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Edith Ballantyne

Edith Ballantyne, née Edith Müller le à Jägerndorf (Tchécoslovaquie), est une féministe et pacifiste canadienne. Investie dans la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL) à partir de 1969, elle en devient la secrétaire générale puis la présidente entre 1992 et 1998. En 1995, elle reçoit le prix Gandhi pour la paix.

Edith Ballantyne
Description de cette image, également commentée ci-après
Edith Ballantyne (1981, deuxième à gauche).
Naissance
Jägerndorf (Tchécoslovaquie)
Nationalité Tchécoslovaque
Canadienne
Activité principale
FĂ©ministe
Pacifiste

Biographie

Jeunesse et premiers engagements

Fille de Rosa et Alois Müller, Edith Müller naît à Jägerndorf (de nos jours Krnov), alors en Silésie tchèque. Elle est élevée en Tchécoslovaquie, jusqu'à la crise des Sudètes en 1938. La famille se réfugie d'abord en Angleterre puis, en 1939, immigre au Canada, où elle est installée par la Canadian Pacific Railway Company en Colombie-Britannique. Incapables de subvenir à leurs besoins, ils déménagent à Toronto en 1941, où Edith Müller trouve un travail de domestique. Ne parlant initialement pas anglais, elle apprend cette langue grâce à l'aide de volontaires de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (LIFPL), qui suivaient les réfugiés venus de Bohême et essayaient de les conduire à s'adapter à la vie au Canada. Elle adhère à la LIFPL, trouvant le message pacifiste de ses militantes inspirant, mais elle perd ensuite contact après son déménagement à Montréal en 1945. En juillet 1948, elle épouse Campbell Ballantyne, fonctionnaire au Bureau international du travail et s'installe à Genève avec lui la même année[1] - [2] - [3].

Dirigeante de la LIFPL

À son arrivée en Suisse, Edith Ballantyne commence à travailler pour l'Organisation mondiale de la santé, comme directrice adjointe de la section des publications. Elle quitte ce poste cinq ans plus tard pour s'occuper de ses quatre enfants. Après vingt ans passés à Genève, elle découvre que le siège de la LIFPL y est installée et s'y ré-engage à partir de 1968. L'année suivante, elle devient secrétaire générale internationale de l'organisation[1] - [2], travaillant à plein temps au sein de la structure afin d'améliorer ses relations avec d'autres ONG et les Nations unies[4]. En 1970, elle participe au dix-huitième congrès de la LIFPL, qui se tient à New Delhi (Inde), ce qui influence profondément sa conception de l'équilibre entre les notions de paix et de liberté. Elle reconnaît que si les moyens pacifiques afin de résoudre un conflit avaient été épuisés, il fallait pouvoir reconnaître que les opprimés étaient susceptibles de recourir à la violence, et qu'il était possible de soutenir la non-violence sans condamner les personnes exploitées qui estimaient qu'il n'existait pas d'autres options[5]. Les débats qui suivent le congrès aboutissent à une résolution selon laquelle la poursuite idéaliste du pacifisme ne saurait remplacer la reconnaissance du fait que le but de la paix était de permettre aux gens de vivre librement[6]. En 1972, elle devient la coordinatrice du travail de la LIFPL avec l'ONU[7]. En 1975, elle fait partie d'un groupe de travail qui se rend au Moyen-Orient, ce qui la conduit à recommander à la LIFPL de poursuivre le dialogue afin d'aboutir à la paix mais en restant neutre sur certaines questions de violence et de violations des droits humains, provoquant un conflit au sein de l'association[8]. Elle estime ainsi que le rôle de la LIFPL est d'encourager les deux parties d'un conflit à trouver des moyens pacifiques afin de coexister, sans se focaliser sur qui est responsable de la situation présente[9] - [10].

