©e », cipM, Marseille, 2009
    • Les coquelicots, Une grammaire de Tanger III, « Le Refuge en MĂ©diterranĂ©e », cipM, Marseille, 2011
    • Avant, Une grammaire de Tanger IV, Épilogue, « Le Refuge en MĂ©diterranĂ©e », cipM, Marseille, 2012
    • Ce qui n'advint pas, Une grammaire de Tanger V, Post-scriptum, « Le Refuge en MĂ©diterranĂ©e », cipM, Marseille, 2016
  • Conditions de lumière, POL, Paris, 2007 (ISBN 978-284682-205-3)
  • MĂ©ditations photographiques sur l'idĂ©e simple de nuditĂ©, POL, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84682-445-3)
  • Ruines Ă  rebours, L'Attente, Bordeaux, 2010
  • Un anniversaire, Contrat maint, 2015
  • Comme un orage, cipM, Marseille, 2016
  • Muriel film, cipM, Marseille, 2017
  • Le Cours de Pise, POL, Paris, 2018 (ISBN 978-2-8180-4188-8)
  • Une grammaire de Tanger, POL, Paris, 2022

Anthologies

  • 21+1 poètes amĂ©ricains d'aujourd'hui (en collaboration avec Claude Royet-Journoud), UniversitĂ© de Montpellier, Ă©ditions Delta, 1986
  • Orange Export Ltd. 1969-1986 (en collaboration avec Raquel), Paris, Ă©ditions Flammarion, 1986 ; rĂ©Ă©d. 2020
  • 49+1 nouveaux poètes amĂ©ricains (en collaboration avec Claude Royet-Journoud), Ă©ditions Un bureau sur l'Atlantique/Royaumont, 1991
  • Tout le monde se ressemble, une anthologie de poĂ©sie contemporaine, Paris, P.O.L., 1995

Traductions

  • Charles Reznikoff, Le Musicien (en collaboration avec Claude Richard), POL, 1986
  • Fernando Pessoa, Alvaro de Campos, choix de poèmes (1914-1935) (en collaboration avec RĂ©my Hourcade), Ă©ditions Royaumont, 1986
  • Paul Auster, Effigies, Ă©ditions Unes, 1987
  • Antonio Cisneros, Chant cĂ©rĂ©monial contre un tamanoir (en collaboration avec Raquel), Ă©ditions Unes, 1989
  • Michael Palmer, SĂ©rie Baudelaire (en collaboration avec Philippe Mikriammos), Les Cahiers de Royaumont, 1989
  • Antonio Cisneros, Les Grandes Questions cĂ©lestes (en collaboration avec Raquel), 1990
  • John Taggart, Poème de la chapelle Rothko (en collaboration avec Pierre AlfĂ©ri), Un Bureau sur l'Atlantique, Royaumont, 1990
  • DĂ©mosthène Agrafiotis, DĂ©viations (en collaboration avec l'auteur), Les Cahiers de Royaumont, 1991
  • Claude Esteban, L'insomnie, journal (en collaboration avec Raquel Levy), Fourbis, 1991
  • Natacha StrijevskaĂŻa, Le Froid (en collaboration avec RĂ©my Hourcade), Royaumont, 1993
  • Benjamin Hollander, Onome, Format AmĂ©ricain, 1994
  • Michael Palmer, Sun (en collaboration avec Christine Michel), POL, 1996

Notes et références

  1. « Emmanuel Hocquard », sur centre international de poésie Marseille (consulté en )
  2. « Hocquard de langage. », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Patrick Kéchichian, « Le poète Emmanuel Hocquard est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. Philippe Charron, « L’intention ludique et pratique. Humour et déliaison chez Emmanuel Hocquard », Études françaises, vol. 52, no 3,‎ , p. 127-147 (lire en ligne)
  5. Voici la définition qu’en donne Dominique Rabaté : « (…) “Modernité négative” donc qui se signale par un certain nombre de refus que La Bibliothèque de Trieste articule. Au contraire des Poètes (qui revendiquent volontiers la majuscule) qui croient à l’expression d’une “essence poétique transcendante, permanente et universelle”, les poètes “mineurs”, selon Hocquard, recherchent “une poésie sans accent poétique, aussi sèche qu’une biscotte sans beurre”. Anti-lyriques, “le pathos n’est pas leur affaire. Leur propos n’est pas de chanter, de séduire, de s’apitoyer”. Ils cherchent, au contraire, en s’ouvrant à d’autres champs que la littérature, du côté de la philosophie du langage ou de la linguistique, à donner à voir le travail du langage, à le figurer sur la page, selon des découpages ou des tabulations qui sont les ressources propres de l’écriture (…) ». Dominique Rabaté, extrait du Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, sous la direction de Michel Jarrety, Puf, 2001.
  6. « Electronic Poetry Center », sur buffalo.edu (consulté le ).
  7. Jean-Michel Maulpoix dans son article : « La poésie française depuis 1950 (IIe partie) : 1970 : Décanter, déchanter… »

Liens externes

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