AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Cultivar de patates douces

Les cultivars de patates douces sont des cultivars (variĂ©tĂ©s cultivĂ©es) sĂ©lectionnĂ©es par les cultivateurs depuis la domestication de cette espĂšce de plantes, Ipomoea batatas. On en compte plusieurs milliers. Le centre international de la pomme de terre entretient une collection de plus de 6 000 accessions de variĂ©tĂ©s traditionnelles, de lignĂ©es de sĂ©lection et de cultivars modernes de patates douces, qui cependant ne pourrait constituer qu'une petite fraction des variĂ©tĂ©s disponibles dans le monde. Cette espĂšce est cultivĂ©e dans de nombreuses rĂ©gions du monde, principalement en Asie (Chine, Japon, IndonĂ©sie, Philippines, Inde, ViĂȘt Nam, etc.), en Afrique (Nigeria, Ouganda, Kenya, Malawi, etc.), en AmĂ©rique du Nord, mais aussi en OcĂ©anie (Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, Nouvelle-ZĂ©lande, Australie, HawaĂŻ, etc.). Cependant, la patate douce n'est pas largement cultivĂ©e en Europe, sauf au Portugal et en Espagne[1] Les cultivars de patates douces diffĂšrent Ă  bien des Ă©gards. Parmi les critĂšres de diffĂ©renciation les plus communs figurent la taille, la forme et la couleur des patates. Plus la chair d'une patate douce est orange, plus elle est riche en carotĂšne, qui est mĂ©tabolisĂ© dans l'organisme humain en vitamine A. La peau (Ă©piderme) des patates est de couleur diffĂ©rente de celle de la chair (moelle).

Illustration d'anciennes variétés américaines (années 1910).

Vers le milieu du XXe siĂšcle, les producteurs de patates douces du sud des États-Unis ont commencĂ© Ă  commercialiser des patates douces Ă  chair orange sous le nom de yams, dans le but de les diffĂ©rencier des patates douces Ă  chair blanche ou jaune[2].

Types de cultivars

Parmi les patates douces de table (consommées en frais) on reconnaßt généralement deux classes de cultivars :

  • les types « dessert », riches en bĂ©ta-carotĂšne, Ă  chair orange, avec une teneur en matiĂšre sĂšche relativement faible (< 30 %) et une texture humide, pĂąteuse, et une saveur marquĂ©e, aromatique et sucrĂ©e.
  • les types « aliment de base », manquant gĂ©nĂ©ralement de bĂ©ta-carotĂšne, Ă  chair blanche ou crĂšme, avec une teneur en matiĂšre sĂšche relativement Ă©levĂ©e (> 30 %), une texture plus sĂšche, farineuse, et une saveur plus faible, moins aromatique et moins sucrĂ©e[3].

Une troisiÚme classe de qualité s'est développée depuis le début des années 2010 en Afrique subsaharienne, à savoir des « patates douces oranges et amylacées » également appelé « sabor simple» en Amérique latine. Ce sont des cultivars à chair orange, riches en b-carotÚne, mais avec un taux de matiÚre sÚche élevée. Presque tous les nouveaux cultivars sélectionnés en Afrique sont de ce type pour répondre aux préférences gustatives des adultes[3].

Cultivar génétiquement modifié

Aucun cultivar de patates douces génétiquement modifié n'est commercialisé actuellement dans le monde, mais de nombreuses études ont été menées dans différents pays.

En 1991, un « projet de patate douce rĂ©sistant aux virus » a Ă©tĂ© lancĂ© au Kenya dans le cadre d'un accord de transfert de technologie entre la sociĂ©tĂ© Monsanto et le KARI (Kenya agricultural research institute ou Institut de recherche agronomique du Kenya), avec l'appui financier de l'USAID et le soutien technique de l'universitĂ© du Missouri. L'objectif Ă©tait de crĂ©er des cultivars rĂ©sistant au complexe viral (SPVD) affectant les cultures de patates douces au Kenya, en crĂ©ant une rĂ©sistance au virus de la marbrure plumeuse de la patate douce (SPFMV). La premiĂšre phase du processus qui s'est dĂ©roulĂ©e aux États-Unis a consistĂ© Ă  transformer deux lignĂ©es issues des cultivars ‘CPT-560’ (Kenya) et ‘Jewel’ (États-Unis) en insĂ©rant des gĂšnes codant une protĂ©ine d'enveloppe virale au moyen d'une infection par Agrobacterium tumefaciens. Les essais rĂ©alisĂ©s au champ ont montrĂ© une bonne rĂ©sistance Ă  des souches amĂ©ricaines du SPFMV[4].

La deuxiĂšme phase, qui a commencĂ© en 2001, a consistĂ© Ă  tester au Kenya dans des essais au champ, douze lignĂ©es gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es du cultivar ‘CPT 560’ dans quatre sites importants de culture de la patate douce dans le pays. Ces essais sur le terrain ont Ă©tĂ© un Ă©chec, en effet le niveau de rĂ©sistance au SPVD s'est rĂ©vĂ©lĂ© insuffisant. Ce rĂ©sultat peut s'expliquer par des effets synergiques avec d'autres virus de la patate douce dans les milieux oĂč les lignĂ©es ont Ă©tĂ© testĂ©es, ou par la possibilitĂ© que la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de structures gĂ©niques ne soit pas efficace contre les souches kenyanes du virus puisqu'elles ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es Ă  partir de souches amĂ©ricaines du virus[5].

