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Denis Silagi

Denis Silagi (de son nom de naissance Dénes Szilágyi ; en hongrois : Szilágyi Dénes), né le à Budapest et mort le à Munich, est un historien et interlinguiste hongrois.

Denis Silagi
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  95 ans)
Munich
Nom dans la langue maternelle
Szilágyi Dénes
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Voice of America (-)
Idéologie
Membre de
Academia pro Interlingua (-)
Betar ()
Gesellschaft fĂĽr Interlinguistik (d)
Lieu de détention
Camp de concentration de Leitmeritz (en) (1942-1945)

Biographie

DĂ©nes Szilágyi[Note 1] naĂ®t le Ă  Budapest§ 2_1-1">[1]. Fils du poète, Ă©crivain et chercheur en psychanalyse GĂ©za Szilágyi, issu de la communautĂ© juive de Hongrie[2], il grandit Ă  une Ă©poque oĂą l'anglais ne s'est pas encore imposĂ© comme langue de communication internationale, ce qui rend les Ă©changes entre scientifiques et intellectuels de diffĂ©rents pays malaisĂ©s§ 45_4-0">[3]. Dans ce contexte, de nombreux lettrĂ©s cherchent Ă  mettre au point une langue construite qui servirait de langue auxiliaire internationale§ 46-47_5-0">[4]. S'intĂ©ressant très tĂ´t Ă  cette question, Silagi apprend d'abord l'espĂ©ranto, puis l'ido et l'occidental, avant de soutenir Ă  partir de 1927 le latino sine flexione de Giuseppe Peano§ 3_6-0">[5]. L'annĂ©e suivante, Ă  tout juste seize ans, il fonde l'Office interlinguistique de Budapest (Officium interlinguisticum Budapestiensis), une institution d'Ă©tude des diffĂ©rents projets de langue internationale soumis jusqu'ici. Il y tisse des liens avec les tenants de nombreux systèmes et y publie jusqu'en 1930 un pĂ©riodique relatant l'actualitĂ© interlinguistique, oĂą il dĂ©crit un grand nombre de langues construites§ 5_7-0">[6].

En , Silagi fonde le ComitĂ© pour l'Ă©laboration d'une terminologie interlinguistique (Comitatu pro elaboratione de terminologia interlinguistico), auquel collaborent les reprĂ©sentants de nombreux projets, dont Ernst Drezen (Ă©minent partisan de l'espĂ©ranto), Otto Jespersen (crĂ©ateur du novial), Giuseppe Peano (crĂ©ateur du latino sine flexione) ou Edgar de Wahl (crĂ©ateur de l'occidental)§ 6_8-0">[7]. Les travaux de ce comitĂ© l'amènent Ă  publier en 1931 une Ă©tude terminologique intitulĂ©e Versus Interlinguistica, une petite brochure de 24 pages[8] qui n'en constitue pas moins la première encyclopĂ©die interlinguistique au monde[9]. Il y traite de « principes interlinguistiques gĂ©nĂ©raux » comme la distinction entre langues naturelles et langues artificielles, l'approche philosophique et la composante sociale des langues internationales, et dĂ©finit un vocabulaire englobant des notions telles que l'opposition entre langues a priori et a posteriori[Note 2], l'internationalitĂ©, le naturalisme, etc., tout en insistant sur l'importance de l'interdisciplinaritĂ© dans toute approche interlinguistique[11].

Ă€ partir de 1930, Silagi collabore avec Giuseppe Peano au sein de l’Academia pro Interlingua, l'institution de promotion du latino sine flexione, et rĂ©dige quelques articles dans cette langue pour Schola et Vita, la revue de l'Academia, jusqu'en 1938§ 7_14-0">[12]. En parallèle, il devient Ă©galement actif dans les milieux sionistes : il intègre ainsi en 1932 le BĂ©tar, un mouvement de jeunesse sioniste rĂ©visionniste fondĂ© par Vladimir Jabotinsky pour dĂ©fendre la culture et les valeurs traditionnelles juives, ainsi que l'idĂ©e d'un État juif englobant Ă  la fois la Palestine et la Transjordanie, c'est-Ă -dire la Jordanie actuelle[2]. Jusqu'en 1937, Silagi est le chef de la section hongroise du mouvement. Il y soutient que les Juifs, dotĂ©s d'une identitĂ© propre, ne peuvent s'intĂ©grer Ă  une population hongroise qui les rejette de toute façon, et que la seule solution Ă  ce problème est l'Ă©migration vers un État juif palestinien[13]. Ce discours le rapproche paradoxalement de certaines idĂ©es antisĂ©mites de l'Ă©poque§ 7_16-0">[14], et de fait, lorsque les Juifs seront persĂ©cutĂ©s par l'État hongrois durant la Seconde Guerre mondiale, Silagi soulignera auprès de personnalitĂ©s politiques antisĂ©mites qu'elles partagent avec les sionistes un mĂŞme but, Ă  savoir la disparition des Juifs de Hongrie[15], ce qui lui permettra d'organiser la fuite vers la Palestine de 4 500 Juifs et d'en orienter 35 000 vers d'autres organisations sionistes§ 6_18-0">[16]. Ă€ l'Ă©tĂ© 1942, il n'Ă©chappe toutefois pas au service du travail (en), la politique de travaux forcĂ©s menĂ©e par le gouvernement hongrois contre les Juifs et les opposants politiques, dans le cadre de laquelle il est rĂ©quisitionnĂ©[17]. DĂ©portĂ© au camp de concentration de Leitmeritz (en) (aujourd'hui Litoměřice, en RĂ©publique tchèque), il en rĂ©chappe en 1945 et se rĂ©fugie Ă  Prague, puis en Suisse oĂą il retrouve son Ă©pouse et son fils[18].

