Deux mélodies op.19 (Roussel)
Deux mélodies, op. 19, est un recueil de mélodies pour chant et piano d'Albert Roussel, composé en 1918 sur des poèmes de G. Jean-Aubry et Ernest Henry Clark Oliphant (en).
Deux mélodies op. 19 (L 21) | |
Genre | Mélodie |
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Musique | Albert Roussel |
Texte | G. Jean-Aubry (no 1), Ernest Clark Oliphant (no 2) |
Langue originale | français (no 1), anglais (no 2) |
Effectif | chant et piano |
Durée approximative | 1 min 30 s (no 1), 2 min (no 2) |
Dates de composition | août 1918 |
Dédicataire | Mme Gaston Frager (no 1), Edwin Evans (no 2) |
Création | Société nationale de musique, Salle des Agriculteurs, Paris |
Interprètes | Lucy Vuillemin (voix),Louis Vuillemin (piano). |
Présentation
Textes
Les textes des mélodies sont dus à G. Jean-Aubry et Ernest Oliphant[1] - [2].
Le poème de Jean-Aubry, Light (incipit : « Des larmes ont coulé »), est un inédit qu'il fait parvenir au compositeur, qui le mentionne dans une lettre datée du . Le texte ne paraîtra qu'en 1957 dans la plaquette Le Nain vert éditée chez Stols à Maestricht[2].
On ne sait pas comment Roussel connut le poème d'Oliphant A Farewell (en anglais)[2].
Mélodies
Albert Roussel compose ses Deux mélodies en août 1918[2] :
- « Light » [Lumière][1] — Très lent ( = 108) en fa dièse mineur, Ã
— dédié à Mme Gaston Frager ; - « A Farewell » [Un adieu][1] — Lent en do mineur, Ã
— dédié à Edwin Evans.
Les manuscrits autographes sont respectivement datés des et , à Perros-Guirec. La partition est publiée l'année suivante par Durand[2].
L'ensemble porte le numéro d'opus 19 et, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par la musicologue Nicole Labelle, le numéro L 21[3].
Création
Les Deux mélodies sont créées le à la salle des Agriculteurs à Paris, par la cantatrice Lucy Vuillemin et Louis Vuillemin au piano, lors d'un concert de la Société nationale de musique[2] - [4].
Analyse
Pour Gilles Cantagrel, la première mélodie du cycle, Light, est une « désolation devant l'amour perdu[1] ». Un glas lancinant parcourt les croches du piano, dans un tempo très lent Ã
, dont la tristesse est renforcée par un « ondulant contre-chant » et des « basses modulant chromatiquement », ainsi qu'une « ligne vocale sans nul effet, calquée sur le débit du texte ». Dans cette atmosphère, la dernière phrase, soudain en majeur, fait figure de « lumière d'un pâle sourire[1] ».
La deuxième mélodie, A Farewell, est « un nouvel adieu, presque dramatique, celui d'une inévitable rupture[1] ». Dans le grave, au piano, se déhanche une formule rythmique sur une pédale, sous une « lugubre sonnerie de cloches [et] se répète mesure après mesure ». À la main droite, des accords frappent « un Dies irae stylisé (blanches, puis noires et croches) ». La disposition est ensuite inversée. Au-dessus, « la ligne de chant se fait presque hiératique, sans céder au pathétisme[1] ».
Pour Damien Top, les Deux mélodies op. 19, « avec leurs formules obsessionnelles, traduisent la stupéfaction et l'hébétude qui suivit le carnage" de la Première Guerre mondiale[5] ».
La durée moyenne d'exécution de l’ensemble est de six minutes environ[4].
Discographie
- Albert Roussel : les mélodies (intégrale) — Marie Devellereau (soprano), Yann Beuron (ténor), Laurent Naouri (baryton), Billy Eidi (piano), Timpani 2C2064 (2001)[6].
- Albert Roussel Edition (CD 9) — José van Dam (baryton-basse), Kurt Ollmann (baryton), Dalton Baldwin (piano), Erato 0190295489168 (2019)[7].
Bibliographie
Ouvrages généraux
- Gilles Cantagrel, « Albert Roussel », dans Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dir.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1), p. 571-577.
Monographies
- Lucie Kayas, « Catalogue des œuvres », dans École normale de musique de Paris, Jean Austin (dir.), Albert Roussel, Paris, Actes Sud, , 125 p. (ISBN 2-86943-102-3), p. 46–95.
- Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p.
- Damien Top, Albert Roussel : Un marin musicien, Biarritz, Séguier, coll. « Carré Musique », , 170 p. (ISBN 2-84049-194-X).
- Damien Top, Albert Roussel, Paris, Bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 53), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-062-0).
Références
- Cantagrel 1994, p. 574.
- Labelle 1992, p. 39.
- Labelle 1992, p. 38.
- (en) Adrian Corleonis, « Mélodies (2), for voice & piano, ... | Details », sur AllMusic (consulté le )
- Top 2016, p. 99-100.
- Jean Christophe Henry, « Roussel - Mélodies - Intégrale - Timpani », sur www.forumopera.com (consulté le )
- Pierre Jean Tribot, « Albert Roussel, le coffret aux trésors », sur Crescendo Magazine,
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :