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Crécerelle de Maurice

Falco punctatus

La Crécerelle de Maurice (Falco punctatus), parfois dite Faucon de Maurice, est une espèce de rapaces appartenant à la famille des Falconidés. Elle est endémique de l'île Maurice, dans l'océan Indien. Elle est parfois désignée sous le nom de Faucon tacheté.

Description

La CrĂ©cerelle de Maurice est un petit faucon : les mâles pèsent 130 Ă  140 g, contre 160 Ă  140 g pour les femelles[1]. Ses ailes sont courtes et arrondies, adaptĂ©es aux forĂŞts montagnardes denses oĂą elle vit, et ressemblent plus Ă  celles d'un oiseau de proie du genre Accipiter qu'Ă  un faucon[1].

Écologie

La Crécerelle de Maurice se nourrit de lézards, notamment de geckos du genre Phelsuma, et d'oiseaux, en particulier le Zostérops gris de Maurice[1]. Ses proies incluent aussi la Musaraigne des maisons et des reptiles et passereaux introduits sur l'île[1].

Sa technique de chasse la plus fréquente consiste à rechercher ses proies depuis un perchoir, typiquement un arbre ou un rocher[1]. Il peut également chasser en Saint-Esprit, mais moins que d'autres crécerelles, comme le Faucon crécerelle, qui fréquentent les espaces ouverts[1].

La Crécerelle de Maurice est une espèce territoriale formant des couples monogames[2]. Son cycle de reproduction est similaire à celui des autres faucons, si ce n'est que les juvéniles restent dépendants de leurs parents plusieurs mois, plus longtemps que pour les crécerelles des zones tempérées[1]. Les parades nuptiales démarrent en septembre ou octobre et la ponte a lieu en octobre ou novembre dans une cavité de falaise[1]. Une ponte classique compte deux à cinq œufs[2], le plus souvent trois[1]. Les œufs sont incubés par la femelle seule et éclosent après une trentaine de jours[1]. Les jeunes restent au nid cinq semaines et demie avant de le quitter fin février de l'année suivante[2]. Ils atteignent la maturité sexuelle à l'âge d'un an, mais ne commencent pas nécessairement à se reproduire à cet âge[1].

Conservation

Commune sur l'île Maurice avant la colonisation par les Néerlandais en 1638, la Crécerelle de Maurice a vu ses effectifs fondre rapidement en raison de la déforestation intensive, de l'expansion agricole et de la persécution humaine, l'oiseau étant considéré comme un mangeur de poules[1]. En 1950, elle était devenue rare, circonscrite à la région des gorges de Rivière Noire, et frôlait l'extinction[1]. Le développement de l'usage des pesticides organochlorés a contribué à réduire la population à quatre individus, dont un couple reproducteur, en 1974[3].

Un vaste effort de conservation est lancé en 1993, combinant notamment reproduction en captivité, nourrissage des oiseaux sauvages et réintroductions[3]. Considéré comme un succès, le programme est arrêté dix ans plus tard, après avoir permis de renforcer ou recréer quatre populations distinctes dans des régions montagneuses de l'île : Rivière Noire à l'ouest, la chaîne de Bambous à l'est, celle de Moka au nord et la région de Bel Ombre au sud[2].

Toutefois, le goulet d'étranglement a débouché sur une perte importante de diversité génétique[4]. En outre, le changement climatique a accru la fréquence des pluies de printemps, poussant les crécerelles à retarder leur cycle de reproduction[5]. Les jeunes sont davantage exposés aux rigueurs de la mauvaise saison et le succès reproductif des crécerelles s'en trouve affecté[5].

De fait, les quatre populations ont connu des destins très diffĂ©rents : la population de Bambous est devenue stable après 2008 avec plus de 50 couples, tandis que celle de Moka s'est Ă©teinte en 2007 ; la population de Bel Ombre compte moins de huit couples, contre une vingtaine pour celle de Rivière Noire[2]. Depuis 2014, la CrĂ©cerelle de Maurice est de nouveau considĂ©rĂ©e comme en danger[2]. Un recensement rĂ©alisĂ© en 2018 suggère que la population totale compte moins de 250 couples.

Notes et références

  1. (en) Carl G. Jones et A. Wahab Owadally, « The status, ecology and conservation of the Mauritius Kestrel », ICBP Technical Publication, no 5,‎ , p. 211-222 (lire en ligne).
  2. (en) Malcolm A. C. Nicoll, Carl G. Jones, Jim G. Groombridge, Sion Henshaw, Kevin Ruhomaun, Vikash Tatayah, Nicolas Zuel et Ken Norris, « Contrasting recovery trajectories of four reintroduced populations of the Endangered Mauritius Kestrel (Falco punctatus) », Ibis, vol. 163, no 4,‎ , p. 1294–1309 (DOI 10.1111/ibi.12987).
  3. (en) Carl G. Jones, Willard Heck, Richard E. Lewis, Yousoof Mungroo, Glenn Slade et Tom Cade, « The restoration of the Mauritius kestrel Falco punctatus population », Ibis, vol. 137 (Suppl. 1),‎ , p. 173-180 (DOI 10.1111/j.1474-919X.1995.tb08439.x).
  4. (en) Steven R. Ewing, Rüdi G. Nager, Malcolm A. C. Nicoll, Aurélien Aumjaud, Carl G. Jones, Lukas F. Keller, « Inbreeding and loss of genetic variation in a reintroduced population of Mauritius Kestrel », Conservation Biology, vol. 22, no 2,‎ , p. 395–404 (DOI 10.1111/j.1523-1739.2008.00884.x).
  5. (en) Deepa Senapathi, Malcolm A. C. Nicoll, Celine Teplitsky, Carl G. Jones et Ken Norris, « Climate change and the risks associated with delayed breeding in a tropical wild bird population », Proceedings: Biological Sciences, vol. 278, no 1722,‎ , p. 3184-3190 (DOI 10.1098/rspb.2011.0212).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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