Crise politique de 2020 au Salvador
La crise politique de 2020 au Salvador débute le lorsque le gouvernement du président Nayib Bukele ordonne l'entrée des troupes de l'armée du Salvador dans les installations de l'Assemblée Législative[1].
Date | |
---|---|
Lieu | Salvador |
Issue |
Accusations de coup d'Etat contre Nayib Bukele, Manifestations |
Gouvernement du Salvador, Police nationale du Salvador | Assemblée législative du Salvador,
Front Farabundo Martà de libération nationale, Alliance Républicaine Nationaliste |
Nayib Bukele | Mario Ponce |
Antécédents
La crise naît d'un désaccord entre les pouvoirs exécutif et législatif au sujet d'un prêt de 109 millions de dollars américains pour l'amélioration de la Police nationale civile (es) et des Forces armées face à l'augmentation du taux de délinquance dans le pays, visant notamment à lutter contre les gangs locaux, les « Maras ». Le , Bukele invoque l'alinéa 7 de l'article 167 de la Constitution de la République, qui appelle le Conseil de Ministres à « convoquer extraordinairement l'Assemblée Législative, lorsque les intérêts de la République le demandent »[2]. Comme réponse, le Parlement du Salvador approuve une motion déclarant inconvenante la convocation extraordinaire pour approuver des fonds pour le plan de sécurité.
Crise
Le , le Président mentionne la possibilité de l'application de l'article 87, qui autorise une insurrection populaire en cas de rupture de l'ordre constitutionnel. Bien que reconnaissant qu'il n'est pas rompu, Bukele soutient qu'il serait mis à mal dans le cas où les parlementaires de l'Assemblée nationale ne répondraient pas à son appel de la veille[3].
Le , Bukele, en accord avec ce qu'il avait annoncé, entre entouré de gardes des forces publiques dans le Salon Bleu et s'assoit sur la chaise du président de l'Assemblée Mario Ponce. Installé à la tribune, le président menace alors de dissoudre l'assemblée avant d'éclater en sanglots et d'effectuer une brève prière. Annonçant solennellement avoir entendu Dieu lui parler pour l'encourager à faire preuve de patience, il renonce à dissoudre l'assemblée, puis s'adresse à une foule de partisans aux portes du bâtiment dans un discours enflammé où il décrit les députés comme des « voleurs et des scélérats »[4] - [5]. Le jour suivant, la Cour Suprême de Justice du Salvador interdit au président de convoquer le parlement et interdit également à toutes les forces publiques, ministère de la Défense compris, d'exercer les diverses fonctions présidentielles permises par la Constitution. Bukele rejette cette demande, affirmant que « le système s'autoprotège ». Les partis adverses aussi bien de droite, comme Alliance républicaine nationaliste (SABLE), que de gauche, comme le Front Farabundo Martà de Libération Nationale (FMLN) s'indignent de l'entrée de troupes au parlement, qualifiant l'évènement d'« auto-coup d'État ».
RĂ©actions
De petites manifestations contre Bukele sont organisées, notamment à l'université du Salvador (UES) à San Salvador[6]. Amnesty International et Human Rights Watch qualifient de « dangereux » et « graves » les agissements du Président[7]. Le FMLN révèle que plusieurs de ses parlementaires sont harcelés par le gouvernement et demande que soient interpellés plusieurs Ministres pour leur participation à l'irruption des troupes dans l'Assemblée Législative du Salvador[8] - [9].
D'autre part, la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) de l'Organisation des États Américains demande au Salvador de "résoudre pacifiquement la crise actuelle" et de "respecter la séparation des pouvoirs et la Constitution".
L'ambassadeur américain Ronald Douglas Johnson et le président du Comité de Relations Extérieures du Congrès des États-Unis, Eliot Engel qualifient ces actions d'“inacceptables” et de “violations de la séparation des pouvoirs des institutions démocratiques du pays”.
Le , monseigneur José Luis Escobar, président de la Conférence épiscopale du Salvador demande que « le ton des attaques mutuelles soit descendu, parce que de cette façon nous ne pouvons pas avancer, parce qu'à la fin celui qui sort affecté c'est le peuple » pour éviter un nouveau conflit, en référence à la Guerre civile du Salvador de 1979 à 1992[10].
Articles connexes
Références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « Crisis polĂtica en El Salvador de 2020 » (voir la liste des auteurs).
- (es) « Crisis en El Salvador: cuáles son los motivos de la fuerte tensión entre el presidente Nayib Bukele y el Congreso » [« Crise au Salvador : Quels sont les motifs de la forte tension entre le président Nayib Bukele et le Congrès ? »], sur bbc.com, site de la BBC, (consulté le ).
- (es) Beatriz BenĂtez, « ÂżPor quĂ© El Salvador se encuentra ante el precipicio? » [« Pourquoi le Salvador est-il au bord du prĂ©cipice ? »], sur laprensagrafica.com, site du journal La Prensa Gráfica, (consultĂ© le ).
- (es) « El Salvador: Bukele amenaza a diputados para conseguir préstamo » [« El Salvador: Bukele menace les députés pour obtenir un prêt »], sur telesurtv.net, (consulté le ).
- (en) « Petitions are processed to remove President of Salvador Nayib Bukele », sur cadenagramonte.cu, (version du 22 avril 2021 sur Internet Archive).
- « Salvador : les députés de droite mettent en doute la santé mentale du président Nayib Bukele », sur lefigaro.fr, site du journal Le Figaro, (consulté le ).
- (es) « Débiles protestas contra la actuación de Bukele en el Congreso salvadoreño » [« Faibles protestations contre le comportement de Bukele au Congrès salvadorien »], sur efe.com, site de EFE, (consulté le ).
- (es) « AmnistĂa Internacional y HRW critican al presidente de El Salvador por toma del Congreso y califican situaciĂłn de “grave” » [« Amnesty International et HRW critiquent le prĂ©sident du Salvador pour sa prise de contrĂ´le du Congrès et qualifient la situation de “grave” »], sur americaeconomia.com, (consultĂ© le ).
- (es) Gabriela Villarroel, « FMLN recopila denuncias por persecución contra diputados », sur elmundo.sv, site du journal El Mundo (es), (version du 19 février 2020 sur Internet Archive).
- (es) Gabriela Villarroel, « FMLN pide interpelar a Rivas y Merino, Arena aún evalúa », sur elmundo.sv, site du journal El Mundo (es), (version du 22 février 2020 sur Internet Archive).
- (es) « La Iglesia llama a “bajar el tono” ante la crisis polĂtica en El Salvador para evitar un nuevo conflicto » [« L’Église appelle à “baisser le ton” face Ă la crise politique au Salvador pour Ă©viter un nouveau conflit »], sur europapress.es, site de Europa Press, (consultĂ© le ).