Dominique Natanson
Dominique Natanson, né le à Cherbourg[1], est un pédagogue, un écrivain et un militant antiraciste.
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Daniel LefĂšvre (oncle) |
Biographie
Dominique Natanson est le fils du professeur Jacques Natanson et de la psychanalyste Madeleine Natanson et le neveu du poĂšte Daniel LefĂšvre[2] - [3].
Il est nĂ© aprĂšs la guerre dans une famille marquĂ©e par la dĂ©portation et le gĂ©nocide des Juifs[4]. Son grand-pĂšre, Aron Natanson, juif roumain arrivĂ© en France dans les annĂ©es 1920, est libraire Ă Paris[5]. Sa tante de 13 ans, Miryam (Mireille) Natanson est arrĂȘtĂ©e en mĂȘme temps quâAron Natanson, le 23 septembre 1942. Ils sont dĂ©portĂ©s, deux jours plus tard, par le convoi n°37 et assassinĂ©s Ă Auschwitz. Dâautres membres de la famille Natanson sont victimes, Ă la fin de la guerre, de la barbarie nazie (fusillĂ©, suicidĂ©s)[6]. Durant cette pĂ©riode, Jacques Natanson, son pĂšre, est cachĂ© par des moines dominicains [7].
Cette histoire marque Dominique Natanson qui devient l'un des pĂ©dagogues de la Shoah en France[8] et dont le ressort de lâactivitĂ© politique est lâantiracisme[9].
Enseignant et pédagogue
Enseigner la Shoah
Professeur dâhistoire, il enseigne Ă Cuffies dans un collĂšge de lâAisne qui porte, Ă son initiative, le nom dâun enfant juif dĂ©portĂ© et assassinĂ© Ă Auschwitz, Maurice Wajsfelner ; puis au LycĂ©e GĂ©rard de Nerval de Soissons. Il devient formateur dâenseignants dans lâAcadĂ©mie dâAmiens et formateur de formateurs[10]. Il forme des enseignants Ă lâenseignement de la Shoah, amĂšne des groupes de lycĂ©ens Ă Auschwitz et mĂšne une rĂ©flexion sur les conditions pour rendre utile une telle dĂ©marche[11]. Selon Le CafĂ© pĂ©dagogique, il a une vision constructiviste du travail de mĂ©moire, terme qu'il prĂ©fĂšre Ă celui de devoir de mĂ©moire[12]. Sa dĂ©marche mĂ©morielle est Ă©voquĂ©e par AndrĂ© Weill dans Le Marchant de bonheur Ă pied d'Auschwitz Ă JĂ©rusalem.
En 1992, il publie La MĂ©moire juive en Soissonnais, Ă©crit avec ses Ă©lĂšves[13], et reçoit le Prix Corrin contre lâoubli et la banalisation de la Shoah[14] - [15] - [16].
En 1997, dans le but de contrer le nĂ©gationnisme[17], il crĂ©e le site internet MĂ©moire Juive & Ăducation dans lequel il rĂ©pond aux questions posĂ©es par des adolescents sur la dĂ©portation et le gĂ©nocide[18]. Selon Le CafĂ© pĂ©dagogique, c'est « un site qui fait rĂ©fĂ©rence sur la pĂ©dagogie de la Shoah »[19] - [20]. Il publie J'enseigne avec l'Internet la Shoah et les crimes nazis, « un ouvrage destinĂ© Ă prĂ©senter aux enseignants la maniĂšre d'aborder la question de la Shoah avec Internet comme outil de mĂ©moire »[21]. Il souhaite « transmettre par lâĂ©cole : Ă la fois, la connaissance prĂ©cise du gĂ©nocide, des mĂ©canismes du meurtre de masse, et, en mĂȘme temps, cette brĂ»lure, cette indicible meurtrissure de tout ĂȘtre humain confrontĂ© Ă la Shoah »[22].
