LĂ©onide Ouspensky
LĂ©onide Ouspensky (en russe : ĐĐ”ĐŸĐœĐžĐŽ ĐлДĐșŃĐ°ĐœĐŽŃĐŸĐČĐžŃ ĐŁŃĐżĐ”ĐœŃĐșĐžĐč, Leonid Aleksandrovitch Ouspenski) est un iconographe et iconologue orthodoxe, nĂ© en 1902 en Russie et dĂ©cĂ©dĂ© en 1987 Ă Paris.
Naissance | Golosnovka (d) |
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Activités |
Historien de lâart, peintre, iconographe |
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Lydia Ouspensky (d) |
Biographie
LĂ©onide Alexandrovitch Ouspensky est nĂ© le Ă Golaya Snova (aujourd'hui Golosnovka) dans la partie Nord du gouvernement de Voronej, Ă 70 kilomĂštres de la ville de Zadonsk en Russie. On lui donna le nom d'un saint commĂ©morĂ© en Russie le jour de sa naissance. Son pĂšre appartenait Ă la petite noblesse provinciale ; sa mĂšre, nĂ©e Koutouzov, Ă©tait dâune famille paysanne.
Il fit ses Ă©tudes secondaires Ă Zadonsk jusquâen 1917. Ă partir de 1918 il combattit dans lâArmĂ©e rouge, avant dâĂȘtre fait prisonnier en 1920, et dâĂȘtre Ă©vacuĂ© par lâArmĂ©e blanche de SĂ©bastopol Ă Gallipoli puis dâĂȘtre envoyĂ© en Bulgarie, oĂč il fit divers travaux dont celui de mineur, jusquâen 1926. Suivant des recruteurs français, il signa un contrat avec les usines Schneider du Creusot et arriva en France en 1926. Victime dâun accident en travaillant dans les hauts-fourneaux, il se rendit Ă Paris oĂč il trouva du travail dans une usine qui fabriquait des piĂšces de bicyclettes.
En 1929, il suivit parallĂšlement les cours de lâAcadĂ©mie de peinture qui venait dâĂȘtre fondĂ©e par Tatiana Lvovna Soukhotina, fille de LĂ©on TolstoĂŻ, et oĂč enseignaient des peintres renommĂ©s, comme Nicolas Millioti et Constantin Somov. Il y fit la rencontre de Georges Ivanovitch Kroug (le futur moine et cĂ©lĂšbre iconographe GrĂ©goire), avec lequel il allait se lier dâamitiĂ© jusquâĂ la mort de ce dernier.
Avec lui, ils dĂ©cida dâabandonner la peinture profane pour se consacrer entiĂšrement Ă lâiconographie, quâils avaient dĂ©couverte ensemble. G. Kroug connaissait dĂ©jĂ un peu la technique ; L. Ouspensky prit quelques leçons chez lâiconographe vieux-croyant Fedorov, mais se forma aussi en regardant les belles icĂŽnes anciennes que lâon trouvait alors en abondance chez les antiquaires parisiens. Comme G. Kroug, il adhĂ©ra vers la fin des annĂ©es trente Ă la ConfrĂ©rie Saint-Photius, qui Ă©tait fortement attachĂ©e Ă la tradition (en opposition Ă Serge Boulgakov et Ă ses disciples de l'Institut de thĂ©ologie orthodoxe Saint-Serge) mais militait en mĂȘme temps pour implantation de lâOrthodoxie en France par lâutilisation du français comme langue liturgique. Il sây lia particuliĂšrement avec Vladimir Lossky, Maxime Kovalevsky et son frĂšre Eugraph Kovalevsky.
Lorsque vint lâOccupation, les autoritĂ©s allemandes mobilisĂšrent L. Ouspensky pour travailler en Allemagne dans lâindustrie de guerre. Il dĂ©serta et dut mener une vie clandestine, ce qui lui donna la possibilitĂ© de se consacrer entiĂšrement Ă la peinture et Ă la restauration dâicĂŽnes, ainsi quâĂ la sculpture sur bois et sur pierre et Ă lâart du mĂ©tal repoussĂ© dans le style iconographique. En 1942, il Ă©pousa Lydia Alexandrovna Miagkov, qui allait ĂȘtre dĂ©sormais pour lui un fidĂšle soutien, collaborant en particulier Ă la rĂ©daction de ses Ă©crits.
