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Dessin en direct

Le dessin en direct est une prestation qui consiste à dessiner de manière très réactive, en prenant comme matière le propos d'une conférence, d'un enseignement, d'un débat ou tout autre événement, en sorte que le dessin soit vu immédiatement, en cours de réalisation ou terminé, par les participants ou les spectateurs.

Dessin d'après nature

Le dessin d'après nature, relevant gĂ©nĂ©ralement du simple croquis, est une pratique fondamentale dans le domaine du dessin. Jusqu'Ă  l'invention de la photographie (et la possibilitĂ© de prendre des photographies instantanĂ©es), puis du cinĂ©ma, le dessin Ă©tait le seul moyen d'obtenir des images d'actualitĂ©, qui Ă©taient reproduites ou interprĂ©tĂ©es par la gravure, et publiĂ©es par le biais de la presse ou par des estampes. Les Ă©vĂ©nements qui pouvaient ĂŞtre prĂ©vus se voyaient donc « couverts Â», au sens journalistique, par des dessinateurs, Ă  charge pour eux d'en livrer une reprĂ©sentation par dessin, gravure ou peinture. Ce type de dessin survit aujourd'hui grâce Ă  une disposition particulière de la loi, qui interdit en France la photographie ou prise de vue cinĂ©matographique ou tĂ©lĂ©visuelle dans les tribunaux. On a donc toujours recours Ă  des dessinateurs pour rĂ©aliser des croquis d'audience reprĂ©sentant visages et attitudes des divers intervenants, dessins qui seront ensuite relayĂ©s par les mĂ©dias traditionnels.

Dessin spectacle

Le dessin en direct, sous les yeux de spectateurs, est une pratique courante chez de nombreux artistes comme les dessinateurs et caricaturistes de rue. Le spectacle qu’ils donnent ainsi fait partie de leur promotion. C’est devenu un numéro de cabaret : l'artiste, doté de préférence d'un talent de comédien ou de bonimenteur, réalise dessins et caricatures avec une spontanéité plus ou moins travaillée. Certains artistes contemporains réalisent dessins ou peintures dans une sorte de chorégraphie très gestuelle, avec accompagnement de musique. Ces prestations en public obligent l'artiste à travailler sur des grands formats, et dans des salles de dimensions modestes, à moins d’être simultanément filmés et relayés sur écran en vidéo.

Faisant appel aux techniques de projection en direct, certains artistes dessinent avec du sable dĂ©posĂ© sur une table lumineuse, se servant de leurs doigts ou d'outils variĂ©s pour crĂ©er personnages et paysages. La matière peut donner une grande poĂ©sie Ă  ces « sables mouvants Â»[1].

En 2010, au festival d'Avignon, les dessinateurs Dupuy et Berberian on accompagné en dessins en direct un concert de Rodolphe Burger[2].

CinĂ©ma : le « faux direct Â»

Le dessin, ou la peinture, en train de se faire exerce toujours une certaine fascination pour le spectateur. Le cinéma l'a compris très vite. La position de la caméra, ses possibilités de se rapprocher ou de s'éloigner du sujet, et le montage qui permet d'éliminer les temps morts et de donner un rythme, a souvent exploité ce thème. Un des exemples les plus représentatifs est Le Mystère Picasso de Henri-Georges Clouzot, où la création n'est pas seulement enregistrée, comme dans un documentaire classique, mais presque scénarisée et mise en scène, tout en laissant à l'artiste une entière liberté.

L'amĂ©ricain Winsor McCay, le crĂ©ateur de Little Nemo, dotĂ© d'une force de travail peu commune et virtuose, a longtemps Ă©tĂ© un « dessinateur forain Â». Un des premiers Ă  comprendre l'importance du cinĂ©ma et du dessin animĂ©, il crĂ©e Gertie le dinosaure, premier personnage de dessin animĂ© dotĂ© d'une personnalitĂ©, et il prĂ©sente ses films en s'intĂ©grant lui-mĂŞme Ă  l'histoire : ce n'est pas du dessin en direct, mais l'auteur se met en scène avec son dessin, devant un public. Plus tard, McCay le solitaire est dĂ©passĂ© par les grands studios et il se remet Ă  faire des dessins d'actualitĂ© pour les journaux. Le principe du mĂ©lange dessin animĂ© et prĂ©sence du dessinateur, lui-mĂŞme filmĂ© « en abyme Â», est un classique du spectacle du cabaret ou du cinĂ©ma des annĂ©es 1900.

Télévision

La tĂ©lĂ©vision a dĂ©couvert assez vite l'attrait que reprĂ©sente un dessin en train de se faire sous les yeux du spectateur. Une Ă©mission Ă  succès, en France, fut Tac au tac, de Jean Frapat, qui dura de 1969 Ă  1975, oĂą les dessinateurs (gĂ©nĂ©ralement de bande dessinĂ©e) s'affrontaient deux Ă  deux pour rĂ©aliser des sortes de « cadavres exquis Â» en dessins. Le principe de l'Ă©mission a Ă©tĂ© repris dans la plupart des festivals de bande dessinĂ©e.

La télévision, toujours plus près du direct, emploie des dessinateurs pour réagir à l'actualité. Ce sont des dessinateurs de presse, déjà habitués à être très réactifs. Ils travaillent soit de manière traditionnelle sur papier, devant ou sous une caméra, ou directement sur tablette graphique et l'image est alors diffusée directement. En France c'est l'émission hebdomadaire de Michel Polac, Droit de réponse, à partir du , qui popularise ce type d'intervention, et c'est d'ailleurs un dessin de Wiaz qui provoque l'arrêt de l'émission, en . Ont participé à l'émission les dessinateurs Cabu, Plantu, Siné, Georges Wolinski…

Animation de congrès, séminaires et autres événements

Ă€ partir de cette Ă©poque, le principe s'est appliquĂ© dans des sĂ©minaires et colloques, organisĂ©s par des entreprises ou des collectivitĂ©s. Le dessinateur fait partie de l'Ă©ventail des animations possibles afin d'assurer une partie distractive et ludique. Les possibilitĂ©s d'intervention dans tous types d'Ă©vĂ©nements sont multiples, comme les fĂŞtes, les mariages, et ne se limitent pas Ă  un dessin de type « presse Â» ou satirique. Certains artistes proposent des crĂ©ations numĂ©riques projetĂ©es en temps rĂ©el et utilisables ultĂ©rieurement.

MĂ©thodes

Le dessinateur travaille soit directement dans la salle, parmi le public, soit en rĂ©gie. Il peut dessiner sur papier, et afficher ses dessins de manière qu'ils soient vus par le public Ă  la pause ou Ă  la sortie. Mais le propre de cette activitĂ©, le dessin rĂ©actif en direct, se pratique de prĂ©fĂ©rence avec un procĂ©dĂ© de projection, pour que le public le voie immĂ©diatement, Ă©ventuellement en cours de rĂ©alisation, ou aussitĂ´t après. Le rĂ©troprojecteur a Ă©tĂ© utilisĂ©, obligeant Ă  dessiner sur des transparents, mais il a Ă©tĂ© rapidement supplantĂ© par la camĂ©ra banc-titre qui permet de dessiner sur le support de son choix, de mettre en couleur ou non, et de projeter l’image ; le banc-titre tend Ă  ĂŞtre remplacĂ© par le visualiseur, une camĂ©ra de type webcam, plus lĂ©gère, qui fait maintenant partie de l’équipement personnel du dessinateur. La tablette graphique est aussi utilisĂ©e via un ordinateur reliĂ© Ă  un vidĂ©oprojecteur. Selon les cas, le dessinateur est libre d'« envoyer Â» lui-mĂŞme son dessin, sinon il est reliĂ© par un casque et un micro avec la rĂ©gie qui se charge de la projection Ă  sa demande. Le dĂ©lai de projection du dessin peut influencer le rythme et le contenu mĂŞme du dessin : plus la projection est instantanĂ©e, plus le dessin peut ĂŞtre lĂ©ger et porter sur un point de dĂ©tail, Ă  l'inverse une projection lente implique un dessin « de fond Â». La personnalitĂ© du dessinateur peut donner des rĂ©sultats très diffĂ©rents : certains s'attachent Ă  faire une illustration du propos, d'autres sont plus portĂ©s sur la caricature des personnes.

Ce type de prestation est une animation, et les dessins restent légalement la propriété du dessinateur, sauf contrat différent. Les dessins sont souvent réutilisés pour l'illustration des comptes rendus, ou pour constituer un recueil-souvenir.

Notes et références

  1. The moving sand, de David Myriam :
  2. « festival-avignon.com/fr/Specta… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).

Bibliographie

  • Jean Frapat, Tac au tac, Paris, Balland, 1973.
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