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Edward Robarts

Edward Robarts (Barmouth, 1770 ? - Calcutta, 1832 ?), souvent orthographié « Roberts », est un marin gallois, matelot sur un transport négrier puis sur un baleinier, qui déserte lors d'un séjour aux iles Marquises à la fin du XVIIIe siÚcle. Il est connu pour avoir été parmi les premiers beachcombers à s'intégrer aux populations locales. Il laisse un journal qui est un témoignage sur la société marquisienne au moment de sa confrontation avec les premiers navigateurs européens.

Edward Robarts
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Activité

Biographie

Les informations biographiques concernant Edward Robarts proviennent essentiellement d'une lettre en forme de curriculum vitae qu'il Ă©crit Ă  Calcutta le 11 dĂ©cembre 1811 et du journal de son sĂ©jour aux iles Marquises[1], Ă©crit Ă  la mĂȘme pĂ©riode.

Dans son mémoire sur le parler marquisien paru en 1824, il indique avoir 53 ans, ce qui permet de fixer sa date de naissance vers 1770[2].

Marin

Jeune marin, il navigue sur des navires participant au commerce triangulaire entre l'Afrique, la JamaĂŻque et Saint Domingue. Il navigue aussi vers Rio de Janeiro et Saint Petersburg.

Depuis Londres, il s'embarque en novembre 1797 sur un baleinier, le New Euphratesas, comme cuisinier. Il ne reverra plus l'Angleterre. Il parcourt l'Atlantique et la cÎte Ouest de l'Amérique du Sud pendant prÚs d'un an, sans grand succÚs.

Carte de Hiva Oa, Motane, Tauata (1875).

DĂ©serteur aux iles Marquises

Le journal d'Edward Robarts est Ă  mettre en regard avec les textes de Joseph Kabris. La version des faits de Robarts concernant son arrivĂ©e est un peu diffĂ©rente puisqu'il se dit, non pas naufragĂ© avec Kabris, mais dĂ©serteur en dĂ©cembre 1798 (il a environ 27 ans) d'un baleinier anglais, le New Euphrates, venu rĂ©parer les avaries d'une tempĂȘte aux Marquises. Il dĂ©serte pour, dit-il, ne pas participer Ă  une mutinerie.

Il se rĂ©fugie pendant cinq ans dans l'ile de Tahuata. AdoptĂ© par les indigĂšnes, il se marie avec Hina‘oteata, une sƓur du grand-chef HakaĂŹki Kiatonu, et s'installe Ă  Hiva Oa puis Ă  Nuku Hiva, restant dans l'archipel jusqu'en 1806.

Avec le Français Joseph Kabris qui rĂ©side aussi Ă  Nuku Hiva, il sert de pilote et d’interprĂšte Ă  l'expĂ©dition conduite par les capitaines russes Johann Adam von Krusenstern et Lisiansky de passage aux Marquises en 1804. L'Anglais et le Français, s'ils sont tout dĂ©vouĂ©s Ă  leurs visiteurs, ne s'entendent pas. Leur inimitiĂ© est mentionnĂ©e et commentĂ©e dans les journaux de voyage du capitaine Krusenstern et de son naturaliste Langsdorff.

Robarts quitte les Marquises déchirées par les guerres intestines, embarquant en février 1806 en direction de Botany Bay sur la Lucy du capitaine Alexander Ferguson, accompagné de toute sa famille.

Aventures dans le Pacifique

Robarts et sa famille adoptent ensuite une vie itinĂ©rante, dĂ©barquant Ă  Tahiti — oĂč il sĂ©journe une annĂ©e comme distillateur d’alcool Ă  la pointe VĂ©nus —, en Malaisie comme majordome, en Nouvelle-ZĂ©lande, aux iles Fidji, Ă  Penang, avant de s'installer Ă  Calcutta en 1810.

À Penang il est en contact avec Thomas Stamford Raffles. À Calcutta il travaille pour John Leyden. Mais il ne garde pas d'emploi stable. Faute de pouvoir se faire attribuer un terrain en Nouvelle Galles du Sud, il survit difficilement. Il perd ses deux Ă©pouses et six de ses sept enfants. Il fait toutes sortes de mĂ©tiers, salant le porc, distillant l'alcool, vendant du sable


On ne sait presque rien de sa vie ultérieure. Son nom apparait dans l'East India Register comme agent de police (constable) de 1822 à 1831.

Il meurt aux alentours de 1832, sans doute à Calcutta. Une seule fille, nommée Ellen, lui survit.

Témoignage sur la société des Iles Marquises

Habitant tatoué des ßles Marquises.

Son journal est un tĂ©moignage de sa perception de la vie quotidienne aux Ăźles Marquises, des fĂȘtes, des tatouages, des guerres et des famines.

Le pĂšre Patrick O'Reilly, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la SociĂ©tĂ© des ocĂ©anistes, commente les deux rĂ©cits de Robarts et Kabris[3], y voyant les premiers regards ethnologiques portĂ©s sur cet archipel. Les deux EuropĂ©ens sont des auxiliaires indispensables au capitaine Johann Adam von Krusenstern lors de son passage aux Marquises, grĂące Ă  leur connaissance de la langue et des coutumes locales. Ils sont les premiers Ă  rĂ©vĂ©ler les mƓurs anthropophages des habitants, que n'avaient pas relevĂ©es le capitaine Cook, son naturaliste Foster lors du deuxiĂšme voyage de l'expĂ©dition (1774), ni le capitaine Marchand en 1791. Le capitaine Krusenstern note : « Les deux EuropĂ©ens que nous avons trouvĂ©s Ă  Noukahiva, et qui avaient vĂ©cu plusieurs annĂ©es dans cette Ăźle, se sont accordĂ©s Ă  dire que les habitants sont dĂ©pravĂ©s, barbares, et, sans excepter mĂȘme les femmes, cannibales dans toute l'Ă©tendue du terme ». Il prend soin de la vĂ©rifier en examinant les crĂąnes fracassĂ©s de leurs victimes. C'est aussi sur leurs indications que le capitaine Krusenstern Ă©value, en 1804, Ă  16 000 individus la population de Nuku-Hiva.

Bibliographie

ƒuvres d'Edward Robarts

  • Lettre de Edward Robarts Ă  James Hare, Calcutta, 11 dĂ©cembre 1811, in ClĂ©ment Adrien Vincendon-Dumoulin, CĂ©sar L. Desgraz, Iles Marquises ou Nouka-Hiva, Paris, Arthus Bertrand, , 362 p. (lire en ligne), p. 356
  • Le journal manuscrit d'Edward Roberts est accessible en microfilms sur le site de la bibliothĂšque nationale d’Australie ici. Il est dĂ©pourvu d'illustrations.
  • (en) Edward Robarts (prĂ©f. Greg Dening), The Marquesan Journal of Edward Robarts 1797- 1824, Canberra, Australian National University Press, , 361 p. (lire en ligne). Le journal a Ă©tĂ© traduit par Jacques Iakopo Pelleau, Ă©ditions Haere Pƍ de Tahiti (2018).

Ouvrages et articles concernant Edward Robarts

  • Adam Johann von Krusenstern, Voyage autour du monde fait dans les annĂ©es 1803, 1804, 1805 et 1806 par les ordres de sa majestĂ© impĂ©riale Alexandre Ier, empereur de Russie, sur les vaisseaux « la Nadiejeda » et « la Neva », commandĂ©s par M. de Krusenstern. Tome 1, Gide fils, (lire en ligne), p. 162, 172, 184, 215, 223-226, 240-242
  • (en) Georg Heinrich von Langsdorff, Voyages and travels in various parts of the world, during the years 1803, 1804, 1805, 1806, and 1807, London, 1813, chapter IV
  • (en) Frederic Shoberl, South Sea Islands : being a description of the manners, customs, character, religion, and state of society among the various tribes scattered over The Great Ocean, called the Pacific or the South Sea, London, R. Ackermann, , 724 p. (lire en ligne), p. 282
  • Patrick O'Reilly, « Robarts (Edward) : Marquesan Journal, 1797-1824, ed. by Gregory M. Dening », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 61, no 223,‎ , p. 348–348 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) VĂ©ronique LARCADE, « Lost Soldiers of European Wars in Marquesas (French Polynesia) from Napoleon to Bismarck Times », Fourth European Congress on World and Global History,‎ (lire en ligne)
  • Marie-NoĂ«lle Ottino-Garanger, « Tatouage et conception du corps aux Marquises, PolynĂ©sie française », Journal français de psychiatrie,‎ 2006/1 (n° 24), p. 13-16 (lire en ligne)

Notes et références

  1. (en) Edward Robarts (préf. Greg Dening), The Marquesan Journal of Edward Robarts 1797- 1824, Canberra, Australian National University Press, , 361 p.
  2. « Lost Soldiers of European Wars in Marquesas (French Polynesia) from Napoleon to Bismarck Times - PDF Téléchargement Gratuit », sur docplayer.fr (consulté le ).
  3. Patrick O'Reilly, « Robarts (Edward) : Marquesan Journal, 1797-1824, ed. by Gregory M. Dening », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 61, no 223,,‎ , p. 348-349.

Articles connexes

Liens externes

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