Date de la mort de Jean Baptiste
La date de la mort de Jean le Baptiste n'est pas connue avec précision. Les seules sources sur son exécution par Hérode Antipas, sont les évangiles synoptiques, et les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe. Elle est généralement placée un peu avant la crucifixion de Jésus, elle-même datée, d'après la chronologie que l'on peut déduire du Nouveau Testament, en 30 ou 33[1]. Mais certains auteurs, sur la base du récit de Flavius Josèphe, la situent plus tardivement, vers 35, un peu avant la défaite d'Antipas contre Arétas IV, en 36. Cette datation conduit soit à repousser la crucifixion de Jésus en 36, à la fin de la préfecture de Ponce Pilate, soit à placer l'exécution du Baptiste après celle de Jésus.
Les Évangiles
Selon les évangiles synoptiques, Jean le Baptiste fustige le mariage d'Hérode Antipas avec la femme de son frère Hérode Philippe, Hérodiade[2] : « Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère » (Mc 6,18). En effet, cette union choquait « en raison de l'interdiction légale du mariage avec la femme de son frère » (Lv 18,16, Lv 20,21), que Jean-Baptiste rappelait sans ménagement[3]. À la demande de la fille d'Hérodiade, Salomé, Antipas le fait jeter en prison puis exécuter[2].
Toujours selon les synoptiques (Mt 14,1-2,Mc 6,14-16Lc 9,7-9, Jean le Baptiste est mis à mort avant Jésus, ce dernier étant pris par Hérode Antipas pour le Baptiste ressuscité[4].
Datation de la mort de JĂ©sus
Selon les évangiles, Jésus est crucifié sous la préfecture en Judée de Ponce Pilate[5], dont on sait par ailleurs qu'elle dure de 26 à 36. D'autres éléments du Nouveau Testament permettent de réduire la fourchette : Luc (3:1) indique que Jean-Baptiste commence sa prédication la quinzième année du règne de Tibère soit vers 28-29, et que celle de Jésus commence peu après[5]. Cette date est corroborée par l'évangile de Jean (Jean2-20), selon lequel au début de la prédication de Jésus, il s'est écoulé 46 ans depuis la construction du temple de Jérusalem, ce qui nous amène en 27-28[5]. La durée de la prédication de Jésus est difficile à préciser, mais va de quelques mois si l'on suit les synoptiques à deux ou trois ans si l'on suit l'évangile de Jean[5]. Par ailleurs, une date tardive est difficilement compatible avec la chronologie de Paul de Tarse tirées des Actes des Apôtres et de ses Lettres (en particulier la lettre aux Galates : «En prenant en compte la datation de Luc pour le début de la prédication de Jean le Baptiste, la période de l'administration de Pilate, et les éléments chronologiques déduits de la Chronologie de Paul, la plupart des historiens se contentent de dire que Jésus a été exécuté entre 29 et 33 »[6].
Les évangiles indiquent que cette exécution a eu lieu un vendredi, mais pour les synoptiques c'est le lendemain de la Pâque (15 Nisan) alors que pour l'évangile de Jean c'est le jour de la Pâque (14 Nisan). Les historiens retiennent généralement plutôt la version de Jean, car il semble douteux que le procès et l'exécution de Jésus ait pu se dérouler pendant la pâque juive[5]. Les données astronomiques sur la visibilité de la nouvelle lune permettent de savoir que dans la fourchette 29-33, les dates possibles pour un vendredi 14 Nisan sont le 7 avril 30 et le 3 avril 33[1] - [7].
La date de la mort de Jean le Baptiste est donc généralement placée par les historiens vers 28/29 : Simon Claude Mimouni[8], Paul Mattei[9], William Horbury (en)[10], Farah Mébarki[11], E. Mary Smallwood[12], Schwentzel[13], Knut Backhaus[14], Paul Hollenbach[15], Werblowski (en) et Wigoder[16], ou vers 32, dans l'option de la date de mort de Jésus en 33 : Harold Hoehner (en)[17], Charles Puskas et Michael Robbins[18].
Les Antiquités judaïques
Jean le Baptiste apparaît fortuitement au XVIIIe livre des Antiquités judaïques, lorsqu'il raconte la défaite des armées d'Hérode Antipas contre celles du roi des Nabatéens Arétas IV. Pour Flavius Josèphe, cette guerre a été déclenchée par la répudiation de Phasaélis, la fille d'Arétas, par Hérode Antipas qui voulait se remarier avec Hérodiade.
