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Cosmic Background Explorer

Le satellite Cosmic Background Explorer (COBE) est lancĂ© en 1989 pour procĂ©der Ă  l'Ă©tude du fond diffus cosmologique, le rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique issu de la phase dense et chaude de l'Univers primordial. Il est Ă©mis environ 380 000 ans après le Big Bang. Le modèle standard de la cosmologie prĂ©dit que ce rayonnement doit prĂ©senter un spectre Ă©lectromagnĂ©tique de corps noir et ce rayonnement ne doit pas ĂŞtre parfaitement uniforme, mais fonction de la direction d'observation. En 1989, ni la forme exacte de corps noir du fond diffus cosmologique, ni la prĂ©sence de ces fluctuations de tempĂ©rature ne sont dĂ©tectĂ©es. La mission remplit ces deux objectifs, dont l'importance est reconnue en 2006 par l'attribution du prix Nobel de physique Ă  John C. Mather et George Fitzgerald Smoot, responsables des deux instruments qui permettent les mesures (FIRAS et DMR respectivement).

Cosmic Background Explorer
Satellite scientifique
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste du satellite COBE.
Données générales
Organisation Drapeau des États-Unis NASA
Constructeur Goddard Space Flight Center
Programme Explorer
Domaine Cartographie du fond diffus cosmologique
Autres noms COBE, Explorer 66
Lancement Ă  14 h 34 TU
Lanceur Delta
Fin de mission
Identifiant COSPAR 1989-089A
Site lambda.gsfc.nasa.gov/product/cobe
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 2 270 kg
Contrôle d'attitude Stabilisé par rotation
Source d'Ă©nergie Panneaux solaires
Puissance Ă©lectrique 750 watts
Principaux instruments
DIRBE Photomètre à infrarouge lointain
FIRAS Spectrophotomètre de l'infrarouge lointain
DMR Radiomètre différentiel micro-onde

Caractéristiques

Le satellite COBE est lancĂ© le , depuis la base de lancement de Vandenberg, après un retard dĂ» Ă  l'accident de la navette spatiale Challenger, et placĂ© sur une orbite Ă  900 km d'altitude. Ă€ cette altitude, le satellite ne subit qu'une faible influence de la Terre et Ă©vite les Ă©lĂ©ments qui peuvent perturber ses mesures Ă  une altitude plus Ă©levĂ©e. Il est en rotation sur lui-mĂŞme et effectue ainsi un tour par minute. Cette technique d'observation a pour but de permettre aux instruments du satellite d'observer l'ensemble des rĂ©gions du ciel en un temps bref. La longue durĂ©e de vie du satellite permet l'observation rĂ©pĂ©tĂ©e un grand nombre de fois de chaque rĂ©gion du ciel, et ce de façon Ă  minimiser les problèmes liĂ©s Ă  la non constance des performances des diffĂ©rents dĂ©tecteurs.

Instruments

Afin de mener Ă  bien ses observations, il embarque trois instruments principaux :

  • DMR (Differential Microwave Radiometer), dont la fonction est de dĂ©tecter des diffĂ©rences de tempĂ©rature entre diffĂ©rentes rĂ©gions du ciel.
  • FIRAS (Far InfraRed Absolute Spectrometer) dont la fonction est de mesurer très prĂ©cisĂ©ment le spectre du fond diffus cosmologique en comparant celui-ci Ă  un corps noir artificiel embarquĂ© Ă  bord du satellite.
  • DIRBE (Diffuse InfraRed Background Experiment), dont la fonction est l'observation du ciel dans le domaine infrarouge, correspondant Ă  des longueurs d'onde lĂ©gèrement supĂ©rieures Ă  celle du fond diffus cosmologique.

DMR et FIRAS ont pour mission de tester le paradigme en vigueur à l'époque (et confirmé depuis), à savoir le fait que le fond diffus cosmologique est émis très tôt dans l'histoire de l'Univers, mais qu'à l'époque celui-ci montre déjà les germes de ce qui va devenir plusieurs centaines de millions d'années plus tard les premières galaxies. DIRBE a pour mission de détecter le rayonnement émis par ces premières galaxies dont très peu sont connues à l'époque.

DMR

Schéma du flux de données du radiomètre DMR.