En 1976, elle est Ă©lue Ă  la tĂŞte de la ConfĂ©rence des organisations non gouvernementales (CONGO) des Nations unies[11], poste qu'elle occupe pendant six ans[12]. Première militante pacifiste Ă  accĂ©der Ă  cette fonction, elle s'investit particulièrement sur la question du dĂ©sarmement[11] - [13]. Lors de la confĂ©rence mondiale des femmes de 1980 (en), qui se tient Ă  Copenhague (Danemark), elle prĂ©side le programme de dĂ©veloppement du forum des ONG, veillant Ă  mettre fortement l’accent sur la paix et le dĂ©sarmement dans les diffĂ©rents ateliers organisĂ©s[14] - [15]. Elle accueille deux comitĂ©s d’organisation, l'un Ă  Genève et l'autre Ă  New York, afin de s'assurer que divers groupes constituaient la base de la confĂ©rence[16]. L'annĂ©e suivante, elle s'investit dans la prĂ©paration de la confĂ©rence « Women of Europe in Action for Peace Â» (« Femmes d'Europe en action pour la paix Â»), qui vise Ă  rassembler des activistes et des fĂ©ministes afin d'Ă©tudier la peur liĂ©e Ă  la course aux armements et d'Ă©laborer des programmes de suivi des nĂ©gociations de paix[17]. En 1983, elle fait partie des 10 000 femmes qui vont Ă  la rencontre de gĂ©nĂ©raux au siège de l'OTAN, protestant contre de nouveaux dĂ©ploiements de missiles en Europe[18]. Les missiles sont cependant dĂ©ployĂ©s malgrĂ© les protestations et, peu après, les États-Unis envahissent Grenade et soutiennent les Contras contre la rĂ©volution sandiniste au Nicaragua : Edith Ballantyne prĂ©side alors la ConfĂ©rence internationale sur le Nicaragua et la paix en AmĂ©rique centrale avec Adolfo PĂ©rez Esquivel, qui se tient Ă  Lisbonne en 1984. La politique de LIFPL suit alors une stratĂ©gie partagĂ©e sur deux volets : instaurer la paix et soutenir des organisations refusant d'adopter des stratĂ©gies traditionnelles pour permettre cet objectif[16]

Elle prĂ©side de nouveau le comitĂ© de planification du forum des ONG en vue de la confĂ©rence mondiale des femmes de 1985 (en), qui tient Ă  Nairobi (Kenya). La « tente de la Paix Â», une idĂ©e d'Edith Ballantyne, est installĂ©e sur la pelouse de l'universitĂ© de Nairobi et devient le lieu central de la confĂ©rence. Sous la tente, des rĂ©unions quotidiennes ont lieu, oĂą les participantes de la confĂ©rence discutent des impacts de la guerre sur les femmes et leurs enfants[19] - [20] - [21]. En 1992, elle devient prĂ©sidente internationale de la LIFPL, occupant ce poste pendant les six annĂ©es suivantes[1] - [22]. En 1995, elle reçoit le prix Gandhi pour la paix[23].

Bibliographie

  • « Edith Ballantyne » [archive du ], sur WILPF France, Paris, France, International Women's League for Peace and Freedom, (consultĂ© le )
  • Catia Cecilia Confortini, Intelligent Compassion : Feminist Critical Methodology in the Women's International League for Peace and Freedom, New York City, New York, Oxford University Press USA, , 203 p. (ISBN 978-0-19-984523-1, lire en ligne)
  • Catherine Foster, Women for all Seasons : The Story of the Women's International League for Peace and Freedom, Athens, Georgia, University of Georgia Press, (ISBN 0-8203-1147-2, lire en ligne)
  • Liz Ford, « Centenary stand: female activists head for The Hague to set a new peace agenda », The Guardian, London, England,‎ (lire en ligne [archive du ], consultĂ© le )
  • Mundackal Paulose Mathai, M. S. John et Siby K. Joseph, Meditations on Gandhi : A Ravindra Varma Festschrift, New Delhi, India, Concept Publishing Company, , 228 p. (ISBN 978-81-7022-961-2, lire en ligne)
  • Felicity Ruby, « Happy Birthday Edith Ballantyne » [archive du ], sur WILPF, Geneva, Switzerland, Women's International League for Peace and Freedom, (consultĂ© le )
  • Anne Winslow, Women, politics, and the United Nations, Westport, Connecticut, Greenwood Press, , 1st Ă©d., 213 p. (ISBN 0-313-29522-0, lire en ligne)

Notes et références

  1. Cassigneul 2014.
  2. Ruby 2012.
  3. Foster 1989, p. 155–156.
  4. Foster 1989, p. 156.
  5. Foster 1989, p. 61–63.
  6. Foster 1989, p. 64.
  7. Foster 1989, p. 104.
  8. Foster 1989, p. 79–80.
  9. Foster 1989, p. 82.
  10. Confortini 2012, p. 106.
  11. Foster 1989, p. 77–78.
  12. Foster 1989, p. 159.
  13. Winslow 1995, p. 145.
  14. Foster 1989, p. 79.
  15. Winslow 1995, p. 144–145.
  16. Confortini 2012, p. 124.
  17. Foster 1989, p. 84–85.
  18. Foster 1989, p. 92.
  19. Foster 1989, p. 95–97.
  20. Winslow 1995, p. 147.
  21. Confortini 2012, p. 126–128.
  22. Ford 2015.
  23. Mathai, John et Joseph 2002, p. 83.

Lien externe

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