« A ce moment il y eut un conflit entre Arétas, roi de Pétra, et Hérode pour la raison suivante. Le tétrarque Hérode avait épousé la fille d'Arétas et vivait avec elle depuis longtemps. Partant pour Rome, il descendit chez Hérode, son frère, fils d'une autre mère, car il était né de la fille du grand pontife Simon. Or, le tétrarque s'éprit de la femme de celui-ci, Hérodiade, qui était la fille d'Aristobule, un autre de ses frères, et la sœur d'Agrippa le Grand; et il eut l'audace de lui parler de l'épouser. Elle y consentit ; ils convinrent qu'elle cohabiterait avec, lui dès son retour de Rome et qu'il répudierait la fille d'Arétas. II s'en alla donc à Rome après avoir conclu ce pacte. Quand il revint, ayant réglé à Rome les affaires pour lesquelles il s'y était rendu, sa femme, instruite de son accord avec Hérodiade, le pria, avant qu'il eût découvert qu'elle savait tout, de l'envoyer à Machaero - sur les confins du territoire d'Arétas et de celui d'Hérode - sans rien dévoiler de ses intentions. Hérode l'y envoya, supposant que sa femme ne se doutait de rien. Mais elle, qui avait envoyé quelque temps auparavant des émissaires à Machaero, lieu dépendant alors de son père, y trouva préparé par le commandant tout ce qui était nécessaire à son voyage. A peine y fut-elle arrivée qu'elle se hâta de gagner l'Arabie, en se faisant. escorter par les commandants de postes successifs ; elle arriva aussi vite que possible chez son père et lui révéla les intentions d'Hérode. Arétas chercha un prétexte d'hostilités dans une contestation au sujet des frontières du territoire de Gamala. Tous deux réunirent leur armée en vue de la guerre et y envoyèrent à leur place des généraux. Une bataille eut lieu et toute l'armée d'Hérode fut taillée en pièces à cause de la trahison de transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d'Hérode. Hérode manda cette nouvelle à Tibére. Celui-ci, irrité de l'incursion d'Arétas, écrivit à Vitellius de lui faire la guerre et de le ramener enchaîné, s'il le prenait vivant, ou d'envoyer sa tête s'il était tué. Tels furent les ordres donnés par Tibère au proconsul de Syrie. »
— Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XVIII,109-119[19]
« Or, il y avait des Juifs pour penser que, si l'armée d'Hérode avait péri, c'était par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste. En effet, Hérode l'avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu'il excitât les Juifs à pratiquer la vertu, à être justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour recevoir le baptême ; car c'est à cette condition que Dieu considérerait le baptême comme agréable, s'il servait non pour se faire pardonner certaines fautes, mais pour purifier le corps, après qu'on eût préalablement purifié l'âme par la justice. Des gens s'étaient rassemblés autour de lui, car ils étaient très exaltés en l'entendant parler. Hérode craignait qu'une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s'emparer de lui avant que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d'avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s'être exposé à des périls. A cause de ces soupçons d'Hérode, Jean fut envoyé à Machaero, la forteresse dont nous avons parlé plus haut, et y fut tué. Les Juifs crurent que c'était pour le venger qu'une catastrophe s'était abattue sur l'armée, Dieu voulant ainsi punir Hérode »
— Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XVIII,109-119[19]
« Il est intéressant de noter que Josèphe rend compte l'arrestation et l'exécution de Jean le Baptiste dans le contexte du déclenchement de la guerre entre Antipas et Arétas du fait de son divorce d'avec sa première femme. Autrement dit l'ordre de la narration suggère un lien entre le divorce d'Hérode et l'arrestation de Jean ; le nouveau testament rend ce lien explicite. Alors que dans le nouveau testament, la raison du conflit entre Jean et Antipas est personnelle et morale (Jean fustige son mariage), dans Josèphe la raison est publique et politique (Antipas craint des émeutes) »[20].
Le premier mari d'Hérodiade et frère d'Antipas est appelé Philippe dans les évangiles de Marc et Matthieu (il n'est pas nommé dans celui de Luc, et Hérode chez Flavius Josèphe). Du fait de cette confusion ce personnage est généralement appelé Hérode Philippe par les exégètes.
Problématique de la date d'exécution de Jean le Baptiste
Si l'on suit la chronologie des évènement présentée par Flavius Josèphe, l'exécution de Jean le Baptiste a eu lieu entre le mariage d'Antipas et Hérodiade et la défaite d'Antipas contre Arétas. Si la date de la défaite est connue, en 36, « Déterminer [la date du mariage] est problématique. Elle est liée à des questions majeures de l'histoire romaine et juive du premier siècle de notre ère. Parmi les spécialistes ayant travaillé en détail sur ces questions certains ont placé le mariage d'Hérodiade et Antipas en 35, d'autres dans la période entre 27 et 31 et pour d'autres il n'a pas pu avoir lieu après 23 »[21].
Datation de la bataille
La défaite des armées d'Antipas a lieu avant la mort de Tibère (mars 37) dont l'annonce interrompt la campagne de Lucius Vitellius contre Arétas IV, ordonnée par l'empereur en représailles contre cette attaque et en soutien à Antipas[22]. La bataille entre Arétas et Antipas est généralement datée en 36[23]. Plus précisément, pour E. Mary Smallwood, il semble que la bataille a eu lieu dans la seconde partie de l'année 36 puisque la plainte d'Antipas à Tibère est arrivée, de façon évidente, trop tard pour que la campagne ordonnée par Tibère ait lieu avant l'hiver, Arétas IV et ses alliés ayant profité de l'implication d'Antipas dans la grande conférence qui a eu lieu sur l'Euphrate, après l'été 36, pour celer la victoire romaine sur Artaban III[24].
Arguments en faveur d'une datation tardive
Pour un certain nombre d'auteurs, le récit de Flavius Josèphe implique que l'exécution de Jean le Baptiste a eu lieu peu de temps avant la bataille antre Antipas et Arétas en 36. Trois arguments sont avancés en ce sens : - le fait que la défaite d'Antipas soit considérée par la population juive comme un châtiment divin pour l'exécution de Jean Baptiste implique que cette exécution a eu lieu peu avant - le fait que le mariage d'Antipas et Hérodiade (qui dans les évangiles est à l'origine de la mort de Jean) soit à l'origine de la guerre implique que ce mariage ait également eu lieu peu avant - le fait que dans les Antiquités Judaîques, le récit de la guerre entre Antipas et Arétas est placé juste après celui de la mort de Philippe le Tétrarque datée en 34
Cela conduit à placer à placer la crucifixion de Jésus vers 36 à la fin de la préfecture de Ponce Pilate[25], donc plus tardivement que les dates habituellement retenues 30 ou 33.
Les auteurs en faveur de cette datation ont été Heinrich Julius Holtzmann (avant 1899)[26], Karl Theodor Keim (1876) [27], Adolf Hausrath (1878)[28], Kirsopp Lake (1912) [29], Hugh Schonfield (1974)[30], Nikkos Kokkinos (1989)[31], Joan Taylor (1997), qui place la mort de Jean le Baptiste en 33 ou début 34, et celle de Jésus en 36[32].