Ă la LibĂ©ration, la ConfrĂ©rie Saint-Photius, dont les membres Ă©taient restĂ©s fidĂšles au Patriarcat de Moscou aprĂšs quâun certain nombre de paroisses dâEurope occidentale sâen furent sĂ©parĂ©es en 1931, crĂ©a Ă Paris lâInstitut Saint-Denys, oĂč lâenseignement Ă©tait dispensĂ© en français. Le recteur et le professeur de thĂ©ologie dogmatique en Ă©tait Vladimir Lossky ; le cours dâiconographie fut confiĂ© Ă L. Ouspensky. AprĂšs la rupture qui se produisit au sein de la ConfrĂ©rie par la faute dâEugraph Kovalevsky, Vladimir Lossky et LĂ©onide Ouspensky transfĂ©rĂšrent, en 1954, leurs cours au 26 rue PĂ©clet, oĂč se trouvait le siĂšge de lâexarchat du patriarche russe en Europe occidentale et l'Ă©glise cathĂ©drale des Trois Saints HiĂ©rarques.
En 1948, Ouspensky publia une petite brochure en français, expliquant la nature de lâicĂŽne : LâIcĂŽne, quelques mots sur son sens dogmatique. En 1952 il publia, en collaboration avec V. Lossky, Le sens des icĂŽnes, Ă©ditĂ© en Suisse simultanĂ©ment en allemand et en anglais. Il Ă©crivit aussi un article sur lâĂglise et lâicĂŽne orthodoxes pour lâencyclopĂ©die allemande [Symbolisme des religions]. Le cours dâiconologie que dispensait Ouspensky servirent de base au livre La ThĂ©ologie de lâicĂŽne qui fut Ă©ditĂ© par lâExarchat en 1960 en français, puis en anglais Ă New York en 1977. Les annĂ©es suivantes, Ouspensky complĂ©ta ce cours par des articles qui parurent dans le Messager de lâexarchat du patriarche russe en Europe occidentale. Lâensemble constitua une nouvelle Ă©dition de ThĂ©ologie de lâicĂŽne, qui fut Ă©ditĂ©e en 1980 par le directeur des Ă©ditions du Cerf, le pĂšre dominicain Jean-RenĂ© Bouchet, qui Ă©tait un grand admirateur dâOuspensky. Ce livre â qui fut traduit en anglais en 1992, en italien en 1995, en polonais en 1991, en roumain en 1994, en grec en 1996 et en russe en 1997 â allait jouer un rĂŽle considĂ©rable dans la formation des nouvelles gĂ©nĂ©rations dâiconographes dans tous les pays orthodoxes, et provoquer â en parallĂšle avec les cours dispensĂ©es chaque semaine dans les locaux de lâExarchat Ă des Ă©lĂšves venus du monde entier â un retour Ă lâiconographie orthodoxe traditionnelle, alors que celle-ci avait connu depuis le XVIIe siĂšcle une dĂ©cadence (liĂ©e aux influences occidentales) quâOuspensky nâavait cessĂ© de dĂ©noncer.
Selon le tĂ©moignage de son Ă©pouse, LĂ©onide Ouspensky avait une grande capacitĂ© de travail : sa journĂ©e comptait de treize Ă quatorze heures, oĂč il alternait la peinture, la restauration, la sculpture et le travail du mĂ©tal repoussĂ©, laissant les soirĂ©es et les fĂȘtes Ă lâĂ©criture de ses articles. Il maniait la parole avec difficultĂ© et une grande concentration. Durant ses cours mĂȘmes, quâil voulait avant tout pratiques, il parlait trĂšs peu, mais ses quelques remarques prenaient un grand poids ; il refusait les confĂ©rences et les Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision. Avant sa mort, il regrettait de ne pas avoir su dire lâessentiel.
Léonide Ouspensky est décédé dans la nuit du 11 au . Il est enterré au cimetiÚre russe de Sainte-GeneviÚve-des-Bois.
Ćuvre iconographique
LĂ©onide Ouspensky a peint de nombreuses icĂŽnes et fresques, et rĂ©alisĂ© des sculptures sur bois (principalement des croix), quelques sculptures sur pierre, et quelques Ćuvres en mĂ©tal repoussĂ©. Les reproductions dâune partie dâentre elles figurent dans :
- Simon Doolan, La redĂ©couverte de lâicĂŽne, Ăditions du Cerf, Paris, 2001.
