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Douce France (chanson)

Douce France est une chanson écrite par Charles Trenet en 1943, composée avec Léo Chauliac et enregistrée en 1947.

Douce France

Histoire

Douce France est créée par Charles Trenet en 1943. Il l'interprète l'année même aux Folies Bergères où son refrain est repris par le public comme un acte de résistance[1]. À la Libération, elle est malgré tout considérée comme étant d' « esprit pétainiste »[2].

Références littéraires

Son titre est inspiré d'un lieu commun sur la France apparu vers l'an 1080 dans la Chanson de Roland[3]. Roland mourant regarde l'Espagne, se souvient de ses conquêtes et de sa « dulce France » :

Le comte Roland s'Ă©tendit dessous un pin.
Vers l'Espagne, il a tourné son visage.
Bien des choses lui reviennent en mémoire,
Tant de terres que le baron conquit,
La douce France, les hommes de son lignage,
Charlemagne, son seigneur qui l'Ă©leva.
Il ne peut s'empĂŞcher de pleurer et de soupirer[4].

L'expression la plus célèbre de cette nostalgie des exilés a été déclinée en « douceur angevine », aux alentours de 1555 par Joachim du Bellay, dans son sonnet des Regrets commençant par le célèbre hémistiche « Heureux qui comme Ulysse » :

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,

(...)
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
(...)
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine[5].

Cette « douceur angevine » fait d'abord référence au climat très tempéré de l'Anjou.

Il y a également dans les paroles une référence au recueil "Romances sans paroles" du poète Paul Verlaine ; "Je chantais à pleine voix / des romances sans paroles"

Reprises

Elle est reprise :

  • en 1983 par le groupe punk Les Kambrones.
  • en 1986 par le groupe Carte de sĂ©jour,
  • en 1997 par le groupe Orkest Polytour dans une version « Hot Club de France » sur leur album Le Roi des jongleurs[6],
  • en 2011 par Carla Bruni dans une version italienne[7].

Concernant la reprise par Carte de séjour en 1986, en plein débat au parlement sur le code de la nationalité[8], la chanson devient un symbole pour une jeunesse métissée et anti-raciste[9].

Notes et références

  1. Nelson Monfort, Le roman de Charles Trenet, Éditions du Rocher, , 300 p.
  2. Charles Trenet, Encyclopédie Larousse
  3. Chanson de Roland,
    - VIII, 116-117 « La siet li reis ki dulce France tient.$ Blanche ad la barbe e tut fleurit le chef. »
    - LXXXV, 1054,
    - CL, 2017 « E beneist Karlun e France dulce » (Qu'il bénisse Charles et la douce France).
  4. Chanson de Roland, CLXXVI, 2375-2381.« Li quens Rollant se juz desuz un pin.
    Envers Espaigne en ad turnet sun vis.
    De plusurs choses a remembrer li prist,
    De tantes teres cum li bers cunquist,
    De dulce France, des humes de sun lign,
    De Carlemagne, son seignor kil nurrit.
    Ne poet muer n'en plurt e ne suspirt. »
  5. Ioach. du Bellay Ang., Les Regrets et Autres Ĺ’uvres Poetiques, XXXI, Federic Morel impr., Paris, 1558
  6. Discogs, « Polytour - Le roi des jongleurs », sur https://www.discogs.com (consulté le )
  7. (en) Peter Allen, « Carla Bruni records 'Sweet France' – in Italian », Telegraph,‎ (lire en ligne)
  8. « " Douce France " », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Philippe Hanus, « Douce France par Carte de Séjour. Le cri du “Beur” ? », Volume !, vol. 12, no 1,‎ , p. 123-137 (lire en ligne)

Liens externes

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