D'autres auteurs suivent Flavius Josèphe pour placer la mort du Baptiste en 36, mais ne prennent pas en compte l'indication des évangiles pour dater celle de Jésus après : Robert Eisler (1931), qui place la crucifixion en 21[33], W. Shenk (1983) [34], Johannes Tromp (2008)[35].
Ces datations tardives de Jean le Baptiste et de Jésus sont restées marginales.
Discussion des arguments pour une datation tardive
Sources et chronologie chez Josèphe
Une première difficulté est que « pour les princes hérodiens, il est relativement difficile d'apprécier la valeur historique des informations de Flavius Josèphe car, à partir de la mort d'Hérode, il ne dispose plus d'une source comme celle de Nicolas de Damas : on constate que sa documentation sur Archélaos est très faible et qu'il connaît assez peu de choses sur Hérode Antipas comme sur Hérode Philippe »[36].
Une seconde difficulté est l'ordre chronologique dans les récits de Josèphe. Pour Harold Hoehner, « Josèphe n'est pas toujours chronologique (comme on peut le voir dans le fait que l'accession de Pilate [en 26] est mentionnée avant la fondation de Tibériade [en 21] (Ant. XVIII, 35-54), et par ailleurs son récit de la mort de Jean est un flashback expliquant pourquoi Antipas a été vaincu par Aretas »[37]. Pour E. P. Sanders : « Le problème avec [la théorie de la datation tardive de la mort de Jean] est que dans cette section des Antiquités Judaïques, de nombreux récits ne sont pas en ordre chronologique. elles sont juste précédés de périphrase du type "vers cette époque", "à la même époque", "pendant ce temps" »[38]. Pour Brian C. Dennert « Josèphe place la défaite d'Antipas contre Arétas peu de temps avant la mort de Tibère et donc avant 37, mais il ne donne pas de date pour la mort du Baptiste, et avec la technique en flashback du récit il est difficile d'en donner une date approximative dans l'esprit de Josèphe »[39].
Pour Étienne Nodet, ces contradictions chronologiques sont dues à l'historique de l'écriture Antiquités Judaïques, Josèphe ayant inséré dans le plan initial plusieurs dossiers créant des doublons et des incohérences[40].
Délai entre l'exécution de Jean et la bataille
Christian-Georges Schwentzel résume l'argument : « Si l'on suit la chronologie de Flavius Josèphe, Arétas IV lance son expédition contre le tétrarque en 36, quelques mois avant la mort de Tibère (mars 37). Mais la défaite d'Antipas ayant été considérée comme un châtiment divin que le tétrarque aurait subi pour avoir fait mettre à mort Jean le Baptiste, on en déduit que l'exécution de ce dernier a dû avoir lieu peu de temps auparavant. »[41]
Pour E. P. Sanders, cet argument est « une pure spéculation et un argument faible »[38]. Pour Knut Backhaus, « le lien entre la bataille et les rumeurs religieuses n'est pas lié à la chronologie mais à la mémoire populaire qui tend à donner une longue vie après la mort aux prophètes populaires » [14]. De la même manière, Joel Marcus avance que l' « on ne peut certainement pas conclure que le meurtre du Baptiste par Antipas doit avoir eu lieu peu de temps avant la guerre désastreuse (...) considérée comme une punition pour ce meurtre »[42].
Kokkinos analyse plusieurs exemples bibliques ou pris chez Flavius Josèphe que l'on peut dater précisément et où apparaît ce type d'explication. À chaque fois « la vengeance divine » intervient dans l'année qui suit l'événement néfaste qui la déclenche[43]. A contrario, Harold Hoehner (en) cite la mort d'Antiochos IV Épiphane, qui dans le récit de Josèphe (Ant. XII 248-253, 357) est considérée par les juifs comme une punition divine 3 ans après le pillage et la profanation du temple de Jérusalem[44], et F. F. Bruce note que « les pharisiens et beaucoup d'autres juifs croyaient que les moulins de dieu meulent lentement ; si la vengeance divine pouvaient attendre 15 ans pour punir Pompée de la violation du Saint des Saints à Jérusalem, il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'il ait fallu 7 ans pour venger la mort de Jean » [45]. Joel Marcus conclut ainsi que l' « on ne peut être certain que l'insulte à la fille d'Arétas a conduit à une guerre immédiate contre Antipas [qui] a pu nourrir la rancune pendant des années avant de trouver une occasion de se venger »[42].
DĂ©lai entre le mariage et la guerre
Christian-Georges Schwentzel expose la problématique : « À partir de la chronologie qu'on peut déduire des évangiles, on place généralement la mort de Jean Baptiste vers 28/29, avant la crucifixion de Jésus qui a eu lieu vers 30. Arétas aurait-il attendu sept à huit ans pour venger l'affront fait à sa fille ? Ce n'est pas impossible, mais un peu douteux tout de même. »[41]
Pour E. P. Sanders : « Kokkinos en suivant ce raisonnement écrit "aussitôt que l'alliance entre les deux rois fut brisé Arétas exploita le prétexte d'une dispute de frontière et déclara la guerre à Antipas. c'est une supposition plausible en ce qui concerne le divorce et les représailles d'Aretas. Mais c'est une supposition. Nous ne savons pas si c'est "aussitôt que" : c'est la question et pas nécessairement la réponse. Josèphe écrit que la fille d'Arétas "rejoignit son père et lui apprit ce qu'Antipas prévoyait de faire. Aretas prit ce prétexte pour commencer une dispute de frontière dans le district de Gamala". "prit ce prétexte pour commencer " ne veut pas nécessairement dire "aussitôt que" ; au contraire on peut supposer du temps s'est écoulé entre le divorce et la guerre. »[38]
Pour Gillman « Parce que Arétas vengeait sa fille, certains ont avancé que le mariage d'Antipas et d'Hérodiade avait eu lieu peu avant, donc vers 35. Ce n'est pas un argument irréfutable, cependant. tout d'abord, Arétas peut ne pas avoir agi dans la précipitation, mais avoir plutôt attendu quelques années pour se venger. »[46] Pour Harold Hoehner, l'idée le texte de Flavius Josèphe implique que la défaite d'Antipas se produise peu de temps après l'exécution de Jean-Baptiste, est une « simple supposition et rien de plus » , alors que « Josèphe indique clairement que le divorce marque le début des hostilités et que d'autres incidents, comme les disputes frontalières, qui conduisirent finalement à la guerre.[...] Arétas a certainement attendu la meilleure opportunité, en 36, juste après que les Romains soient entrés en conflit avec Artaban III. [...] » [47]
E. Mary Smallwood explique qu'Arétas aurait attendu une dizaine d'années pour se venger de l'affront qui lui a été fait, car il guettait le moment favorable[48], qui selon elle est survenu en 36. Comme de nombreux autres historiens, elle estime que pour préparer sa campagne, Arétas a profité du fait que les Romains étaient engagés dans un combat contre les Parthes et leur « roi des rois » Artaban III[49].