- L'iconographie de l'Ăglise des Trois Saints HiĂ©rarques et l'Ćuvre de L. A. Ouspensky et du moine GrĂ©goire Krug, Ă©d. de la Paroisse des Trois Saints HiĂ©rarques, Paris, 2001
- ThĂ©ologie en couleur. Les fresques des fĂȘtes en la cathĂ©drale des Trois Saints HiĂ©rarques, Ă©d. de la Paroisse des Trois Saints HiĂ©rarques, Paris, 2007
Publications
- LĂ©onide Ouspensky, LâicĂŽne, vision du monde spirituel : quelques mots sur son sens dogmatique, SĂ©tor, Paris, 1948
- LĂ©onide Ouspensky et Valdimir Lossky, Le sens des icĂŽnes, traduit du russe par Lydia Ouspensky, Ăditions du Cerf, Paris, premiĂšre Ă©dit. 1950, rĂ©Ă©d. 2007, 2003,
- LĂ©onide Ouspensky, LâicĂŽne de la NativitĂ© du Christ, Ăditions orthodoxes, Paris, 1951
- LĂ©onide Ouspensky, Essai sur la thĂ©ologie de lâicĂŽne dans l'Ăglise orthodoxe, vol. I, Ăditions de lâExarchat patriarcal russe en Europe occidentale, 1960
- LĂ©onide Ouspensky, La thĂ©ologie de l'icĂŽne dans l'Ăglise orthodoxe, Ăditions du Cerf, Paris, 1980, 2e Ă©d. 2003, rĂ©Ă©d. 2007.
- Léonide Ouspensky, Vers l'unité ?, YMCA press, Paris, 1987.
Bibliographie
- PÚre Simon Doolan et J.-C. Larchet, La Redécouverte de l'icÎne : La Vie et l'Oeuvre de Léonide Ouspensky, Cerf, coll. « Théologie », (ISBN 978-2-204-06608-2)
- Léonide Ouspensky et Vladimir Lossky, Le sens des icÎnes, Cerf, coll. « Images », , 202 p. (ISBN 978-2-204-07185-7)
- Léonide Ouspensky, La Théologie de l'icÎne, Cerf, coll. « Bib Cerf », , 527 p. (ISBN 978-2-204-06689-1)
- Monseigneur Innocent, L'iconographie de l'Eglise des trois saints hiérarques : Et l'oeuvre de léonide A. Ouspensky et du moine Grégoire Krug, Cerf, , 143 p. (ISBN 978-2-204-08629-5)
- Fabrice Douar, Jannic Durand et Dorota Giovannoni, Sainte Russie : L'album de l'exposition, Paris, Somogy Ă©ditions d'art, , 47 p. (ISBN 978-2-7572-0349-1)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « Ouspensky, Léonide » dans IdRf, le référentiel des autorités Sudoc
- Biographie en anglais et reproductions dâun choix dâĆuvres sur le site Saint Gregory of Sinai Monastery
- "Les saintes icĂŽnes", par LĂ©onide Ouspensky
- "Le sens dogmatique de l'icĂŽne" par LĂ©onide Ouspensky
- "André Roublev" par Léonide Ouspensky
- "Lâimage du Christ non faite de main dâhomme" par LĂ©onide Ouspensky
- "Une leçon dâiconographie avec LĂ©onide Ouspensky. Extraits dâune entretien avec Chantal Savinkoff"
- Grégoire Aslanoff, "Ma figure spirituelle : Léonide Ouspensky", dans La Vie, n° 3360, du 21 janvier 2010
- Joris van Ael, « LâicĂŽne selon LĂ©onide Ouspensky », Ă©mission de RCF CĂŽte dâAzur
Sources
- Simon Doolan, La redĂ©couverte de l'icĂŽne, La vie et l'Ćuvre de LĂ©onide Ouspensky, Ăditions du Cerf, Paris, 2001, avec, en introduction, la biographie de L. Ouspensky Ă©crite par son Ă©pouse Lydia
- Revue Le Messager orthodoxe, numéro 112, Théologie de l'icÎne, in memoriam Léonide Ouspensky, YMCA press, Paris, 1989