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El Haqed

Mouad Belghouat (مŰčۧ۰ ŰšÙ„ŰșÙˆŰ§ŰȘ), mieux connu sous son nom artistique El Haqed ou Lhaqed (l'enragĂ©), souvent orthographiĂ© L7a9d dans la graphie Web/SMS, est un rappeur marocain nĂ© le Ă  Casablanca.

L7a9d
Mouad Belghouat alias El Haqed, le jour de sa libération.
Biographie
Naissance
Pseudonymes
L7a9d, El Haqed, Ű§Ù„Ű­Ű§Ù‚ŰŻ
Nationalité
Activités
Autres informations
Genre artistique

Artiste engagé, militant actif du Mouvement du 20 Février, il devient célÚbre aprÚs son arrestation, survenue le 10 septembre 2011, quand la justice marocaine l'accuse de coups et blessures à la suite d'une altercation avec une personne se disant « monarchiste ».

Mouad Belghouat clame son innocence[1], et reçoit alors l'appui de nombreux soutiens, qui dénoncent « un procÚs politique monté de toutes piÚces »[2]. La campagne de solidarité a été menée par le Mouvement du 20 février et par une partie de la société civile, via des manifestations[3], une campagne sur internet[4] et plusieurs sit-in devant le siÚge du tribunal de premiÚre instance d'Aïn Sebaù[5].

Son cas a été trÚs médiatisé par la presse marocaine et internationale[6]. Plusieurs reportages lui ont été consacrés dans les chaßnes télévisées européennes[7].

DĂ©but sur la scĂšne Rap

Mouad Belghouat incarne le cri de la rue marocaine. C’est d’ailleurs lĂ  oĂč il fait ses dĂ©buts dans l’écriture et le rap, en 2004, avec ses amis du quartier, il fonde le collectif «3okacha Family ».  Trois ans plus tard, il sort sa premiĂšre mixtape intitulĂ© « L7a9d Mn 3okacha» (L7a9d d3okacha).

Il monte pour la premiĂšre fois sur scĂšne en 2008, Ă  l’occasion d’un festival des jeunes talents organisĂ© Ă  la plage d’Ain Diab Ă  Casablanca. L’intervention violente des forces de l’ordre empĂȘche les jeunes artistes de faire entendre leur voix. Les policiers prĂ©sents Ă  cette manifestation artistique font descendre les musiciens et ferment la scĂšne.

À partir de ce jour, la vision de Mouad Belrhouate sur son propre travail artistique change. L7a9d se rend compte que la voix de la vĂ©ritĂ© dĂ©range le systĂšme et qu’au mĂȘme moment, elle retentit chez le public. C’est ainsi qu’il fonde avec ses amis de quartier, ce qu’ils appellent le « Rap prisonnier », considĂ©rant le fait qu’ils se trouvent dans une grande prison Ă  ciel ouvert ; prisonniers de leurs idĂ©es, de leurs opinions et de la possibilitĂ© de les exprimer. Dans un pays oĂč il n’y a ni libertĂ©, ni dignitĂ©, le rap devient la seule issue de secours.

Sa deuxiĂšme mixtape, enregistrĂ©e en 2009, s’intitule « Ayech Dial’Lah » (Je survis). En 2010, L7a9d sort « Laachra Ou Charwita » (le numĂ©ro dix et le chiffon).

Mouvement du 20 février

En 2011 commencent les manifestations au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Au Maroc, le mouvement du 20 fĂ©vrier porte dans la rue, la voix du peuple opprimĂ©. Mouad Belghouate se joint aux manifestants, participe aux assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales du mouvement et Ă©crit les slogans qui sont portĂ©s dans les rues marocaines. Il participe Ă  plusieurs scĂšnes et concerts organisĂ©s dans de nombreuses universitĂ©s marocaines  durant la mĂȘme pĂ©riode.

AprĂšs plusieurs tentatives vaines du systĂšme d’assouplir la ligne contestataire, le rappeur est arrĂȘtĂ© et condamnĂ© plusieurs fois pour des motifs qui restent douteux.

