Deinotherium
Deinotherium (du grec ancien δεινός / deinos « terrible » et θηρίον / therion « bête ») est un genre fossile de très grands proboscidiens, qui a vécu en Afrique et en Eurasie, il y a entre environ 16,9 et 1 million d'années[1].
Historique
Le genre Deinotherium a été créé par Johann Jakob Kaup en 1825.
En 1883, on découvrit dans un gouffre à Trebendorf, dans le bassin d'Egra[2] (aux confins de la Saxe et de la Bohême), le squelette presque entier d'un Deinotherium (aujourd'hui exposé au Musée d'histoire naturelle de Vienne) et le squelette d'un mastodonte. Mais la Roumanie est le seul pays dans lequel a été trouvé un squelette complet de Deinotherium, en 1894, par le géologue Grigoriu Ştefănescu, près de Mânzaţi, un village de la commune d'Ibanesti, en Moldavie. Il est exposé au Musée d'histoire naturelle de Bucarest et appartenait à un individu de 4,50 mètres de hauteur.
Description
Deinotherium avait une trompe plus courte que les éléphants modernes et des défenses attachées à la mandibule et non au maxillaire, pointant vers le bas.
Deinotherium est l'un des plus grands mammifères terrestres connus qui aient jamais existé. Seuls Paraceratherium et Mammuthus sungari étaient plus grands. Les mâles mesuraient généralement entre 3,5 et 3,7 mètres de hauteur jusqu'aux épaules, bien que certains grands spécimens aient pu mesurer jusqu'à 4 m[3]. On estime que leur poids était compris entre 5 et 10 tonnes, et jusqu'à 14 tonnes pour les plus grands mâles.
Chronologie
Deinotherium est apparu au début du Miocène moyen et s'est éteint à la fin du Pléistocène inférieur.
Extension géographique
Deinotherium habitait en Europe et Asie méridionales, et en Afrique orientale.
Des fossiles de Deinotherium ont été découverts sur plusieurs sites africains où des fossiles d'Hominina ont aussi été trouvés.
Classification
Liste des espèces
- † Deinotherium giganteum (Kaup, 1829) : Europe
- † Deinotherium proavum (Eichwald, 1831)
- † Deinotherium indicum (Falconer, 1845) : Asie du Sud
- † Deinotherium bozasi (Arambourg, 1934) : Afrique de l'Est
- † Deinotherium thraceiensis (Kovachev, 1964)
Paléobiologie
La façon dont Deinotherium utilisait ses curieuses défenses a été très débattue. Peut-être les plantait-il dans le sol pour en extraire racines et tubercules, ou bien pour abaisser des branches afin d'en atteindre les feuilles, ou pour enlever l'écorce molle des troncs d'arbres. Ces suggestions ne s'excluent pas les unes les autres.
Une dent de Deinotherium trouvée en Crète, dans des sédiments marins peu profonds datant du Miocène, pose des problèmes de paléogéographie : la Crète était-elle reliée au continent à cette époque, ou bien les Deinotherium possédaient-ils la capacité de nager sur de longues distances, capacité souvent sous-estimée chez les éléphants modernes ?
Deinotherium dans la culture
Adrienne Mayor, dans The First Fossil Hunters: Paleontology In Greek and Roman Times, a suggéré que les fossiles de Deinotherium trouvés en Grèce ont pu contribuer à la naissance de mythes d'êtres archaïques géants (les Titans).
En 1984, le paléontologue Léonard Ginsburg retrouve, en rangeant les collections anciennes de l'Institut de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle à Paris, une caisse contenant des fossiles qu'un forain du XVIIIe siècle avait présenté à travers la France comme étant « les ossemens du géant Theutobocus, roy des Teutons, tué par Caius Marius à la bataille d'Aix-en-Provence » : il en identifie une dent comme étant celle d'un Deinotherium. Cette supercherie aurait été initiée en 1613 par Mazuyer, chirurgien à Beaurepaire, et par David Bertrand ou Chenevier, notaire, et déjà dénoncée au XVIIe siècle par un autre chirurgien, Jean Riolan, et au XIXe siècle par l'anatomiste Henri-Marie Ducrotay de Blainville[4].
De son côté, le cryptozoologiste Bernard Heuvelmans a suggéré, dans son livre Sur la piste des bêtes ignorées, que le Deinotherium aurait survécu en Afrique centrale et qu'il serait responsable des étranges massacres d'hippopotames, un mythe africain relaté au début du XXe siècle.
Notes et références
Notes
Références
- (de) V. Bieber, « Eingesendte Mittheilungen », Verhandlungen der k. u. k. Geologischen Reichsanstalt, no 15, (lire en ligne [PDF])
- A. Larramendi, « Shoulder height, body mass and shape of proboscideans », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 61, (DOI 10.4202/app.00136.2014, lire en ligne)
- Histoire véritable du Geant Theutobocus sur viaLibri
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :