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Delahaye VLR

La Delahaye VLR Ă©tait un vĂ©hicule tout-terrain du constructeur automobile français Delahaye produit dans les annĂ©es 1950. Il Ă©tait destinĂ© Ă  remplacer dans l'armĂ©e française les jeeps amĂ©ricaines Willys MB[3], VLR Ă©tant le sigle pour VĂ©hicule de Liaison et de Reconnaissance. 9 326 unitĂ©s sont livrĂ©es Ă  l'armĂ©e française.

Delahaye VLR
Delahaye VLR
Un Delahaye VLR 1ère série

Marque Delahaye
Années de production 1951 - mars 1954
Production 9 623 exemplaire(s)
Classe véhicule militaire tous terrains
Moteur et transmission
Énergie Essence
Moteur(s) 4-cylindres en ligne
1 995 cm3 ([1])
Puissance maximale 63 ch Ă  3800 tr/min ([2]) ch
Transmission 4Ă—4
Boîte de vitesses manuelle (4 AV + 1 AR) + réducteur
Poids et performances
Poids Ă  vide 1 400 kg
Vitesse maximale 105 km/h
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Pick-up avec pare-brise rabattable
Suspensions AV : roues indépendantes avec doubles barres de torsion - AR : demi-essieux articulés avec barres de torsions simples
Direction Vis globique et galet
Dimensions
Longueur 3 460 mm
Largeur 1 575 mm
Hauteur capote fermĂ©e : 1 860 mm
Empattement 2 150 mm
Voies AV/AR 1 291 mm / 1 250 mm
Chronologie des modèles

Histoire

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’armée française est dans un piteux état et reçoit l’aide des Américains pour se rétablir avec du matériel de surplus. Elle se voit équipée d'un nombre très important de Jeep, dont certaines reconstruites dès 1946 à partir d’épaves récupérées çà et là par l’ERGM (entrepôt de réserve générale du matériel automobile). Mais les considérations nationales d'indépendance vont rapidement prendre le dessus et les responsables politiques français imposent que l'armée soit équipée de véhicules construits sur le territoire français, et malgré l’état de l’outil de production automobile, un ambitieux programme de fourniture de véhicules militaires est lancé.

Ce programme comprend, entre autres, la conception d’un petit 4 Ă— 4 de 1,2 tonne afin de remplacer rapidement les Jeep amĂ©ricaines. Ce projet est confiĂ© au constructeur français Delahaye. Il n’y a pas de mise en concurrence, sans doute Ă  cause des circonstances Ă©conomiques, le pays entamant sa reconstruction. Mettre les constructeurs en concurrence aurait sans doute Ă©tĂ© une perte de ressources que la France ne pouvait pas se permettre, c’est pourquoi chaque constructeur reçoit son « prĂ© carrĂ© » dans ce vaste programme militaire.

Les Ă©quipes de Delahaye dĂ©butent immĂ©diatement le dĂ©veloppement d’une nouvelle Jeep. Le premier prototype est prĂŞt en 1948 et prĂ©sentĂ© sous le nom « Delta », il est Ă©quipĂ© Ă  l’origine d’un moteur Renault, avant de prendre un quatre cylindres culbutĂ© en alliage d’aluminium. Avec celui-ci, Delahaye souhaitait viser Ă  la fois les marchĂ©s militaires et le marchĂ© agricole, puisque l'on pensait Ă  cette Ă©poque que les petits 4 Ă— 4, Ă  l'image du Land Rover, pourraient remplacer les tracteurs agricoles. Le prototype Delta est inspectĂ© par l’armĂ©e française puis testĂ© en 1949 et 1950.

Le Delahaye VLR est un véhicule à quatre roues motrices clairement inspiré par la Jeep américaine et dont le modèle définitif a été présenté, après une gestation inhabituellement longue, durant l'été 1950.

(NDR : Il faut rappeler que Delahaye était un constructeur automobile français réputé pour ses voitures de luxe et que les circonstances de la guerre l'ont conduit à produire des véhicules industriels pour participer à l'effort de guerre demandé par la nation. Au lendemain de la guerre, le projet de produire un véhicule militaire était surtout vu comme la bouée de sauvetage avant la faillite car le marché des voitures de luxe était en chute libre, voire inexistant par la combinaison de la politique fiscale du gouvernement et de l'état dépressif de l'économie d'après-guerre, le VLR a joué un rôle essentiel dans le maintien de l'entreprise qui l'a produit au début des années 1950.)

VLR signifie Véhicule Léger de Reconnaissance. Le nom « VLRD » Véhicule Léger de Reconnaissance Delahaye » a été parfois utilisé pour désigner le modèle.

Un Delahaye VLR (ex) militaire encore en marche racheté par un agriculteur

Le vĂ©hicule est Ă©quipĂ© d'un moteur Ă  quatre cylindres Ă  refroidissement par eau en mĂ©tal lĂ©ger de 1,992 cm3 dĂ©veloppant 63 ch alimentĂ© par un filtre Ă  air Ă  bain d’huile. La boĂ®te de vitesses dispose de quatre rapports, et d’un rĂ©ducteur qui permet huit combinaisons de vitesses. CĂ´tĂ© performances, le VLR est capable de rouler Ă  110 km/h, peut franchir des rampes entre 60 et 70 % et peut passer des guĂ©s de 60 centimètres. Le VLR peut transporter 400 kg de charge utile ou quatre personnes et pèse Ă  vide 1 460 kg[2].

Au cours de l'automne 1950, l'armĂ©e française le teste intensivement et se dĂ©clare impressionnĂ©e. Avec seulement de très lĂ©gères modifications, le VLR reçoit son homologation militaire et l'armĂ©e française passe une première commande de plus de 4 000 exemplaires. Le seul modèle automobile d'après-guerre en production dans les ateliers de la sociĂ©tĂ©, la Delahaye 175, avait essuyĂ© un Ă©chec dĂ©sastreux avec seulement 521 exemplaires produits entre 1947 et 1950, de sorte que la commande militaire obtenue pour le VLR Ă©tait plus que la bienvenue.

L'armĂ©e avait Ă©tĂ© impressionnĂ©e par les performances du vĂ©hicule sur route et hors route et le constructeur avait Ă©tĂ© encouragĂ© Ă  proposer une version civile du VLR. Les modèles militaires et civils Ă©taient très difficiles Ă  distinguer. Seule la tension du circuit Ă©lectrique, 24 volts sur les modèles militaires alors que la règlementation imposait 12 V sur les vĂ©hicules civils, pouvait les diffĂ©rencier. Le prix du VLR civil qui dĂ©passait le million et demi de francs, Ă©tait considĂ©rĂ© comme beaucoup trop Ă©levĂ© et sa complexitĂ© mĂ©canique en faisait un vĂ©hicule peu attrayant et coĂ»teux Ă  l'entretien. Il faut considĂ©rer qu'un grand nombre de Jeep d'occasion avaient la faveur de quiconque pensait acheter un vĂ©hicule de ce type, pour un prix correspondant entre le quart et le tiers d'un VLR neuf. Presque tous les 9 621 VLR produits entre 1951 et 1955 ont Ă©tĂ© vendus Ă  l'armĂ©e française, au prix exigĂ© par Delahaye. La production a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©e en mars 1954, après la faillite du constructeur français, mais beaucoup de vĂ©hicules en stock ont Ă©tĂ© livrĂ©s en 1955 et mĂŞme en 1956[4].

L’armée française a reçu les premiers exemplaires du VLR en 1951, et si l’on avait vanté la technologie de pointe du Delahaye VLR, le véhicule a rapidement été confronté à la réalité des casernes militaires. Très souvent, les VLR devaient être dépannés à cause du blocage du différentiel. À l'évidence, le constructeur habitué à concevoir des voitures de luxe pour riches clients qui disposaient tous d'un chauffeur professionnel, n'avait aucune expérience dans les véhicules militaires, dont l'entretien ne devait pas influer sur l'utilisation. Autrement dit, si l'entretien est négligé (comme souvent), l'engin doit quand même fonctionner alors que le VLR demande un entretien très minutieux et coûteux. La fiabilité du véhicule s'en est trouvée très affaiblie et sa réputation avec elle.

Rappelé à ses obligations, Delahaye prend en compte les graves dysfonctionnements et incidents rencontrés et tente d'y apporter une réponse avec le millésime 1953 où l'on constate la présence d'un nouveau système de liaison et commandes du différentiel. Mais ces modifications s'avèrent nettement insuffisantes, et Delahaye sait parfaitement qu’il faudrait refaire totalement le VLR pour mettre un terme aux déboires rencontrés par le modèle. Malgré une situation financière des plus délicates, l’étude d’un nouveau véhicule est lancée, le « COB ». Dans le même temps, l’armée française modifie l’ensemble des VLR « 1951 » afin de les équiper d’un différentiel plus fiable. Mais le mal est fait, l’armée perd confiance dans le modèle et son remplacement est décidé à l'été 1954, et les commandes en cours du VLR sont annulées. Le constructeur, déclaré en faillite en mars, est repris par son concurrent Hotchkiss.

Avant qu’un appel d'offres soit lancé, Delahaye fait tester par l’armée son nouveau véhicule COB, mais celui-ci est écarté. L’armée ne veut plus de véhicules sophistiqués mais un véhicule simple et fiable. C’est finalement la Jeep américaine qui remplacera la Delahaye VLR, produite en France sous licence par Hotchkiss. Delahaye qui devait être sauvé avec la VLR va finalement disparaître et c’est son ennemi de toujours, Hotchkiss, qui va racheter la marque en 1955 et utiliser ses ateliers pour produire les Jeep.

Il a Ă©tĂ© dit que la complexitĂ© mĂ©canique du vĂ©hicule, qui a suscitĂ© beaucoup de commentaires sarcastiques dans la presse, que l'Ă©chec des ventes de la version civile, dont nombre d'exemplaires ont dĂ» ĂŞtre reconvertis en version militaire, n'ont pas Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme un problème par l'armĂ©e française. NĂ©anmoins, dès l'Ă©tĂ© 1954, l'armĂ©e Ă©tait revenue Ă  la Jeep, plus simple et beaucoup plus fiable mĂ©caniquement, assemblĂ©e en France par Hotchkiss sous licence amĂ©ricaine et rebaptisĂ©e Hotchkiss M201. L'entreprise Delahaye, en faillite Ă  partir de mars 1954, a Ă©tĂ© reprise par Hotchkiss qui a immĂ©diatement mis fin Ă  la production du VLR dont 9 623 exemplaires ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s mais dont quelques rares unitĂ©s existent encore dans des musĂ©es de nos jours.

C'est ainsi que s'est terminée l’histoire du Delahaye VLR qui, fruit de la volonté politique d'un produit français, s'est avéré une « fausse bonne idée », très coûteuse pour l'armée, qui en retiendra les leçons au moment de remplacer ses Jeep au tournant des années 1980.

Bibliographie

  • Fiche technique : le Delahaye VLR, BlindĂ©s & MatĂ©riel 74, novembre 2006.
  • John Carroll, Peter James Davies, Complete Book Tractors and Trucks, Hermes House, 2007, p. 56.
  • L'automobile ancienne - Le Delahaye VLR (1951-54)

Notes et références

  1. « DELAHAYE VLR - Voiture de Liaison et Reconnaissance 4x4 » (consulté le )
  2. « Automobilia », Toutes les voitures françaises 1953 (salon Paris oct 1952), Paris, Histoire & collections, vol. Nr. 14,‎ , p. 23
  3. Jean de la Roche, Quatre officiers, une famille, Ă©d. Cheminements, 2004.
  4. René Bellu, « Automobilia », Toutes les voitures françaises 1954 (salon Oct 1953), Histoire & collections Paris, vol. Nr.24,‎ , p. 27
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