Autres aspects pédagogiques
Selon Le Café pédagogique, « Dominique Natanson est connu des enseignants d'histoire. Il est l'auteur de du cédérom « J'ai vécu au XVIIIe siÚcle »[23] qui permet un véritable apprentissage du métier d'historien dÚs le collÚge. »[24]
Collaborant Ă la revue Les Cahiers PĂ©dagogiques, il se situe dans le courant de la pĂ©dagogie institutionnelle. « Pour Ă©valuer les progrĂšs de ses Ă©lĂšves, Dominique Natanson se sert de « l'Ă©valuation par ceintures » qui vient de Fernand Oury et de la PĂ©dagogie institutionnelle, dans le prolongement de la pĂ©dagogie de CĂ©lestin Freinet »[25] - [26]. Il Ă©crit sur le travail de groupe quâil pratique[27].
Avec Marc Berthou, il réfléchit à la pratique du jeu pédagogique, dans Jouer en classe en collÚge et en lycée[28], dans l'esprit d'une pédagogie du détour[29].
Ăcrivain
Jeune, il publie quelques poĂšmes et des nouvelles[30], sur le thĂšme de la Shoah, ou plus prĂ©cisĂ©ment, selon son expression, des « traces quâelle laisse dans nos vies »[31]. Il publie un premier roman en 2018, toujours autour de la question de la dĂ©portation : On ne sait pas grand-chose de la vie de A.[32], avant de se lancer dans des romans policiers « dĂ©coloniaux » oĂč il traite des rĂ©fugiĂ©s sans papiers (La cavale de Ferddy Mbemba, 2019)[33] et des « bavures policiĂšres » (Quand bave la police..., 2020)[34].
ParallÚlement, il fonde une maison d'édition sans but lucratif, « L'échelle du temple »[35].
Militant antiraciste
Il préside le comité de Soissons du MRAP de 1985 à 1995[36] - [37]. à partir de 2006, il est l'un des porte-parole du Collectif de défense des sans papiers de l'Aisne, appartenant au Réseau éducation sans frontiÚres[38]. Le journal L'Union rapporte qu'il est à l'initiative du Manifeste des enfants cachés, signé par des personnes juives qui ont été cachées sous l'Occupation nazie ou par leurs descendants, « en signe de solidarité à ceux qui aident les migrants, en dépit des risques pris »[39].
Co-prĂ©sident de lâUJFP en 2016-2017, il sillonne les banlieues pour des interventions antiracistes : il affirme dans une interview au Muslim Post : « En tant que juifs, dans les quartiers populaires, nous sommes extraordinairement accueillis »[40]. Il est qualifiĂ© d'antisioniste[41] - [42], se rĂ©clamant de lâhĂ©ritage du Bund[43].
Dominique Natanson dirige, avec André RosevÚgue, la publication de Une parole juive contre le racisme.
Il se dĂ©finit comme antiraciste « politique et dĂ©colonial » et vient publiquement en soutien Ă la militante antiraciste Houria Bouteldja lorsquâelle est accusĂ©e dâantisĂ©mitisme, signant plusieurs tribunes[44], et hĂ©bergeant sur son blog Mediapart la rĂ©ponse de la militante Ă ses dĂ©tracteurs[45].
Il publie, en 2020, un Guide du Soissons colonial qui critique lâomniprĂ©sence des noms de militaires colonialistes dans lâodonymie soissonnaise[46].
En 2021, il dĂ©pose plainte aprĂšs la publication de son nom dans une liste intitulĂ©e « islamo-gauchistes », tĂ©lĂ©chargeable sur le site d'extrĂȘme droite Fdesouche[47] - [48] - [49].
Publications
MĂ©moire
- La MĂ©moire juive en Soissonnais, MĂ©moires, 1990 (Prix Corrin contre lâoubli et la banalisation de la Shoah).
- Le Coup de sifflet du couvreur, Mémoires de jeunesse de Robert Carré de 1923 à 1946, Mémoires, 1994 (Préface et présentation).
- Guide du Soissons colonial, Ăditions Syllepse et Ă©ditions de lâĂ©chelle du temple, 2020.
PĂ©dagogie
- Jâai vĂ©cu au XVIIIe siĂšcle, cĂ©dĂ©rom, CNDP, 2001.
- J'enseigne, avec l'Internet, la Shoah et les crimes nazis, CRDP de Bretagne, 2002.