Dates de la mort de Philippe le TĂ©trarque et du mariage d'Antipas et HĂ©rodiade
Le récit du voyage à Rome d'Antipas (à l'occasion duquel il rencontre Hérodiade chez son demi-frère, ce qui conduira à la guerre avec Arétas) est placé dans les Antiquités judaïques juste après celui de la mort de Philippe le Tétrarque[50]. Mais la date et la raison de ce voyage à Rome d'Antipas ne sont pas explicitées.
Selon Flavius Josèphe la mort de Philippe le Tétrarque a lieu en 34[51]. Des pièces de monnaie à l'effigie de Philippe datant de 33 (la 37e année de son règne) ont été retrouvées, ce qui confirme cette donnée de Flavius Josèphe[52]. Philippe est donc mort en 33 ou 34[53] - [54] - [55] - [56].
Pour Schwentzel et Kokkinos, Flavius Josèphe place le voyage d'Antipas après la mort de Philippe le Tétraque, et pour Schwentzel ce voyage a des raisons politiques : réclamer à Rome les territoires de Philippe le Tétraque et l'héritage d'Hérode le Grand[57] - [58].
Pour Brian C. Dennert « un autre exemple de la difficulté de déterminer la chronologie des évènements est que le récit de la mort de Philippe est placé avant le mariage d'Antipas avec Hérodiade. Cet ordre présente un bon gouvernant avant de mettre en lumière des actions mauvaises d'Antipas ; cela n'implique pas que le mariage se passe après la mort de Philippe »[39]. Et pour Gillman il n'y a « rien dans Josèphe qui aille dans le sens d'un voyage d'Antipas pour demander les territoires de Philippe. En outre le voyage à Rome en 39, que Josèphe raconte effectivement, n'aurait sans doute eu lieu si Antipas et Hérodiade en avaient fait un sans succès quelques années auparavant » [59]
Pour la visite d'Antipas à son demi-frère Hérode, et la proposition de mariage à Hérodiade ne se situent pas après la mort de Philippe, mais au milieu des années 20.
Pour Gillman, E. Mary Smallwood et Étienne Nodet la date du mariage d'Antipas et d'Hérodiade est à placer vers 23 et au plus tard en 24 sur la base des Antiquités judaïques, car Hérodiade aide financièrement son frère Agrippa Ier à son retour de Rome en 24, et qu'elle ne peut le faire que parce qu'elle est mariée avec Antipas[60] - [48] - [61]. Et pour Étienne Nodet, rien n'empêche même de placer le mariage d'Antipas et Hérodiade et l'exécution de Jean 10 ans encore plus tôt, sous Auguste (mort en 14) voire sous Hérode Archélaos comme l'indique la version slavonne de la Guerre des Juifs.
Autre datation de la bataille
Pour résoudre l'apparente contradiction chronologique entre les évangiles et Josèphe, Christiane Saulnier[62] a proposé « de déplacer aussi la guerre entre Arétas IV et Antipas vers 29 apr. J-C. Josèphe se serait trompé dans la chronologie ; il y aurait eu confusion de sa part entre deux expéditions dont Tibère chargea successivement Vitellius. Cette hypothèse a été également soutenue par Etienne Nodet en 1985[63], mais ne l'est plus en 2014[64], et ne semble pas avoir été reprise depuis.
Bibliographie
Ouvrages
- (en) Harold Hoehner (en), Herod Antipas, Cambridge University Press, (lire en ligne)
- (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman rule from Pompey to Diocletian : a study in political relations, Leiden, Brill, , 595 p. (ISBN 90-04-06403-6, lire en ligne).
- Christian-Georges Schwentzel, HĂ©rode le Grand, Paris, Pygmalion, , 321 p. (ISBN 978-2-7564-0472-1).
- (en) Florence Morgan Gillman, Herodias : At Home in that Fox's Den, Liturgical Press, (lire en ligne)
- (en) Morten Hørning Jensen, Herod Antipas in Galilee : The Literary and Archaeological Sources on the Reign of Herod Antipas and Its Socio-economic Impact on Galilee, Mohr Siebeck, (lire en ligne)
- (en) Knut Backhaus, « Echoes from the Wilderness: The Historical John the Baptist », dans Tom Holmén & Stanley E. Porter, Handbook for the Study of the Historical Jesus, t. II, Leiden, Brill, (lire en ligne), p. 1747-1785[65]
- (en) Robert L. Webb, John the Baptizer and Prophet : A Sociohistorical Study, Eugene, Wipf and Stock Publishers, , 2e Ă©d. (ISBN 978-1-59752-986-0)
- (en) Joel Marcus, John the Baptist in History and Theology, Columbia, University of South Carolina Press, (ISBN 978-1-61117-901-9)
Articles
- Christiane Saulnier, « Hérode Antipas et Jean le Baptiste: Quelques remarques sur les confusions chronologiques de Flavius Josèphe », Revue biblique, vol. 91,‎ , p. 362-376 (ISSN 0035-0907)
- Etienne Nodet, « Jésus et Jean Baptiste selon Josèphe », Revue biblique, vol. 92,‎ , p. 497-524 (ISSN 0035-0907)
- (en) Nikkos Kokkinos, « Crucifixion in A.D. 36 : The keystone for dating the birth of Jesus », dans Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi (dir.), Chronos, Kairos, Christos: Nativity and Chronological Studies Presented to Jack Finegan, Winona Lake, IN, Eisenbrauns (en), (ISBN 0-931464-50-1, lire en ligne), p. 133 à 164
- Bruce Chilton (en), « John the purifier : his immersion and his death », HTS, vol. 57, nos 1-2,‎ , p. 247-267 (www.hts.org.za/index.php/HTS/article/download/1860/3153)
- Johannes Tromp, « John the Baptist according to Flavius Josephus, and his incorporation in the christian tradition », dans Empsychoi Logoi — Religious Innovations in Antiquity, Brill, (lire en ligne), p. 135-150
- Etienne Nodet, « Machéronte (Machaerus) et Jean Baptiste », Revue biblique, vol. 121,‎ , p. 267-282 (lire en ligne)
Notes et références
- Philipp E. Nothaft, Dating the Passion: The Life of Jesus and the Emergence of Scientific Chronology (200–1600), BRILL, 2011, p. 26 :« In spite of all these vagaries, the repeated attempts to calculate the Passion date during the twentieth century have left us with a surprisingly small number of possible candidates. It is now generally agreed that the two most likely dates are 7 April, AD 30,and 3 April, AD 33, which were both instances of 14 Nisan according to modern calculation. [...] Out of these dates, 3 April, AD 33, appears to be the likeliest for reasons both astronomical and historical.» - Nothaft donne comme référence : John K. Fotheringham, “The Evidence of Astronomy and Technical Chronology for the Date of the Crucifixion,” Journal of Theological Studies 35 (1934), pp. 146–162; August Strobel, Ursprung und Geschichte des frühchristlichen Osterkalenders, Akademie-Verlag, 1977 pp. 70–100; Bradley E. Schaefer, “Lunar Visibility and the Crucifixion,” Quarterly Journal of the Royal Astronomical Society 31 (1990), pp. 53–67 ; George Ogg, The Chronology of the Public Ministry of Jesus, Cambridge University Press, 1940, rééd; 2104, p. 277;Raymond E. Brown, The Death of the Messiah, Doubleday, 1994, pp. 1373–1376; Jack Finegan, Handbook of Biblical Chronology: Principles of Time Reckoning in the Ancient World and Problems of Chronology in the Bible, Hendrickson Publishers, 1998, pp.359–65
- Mimouni 2012, p. 406
- Étienne Trocmé, , éd. Labor et Fides, Genève, 2000, p. 172.
- Mimouni 2012, p. 407
- Simon Claude Mimouni, « Questions chronologiques relatives à Jésus », dans Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le Christianisme des origines à Constantin, PUF/Nouvelle Clio,
- E. P. Sanders, The Historical Figure of Jesus, Penguin, 1995, Appendix I chronology : « Taking into account Luke's dating of the beginning of John the Baptist's ministry, the period of Pilate's administration, and the evidence derived from the chronology of Paul, most scholars are content to say that Jesus was executed sometime between 29 and 33 CE »
- Raymond E. Brown, La mort du Messie, Bayard, (1re éd. 1994), p. 1512« Blinzer (Prozess, p. 101-102) a énuméré les options d’environ cent auteurs concernant l’année de la mort de Jésus : aucun de ceux qu’il cite n’a opté pour l’an 34 (en fait, c’est le cas de Zeitlin) ou 35, alors qu'un à trois d’entre eux privilégiaient respectivement les années 26, 27, 28, 31, 32 et 36. Treize ont opté pour 29, cinquante-trois pour 30, et vingt-quatre pour 33 - ce qui rejoint la fourchette évoquée ci-dessus. »
- Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien du VIe avant notre ère au IIIe sièclede notre ère. Des prêtres aux rabbins, P.U.F./Nouvelle Clio, , p. 430
« Vers 28 Jean le Baptiste [...] est exécuté sur ordre d'Hérode Antipas. »
- Paul Mattei, Le christianisme ancien de JĂ©sus Ă Constantin', Armand Colin, , p. 28
« Josèphe et les évangiles s'accordent pour faire de Jean une victime de Hérode Antipas qui ordonna sa décollation (vers 28). »
- William Horbury (Ă©d.), William David Davies (Ă©d.) et John Sturdy (Ă©d.), The Cambridge History of Judaism, vol. 3 : The Early Roman Period, , Table chronologique, p. XXXIV
« c. 28 (29?) Execution of John the Baptist »
- Farah Mébarki et Émile Puech, Les Manuscrits de la Mer Morte', Éditions du Rouergue, , Table chronologique, p. 312
« 28-29 : emprisonnement et décapitation de Jean-Baptiste. »
- Smallwood 1981, p. 182: « [Salome's] dancing won her "the head of John the Baptist on a charger shortly before A.D. 30 »
- Schwentzel 2011, Table chronologique, p. 296« 28/29 : Exécution de Jean-Baptiste. »
- (en) Knut Backhaus, « Echoes of Wilderness : the historical John the Baptist », dans Tom Holmén et Stanley E. Porter, Handbook for the Study of the Historical Jesus, vol. II, Brill, (lire en ligne), p. 1780 :
« The terminus ad quem of this execution is obviously 36 CE, but the relation between battle and religious rumours does not depend on chronology, but of social remembrance tending to give a long afterlife to popular prophets. If we, therefore, realize that public opinion perceived Jesus as successor of John (cf. e.g. Mark 6:14–16) and date Jesus' death to 30 CE, it was at the latest in about 29 CE that John died »
- (en) Paul W. Hollenbach, « John the Baptist », dans David Noel Freedman, The Anchor Bible Dictionnary, vol. 3, Doubleday, , p. 887 :
« His popularity and the revolutionary possibilities of his message led to his arrest, inprisonment and execution by Herod Antipas, probably in A.D. 28 or 29. »
- « John the Baptist », dans R. J. Zwi Werblowski et Geoffrey Wigoder (éds.), The Oxford Dictionnary of Jewish Religion, Oxford University Press, , p. 378
- (en) Harold Hoener, « Antipas (4BCE-39CE) », dans Bruce Manning Metzger et Michael David Coogan, The Oxford Companion to the Bible, Oxford University Press, (lire en ligne), p. 283 :
« Herod beheaded John at Machaerus in 31 or 32 CE. »
- Charles Puskas et Michael Robbins, An Introduction to the New Testament, Second Edition, p. 167-168: « John the Baptist dies (AD 31 or 32) [...] We favor AD 33 as the most plausible date for the following reasons. First, it allows for at least a three-year ministry from 29 to 33. Second, it places both the deaths of John and Jesus closer to the defeat of Herod Antipas by Aretas in 36."
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, V, 1.
- Robert L. Webb, « John the Baptist and his relationship to Jesus », dans Bruce David Chilton et Craig Alan Evans, Studying the Historical Jesus: Evaluations of the State of Current Research, BRILL, , p. 209 : « It is interesting to note that Josephus refers to John's arrest and execution by Antipas (Ant. 18.5.2 §116-119) in the context of narrating how Herod's divorce of his first wife precipitated the war between Antipas and Aretas. In other words, his narrative order suggests a link between Herod's divorce and John's arrest; the NT account makes this link explicit. The explanation of John'conflict with Antipas in the new testament is personal and moral (John condemned his marriage) while Josephus explanation is public and political (Antipas feared strife). »
- Gillman 2003, p. 26 : « Assessing that date is problematic. It is related to major questions of first century C.E. Roman and Jewish history as well as the chronology of John the Baptist and Jesus. Among those who have worked on these issues in great detail some scholars have placed the marriage of Herodias and Antipas as late as 35 (Kirsopp Lake , The Date of Herod's Marriage with Herodias, and the Chronology of the Gospels, Exp, 8th series, iv (1912), 462-77); others have settled on the period between 27 and 31 (Harold Hoehner, Herod Antipas, p.130-131 - Daniel R. Schwartz, Agrippa I: The Last King of Judaea, Mohr Siebeck, 1990, p. 56, ), with yet others judging that it must have been no later than 23( Saulnier Hérode Antipas, p. 130-131)»
- Schwentzel 2011, p. 223
- Smallwood 1981, p. 186 - Mimouni 2012, p. 407 - Schwentzel 2011, p. 216-217 - Kokkinos 1989, p. 134-136 - Gillman 2003, p. 30
- Smallwood 1981, p. 186
- Hoehner 1972, p. 125
- « M. H. Holtzmann et d'autres critiques, qui préfèrent à l'indication positive du troisième Évangile, rapportée par eux trop exclusivement au ministère de Jean-Baptiste, les données de Josèphe sur l'histoire d'Hérode Antipas et d'Hérodiade, placent la mort du précurseur en 34 et celle du Sauveur en l'an 35, l'union incestueuse d'Antipas et d'Hérodiade ne s'étant accomplie qu'après le voyage d'Antipas à Rome qui aurait eu lieu en 33 ; le peuple, au dire de Josèphe, vit dans la défaite infligée au tétrarque par le roi des Arabes en l'an 36 une punition céleste pour la mort de Jean-Baptiste.. Mais on ne peut pas déduire de cette dernière date celle de la mort du Précurseur, qui peut aussi bien avoir eu lieu en 28 qu'en 35, ni la date du mariage d'Antipas et d'Hérodiade, ni celle du voyage qui l'a précédé. » (cf. Revue du clergé français, 1899, p. 424)
- Theodor Keim, The History of Jesus of Nazara, Williams and Norgate, 1876,
- Adolf Hausrath, A history of the New Testament times: the time of Jesus, Williams and Norgate, 1878,
- Kirsopp Lake , The Date of Herod's Marriage with Herodias, and the Chronology of the Gospels, Exp, 8th series, iv (1912), 462-77
- Hugh Schonfield, The Jesus Party, 1974, pp. 46-47, 51-53, 305
- Kokkinos 1989
- , Joan E. Taylor, The Immerser: John the Baptist Within Second Temple Judaism, W.B. Eerdmans Pub., 1997, pp. 255-258
- Robert Eisler, The Messiah Jesus and John the Baptist, Methuen & Company Limited, 1931
- W. Schenk, « Gefangenschaft und Tod des Taufers Erwägungen zur Chronologie und ihren Konsequenzen »', New Testament Studies 29 (1983), pp.453–483
- Johannes Tromp, « John the Baptist according to Flavius Josephus, and his incorporation in the christian tradition », dans Empsychoi Logoi — Religious Innovations in Antiquity, Brill, (lire en ligne), p. 135-150
- Mimouni 2012, p. 458
- Hoehner 1972, p. 127-128 : « Josephus is not always chronological (As one may see from the fact that the accession of Pilate is mentioned before the building of Tiberias (Ant. XVIII, 35-54)), and secondly his account of John's death is a flashback explaining why Antipas was defeated by Aretas »
- E. P. Sanders, The Historical Figure of Jesus, Penguin, 1995, p. 343 :« According to this theory, both John and Jesus must be fitted into the period between the death of Philip, which was in 33 or 34, and Vitellius' expedition, which was in 37. The problem with this is that, in this section of Josephus' Antiquities many of the stories are not in chronological order. They are prefaced by such phrased as 'about this time', 'about the same time' and 'meanwhile' [...] Kokkinos, following this line of reasoning, writes, 'as soon as the alliance between the two kings [Antipas and Aretas] was broken [by the divorce] Aretas exploited the pretexte of a border dispute and proclaimed war on Antipas'. This is plausible speculation with regard to the divorce and Aretas' retaliation. But it is a speculation. We do not know 'as soon as' : that is the question not necesseraly the answer. Josephus writes that Aretas's daughter 'reached her father and told him what Herod [Antipas] planned to do Aretas made this the beginning of hostility over boundaries in the district of Gamala. Made this the beginning of' is not necessarily 'as soon as'; on the contrary, one supposes that some time elapsed between the divorce and the war. Kokkinos' second defence of his theory is that the Jews considered Antipas' defeat to be just retribution because he had executed John. 'To argue that the jews felt God's revenge did not occur immediately after the misdeed is deceptive. Circumstances in the recent rather than the distant past would be more likely to make the Jews attribute divine punishments.' This is partly sheer supposition and partly a weak argument.»
- Brian C. Dennert, John the Baptist and the Jewish Setting of Matthew, Mohr Siebeck, 2015, p. 89 : « Josephus portrays Aretas' defeat of Antipas occurring shortly before the death of Tiberius and thus before 37 CE, but he does not give a date for the Baptist's death, with the flashback nature of the story making it difficult to give an approximate date for John's death in Josephus' mind (Hoehner, Herod Antipas, 169–70; cf. Chilton “John the Baptist,” 39).[...] Another example of the difficulty of determining the chronology of events is that the discussion of Philip and his death (Ant. 18.106–108) is before the description of Antipas' marriage to Herodias. This order introduces a good ruler before highlighting some improper actions of Antipas; there is no need to see the marriage only happening after Philip's death.»
- Nodet 2014
- Schwentzel 2011, p. 223 : « Si l'on suit la chronologie de Flavius Josèphe, Arétas IV lance son expédition contre le tétrarque en 36, quelques mois avant la mort de Tibère (mars 37). Mais la défaite d'Antipas ayant été considérée comme un châtiment divin que le tétrarque aurait subi pour avoir fait mettre à mort Jean le Baptiste, on en déduit que l'exécution de ce dernier a dû avoir lieu peu de temps auparavant. Or, à partir de la chronologie qu'on peut déduire des évangiles, on place généralement la mort de Jean Baptiste vers 28/29, avant la crucifixion de Jésus qui a eu lieu vers 30. Arétas aurait-il attendu sept à huit ans pour venger l'affront fait à sa fille ? Ce n'est pas impossible, mais un peu douteux tout de même. Chr Saulnier et Etienne Nodet proposent donc de déplacer aussi la guerre entre Arétas IV et Antipas vers 29 apr. J-C. Josèphe se serait trompé dans la chronologie ; il y aurait eu confusion de sa part entre deux expéditions dont Tibère chargea successivement Vitellius. L'hypothèse est intéressante, car Flavius Josèphe n'est nullement infaillible mais on peut discuter la méthode consistant à accorder une sorte de suprématie aux évangiles, dont le caractère historique est sur bien des points discutable, comme nous l'avons rappelé à diverses reprises. »
- Marcus 2018, p. 124.
- Kokkinos 1989, p. 135
- Hoehner 1972, p. 126
- F. F. Bruce , New testament History, Doubleday, 1972, pp. 30-31 : « The Pharisees and many other jews believed that the mills of God grounds slowly; if divine nemesis could wait fifteen years before Pompey for violating the sanctity of the holies of holies in Jerusalem, it is not extraordinary that it would have waited a mere seven years taking vengeance for the death of John. »
- Gillman 2003, p. 30 :« Because Aretas was avenging his daughter, some argue that the marriage of Antipas and Herodias took place shortly before, thus about 35. That is not a compelling argument for such a late marriage date, however. First, Aretas may not have acted in haste, but rather waited some years for the right opportunity to take his revenge. Also, such a late date would mean that the death of (and subsequently that of Jesus also) would have been in the mid-30s, much later than scholarship generally judges.»
- Harold Hoehner, Chronological Aspects of the Life of Christ, Zondervan, 2010, p. 101 « Those who hold this view think that Josephus implies that Herod Antipas' defeat occurred not long after he he had beheaded John. It is important to note that the reason for John's beheading was that Herodias did not like his interference in their affairs. In marrying Herodias, Herod Antipas got rid of his first wife who was Aretas' daughter. Accordingly, it is thought that Aretas' retaliation would have occurred soon after his daughter returned home. Josephus clearly indicates, however, that the divorce was the beginning of hostilities and that other incidents such as the boundary disputes finally led to war. Certainly Aretas would have waited for the most opportune time, and that was in A.D. 36, shortly after the time when the Romans had been engaged in a struggle against Artabanus III, king of Parthia. At that time Aretas would have had little fear of defeat. So it is not necessary to see an immediate revenge by Aretas and thus John's death need not be sometime near A.D. 36. Therefore, this late date for the crucifixion based on an inference from Josephus that John the Baptist's death must have occurred very shortly before the time of Herod Antipas' defeat by Aretas, is only an inference and nothing more. This theory makes havoc of the Gospels' chronology, whereas if one follows the Gospels' chronological framework one can fit in the events in Josephus very easily. It is better to base one's chronology on the Gospels than on what in effect is only an inference from Josephus. Hence, the A.D. 36 date for crucifixion is unacceptable. This leaves only two plausible dates for the crucifixion, namely, A.D. 30 and 33 »
- Smallwood 1981, p. 185: « Some time in the mid-20s [Antipas] visited his half-brother, Herod son of Mariamne II, en route for Rome and fell in love with his wife Herodias, who was half-niece to both of them. Herodias' ambition made her willing to abandon a political nonentity in order to achieve elevation to the rank of a tetrarch's wife, even at the price of a double contravention of Jewish Law: for a woman might not divorce her husband; and a widow might not marry her deceased husband's brother if there were children of the first marriage, and Herodias already had a daughter by her first husband- — Salome, later to be Philip's wife. Though polygamy was permitted, she made it a condition of the match that Antipas should divorce Aretas' daughter. The latter, on discovering what was afoot, fled to her father, who waited some ten years for the chance to avenge the insult. [...] Josephus gives the misleading impression that Aretas' revenge in 36 followed hard on his daugther's return. But John's denunciation of the marriage, probably then recent, occured shortly after the opening of the Christ's Ministry c. 28 »
- (en) Gerd Theissen, The Gospels in Context : Social and Political History in the Synoptic Tradition, Ă©d. T&T Clark, 2004, p. 137.
- Hørning Jensen 2010, p. 96
- Schwentzel 2011, p. 215« Philippe meut à Julias en 34 apr. J.-C. »
- Schwentzel 2011, p. 212 « Plus tard, sur des monnaies datées de l'an 31 et de l'an 37, soit respectivement 27 et 33 apr. J.-C., le buste [...], « (Monnaie) de Philippe » sans mention du titre de tétrarque. »
- Mimouni 2012, p. 408 « À sa mort, en 33/34, sans héritier de son mariage avec sa nièce Salomé, la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade,... »
- Schwentzel 2011, p. 215
- Kokkinos 1989, p. 134
- E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 189.
- Schwentzel 2011, p. 216-217 « Dans les mois suivant la mort de Philippe, Antipas croit que son heure est enfin venue. Il se rend à Rome pour y rencontrer Tibère. Josèphe ne nous donne pas la cause de ce voyage, mais il est clair que le tétrarque entend demander à l'empereur de lui confier l'héritage d'Hérode le Grand.[...] Au début du voyage qui devait le mener à Rome, Antipas fait étape chez son demi-frère Hérode [...] C'est à cette occasion que le tétrarque aurait été séduit par sa belle-sœur Hérodiade. Fille d'Aristobule, petite-fille d'Hérode le Grand et de Mariamne l'Hasmonéenne [...] Antipas propose donc à sa nièce de l'épouser [...] Mais Antipas est déjà marié avec une princesse nabatéenne nommée Phasaélis, fille du roi Arétas IV [...] Alors qu'Antipas vogue vers Rome, ses espions (ceux de Phasaélis) lui rapportent que le tétrarque a une liaison avec Hérodiade et qu'il compte bientôt épouser sa maîtresse [...] Phasaélis s'enfuit auprès de son père [...] »
- Kokkinos 1989, p. 133-136
- Gillman 2003, p. 106-107 : « But nothing in Josephus supports a journey by Antipas to ask for Philip's territories. Furthermore, the later trip in 39, which Josephus does recount, would hardly have taken place if Antipas and Herodias had only a few years before been to Rome with an unsuccessful bid. »
- Gillman 2003, p. 26-29 : « [...] Agrippa's departure from Rome must thus be dated in late 23 or early 24. Herodias, who helped him financially after he was back in Judea, was able to do so because she was already married to Antipas. Thus the dating of Agrippa's return supports a date before 24 for the marriage of Herodias and Antipas »
- Étienne Nodet, « Machéronte et Jean-Baptiste », RB 121 (2014), p. 267-282 lire en ligne :« Mais ce récit est fragile, car, on apprend par la suite qu’Antipas et Hérodiade, dûment mariés, recueillent le futur roi Agrippa, ruiné et découragé. Puis après une dispute à Tyr, celui-ci y fut recueilli par Flaccus, qui allait être gouverneur de Syrie de 32 à 35 (AJ 18:150). En fait, Agrippa avait quitté Rome peu après l’assassinat en 23 de Drusus, fils de Tibère (AJ 18:144-149). En clair, l’affaire d’Hérodiade est certainement bien antérieure à la guerre d’Arétas. » - « L’activité littéraire de Josèphe se résume en fait à une manœuvre assez simple, liée à la confusion des deux « Philippe ». La version slavonne présente une séquence de trois épisodes : la mort de Philippe, l’adultère d’Antipas et la décapitation de Jean-Baptiste. Lié par une date précise de la mort de Philippe, Josèphe a déplacé l’ensemble d’une trentaine d’années, gardant l’ordre des épisodes mais en les remaniant avec des fragments de traditions ; il a peut-être tiré parti de la mention de Machéronte dans le récit de la fuite de la fille d’Arétas, mais à une autre époque. La chronologie réelle peut donc être largement remontée de 10 ou 20 ans, d’autant plus qu’il n’est signalé aucun enfant issu du premier mariage d’Antipas ; on peut parfaitement situer les invectives de Jean Baptiste contre Antipas et Hérodiade au début du règne de Tibère, voire sous Auguste, mort en 14. En tout cas, il n’est certainement pas prouvé par les dires de Josèphe que Jean-Baptiste soit mort après Jésus [...] Les évangiles indiquent sans ambiguïté que Jean-Baptiste a précédé Jésus, et qu’il est mort avant lui. C’est compatible avec les dires de Josèphe, dûment interprétés. [...]Par conséquent, on peut se demander s’il ne faut pas suivre Josèphe dans la version slavonne de la Guerre, où il met les débuts de Jean-Baptiste sous Archélaüs (cf. Mt 3,1), une génération avant Jésus »
- Saulnier 1984
- Nodet 1985
- Nodet 2014
- Etienne Nodet, « Machéronte (Machaerus) et Jean Baptiste », Revue biblique, vol. 121,‎ , p. 267-282 (lire en ligne) affirme « Knut Backhaus juge a priori crédible la chronologie de Josèphe ; c’est la tradition chrétienne qui aurait fait mourir Jean avant Jésus. ». Mais dans la version en ligne de l'article , : «If we, therefore, realize that public opinion perceived Jesus as successor of John, and date Jesus' death to 30 CE, it was at the latest in about 29 CE that John died. »