Diagramme de Pourbaix
Un diagramme de Pourbaix, ou diagramme potentiel-pH (ou E-pH), indique sur un plan E/pH les domaines d'existence ou de prĂ©dominance des diffĂ©rentes formes (ions, complexe, prĂ©cipitĂ©, mĂ©tal) d'un Ă©lĂ©ment chimique. Ces diagrammes reposent essentiellement sur l'Ă©quation de Nernst et permettent de comprendre comment les propriĂ©tĂ©s d'oxydorĂ©duction d'un couple peuvent ĂȘtre modifiĂ©es par un changement d'aciditĂ© du milieu. Ils peuvent faire apparaĂźtre le domaine de stabilitĂ© de l'eau. Ils furent initialement dĂ©veloppĂ©s par Marcel Pourbaix en 1938.
Conventions
Pour tracer les courbes présentes sur les diagrammes, on considÚre que :
- Activité et concentration sont égales pour les espÚces en solution ;
- La température est prise égale à 25 °C.
Au niveau de la courbe, on a alors les propriétés suivantes :
- sur la courbe, la concentration totale dissoute pour un Ă©lĂ©ment donnĂ© est fixĂ©e. On peut donc trouver sur un diagramme un rĂ©seau de courbes, chaque courbe correspondant Ă une concentration donnĂ©e. Dans le domaine de la corrosion, on considĂšre gĂ©nĂ©ralement par convention qu'un mĂ©tal M se corrode si [Mn+] > 1 ĂâŻ10â6 mol Lâ1. On ne trouve alors qu'une sĂ©rie de courbes correspondant Ă une concentration dissoute Ă©gale Ă 1 ĂâŻ10â6 mol Lâ1 ;
- toujours au niveau de la courbe, il y a égalité des concentrations des espÚces oxydée et réduite.
Structure des diagrammes de Pourbaix
Les diagrammes de Pourbaix se prĂ©sentent avec en abscisse le pH (gĂ©nĂ©ralement de â1 Ă 15) et en ordonnĂ©e le potentiel de la solution considĂ©rĂ©e. Ce potentiel est le plus souvent donnĂ© par rapport Ă l'Ă©lectrode normale Ă hydrogĂšne.
Les domaines du haut du diagramme sont ceux des formes les plus oxydĂ©es de l'Ă©lĂ©ment. Sur l'exemple de l'arsenic, les diffĂ©rentes formes de As(V) sont au-dessus de celles de As(III) elles-mĂȘmes au-dessus de As(0).
Ă gauche apparaissent les domaines de prĂ©dominance des formes les plus acides comme H3AsO4 pour As(V) et H3AsO3 pour As(III). Puis, de la gauche vers la droite, apparaissent les formes de moins en moins acides H2AsO4â, HAsO42â et AsO43â.
Il est parfois judicieux de faire apparaßtre le domaine de stabilité du solvant, qui se traduit par deux droites de pente négative :
- la droite E = â0,06 pH (pour le couple de rĂ©duction de l'eau H+/H2 ;
- la droite E = 1,23-0,06 pH pour le couple d'oxydation de l'eau O2/H2O.
Au-dessus de ce domaine, les espÚces présentes sont susceptibles d'oxyder l'eau, et en dessous elles sont susceptibles de la réduire.
Diagramme des oxydes
Certains diagrammes de Pourbaix peuvent faire apparaĂźtre les oxydes d'un mĂ©tal et non ses ions et ses hydroxydes. Les hydroxydes sont en effet parfois notĂ©s comme des hydrates d'oxydes (par exemple, l'hydroxyde de cuivre(II) Cu(OH)2 peut ĂȘtre notĂ© CuO, H2O.
Limites
- Les diagrammes de Pourbaix sont construits Ă partir de donnĂ©es thermodynamiques : ils n'apportent donc aucune donnĂ©e quant Ă la vitesse des rĂ©actions de transformation qu'ils peuvent indiquer. Par exemple, lorsqu'on utilise le diagramme de Pourbaix d'un mĂ©tal pour prĂ©voir sa stabilitĂ© dans diffĂ©rents milieux, mĂȘme si on se situe dans un domaine oĂč le mĂ©tal est censĂ© se corroder, cela ne nous indique rien sur la vitesse de cette corrosion. Elle peut en fait ĂȘtre trĂšs lente.
- Les diagrammes de Pourbaix dépendent fortement de la concentration en élément chimique et légÚrement de la température.
- La grande majorité des diagrammes de Pourbaix disponibles dans la littérature ne tiennent compte que de la formation d'ions simples ou d'oxydes. On se rappellera donc, lorsqu'on souhaite les utiliser pour prévoir la durabilité d'un métal, qu'ils ne tiennent donc pas compte de l'éventuel présence de complexants dans l'environnant.
Généralisation
Les diagrammes potentiel-pH sont des cas particuliers de diagramme potentiel-pL (L pour ligand) pour lesquels la grandeur en abscisse n'est pas âlog[H+] mais âlog[ligand]. De tels diagrammes donnent (comme les diagramme potentiel-pH) les zones de stabilitĂ© des diffĂ©rents complexes ou d'existence des diffĂ©rents prĂ©cipitĂ©s qu'un mĂ©tal forme avec un ligand.
Voir aussi
Bibliographie
- M. Pourbaix, Atlas d'Ă©quilibres Ă©lectrochimiques, Gauthier-Villars, paris, 1963.