Couplage RKKY
Le couplage RKKY (pour Ruderman-Kittel-Kasuya-Yoshida) est une interaction quantique de couplage entre des moments magnétiques nucléaires ou des spins d'électrons d localisés de la couche interne d'un métal via les électrons de conduction.
Historique
Le couplage RKKY a été initialement proposé[1] par Melvin A. Ruderman et Charles Kittel de l'université de Californie à Berkeley pour expliquer les bandes anormalement larges observées avec la résonance magnétique nucléaire dans l'argent métallique naturel. Cette théorie se base sur la théorie des perturbations au second ordre pour décrire un couplage d'échange indirect par lequel le spin nucléaire d'un atome interagit avec un électron de conduction via le couplage hyperfin. Cet électron de conduction interagit ensuite avec un autre spin nucléaire, créant ainsi une corrélation d'énergie entre les deux spins nucléaires.
La théorie RKKY est basée sur des fonctions d'onde de Bloch, et ne s'applique donc qu'aux systÚmes cristallins. L'interaction d'échange dérivée s'écrit :
avec :
- l'hamiltonien du systĂšme,
- la distance entre les noyaux et ,
- le spin nucléaire de l'atome
- le terme représentant le couplage hyperfin
- la masse effective des Ă©lectrons dans le cristal
- le vecteur d'onde des électrons de conduction. Dans les matériaux cristallins, les vecteurs d'onde des électrons de conduction sont trÚs proches de la surface de Fermi.
Taduya Kasuya, de l'universitĂ© de Nagoya, a plus tard proposĂ©[2] qu'un couplage d'Ă©change indirect similaire pourrait ĂȘtre appliquĂ© aux spins d'Ă©lectrons d localisĂ©s de la couche interne qui interagissent via les Ă©lectrons de conduction. Cette thĂ©orie a Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e[3] par Kei Yosida, de l'UniversitĂ© de Californie - Berkeley, pour obtenir un hamiltonien dĂ©crivant les interactions (spin d'Ă©lectron d)-(spin d'Ă©lectron d), (spin nuclĂ©aire)-(spin nuclĂ©aire), et (spin d'Ă©lectron d)-(spin nuclĂ©aire).
Applications
L'application la plus significative de la théorie du couplage RKKY a été la magnétorésistance géante (GMR). La théorie RKKY avait en effet prédit l'oscillation entre les états ferromagnétique-antiferromagnétrique d'une multicouche formée de deux matériaux magnétiques séparés par un métal non magnétique, oscillation dépendante de la distance entre les couches.
Notes et références
- M. A. Ruderman et C. Kittel, « Indirect Exchange Coupling of Nuclear Magnetic Moments by Conduction Electrons », Physical Review, vol. 96, no 1,â , p. 99â102 (DOI 10.1103/PhysRev.96.99, lire en ligne, consultĂ© le )
- Tadao Kasuya, « A Theory of Metallic Ferro- and Antiferromagnetism on Zener's Model », Progress of Theoretical Physics, vol. 16, no 1,â , p. 45â57 (ISSN 0033-068X, DOI 10.1143/ptp.16.45, lire en ligne, consultĂ© le )
- Kei Yosida, « Magnetic Properties of Cu-Mn Alloys », Physical Review, vol. 106, no 5,â , p. 893â898 (DOI 10.1103/PhysRev.106.893, lire en ligne, consultĂ© le )