Après la guerre, alors que la Hongrie bascule dans le bloc de l'Est menĂ© par l'Union soviĂ©tique, Silagi s'installe en 1947 Ă  Munich, en RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'Allemagne§ 6_18-1">[16]. De 1952 Ă  1992, il y est rĂ©dacteur en chef, puis directeur de l'antenne magyarophone de la radio Voice of America, tout en publiant des ouvrages sur l'histoire hongroise, les Juifs de Hongrie, et d'autres sujets comme la psychanalyse§ 1_21-0">[19]. Il ne perd Ă©galement jamais de vue ses activitĂ©s interlinguistiques, et est notamment membre de la SociĂ©tĂ© allemande d'interlinguistique (Gesellschaft fĂĽr Interlinguistik (de))§ 8_22-0">[20].

Dernier collaborateur de Giuseppe Peano Ă  avoir participĂ© au projet originel du latino sine flexione[21], Denis Silagi meurt Ă  Munich le , Ă  l'âge de 95 ans§ 1_21-1">[19].

Notes et références

Notes

  1. Szilágyi DĂ©nes en hongrois, oĂą le nom de famille prĂ©cède le prĂ©nom. Il germanisera son nom en Denis Silagi Ă  partir de 1945§ 2_1-0">[1].
  2. Les langues a priori sont construites de toutes pièces, sans tenir aucun compte des langues naturelles, tandis que les langues a posteriori empruntent au contraire à ces dernières leurs éléments de grammaire et de vocabulaireXXVII_11-0">[10].

Références

  1. § 2-1" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 2.
  2. Veszprémy 2018, p. 104.
  3. § 45-4" class="mw-reference-text">Hay 2009, § 45.
  4. § 46-47-5" class="mw-reference-text">Hay 2009, § 46-47.
  5. § 3-6" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 3.
  6. § 5-7" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 5.
  7. § 6-8" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 6.
  8. Ramstedt 1931, p. 80.
  9. Ramstedt 1931, p. 81.
  10. XXVII-11" class="mw-reference-text">Couturat et Leau 1903, p. XXVII.
  11. Barandovská-Frank 2018, p. 18-19.
  12. § 7-14" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 7.
  13. Veszprémy 2018, p. 106.
  14. § 7-16" class="mw-reference-text">Zeke 1992, § 7.
  15. Veszprémy 2018, p. 107.
  16. § 6-18" class="mw-reference-text">Zeke 1992, § 6.
  17. Veszprémy 2018, p. 112.
  18. Berger 1945, p. 119.
  19. § 1-21" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 1.
  20. § 8-22" class="mw-reference-text">Blanke 2008, § 8.
  21. Barandovská-Frank 2011, p. 12.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) VÄ›ra Barandovská-Frank, « Concept(s) of Interlinguistics », JÄ™zyk, Komunikacja, Informacja, vol. XIII,‎ , p. 15-31 (ISSN 1896-9585, lire en ligne [PDF])
  • (hu) György Dalos, « RadnĂłti körĂĽl » [« Autour de RadnĂłti »], MĂşlt Ă©s JövĹ‘,‎ , p. 66-67 (ISSN 0864-8646, lire en ligne [PDF])
  • Josiane Hay, « Interculturel et langues vĂ©hiculaires et auxiliaires : rĂ©flexion sur l’anglais lingua franca », Cahiers de l'Apliut, vol. XXVIII, no 1,‎ , p. 63-76 (ISSN 2257-5405, lire en ligne)
  • (de) Denis Silagi, « Der Name “Interlingua” », Interlinguistische Informationen, no 20,‎ , p. 6-10 (ISSN 1430-2888, lire en ligne [PDF])
  • (hu) Denis Silagi, « AdalĂ©kok a „pszichoanalĂ­zis - magyarországi vonatkozások” tĂ©mához », Thalassa, vol. 1, no 20,‎ , p. 79-91 (lire en ligne [PDF])
  • (hu) LászlĂł Bernát VeszprĂ©my, « Egy „holtig betári” - Szilágyi DĂ©nes radikális cionista munkássága » [« BĂ©tariste pour toujours : le sionisme radical de Denis Silagi »], MĂşlt Ă©s JövĹ‘,‎ , p. 104-113 (ISSN 0864-8646, lire en ligne [PDF])
  • (hu) Gyula Zeke (hu), « Szilágyi DĂ©nes, Tábor BĂ©la, Pap Károly: három zsidĂł önkĂ©p a vĂ©szkorszak kĂĽszöbĂ©n » [« Denis Silagi, BĂ©la Tábor et Károly Pap : trois autoperceptions juives Ă  la veille de l'Holocauste »], Szombat,‎ (ISSN 0865-3844, lire en ligne)

Liens externes

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