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Corruption au Maroc

Au Maroc, la corruption est un phénomène social important et touchant tous les secteurs de la société (santé, immobilier, justice, armée).

Selon la Banque mondiale, elle représente environ 39 milliards de dirhams par an[1].

Régulièrement dénoncée par l'association Transparency Maroc, aucun gouvernement dans l'histoire du Maroc n'a eu la volonté politique de s'y attaquer sérieusement[2]. L'instance de lutte contre la corruption ne dispose ainsi d'aucun réel pouvoir[2].

Historique

Bien que l'islam interdise expressément la corruption[Note 1], ce phénomène était présent dans les administrations du makhzen depuis des centenaires au moins, comme l'atteste les récits des religieux français du XVIIe siècle[3]

LĂ©gislation

Le Code pénal marocain sanctionne théoriquement la corruption. Ainsi, il a consacré dix articles (Articles 248 à 256-bis) à ce crime, il les a groupés dans une quatrième section nommée « corruption et trafic d'influence », laquelle fait partie du troisième chapitre réservé aux crimes et délits contre l'ordre public commis par les fonctionnaires.

Éléments constitutifs

Les éléments constitutifs du crime de la corruption sont, d'après l'article 248 :

  • La qualitĂ© de l'auteur : magistrat, fonctionnaire, personne investie d'un mandat Ă©lectif, arbitre, expert, mĂ©decin, chirurgien ou personnel de santĂ©.
  • L’élĂ©ment matĂ©riel : une sollicitation d’un avantage quelconque ou son agrĂ©ment (pour la corruption passive) ou l’offre d’un avantage (dans le cas de la corruption active). Il importe peu que cette contrepartie au pacte de corruption ait Ă©tĂ© effectivement reçue ou non.
  • L’élĂ©ment psychologique : une volontĂ© de corrompre. Le dĂ©lit « est dĂ©duit implicitement ». La jurisprudence exige, pour qu’il y ait corruption qu’il y ait un lien, dans l’esprit de l’auteur de l’infraction, entre l’avantage sollicitĂ© ou offert et l’acte attendu du corrompu.

L'article 251 parle du corrupteur, sans préciser sa fonction. Ainsi, il dispose :

  • « Quiconque, pour obtenir soit l'accomplissement ou l'abstention d'un acte, soit une des faveurs ou avantages prĂ©vus aux articles 248 Ă  250, a usĂ© de voies de fait ou menaces, de promesses, offres, dons ou prĂ©sents, ou autres avantages, ou cĂ©dĂ© Ă  des sollicitations tendant Ă  la corruption, mĂŞme s'il n'en a pas pris l'initiative, est, que la contrainte ou la corruption ait ou non produit son effet, puni des mĂŞmes peines que celles prĂ©vues auxdits articles contre la personne corrompue.»

Par ailleurs, l'article 256 – 1 rajouté par le dahir n° 1-04-129 du 29 rejeb 1425 (15 septembre 2004) portant promulgation de la loi n° 79-03 dispose :

  • « Le corrupteur, qui dĂ©nonce aux autoritĂ©s judiciaires une infraction de corruption, lorsque la dĂ©nonciation a eu lieu avant de donner suite Ă  la demande prĂ©sentĂ©e Ă  lui Ă  cet effet, ou s’il Ă©tablit dans le cas oĂą il a donnĂ© suite Ă  la demande de corruption que c’est le fonctionnaire qui l’a obligĂ© Ă  la verser »

Peines encourues

  • Emprisonnement de deux Ă  cinq ans et d'une amende de 2 000 Ă  50 000 dirhams soit 180 Ă  4510 € ;
  • Cinq ans Ă  dix ans de rĂ©clusion et 5 000 Ă  100 000 dirhams d’amende, lorsque la somme est supĂ©rieure Ă  100 000 dirhams.

Institutions étatiques et privées de la lutte contre la corruption

Affaires criminelles

2000-2010

  • : 29 personnes dont des examinateurs, des responsables d'auto-Ă©coles et des intermĂ©diaires sont impliquĂ©es dans une affaire de corruption dĂ©couverte Ă  Nador et dans deux de ses localitĂ©s. Cette affaire a Ă©tĂ© soulevĂ©e après de nombreuses plaintes formulĂ©es par des candidats Ă  l'examen devant le parquet[4].
  • : Laâfoura, ancien gouverneur de Hay Mohammadi Ain Sebaâ, Ă  Casablanca, est condamnĂ© Ă  dix ans de prison ferme.
  • : trois gendarmes soupçonnĂ©s de corruption ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s devant le tribunal de première instance de Inezgane. Le Commandement rĂ©gional de la gendarmerie royale d'Agadir avait ouvert une enquĂŞte, Ă  la suite de la dĂ©nonciation, pour corruption de trois Ă©lĂ©ments du poste de gendarmerie de transport aĂ©rien par un usager de l'aĂ©roport Agadir - Al Massira[5].

2010-2020

  • : un mĂ©decin accusĂ© de corruption a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  un an de prison ferme assorti d'une amende de mille dirhams, par la Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca[6].
  • : Un premier groupe de 15 prĂ©venus, parmi 40 douaniers et policiers poursuivis pour « comportements frauduleux » et « actes de harcèlement » dans le cadre de l'affaire dite « des agents du poste de Bab Sebta », a Ă©tĂ© jugĂ© par un tribunal de TĂ©touan. Des peines d'un an de prison ont Ă©tĂ© prononcĂ©es contre sept douaniers agents du service informatique, , deux autres douaniers, du service d'inspection, ont Ă©copĂ© de six mois ferme. Quatre policiers ont pour leur part Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  quatre mois de prison et 4 000 dirhams d'amende, tandis qu'un douanier et un agent de la sĂ»retĂ© nationale ont Ă©tĂ© innocentĂ©s[7].

Statistiques

Les affaires de corruptions soumises au tribunaux du Royaume se présentent comme suit[8]:

AnnéeNombre d'affairesvariation
20012731
2002--
20035438-
20044838-
2005--
2006--
2007--
2008--
2009--

On observe une stabilisation du phénomène de corruption depuis une dizaine d'années si l'on se réfère à l'indice de perception de la corruption (IPC). Le tableau suivant nous donne un aperçu de l'évolution entre 1999 et 2012[9].

Années19992000200120022003200420052006200720082009201020112012
Classement4537-5270777879728089858088
Classement relatif sur 1004541-5153534948404449484450
Score IPC4,14,7-3,73,33,23,23,23,53,53,33,43,43,7
Nombre de pays concernés999091102133145158163180180180178183176

Notes et références

Notes

  1. "Dieu maudit le corrupteur, le corrompu et l'intermédiaire entre les deux". Hadith “Et quand on leur dit: Ne semez pas la corruption sur la terre, ils disent: Au contraire nous ne sommes que des réformateurs!” Coran 2:11 "Que celui d'entre vous qui voit un mal le change de ses mains. S'il ne le peut pas, il le fait par la parole et si cela lui est encore impossible, qui le fasse dans son cœur qui est le minimum qu'exige la foi". Hadith

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Brachet, Corruption et sous-dĂ©veloppement au Maroc, Ă©ditions L'Harmattan, 1992, (ISBN 2296251080), (ISBN 9782296251083) , 197 pages.
  • Younes El Khadi, La Lutte contre la corruption et la moralisation la vie publique au Maroc, rapport de master en administration publique, ENA, 2005 lire en ligne.

Articles connexes

Liens externes

  • Recensement des articles de presse et des affaires de corruption
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