- Oser le travail de groupe, avec Jacques Natanson et Isabelle Andriot, Les clefs du quotidien, CRDP de Bourgogne, 2008.
- Jouer en classe en collÚge et en lycée, avec Marc Berthou, Fabert, 2013.
- Des ceintures pour évaluer les compétences des élÚves, avec Marc Berthou, Fabert, 2014.
- Une parole juive contre le racisme (dir.), Syllepse, 2016-2018.
Fiction
- DerniĂšres nouvelles de l'absence, nouvelles, Le DĂ©caĂšdre, 2002.
- Oubliez toutes ces histoires, nouvelles, Ăditions de lâĂ©chelle du temple, 2018.
- On ne sait pas grand-chose de la vie de A., roman, Ăditions de lâĂ©chelle du temple, 2018.
- La Cavale de Freddy Mbemba, polar, Ăditions de lâĂ©chelle du temple, 2019.
- Quand bave la police..., polar, Ăditions de lâĂ©chelle du temple, 2020.
Références
- Cherbourg-Octeville en 2000, puis commune déléguée dans Cherbourg-en-Cotentin depuis 2016.
- Denis Mahaffey, âDominique Natanson : militant contre le silenceâ.
- Notice biographique courte sur le site de Babelio.
- « Dominique Natanson, lutteur nĂ© », LâUnion,â (lire en ligne).
- Voir Autour de la librairie dâAron Natanson : Ătude de la vie intellectuelle autour d'une librairie du Quartier latin, Ă travers les Carnets et la correspondance d'Armand Petitjean(1932-1938).
- « Tragique destin de Lucien Natanson et de ses parents », sur d-d.natanson.pagesperso-orange.fr (consulté le ).
- Voir Les Justes qui mâont sauvĂ©.
- Interview de Dominique natanson dans la revue en ligne Le Café pédagogique.
- Voir ses dĂ©clarations dans le clip 1 de Paroles juives contre le racisme : 4â47ââ.
- Voir ses propositions de dispositif de stage dans la revue Les Cahiers pédagogiques, n°23, décembre 2011.
- « Apporter quelque chose de soi Ă Auschwitz », Les Cahiers pĂ©dagogiques, no 434,â (lire en ligne).
- Le Café pédagogique évoque la parution d'un travail réalisé avec ses élÚves qui ont écrit à partir des dessins de l'ancien déporté d'Auschwitz-Monowitz, Serge Smulevic, voir : « - A la Une : Jeune mémoire », sur www.cafepedagogique.net (consulté le ).
- Patrick Petit-Ohayon, Transmettre l'histoire de la Shoah ( Biblieurope éditeur, 2000, page 64) évoque ce travail réalisé « avec participation de la classe de 3e du CollÚge Maurice Wajsfelner de Cuffies (Aisne), nom d'un enfant juif de 10 ans, déporté depuis Soissons et disparu à Auschwitz. Ce travail retrace les douloureux évÚnements et les déportations de Juifs qui vivaient encore dans le Soissonnais à la veille de la Seconde guerre mondiale, grùce à des témoignages et à des documents d'archive. »
- Discours du rĂ©cipiendaire : « MĂ©moire juive en Soissonnais », DiffĂ©rences, no 139,â (lire en ligne).
- Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie : .
- Attribution du Prix Corrin contre l'oubli et la banalisation de la Shoah, dans Le Monde juif, n°149, 1993 et dans Le Monde de l'éducation, 1993.
- Le site de Dominique Natanson est ainsi Ă©voquĂ© par Gilles Karmasyn, en collaboration avec GĂ©rard Panczer, Michel Fingerhut, Le nĂ©gationnisme sur Internet - GenĂšse, stratĂ©gies, antidotes, dans Revue dâHistoire de la Shoah, 2000/3 (N° 170).
- Site recommandé par Le Café pédagogique : .
- Le Café pédagogique, 25 janvier 2009 : .
- Le site est prĂ©sentĂ© comme un outil pĂ©dagogique important par Barbara Lefebvre et Sophie Ferhadjian, Comprendre les gĂ©nocides du XXe siĂšcle comparer-enseigner, Ăditions BrĂ©al, 2007.
