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Dimension (théorie des graphes)

En mathématiques, et plus particuliÚrement dans la théorie des graphes, la dimension d'un graphe est le plus petit nombre entier tel qu'une représentation classique du graphe[1] dans l'espace affine euclidien de dimension ne comporte que des segments de longueur 1.

La dimension du graphe de Petersen est 2.

Dans cette dĂ©finition, les sommets doivent ĂȘtre distincts, mais il n'y a pas de contraintes sur le croisement des arĂȘtes. On note la dimension d'un graphe ainsi : .

Par exemple, le graphe de Petersen peut ĂȘtre tracĂ© avec des segments de longueur 1 sur le plan euclidien , mais pas sur la droite : sa dimension est 2 (figure).

Cette notion a Ă©tĂ© introduite en 1965 par Paul ErdƑs, Frank Harary et William Tutte[2]. Elle gĂ©nĂ©ralise Ă  une dimension quelconque la notion de graphe distance-unitĂ© du plan .

Exemples

Avec 4 sommets réguliÚrement espacés, on a besoin de 3 dimensions.

Graphe complet

Dans le pire des cas pour un graphe, tous les sommets sont reliés, c'est le graphe complet.

Il faut un espace euclidien de dimension pour y plonger le graphe complet Ă  sommets pour que toutes les arĂȘtes soient de longueur 1. Par exemple, il faut 2 dimensions pour le graphe complet Ă  3 sommets reprĂ©sentĂ© par un triangle Ă©quilatĂ©ral, 3 dimensions pour le graphe complet Ă  4 sommets reprĂ©sentĂ© par un quadrilatĂšre rĂ©gulier (figure), etc.

Dit autrement, la dimension du graphe complet coïncide avec la dimension du simplexe associé.

Tracé d'un graphe biparti complet en 3 dimensions.

Graphes bipartis complets

Un graphe en Ă©toile tracĂ© dans le plan avec des arĂȘtes de longueur 1.

Tous les graphes Ă©toile , pour sommets pĂ©riphĂ©riques, sont de dimension 2 (figure) : ils ont besoin d'un plan pour ĂȘtre tracĂ©s avec des arĂȘtes de longueur 1. Les graphes Ă©toile Ă  1 et 2 sommets pĂ©riphĂ©riques n'ont besoin que d'une droite (dimension 1).

La dimension d'un graphe biparti complet , pour , vaut 3 : sur la figure, on voit comment placer sommets sur un mĂȘme cercle et les 2 sommets restants sur l'axe de ce cercle. peut quant Ă  lui se tracer avec un losange dans un plan.

La dimension d'un graphe biparti complet général , pour et , vaut 4.

En résumé :

, selon les valeurs de et de

Dimension et nombre chromatique

ThĂ©orĂšme — La dimension de n'importe quel graphe est toujours infĂ©rieure ou Ă©gale au double de son nombre chromatique :

Dimension euclidienne

La roue à laquelle on a enlevé un rayon est de dimension 2.
La mĂȘme roue est de dimension euclidienne 3.

La notion de dimension d'un graphe présentée plus haut ne satisfait pas complÚtement certains auteurs. En effet :

  • si deux sommets de sont reliĂ©s par une arĂȘte, alors leur reprĂ©sentation les place Ă  1 unitĂ© de distance ;
  • en revanche, si dans la reprĂ©sentation, deux sommets sont Ă  une unitĂ© de distance, ils ne sont pas forcĂ©ment reliĂ©s dans le graphe.

La figure ci-contre montre le problÚme dans le cas d'un graphe roue à un sommet central et 6 sommets périphériques auquel on a retiré un des rayons. Sa représentation dans le plan admet deux sommets à distance 1, mais qui ne sont pas reliés.

Alexander Soifer dĂ©finit en 1991 la dimension euclidienne d'un graphe[4]. Avant lui, en 1980, Paul ErdƑs et MiklĂłs Simonovits l'avaient dĂ©jĂ  dĂ©finie sous le nom de dimension fidĂšle (faithful dimension)[5]. La dimension euclidienne d'un graphe est le nombre entier tel que dans une reprĂ©sentation classique de dans l'espace Ă  dimensions , deux sommets du graphe sont reliĂ©s si et seulement si leurs reprĂ©sentations sont Ă  une distance de 1.

On note cette dimension . Elle est toujours plus élevée que la dimension définie plus haut :

Ainsi, dans l'exemple du graphe roue auquel on a enlevĂ© une arĂȘte radiale, si l'on exclut que des sommets non reliĂ©s puissent ĂȘtre Ă  une distance de 1, il faut sortir un sommet du plan (illustration).

Dimension euclidienne et degré maximal

Paul ErdƑs et MiklĂłs Simonovits ont dĂ©montrĂ© en 1980 le rĂ©sultat suivant[5] :

ThĂ©orĂšme — La dimension euclidienne de n'importe quel graphe est infĂ©rieure ou Ă©gale au double de son degrĂ© maximal plus un :

Notes et références

  1. Dans la reprĂ©sentation classique d'un graphe, les sommets sont reprĂ©sentĂ©s par des points et les arĂȘtes par des segments de droite.
  2. (en) P. ErdƑs, F. Harary et W. T. Tutte, « On the dimension of a graph », Mathematika, no 12,‎ , p. 118 Ă  122 (lire en ligne)
  3. Le principe de cette preuve est dĂ» Ă  Lenz en 1955 ; il ne l'a pas publiĂ©e et on ne la connaĂźt que par Paul ErdƑs.
  4. (en) Alexander Soifer, The Mathematical Coloring Book, Springer, (ISBN 978-0-387-74640-1)
  5. (en) P. ErdƑs et M. Simonovits, « On the chromatic number of geometric graphs », Ars Comb., no 9,‎ , p. 229 Ă  246
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