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Descente aux Enfers (icônes)

La Descente aux Enfers ou Descente aux Limbes (en langue russe: Сошествия во ад) est un des sujets d'icônes qui accompagne la représentation de la Résurrection de Jésus-Christ[1] - [2] - [3].

Descente aux Enfers Andreï Roublev (?), 1408—1410 Galerie Tretiakov

Histoire

Il faut constater que jusqu'au milieu du XVIIIe siècle il n'y avait pratiquement pas d'autres représentations iconographiques de la Résurrection dans le monde byzantin et orthodoxe, que celles qui liaient le sujet à celui de la Descente aux Enfers. Cela a assuré à ce type d'icône une grande diffusion et partant une grande popularité. Dans le registre des iconostases ce type d'icône est placé au niveau des douze grandes fêtes évangéliques reconnues par l'Église grecque : l' Annonciation, la Nativité, la Présentation au temple, le Baptême, la Résurrection de Lazare, la Transfiguration, l'Entrée à Jérusalem, la Crucifixion, la Résurrection, l'Ascension, la Pentecôte, l'Assomption (ou Dormition chez les orthodoxes). Le thème de la Résurrection n'est pas suggéré par les Saintes Femmes au tombeau (les Myrrhophores) ni comme dans l'art occidental par le Christ émergeant de son sarcophage. S'inspirant de l'Évangile apocryphe de Nicodème avec la Descente aux Enfers, le Sauveur renverse les portes de l'Hadès qui se brisent sous ses pieds, et tend une main secourable à Adam et Ève[4]. Il délivre également les âmes des justes qui se trouvaient dans l'Enfer pour leur ouvrir les portes du Royaume des cieux.

Le thème apparaît dès le IXe siècle dans les miniatures du Psautier Chludov et au Xe siècle dans les fresques et icônes[5].

Descente aux Enfers de Dionisius (?) (Monastère de Ferapontov) 1502 -1503, Musée Russe

Variantes

Il existe des nombreuses variantes iconographiques sur le sujet. Mais elles apparaissent pour la plupart en Occident car dans l'orthodoxie les sujets sont souvent traités de manière immuable et uniforme Ce qui s'explique par l'emploi de manuels de références pour les artistes[6]. Les principales sont [7]:

  • type narratif : le Christ vient à la rencontre d'Adam ;
  • type renaissance où le Christ entraîne Adam derrière lui. Le Christ prend la place de l'empereur tendant la main aux prisonniers libérés. Ce type de représentation prend naissance au IXe siècle sur base de modèles numismatiques des IVe siècle et Ve siècle .
  • type dogmatique où le Christ est représenté frontalement à l'avant de l'icône en tendant les bras ouverts, avec une auréole, au milieu d'une mandorle. Ce type apparaît au IXe siècle et provient de textes liturgiques du Samedi saint et de Pâques. Il est également lié à des canons de Jean Damascène pour les vêpres de la liturgie de Pâques (Psaumes 82:8).
  • type synthétique des deux icônes russes remarquables qui pourraient être dues, l'une à Andreï Roublev, et l'autre à Dionisius. Ceci à pratiquement un siècle de distance. Ces attributions ne sont toutefois certaines pour aucune des deux icônes. Elles sont parfois mentionnées, mais le plus souvent, actuellement, il n'est fait mention que de l'école de Moscou ou d'élèves de ces deux grands maîtres russes.

Descente aux Enfers attribuée à Dionisius

Selon Véra Traimond et d'autres historiens d'art cette œuvre pourrait être attribuée à Dionisius. Elle provient de l'iconostase de l'église de la Nativité-de-la-Vierge du monastère de Ferapontov et date de 1502-1503. Elle est exposée au Musée russe de Saint-Pétersbourg. Le Christ est placé au centre dans une mandorle bleue et fait sortir de leur cercueil Adam et Ève puis ceux qui sont placés derrière eux : les patriarches, les prophètes. Les anges dans la mandorle tiennent des sphères en main, symbole de vertu, et pourchassent de leurs longues lances rouges les démons placés sous les pieds du Christ, en Enfer, symboles de tous les vices. Satan lui-même est enchaîné par deux beaux anges vêtus de jaune et de rose. Avec les Justes, ils forment des ensembles clairs au milieu des tristes couleurs de l'Enfer. Le Christ est debout sur ce qui reste des portes de l'Enfer et qui forme une croix de Saint-André. Au dessus de l'icône trois anges supportent la Croix du Golgotha[8].

Liens externes

Notes et références

  1. Léonide Ouspensky, « La Résurrection du Christ », 5, Журнал Московской патриархии, , p. 28
  2. La terminologie orthodoxe ne reprend pas le terme limbes mais seulement celui d'enfers. Dans le domaine artistique il est utilisé en russe pour traduire le nom des œuvres occidentales qui en font mention. Le terme Limbes est un terme de théologie catholique médiévale qui n'apparaît ni dans la Bible, ni chez les Pères de l'Église, ni dans la théologie orthodoxe
  3. Didier Lett, article « Limbes » du Dictionnaire du Moyen Âge (dir. Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink), Presses Universitaires de France, 2002, p. 834.
  4. Louis Réau,L'art russe des origines à Pierre le Grand, Henri Laurens éditeur à Paris, 1920, p. 145
  5. Encyclopédie orthodoxe/ Воскресение Иисуса Христа // Православная энциклопедия. Том IX: «Владимирская икона Божией Матери — Второе пришествие». — М.: Церковно-научный центр «Православная энциклопедия», 2005. — С. 414-423. — 752 с. — 39 000 экз. — (ISBN 5-89572-015-3)
  6. Louis Réau "L'art russe des origines à Pierre le Grand "Henri Laurens éditeur à Paris 1920 p. 141
  7. (ru) types d'icônes /Икона-мощевик «Сошествие в ад»
  8. Véra Traimond, La peinture de la Russie ancienne, Bernard Giovanangeli éditeur, Paris 2010 (ISBN 978 2 7587 0057 9) p. 407 à 409.
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