Une premiĂšre fois en 2011, il Ă©cope de 4 mois de prison. Peu de temps aprĂšs sa libĂ©ration, il est jugĂ© dans une autre affaire, en mars 2012, pour «outrage Ă  un officier public dans le cadre de ses fonctions et Ă  un corps constituĂ© ». Il est , en rĂ©alitĂ©, poursuivi pour l’une de ses chansons, dans laquelle il dĂ©nonce la corruption de la police marocaine.Il passe un an derriĂšre les barreaux. Il est libĂ©rĂ© le 29 mars 2013.

Prix et Reconnaissance Artistique Internationale

En dehors des circuits officiels, la reconnaissance nationale et internationale du rappeur lui vaut la rĂ©compense du prix de l’intĂ©gritĂ© dĂ©cernĂ© par Transparency Maroc en 2012. La mĂȘme annĂ©e, L7a9d participe Ă©galement, en tant qu’artiste, au forum des blogueurs arabes en Jordanie.

En 2014, il Ă©crit et compose plusieurs singles et sort la mixtape « Walou » (Rien) dont le morceau Ă©ponyme sera vu presque 7 millions de fois.

Cette annĂ©e lui vaut aussi d’ĂȘtre retenu dans la liste des candidats au Prix Sakharov dĂ©cernĂ© par le Parlement europĂ©en pour honorer les personnes ou les organisations qui ont consacrĂ© leur existence Ă  la dĂ©fense des droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales[8].

Lancé dans une dynamique de création artistique outre frontiÚre, il participe à plusieurs résidences artistiques dans les pays scandinaves et collabore notamment avec les Gatas Parlament, premier groupe de Hip Hop ayant enregistré en norvégien et connu pour ses prises de positions politiques.

En 2015, Mouad Belrhouate collabore avec une plĂ©thore d’artistes originaires de plusieurs pays (Égypte, Iran, Italie, Tunisie, Palestine
etc) dans un projet international intitulĂ© « Zombie », dont l’hymne original antimilitariste appartient au cĂ©lĂšbre Fela Kuti, considĂ©rĂ© comme Ă©tant l’inventeur de l’afrobeat et leader politique nigĂ©rian.

Au-delĂ  du fait que ses vidĂ©os suscitent les 13 millions de vues sur Youtube, il est aussi proclamĂ© laurĂ©at dans la catĂ©gorie des arts par l’Index on Censorshop, une organisation qui lutte pour la libertĂ© d’expression, la rĂ©pression et l’injustice[9].

Exil Ă  Bruxelles

En octobre de cette mĂȘme annĂ©e, alors qu’il est de passage Ă  Bruxelles pour sa tournĂ©e, sa ligne critique envers le pouvoir et ses prises de positions au Maroc risquent de nouveau de lui valoir sa libertĂ© Ă  son retour. Ce harcĂšlement continu le pousse Ă  rester. Il  demande l’asile et est reconnu rĂ©fugiĂ© politique.

En 2017, il sort son album "M3LM" (Men 3okacha L Molenbeek, de Oukacha à Molenbeek), il fait une rencontre déterminante avec Looka Loopa qui réalise le clip " Raka Taka" et dont "Freestyle Ana Rifi"[10].

Engagement pour les droits de l'homme

S'exprimant essentiellement en darija, Mouad Belghouat est issu d'un quartier populaire de Casablanca. Il a collaboré avec des artistes de la scÚne underground marocaine comme MB1, Spoo Pow et Jihanne.

Militant des droits de l'homme au Maroc, Mouad Belghouat est souvent comparé au rappeur engagé tunisien El General. Il a été décrit comme « le Gavroche de la révolution marocaine », « représentant de la voix des opprimés » et « troubadour des temps modernes ». Plusieurs de ses titres sont ainsi nés lors des protestations de 2011. Au moins l'un d'entre eux s'en prend à mots à peine couverts au roi Mohammed VI.

Il vise Ă  attirer l'attention sur « les mauvaises conditions de vie de la jeunesse marocaine » et accuse le rĂ©gime d'utiliser et d'encourager la corruption[11] et de ne pas agir contre les problĂšmes autrement qu'avec des mĂ©thodes dignes d’un État policier.

Emprisonnement et procĂšs

AccusĂ© par la justice marocaine pour coups et blessures Ă  la suite d'une altercation avec une personne se disant « monarchiste », il est arrĂȘtĂ© par la police et emprisonnĂ©. Il est auditionnĂ© pendant cette affaire sur ses connexions avec les mouvements de contestation.

Par la suite, plusieurs réseaux se mobilisent pour sa libération. Peu avant son jugement, l'Association marocaine des droits de l'homme a souhaité qu'El Mostafa Ramid, ministre de la Justice et des Libertés désigné quelques jours avant le procÚs, se penche sur le cas de Mouad Belghouat[12].

Pendant le procĂšs, la dĂ©fense pointe plusieurs incohĂ©rences dans la version des faits prĂ©sentĂ©e par la prĂ©sumĂ©e victime, qui affirme ĂȘtre tombĂ©e dans le coma au cours de la bagarre et qu'elle n'aurait repris conscience que le lendemain. Or, le procĂšs-verbal de la Police atteste que l'homme a portĂ© plainte le soir-mĂȘme[13].

Couvert par de nombreux médias, les audiences ont de plus été commentées en direct sur internet par des blogueurs et son comité de soutien[14].

Le 15 janvier 2012, El Haqed est jugĂ© coupable de l'accusation de « coups et blessures », innocentĂ© du facteur aggravant de la prĂ©mĂ©ditation, et condamnĂ© Ă  4 mois d'emprisonnement. Ayant passĂ© la durĂ©e de la condamnation Ă  la prison d'Oukacha, Ă  Casablanca, il a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© le jour mĂȘme.

L'un des avocats, dénonçant un verdict injuste et clamant l'innocence d'El Haqed, déclare son intention d'interjeter appel[15].

Il est de nouveau arrĂȘtĂ© et mis en dĂ©tention, et cette fois la police accuse le rappeur d'avoir postĂ© une chanson sur internet avec des photos portant atteinte au corps de la police[16].

Discographie

  • 2007: Mixtape: Ayech Dial’Lah
  • 2010: Mixtape: 10 W Charwita
  • 2014: Mixtape: Walou
  • 2017: Album: M3LM

Feat.:

  • 2015: "Zombie": Voodoo Sound Club Feat. Seun Kuti, L7a9d, Rami Essam, Rushzilla, Salome Mc, Refugees of Rap.
  • 2019: "Shof": Gatas Parlament, L7a9d, Definite, Tompa T.
  • 2019: "Brouxl'": Bxl Nest, L7a9d feat. Ln

Références

  1. « Maroc : aprÚs quatre mois de prison, Mouad, rappeur engagé, est libre », Ilhem Rachidi, Rue89, le 12 janvier 2012
  2. « Maroc : À quand la libĂ©ration de Mouad Belghouat ? », FouĂąd Harit, Afrik.com, le 17 novembre. Page consultĂ©e le 20 janvier 2012.
  3. « Maroc: un rappeur en prison », Myriem Khrouz, lexpress.fr, le 23 novembre 2012
  4. « Opinion. Lhaqed, trois mois de prison, trois mois d’injustice », Salah Elayoubi, Demain Online, le 12 dĂ©cembre 2011
  5. « Mouad L7a9ed : Liberté provisoire rejetée par le tribunal », sur yabiladi.com (consulté le ).
  6. « Trial Puts Morocco's New Charter Under Spotlight », Aida Alami, The International Herald Tribune, le 19 janvier 2012
  7. « Le rappeur Mouad Belghouat », Monde Arabe Arte TV
  8. « Weld El-15 et El-Haqed parmi les 7 candidats au “Prix Sakharov 2014 pour la libertĂ© de l’esprit”. », sur Nawaat (consultĂ© le )
  9. (en-GB) Index on Censorship, « Home », sur Index on Censorship (consulté le )
  10. M3Lm (lire en ligne)
  11. « L7A9D, le rappeur des deux Oukacha », Karim Boukhari, Telquel no 492, le 15 octobre 2011.
  12. « Maroc - Grùce royale pour certains opposants? », Reuters, le 5 janvier 2012)
  13. « Justice - Le sort de Mouad Belghouate sera connu aujourd'hui », Aswat.ma, le 12 janvier 2012. Consulté le 20 janvier 2011.
  14. « Audience suspendue jusqu'au 5 janvier à 17h », l7a9ed.com. Consulté le 20 janvier 2012.
  15. « Maroc: un rappeur contestataire libéré », lefigaro.fr

Liens externes

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