Cet appareil est constituĂ© d'un ensemble de trois radiomètres diffĂ©rentiels effectuant des mesures sur des longueurs d'onde distinctes, 3,7 mm, 5,7 mm, 9,6 mm, ce qui correspond Ă  des frĂ©quences de 81, 52 et 31 GHz respectivement. Un radiomètre est un instrument qui mesure les intensitĂ©s relatives du rayonnement pour une longueur d'onde donnĂ©e. La raison de l'utilisation de mesures dans trois longueurs d'onde diffĂ©rentes tient au fait que, pour ĂŞtre certain que les diffĂ©rences de tempĂ©rature observĂ©es proviennent effectivement de l'Ă©mission du fond diffus cosmologique et non de rayonnements d'avant-plan (lumière zodiacale, rayonnement synchrotron ou rayonnement continu de freinage de la Voie lactĂ©e, effet Sunyaev-Zel'dovich, etc.), il faut que les diffĂ©rences d'intensitĂ© lumineuse dans chacune de ces longueurs d'onde satisfassent Ă  certaines relations. Par exemple, un corps noir chaud Ă©met plus qu'un corps noir froid quelle que soit la longueur d'onde observĂ©e. Si le DMR observe une rĂ©gion plus lumineuse qu'une autre Ă  3,7 mm de longueur d'onde, mais moins lumineuse Ă  5,7 mm, il est certain qu'une partie significative du rayonnement observĂ© n'est pas due Ă  une variation d'intensitĂ© du fond diffus cosmologique. L'utilisation d'un grand nombre de longueurs d'onde permet donc une certaine redondance de façon Ă  Ă©liminer au mieux tout artĂ©fact liĂ© Ă  la prĂ©sence de rayonnement d'avant-plan.

FIRAS

Diagramme du chemin optique du spectrophotomètre FIRAS.

Cet appareil est essentiellement constitué d'un spectrophotomètre : il compare à l'aide d'un interféromètre de Michelson le spectre du rayonnement cosmologique reçu depuis une région du ciel de 7° avec celui d'un corps noir de référence embarqué à bord du satellite. Le rayonnement est ensuite divisé en deux faisceaux que l'on fait interférer. Des figures d'interférences ainsi formées, on déduit finalement la nature du spectre du rayonnement par analyse de Fourrier. Tout comme le précédent, cet instrument acquiert sa précision de par son analyse différentielle.

DIRBE

Diagramme du chemin optique du photomètre DIRBE.

Cet appareil est un photomètre à infrarouge qui mesure l'intensité des rayonnements émis par les premières générations d'objets célestes. Il opère dans le domaine infrarouge lointain.

RĂ©sultats

Dès 1990, et seulement quelques minutes après la mise en service de l'instrument FIRAS, les observations de COBE permettent de confirmer la nature thermique du rayonnement cosmologique selon la loi du corps noir de Planck avec une température de 2,728 K. Du fait de la structure de l'instrument FIRAS, la précision du spectre de corps noir est meilleure que celle de sa température absolue (0,001 % contre 0,1 %). Ce résultat constitue une preuve extrêmement solide de la validité du modèle du Big Bang. Les résultats de l'expérience DMR se font attendre plus d'un an du fait, là encore, de la structure de l'instrument qui ne lui permet de donner la pleine mesure de ses capacités qu'après un très grand nombre d'observations redondantes de différentes régions du ciel. Les premiers résultats officiels sont annoncés le , et sont accueillis comme un événement majeur dans le domaine de l'astrophysique[1]. L'analyse détaillée des fluctuations de température du fond diffus cosmologique, considérablement améliorée depuis, permet la mesure précise de la plupart des paramètres cosmologiques et l'émergence de ce qui est aujourd'hui (2019) appelé le modèle standard de la cosmologie.

  • Carte des fluctuations de tempĂ©rature du fond diffus cosmologique, obtenue par l'instrument DMR après les deux premières annĂ©es d’observation.
    Carte des fluctuations de température du fond diffus cosmologique, obtenue par l'instrument DMR après les deux premières années d’observation.
  • RĂ©sultats de l'instrument FIRAS : les croix rouges reprĂ©sentent les mesures, la courbe bleue correspond au spectre de corps noir thĂ©orique.
    Résultats de l'instrument FIRAS : les croix rouges représentent les mesures, la courbe bleue correspond au spectre de corps noir théorique.
  • Cartographie du disque galactique dans l'infrarouge lointain, rĂ©alisĂ©e par l'instrument DIRBE.
    Cartographie du disque galactique dans l'infrarouge lointain, réalisée par l'instrument DIRBE.

Distinction et prix

Schéma du satellite COBE.

Deux membres de l'équipe du satellite COBE ont reçu le prix Nobel de physique en 2006 pour leur contribution aux résultats obtenus avec ce satellite : George Smoot et John C. Mather. Ce dernier, ainsi que l'ensemble de l'équipe du satellite, sont également récompensés par le prix Peter-Gruber de cosmologie la même année.

Notes et références

  1. Stephen Hawking a qualifié cette annonce de « la plus importante découverte du siècle, sinon de tous les temps » ((en) « NASA and COBE Scientists Win Top Cosmology Prize », NASA, ).

Bibliographie

  • (en) Brian Harvey, Discovering the cosmos with small spacecraft : the American Explorer program, Cham/Chichester, Springer Praxis, 2018, (ISBN 978-3-319-68138-2)
    Histoire du programme Explorer.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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