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Elisabetta Sirani

Elisabetta Sirani (née le à Bologne et morte le ) est une peintre italienne dans la lignée de Guido Reni.

Elisabetta Sirani
Autoportrait
Naissance
Décès
(Ă  27 ans)
Bologne
SĂ©pulture
Activités
Lieux de travail
Mouvement
Père
Fratrie
Anna Maria Sirani (d)
Barbara Sirani (d)
Vue de la sépulture.

Biographie

Autoportrait (1658) Pushkin Museum, Moskva.

Fille de Giovanni Andrea Sirani[1], peintre et marchand d'art, elle est l'aînée de quatre enfants, dont deux sœurs, Barbara et Anna-Maria suivirent ses traces, elle eut le mérite de s’imposer en tant que femme dans un milieu réservé aux hommes, quant à son frère, Antonio Maria, après des études de médecine, il quitta le domicile familial pour ne jamais y revenir. La famille Sirani était établie au numéro 7 de la Via Urbana dont la maison faisait également office d’atelier.

Giovan Andrea se rendit compte du talent de sa fille grâce à un ami de la famille, Carlo Cesare Malvasia[2]. Sceptique, Giovan Andrea se laissa finalement convaincre et décida d’intégrer sa fille, alors âgée de 13 ans, à l’atelier où œuvraient déjà Lorenzo Loli (1603-1672), Lorenzo Tinti (1626-1672) et Giulio Benzi (1647-1681). Elle s’initia à diverses techniques tels que le dessin, la gravure et la peinture. Outre l’apprentissage manuel, Elisabetta reçut un enseignement théorique et une culture littéraire grâce à la bibliothèque familiale à usage professionnel. À l'époque, les filles d’artiste désireuses de mener une carrière artistique n’avaient d’autres possibilités que celle de s’instruire par elles-mêmes, les portes de l’université étant closes pour les femmes et la pratique du nu formellement interdite au "sexe faible". Grâce aux œuvres de son père, Elisabetta Sirani s’enrichit d’une culture littéraire, artistique et scientifique. Furent recensés les Métamorphoses d’Ovide, les Vies de Plutarque, la Naturalis Historia de Pline, le De claris mulieribus de Boccace, les Vies de Giorgio Vasari ainsi que des ouvrages plus techniques sur la perspective ou la composition des vernis utilisés en peinture. Giovan Andrea possédait également des sculptures de la main de Michel-Ange.

À 17 ans, Elisabetta Sirani commença la rédaction d’un carnet énumérant et décrivant toutes ses œuvres, ce qui nous permet aujourd’hui de constater sa rapidité d’exécution, car en l’espace de 10 ans, elle répertoria 190 tableaux. Giovan Andrea, atteint d'arthrose et de goutte, dans l’incapacité de peindre, dut se résigner à passer le flambeau à sa fille qui prit la direction de l’atelier. Elle reçut sa première commande publique en 1658 par l'église de la Chartreuse de Bologne : un tableau représentant le Baptême du Christ, pendant de la Cène exécutée six ans auparavant par son père. La carrière d’Elisabetta Sirani prit alors son essor et de nombreuses commandes de particuliers et d'églises bolonaises affluèrent. À la fois portraitiste, peintre d’histoire religieuse et mythologique, Elisabetta Sirani devint le peintre à la mode. Sa réputation passa les frontières de Bologne pour s'étendre jusqu´à Florence et Rome grâce à ses commanditaires. Elle reçut d’ailleurs la visite du grand-duc de Toscane, Cosme de Médicis, dans son atelier, devenu alors une véritable attraction touristique. Sociable, elle n’avait pourtant pas le temps de voyager, encore moins d’entretenir une relation amoureuse, car elle devait subvenir aux besoins de sa famille. Elle vécut telle une recluse, sous l’emprise d’un père toujours plus exigeant. Elle fut l'héritière, sans doute, de la religieuse Caterina Vigri (1413-1463), célèbre miniaturiste au couvent des Corpus Domini, situé en face de la maison de la famille Sirani, et dont le procès de canonisation retentissait dans toute la ville. On lui prêta un amour platonique avec un élève de son père, Giovan Battista Zani, mais les sources diffèrent et ne mentionnent rien de réellement fondé.