Ce projet qui prétendait révolutionner l'agriculture en Afrique, dont la biotechnologiste kenyane, Florence Wambugu, avait fait une importante promotion, aura finalement coûté en une décennie environ 6 millions de dollars à Monsanto, à la Banque mondiale et au gouvernement américain[6]

Principaux cultivars par pays

Chine

La variĂ©tĂ© de patates douces la plus cultivĂ©e en Chine est ‘Xushu 18’, qui produit environ 30 millions de tonnes sur environ 1,5 million d'hectares. C'est un cultivar aux patates elliptiques Ă  peau rouge et Ă  chair blanche, avec des anneaux violets par endroits, qui est utilisĂ©e principalement pour la production d'amidon et d'aliments pour animaux. Elle se caractĂ©rise par une tolĂ©rance Ă©levĂ©e au stress hydrique et une rĂ©sistance Ă  la pourriture des racines, mais elle est sensible aux nĂ©matodes et Ă  la pourriture noire. Elle est issue d'un programme de sĂ©lection gĂ©nĂ©tique lancĂ© aprĂšs l'introduction dans le pays de deux cultivars Ă©trangers, dont elle est un descendant de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration : le cultivar amĂ©ricain ‘Nancy Hall’ (introduit en 1938) et le cultivar japonais ‘Okinawa 100’ (1941)[7].

Japon

En 2012, les principales variĂ©tĂ©s de patates douces cultivĂ©es au Japon, en pourcentage de la surface totale (38 000 hectares), sont les suivants : ‘Koganesengan’ (22,1 %), ‘Beniazuma’ (19,0 %), ‘Kokei 14’ et ses mutants (11,4 %), ‘Shiroyutaka’ (11,0 %), ‘Beniharuka’ (5,3 %) et ‘Benimasari’ (2,1 %)[8].

Le principal cultivar de table est ‘Beniazuma’. Il est issu d'un croisement entre deux cultivars populaires dans le pays, ‘Kanto 85’ et ‘Koganesengan’. Il a Ă©tĂ© mis sur le marchĂ© en 1984 par l'Institut national de la science des plantes cultivĂ©es (NICS). C'est un cultivar Ă  haut rendement, rĂ©sistant aux maladies, aux patates longues et fusiformes, Ă  la peau rouge foncĂ© et Ă  la chair jaune, qui se prĂȘte bien Ă  la cuisson et aux prĂ©parations culinaires[7] - [9] - [8].

‘Koganesengan’, cultivar trĂšs riche en amidon, commercialisĂ© depuis 1966 , a Ă©tĂ© pendant de nombreuses annĂ©es principalement utilisĂ© comme source d'amidon industriel. Cette utilisation est cependant en dĂ©clin du fait de la concurrence du maĂŻs et du manioc comme source d'amidon. C'est actuellement la variĂ©tĂ© la plus couramment cultivĂ©e pour la production de spiritueux japonais (shƍchĆ«)[8].

États-Unis

Tubercules du cultivar ‘Beauregard’.

Aux États-Unis, les variĂ©tĂ©s cultivĂ©es pour l'alimentation humaine sont gĂ©nĂ©ralement classĂ©es en deux types : Ă  chair sĂšche ou Ă  chair aqueuse. Ces derniĂšres sont improprement appelĂ©es « yams » (ignames). Cette classification n'est toutefois pas basĂ©e sur la teneur en eau des patates mais plutĂŽt sur les caractĂ©ristiques des patates cuites. Pendant la cuisson, l'amidon est davantage transformĂ© en sucres chez les cultivars Ă  chair aqueuse, qui sont donc plus sucrĂ©s que les cultivars Ă  chair sĂšche. La plupart des variĂ©tĂ©s cultivĂ©es aux États-Unis sont des cultivars Ă  chair orange, dont les premiĂšres ont Ă©tĂ© commercialisĂ©es dans les annĂ©es 1950[10]

