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Cyrtophora citricola

Cyrtophora citricola, l'Épeire de l'Opuntia, est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Araneidae[1].

Cyrtophora citricola
Description de cette image, également commentée ci-après
Cyrtophora citricola à Madère

Espèce

Cyrtophora citricola
(Forsskål, 1775)

Synonymes

  • Aranea citricola Forsskål, 1775
  • Epeira opuntiae Dufour, 1820
  • Epeira cactiopuntiae Lucas, 1838
  • Epeira emarginata Lucas, 1858
  • Epeira flava Vinson, 1863
  • Epeira purpurea Vinson, 1863
  • Epeira dorsuosa Blackwall, 1866
  • Cyrtophora sculptilis L. Koch, 1872
  • Epeira cajetana Costa, 1882
  • Cyrtophora citricola abessinensis Strand, 1906

Distribution

Cette espèce se rencontre en Afrique, en Europe du Sud, en Asie et en Australie. Elle a également été observée dans les Caraïbes et au Brésil dans les zones urbanisées à la suite d'introductions[1] - [2].

Vue d'ensemble d'une toile de Cyrtophora citricola tissée sur un Pyracantha dans une haie, près de Béziers (Hérault, Occitanie). Elle renferme un chapelet de cocons ovigères. Détail de la nappe dans la Fig.1.

Sur le territoire français, elle est présente à La Réunion[3] et en Corse[4] ; elle est attestée dans le Var et signalée à Marseille et sur la Côte d'Azur[5] - [6].

une partie de la nappe (dôme) avec ses mailles carrées caractéristiques.
Fig. 5 - Cytophora citricola à Sète, dans un jardin du mont Saint-Clair en août 2019, deuxième mention pour l'Occitanie.

Il s'agit de la seule espèce du genre Cyrtophora présente en Europe[4].

Description

Femelle de Cyrtophora citricola sur son cocon, à l'abri d'une feuille morte. Région de Béziers, ouest de l'Hérault, Occitanie. Réapparition de l'espèce in situ, juillet 2019, pendant la canicule (d'après A.Lopez).
Cyrtophora femelle sous un cocon, dans sa toile fixée sur un yucca, près de Béziers (Hérault) (d'après F.Marcou).
Cyrtophora citricola sur Ilex aquifolium
Toile de Cyrtophora citricola

La femelle mesure de 7,5 à 13,3 mm et le mâle 2,7 mm[7].

La forme de l'abdomen est caractéristique et présente six tubercules nets, soulignés par des taches blanches. La couleur abdominale est variable. Le céphalothorax est brun sombre, couvert de longs poils blancs. Il existe une forme claire (beige) et une sombre (anthracite à noir). Le mâle, assez sombre est particulièrement petit par rapport à la femelle (dimorphisme sexuel ). Il ne tisse pas de toile et vit dans celles des femelles.

Toile et cocons ovigères

Les toiles sont construites dans la végétation, notamment les Opuntias, les Agaves et les Euphorbes cactiformes comme aux Canaries[8], parfois aussi dans l'habitat humain. Des agrégations de toiles sont possibles et fréquentes, les araignées ayant alors une vie sub-coloniale.

Du point de vue structural, chacune d'elles est un édifice soyeux tridimensionnel complexe, évoquant à première vue la construction habituelle des Linyphiidae, fort dissemblable de l'orbe classique tissée par les "Epeires" et les "Argiopes", de ce fait "aberrant" dans la famille des Araneidae surtout composée d'orbitèles typiques[9].

Il est totalement dépourvu de fils gluants et comporte une nappe horizontale de pourtour arrondi que soutiennent deux réseaux irréguliers, sus et sous-jacents. La nappe est formée d'innombrables radii et d'un fil spiral sans gouttelettes visqueuses, donc non adhésif. En se croisant, ces fils constituent un tissu robuste, avec des jonctions en nombre extraordinairement élevé et dont les petites mailles carrées sont si fines et si régulières qu'elles évoquent la structure d'un filet à plancton (Fig. 2). Le tissu s'incurve en dôme ou en entonnoir surbaissé, unique, mais pouvant être aussi multiple.

Le mâle pygmée n'a en revanche qu'une activité séricigène réduite se limitant au tissage d'un petit réseau irrégulier pour son repos, de la toile spermatique et du « fil de cour ». Toutes ces structures sont fixées sur la propre toile de la femelle, comme d’ailleurs les petits édifices par des jeunes sorties de leur cocon[9].

La toile remplit plusieurs fonctions : abri pour la femelle qui s’y tient généralement ventre en l’air sur la face inférieure du dôme maillé, capture des proies en jouant le rôle d’une « nasse » pour les Insectes volants que les fils barrière du réseau supérieur projettent sur la nappe où l’araignée les saisit à travers son tissu avant de les mordre avec ses chélicères et de les emmailloter, réserve hydrique, stockage des restes de proies et de débris végétaux assurant son camouflage et lieu unique pour la mise en place des cocons tissés par Cyrtophora citricola autour de ses œufs. En nombre variable (Fig. ), ces cocons sont orbiculaires, plus ou moins plan-convexes, blancs à verdâtres et disposés au-dessus du moyeu en une file verticale éminemment caractéristique[9].

Il est à noter que de petites Araignées Theridiidae du genre Argyrodes fréquentent assiduement les toiles de Cyrtophora citricola dans les régions tropicales et subtropicales[3]. Remarquables par leur dimorphisme sexuel lié à la présence d'une glande clypéale ou acronale, ces commensaux kleptoparasites dérobent de la nourriture à la Cyrtophora qui les héberge ou en dévorent même les jeunes.

Anatomie interne : l'appareil séricigène

Très grande et d'architecture complexe, la toile de Cyrtophora citricola est complètement dépourvue de spirale adhésive comme chez les autres Araignées du même genre[9]. Les corollaires de cette particularité sont évidents dans les coupes histologiques de l'appareil séricigène : le grand développement des glandes ampullacées, susceptibles d'élaborer une quantité de soie considérable ; l'absence totale de l'unité fonctionnelle à l'origine de la spirale captrice des toiles, cette triade étant normalement formée par des glandes agrégées, productrices de la glu, et des glandes flagelliformes élaborant les fils qui la soutiennent.

Il parait très probable que ce manque de glandes soit un caractère dérivé et non pas primitif.

Cyrtophora citricola sur sa nappe à mailles carrées. Ténérife, Canaries
Cyrtophora citricola sur sa toile à mailles carrées. Ténérife, Canaries.

Liste des sous-espèces

Selon World Spider Catalog (version 20.5, 28/10/2019)[10] :

Systématique et taxinomie

Cette espèce a été décrite sous le protonyme Aranea citricola par Forsskål en 1775.

La sous-espèce Cyrtophora citricola abessinensis[11] a été placée en synonymie avec Cyrtophora citricola citricola par Nentwig, Blick, Gloor, Jäger et Kropf en 2019[12].

Publications originales

  • Forsskål, 1775 : Descriptiones animalium avium, amphibiorum, piscium, insectorum, vermium; quae in itinere orientali observavit Petrus Forskål. Hauniae.
  • Karsch, 1879 : West-afrikanische Arachniden, gesammelt von Herrn Stabsarzt Dr. Falkenstein. Zeitschrift für die Gesammten Naturwissenschaften, vol. 52, p. 329-373.
  • Tullgren, 1910 : Araneae. Wissenschaftliche Ergebnisse der Schwedischen Zoologischen Expedition nach dem Kilimandjaro, dem Meru und den umgebenden Massaisteppen Deutsch-Ostafrikas 1905-1906 unter Leitung von Prof. Dr. Yngve Sjöstedt. Sjöstedts Kilimandjaro-Meru Expedition, vol. 20, no 6, p. 85-172.
  • Merian, 1911 : Die Spinenfauna von Celebes. Beiträge zur Tiergeographie im Indo-australischen Archipel. Zoologische Jahrbücher, Abteilung für Systematik, Geographie und Biologie der Tiere, vol. 31, p. 165-354.

Galerie

  • Cyrtophora citricola (flèche) et chapelet de 8 cocons. Mahé, Seychelles.
    Cyrtophora citricola (flèche) et chapelet de 8 cocons. Mahé, Seychelles.
  • Cyrtophora citricola (flèche) sous son chapelet de 3 cocons. Ténérife, Canaries.
    Cyrtophora citricola (flèche) sous son chapelet de 3 cocons. Ténérife, Canaries.
  • Cyrtophora citricola sur sa toile à mailles carrées. Ténérife, Canaries
    Cyrtophora citricola sur sa toile à mailles carrées. Ténérife, Canaries
  • Face ventrale d'une Cyrtophora citricola sur les collines niçoises (France).
    Face ventrale d'une Cyrtophora citricola sur les collines niçoises (France).
  • Gros plan sur son abdomen et ses tubercules. Nice, Alpes-Maritimes, 2017.
    Gros plan sur son abdomen et ses tubercules. Nice, Alpes-Maritimes, 2017.
  • Le même individu ♀ avec ses nouveau-nés dans la toile.
    Le même individu ♀ avec ses nouveau-nés dans la toile.

Liens externes

Notes et références

  1. WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. Álvares & De Maria, 2004 : First record of Cyrtophora citricola (Forskål) in Brazil (Araneae, Araneidae). Revista Brasileira de Zoologia, vol. 21, no 1, p. 155-156 (texte intégral)
  3. Lopez, 1990 : Contribution à l'étude des araignées réunionnaises : Note préliminaire. Bulletin de la Société Sciences Nat. (Venette-Compiègne), no 67, p. 13-22.
  4. « Inventaire National du Patrimoine Naturel », sur INPN (consulté le )
  5. « Cyrtophora citricola », sur Naturelles ballades,
  6. Michael Roberts, Guide des araignées de France et d'europe, Delachaux-Niestlé, coll. « Les guides du naturaliste », (ISBN 978-2603017296)
  7. araneae
  8. Lopez, 1986 : Observations on some Spiders of Tenerife (Canary Islands). British Arachnological Society Newsletter, vol. 45, p. 6-7.
  9. Lopez & Kovoor, 1982 : Anatomie et histologie des glandes séricigènes des Cyrtophora (Araneae, Araneidae) : affinités et corrélations avec la structure et la composition de la toile. Revue Arachnologique, vol. 4, p. 1-21.
  10. WSC, consulté le version 20.5, 28/10/2019
  11. Strand, 1906 : Diagnosen nordafrikanischer, hauptsächlich von Carlo Freiherr von Erlanger gesammelter Spinnen. Zoologischer Anzeiger, vol. 30, p. 604-637 & 655-690.
  12. Nentwig, Blick, Gloor, Jäger & Kropf, 2019 : Tackling taxonomic redundancy in spiders: the infraspecific spider taxa described by Embrik Strand (Arachnida: Araneae). Arachnologische Mitteilungen, vol. 58, p. 29-51.
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