En 1660, elle ouvrit un salon, puis une école de peinture réservée exclusivement aux femmes. La même année, Elisabetta Sirani fut admise à l’Accademia di San Luca de Rome, reconnaissance importante pour une femme, ce qui lui permit de gagner plus d’argent et de pouvoir s’adonner à son autre passion : la musique (elle jouait de la lyre et s’adonnait au chant). Elle forma de nombreuses artistes peintres, dont certaines persistèrent et percèrent dans le métier : Veronica Fontana et Ginevra Cantofoli, entre autres.

Tombe de Guido Reni
et d´Elisabetta Sirani[3].

Elisabetta Sirani s'éteignit brusquement à l'âge de 27 ans, à la suite d'un ulcère gastrique.

Elle est enterrée dans la chapelle Guidotti de la Basilique San Domenico de Bologne.

Controverses sur sa mort

Prise de douleurs le soir de sa mort, les médecins lui prescrivirent des onguents, mais ne réussirent pas à la sauver. Elle reçut les plus grands honneurs lors de ses funérailles le , trois mois après sa mort à la suite d'une autopsie et d'un procès contre sa servante accusée d’empoisonnement. En effet, à la suite de l’autopsie, les médecins constatèrent des trous dans son estomac et émirent l’hypothèse d’un empoisonnement. Les soupçons s’orientèrent immédiatement sur Lucia Tolomelli, servante d’Elisabetta Sirani, qui avait donné sa démission quelques jours avant la mort de l’artiste, démission refusée par les parents d’Elisabetta. Sa servante fut emprisonnée, puis exilée avant de revenir à Bologne à la demande de Giovanni Andrea Sirani qui lui pardonna.

Au XIXe siècle, l’histoire d’Elisabetta Sirani inspira les esprits romantiques qui lui consacrèrent plusieurs écrits dont une tragédie, insinuant que l’artiste se serait suicidée par amour. Une autre autopsie fut pratiquée par les médecins de l'époque qui arrivèrent à la conclusion d’une mort due à un ulcère à l’estomac, probablement à la suite d'un surmenage et de l’utilisation des pigments verts qui contenaient de l’arsenic au XVIIe siècle.

Ĺ’uvres

  • 1657 : AllĂ©gorie de la Fortune, pinceau, lavis de bistre clair et pierre noire. H. 0,337 ; L. 0,218 m[4]. Beaux-Arts de Paris. Ce dessin de grandes dimensions reprĂ©sente une figure allĂ©gorique certainement prĂ©paratoire au tableau de la RenommĂ©e. ReprĂ©sentĂ©e en pied, cette allĂ©gorie est une jeune femme nue en Ă©quilibre sur une sphère qui tient une voile gonflĂ©e par le vent et une corne d'abondance serrĂ©e contre son flanc[5].
  • 1658 : Le BaptĂŞme du Christ, San Giacomo della Certosa, Bologne.
  • 1658 : AllĂ©gorie de la peinture (autoportrait), MusĂ©e Pushkin, Moscou.
  • 1658 : Judith avec la tĂŞte d’Holopherne, Burghley House, Stamford.
  • 1658 : Sainte Madeleine pĂ©nitente, MusĂ©e des Beaux-Arts et d'ArchĂ©ologie, Besançon.
  • 1659 : TimoclĂ©e prĂ©cipite le capitaine d’Alexandre Magne dans un puits, MusĂ©e de Capodimonte, Naples.
  • 1659 : LibĂ©ration du possĂ©dĂ© de Constantinople, plume et encre brune, lavis brun. H. 0,200 ; L. 0,287 m[6]. Beaux-Arts de Paris. Cette feuille fait Ă©tat d'une iconographie rare dont la source est le rĂ©cit d'Agostino Calcagnino de 1639 (Dell'imagine edessena, GĂŞnes) racontant l'histoire d'un possĂ©dĂ© dĂ©livrĂ© Ă  la vue de la Sainte Face portĂ©e en procession[7].
  • 1661 : Petit Amour Medicis, Collection privĂ©e.
  • 1662 : Saint Antoine de Padoue en adoration devant l’Enfant JĂ©sus, Pinacothèque nationale, Bologne.
  • 1662 : Portrait de Beatrice Cenci, Galleria Nazionale d'Arte Antica, Rome (souvent aussi attribuĂ© Ă  Guido Reni).
  • 1664 : Porcia se blessant Ă  la cuisse, Ross Miles Foundation, Houston.
  • 1665 : Portrait d’Anna Maria Ranuzzi Marsigli en CharitĂ©, Collections d’art et d’histoire de la Caisse d'Ă©pargne, Bologne.
  • Autoportrait avec un page, plume et encre brune, lavis brun sur tracĂ© Ă  la sanguine. H. 0,286 ; L. 0,210 m[8]. Beaux-Arts de Paris. Au lieu de se prĂ©senter comme une peintre en train de pratiquer son art, Elisabetta Sirani choisit de s'afficher comme une dame de qualitĂ© suivant l'image de la femme Ă©duquĂ©e et cultivĂ©e. Elle opte pour une figure en pied oĂą sont mis en valeur sa silhouette et son maintien altier. Cette composition rappelle les portraits de Van Dyck peints Ă  GĂŞnes Ă  la mĂŞme Ă©poque[9] - [10].