La principale variĂ©tĂ© cultivĂ©e aux États-Unis est ‘Beauregard’ qui occupe plus de 60 % de la sole consacrĂ©e Ă  cette production. ‘Beauregard’, issue d'une sĂ©lection de polycroisements entre les lignĂ©es parentes ‘L59-89’, ‘L67-29’, ‘L70197’ et ‘L78-21’, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par la station expĂ©rimentale agricole de l'universitĂ© d'État de Louisiane en 1987. C'est un cultivar au port Ă©talĂ©, aux feuilles vertes, cordĂ©es Ă  la base, lĂ©gĂšrement colorĂ©es en violet Ă  la base au-dessus du pĂ©tiole, et aux patates elliptiques Ă  peau rose et chair orange. Elle est rĂ©sistante au flĂ©trissement fusarien (Fusarium oxysporum f.sp. batatas), Ă  la pourriture fusarienne de la tige et des racines (Fusarium solani) et Ă  la pourriture molle Ă  Rhizopus (Rhizopus stolonifer) , moyennement rĂ©sistante Ă  la pourriture et gale de la patate douce (Streptomyces ipomoeae (en)), et sensible aux nĂ©matodes Ă  galles et Ă  la pourriture molle bactĂ©rienne (Pectobacterium carotovorum subsp. carotovorum) . Elle a une bonne qualitĂ© de cuisson et se prĂȘte bien Ă  la mise en conserve. Cette variĂ©tĂ© est Ă©galement trĂšs cultivĂ©e en Nouvelle-ZĂ©lande[7].

Un autre cultivar important aux États-Unis est ‘Covington’, crĂ©Ă© en 2005 par la station de recherche agricole de Caroline du Nord, qui occupe environ 30 % de la sole consacrĂ©e Ă  la patate douce aux États-Unis. C'est un cultivar Ă  rendement Ă©levĂ© avec un bon pourcentage de racines de haute qualitĂ©, Ă  peau rose et Ă  chair orange, de forme polyĂ©drique Ă  fusiforme. Il est rĂ©sistant au Fusarium et modĂ©rĂ©ment rĂ©sistant Ă  la pourriture due Ă  Streptomyces ainsi qu'aux nĂ©matodes Ă  galles du sud[7].

Un autre cultivar plus ancien, ‘Jewel’, Ă  peau rouge cuivrĂ© et Ă  chair orange foncĂ©[11], est Ă©galement cultivĂ© aux États-Unis. Un nouveau cultivar, ‘Evangeline’, Ă  la chair orange foncĂ©, Ă©galement sĂ©lectionnĂ© en Louisiane, est promis Ă  un grand avenir.

Notes et références

  1. (en) Carlos NĂșñez, « Sweet potatoes a growing niche in Europe », sur FreshPlaza, (consultĂ© le ).
  2. (en) Jonathan Schultheis, « What is the Difference Between a Sweetpotato and a Yam? », sur NC Cooperative Extension, .
  3. (en) WJ. GrĂŒneberg, D. Ma, Robert O.M. Mwanga & Edward E Carey, « Advances in sweetpotato breeding from 1992 to 2012 », dans Low J., M. Nyongesa, S Quinn & M. Parker, Potato and Sweetpotato in Africa - Transforming the Value Chains for Food and Nutrition Security, Chapter: 1,, : CAB International, (lire en ligne), p. 3-68.
  4. (en) Matin Qaim, « The Economic Effects of Genetically Modified OrphanCommodities: Projections for Sweetpotato in Kenya », sur www.isaaa.org, (consulté le ).
  5. (en) Gichuki S.T., Nangayo F., Machuka J., Njagi I., Macharia C., Odhiambo B., Irungu J & Ndolo P.J., « Development of virus resistant sweetpotato using biotechnological approaches in Kenya », sur www.istrc.org, (consulté le ).
  6. (en) « Monsanto's showcase project in Africa fails », sur www.lobbywatch.org, (consulté le ).
  7. (en) A.L. Carpena, « Important Cultivars, Varieties, and Hybrids », dans Gad Loebenstein, George Thottappilly, The Sweetpotato, Springer Science & Business Media, coll. « Biomedical and Life Sciences », , 522 p. (ISBN 9781402094750), p. 27-40.
  8. (en) Sakio Tsutsui, Yoshihiko Shiga, Tetsuo Mikami, « Japanese Sweetpotatoes: Production, Cultivars, and Possible Ancestry », Notulae Botanicae Horti Agrobotanici Cluj-Napoca, vol. 44, no 1,‎ , p. 1-5 (DOI 10.15835/nbha44110400, lire en ligne).
  9. (en) « Beniazuma Sweet Potato - Imo Shochu Ingredient », sur the Japanese Bar, (consulté le ).
  10. (en) Terra Brockman, The Seasons on Henry's Farm : A Year of Food and Life on a Sustainable Farm, Agate Publishing, , 320 p. (ISBN 978-1-57284-656-2, lire en ligne), p. 295-296.
  11. (en) « 16 Shades of Sweet: A Sweet Potato Guide », sur www.saveur.com, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) A.L. Carpena, « Important Cultivars, Varieties, and Hybrids », dans Gad Loebenstein, George Thottappilly, The Sweetpotato, Springer Science & Business Media, coll. « Biomedical and Life Sciences », , 522 p. (ISBN 9781402094750), p. 27-40
  • Lucien Degras, La patate douce, Maisonneuve & Larose, coll. « Le technicien d'agriculture tropicale », , 166 p. (ISBN 978-2-7068-1286-6)
  • (en) Jennifer A. Woolfe, International Potato Center, Sweet Potato : An Untapped Food Resource, Cambridge University Press, , 643 p. (ISBN 978-0-521-40295-8, lire en ligne).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.