- Selon L'Union, 18 décembre 2002 : Internet utilisé comme outil de mémoire.
- Selon Daniel Letouzey, de l'Association des professeurs d'histoire-géographie : .
- François Jarraud le prĂ©sente ainsi : « J'ai vĂ©cu au XVIIIe siĂšcle est d'abord une immense base de donnĂ©es sur la sociĂ©tĂ© française au XVIIIe. Les 1686 documents concernent tous les mĂ©tiers (36 catĂ©gories sociales) et tous les aspects (Ă©ducation, vĂȘtement, loisirs, famille etc.) de la vie quotidienne. » : .
- Dans un article du Café pédagogique : .
- Fernand Muller, Manuel de survie Ă l'usage de l'enseignant (mĂȘme dĂ©butant), L'Ă©tudiant Ă©diteur, Prix Louis-Cros 2005 de l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques, page 387.
- Recension de son ouvrage Des ceintures pour évaluer les compétences des élÚves par Les Cahiers pédagogiques : .
- Recension de son ouvrage Oser le travail de groupe par la revue Les Cahiers pédagogiques : .
- Recension dans la revue Les cahiers pédagogiques : .
- Cette utilisation du jeu pédagogique participe d'une pédagogie du détour, comme l'analyse Julie Poirier dans son travail universitaire intitulé Travailler autrement pour motiver : la pédagogie du détour, sur le site du CNRS : .
- Une de ces nouvelles a paru dans la revue de psychanalyse, Imaginaire et Inconscient, 2001/3, p. 105 Ă 110 : .
- Article de LâUnion, 26 mars 2002 : La Shoah au cĆur des nouvelles de Dominique Natanson.
- .
- Recension dans LâAnticapitaliste : .
- {https://nouveautes-editeurs.bnf.fr/annonces.html?id_declaration=10000000587766&titre_livre=Quand_bave_la_police...].
- Denis Mahaffey, « Une nouvelle maison d'édition à Soissons », levase.fr, 30 octobre 2020.
- Différences, périodique du MRAP, n°138, février 1993, page 10.
- L'Aisne nouvelle, 14 décembre 1993, Le M.R.A.P. en assemblée, Dossiers locaux et lois Pasqua, Les anti-racistes veillent.
- Voir Le Vase communicant, n°287, 3 au 16 février 2020, page 10.
- L'Union, 13 avril 2017.
- Interview dans le Muslim Post : « En tant que juifs, dans les quartiers populaires, nous sommes extraordinairement accueillis ».
- « Le professeur dâhistoire (...), Dominique Natanson, juif antisioniste, dĂ©fend lâidĂ©e que toutes les manifestations du racisme doivent ĂȘtre combattues, pas seulement lâantisĂ©mitisme. » selon L'Union, 21 fĂ©vrier 2019 : .
- Sa position antisioniste est rapportée par Hassina Mechaï, Middle East Eye, 9 octobre 2018 : .
- Voir son article : ââAprĂšs la dĂ©claration Balfour, lâantisionisme du Bund polonais dans lâEntre-deux-guerresââ : .
- En 2017, dans Le Monde : et en 2021 : .
- Clavreul, CĂ©saire et moi. De lâInnocence des uns et de la Conscience des autres. .
- Voir LâUnion : Les hommes qui ont des rues Ă leur nom Ă Soissons le mĂ©ritent-ils vraiment ? .
- David Perrotin et JĂ©rĂŽme Hourdeaux, « Une cinquantaine de plaintes annoncĂ©es contre un fichier diffusĂ© par lâextrĂȘme droite », sur Mediapart, (consultĂ© le )
- Fabien Leboucq, « Que sait-on de cette liste de personnalités «islamogauchistes» hébergée par Fdesouche ? », sur Libération (consulté le )
- Olivier Tesquet, « Liste dâislamo-gauchistes de Fdesouche : les concernĂ©s contre-attaquent en justice », sur TĂ©lĂ©rama, (consultĂ© le )
Liens externes
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