Notes et références

  1. de l'école bolonaise, élève et principal assistant de Guido Reni
  2. il écrivit la biographie d’Elisabetta Sirani dans son ouvrage Felsina pittrice (1678)
  3. L'Ă©pitaphe latine indique :
    Ici reposent
    GUY RENI et ÉLISABETH SIRANI.
    Guy vécut 67 ans et mourut le 15e jour des calendes de septembre de l'an 1642.
    Élisabeth vécut 26 ans et mourut le 5e jour des calendes de septembre de l'an 1665.
    Ce tombeau renferme les cendres d'Élisabeth Sirani
    et protège aussi la dépouille de Guy Reni.
    Ainsi, la mort put réunir dans ce tombeau deux miracles de la peinture que la vie n'a pas conjoints.
    HANNIBAL GUIDOTTI
    fit graver une ancienne Ă©pitaphe en l'an 1808
    puisque leurs cendres contenaient, dans son propre tombeau, celles plus illustres de Guy Reni,
    pour honorer ses restes d'une inscription.
    La tête qui, à ce qu'assure la mémoire humaine, fut celle de ce peintre exceptionnel, dont les ossements gisaient jadis dans la sépulture des Guidotti, fut transférée ici depuis le cimetière de la Chartreuse
    en 1950.
  4. « Allégorie de la Fortune, Elisabetta Sirani », sur Cat'zArts
  5. Brugerolles, Emmanuelle, van Tuyll, Carel, Le Dessin à Bologne, Carrache, Guerchin, Dominiquin …, Chefs-d’œuvre des Beaux-Arts de Paris, Paris, Beaux-Arts éditions, 2019, p. 104-107, Cat. 26.
  6. « Libération du possédé de Constantinople, Elisabetta Sirani », sur Cat'zArts
  7. Brugerolles, Emmanuelle, van Tuyll, Carel, Le Dessin à Bologne, Carrache, Guerchin, Dominiquin …, Chefs-d’œuvre des Beaux-Arts de Paris, Paris, Beaux-Arts éditions, 2019, p. 108-110, Cat. 27.
  8. « Autoportrait avec un page, Elisabetta Sirani », sur Cat'zArts
  9. Brugerolles, Emmanuelle, van Tuyll, Carel, Le Dessin à Bologne, Carrache, Guerchin, Dominiquin …, Chefs-d’œuvre des Beaux-Arts de Paris, Paris, Beaux-Arts éditions, 2019, p. 111-113, Cat. 28.
  10. Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, Portraits dans les collections de l’École des Beaux-Arts, Carnets d’études 36, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2016, p 71-73, Cat. 22

Articles connexes

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