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ContrĂ´le des prix

Le contrôle des prix désigne les restrictions gouvernementales imposées sur les prix des denrées et services d'un marché. Les objectifs de tels contrôles sont, notamment, de maintenir accessible l'accès aux aliments de base, d'éviter les prix abusifs (en) et de ralentir l'inflation (ou inversement d'assurer un revenu minimum aux producteurs de certaines marchandises). Jusqu'aux débuts des années 1980, la majorité des pays en voie de développement (PVD) utilisaient le mécanisme des caisses de compensation concernant les produits de première nécessité : le gouvernement fixe le prix de vente au vendeur lequel prix est largement inférieur au prix du marché. La différence, prix du marché moins prix de vente, est versée via la caisse de compensation au vendeur. Cependant, ce mécanisme a disparu depuis, environ, une quarantaine d'années, à la suite des recommandations relatives à la rationalisation drastique des dépenses budgétaires imposées par les bailleurs de fonds internationaux.

Il existe deux formes principales de contrôle des prix : le prix plafond, c'est-à-dire le prix maximum qui peut être exigé, et à l'opposé le prix plancher, qui est le prix minimum qui peut être demandé.

Historiquement, le contrôle des prix fait souvent partie d'une politique des revenus (en) plus large qui comprend un contrôle des salaires ainsi que d'autres règlements semblables.


Exemples

Affiche de la United States Food Administration (en) datant de la Seconde Guerre mondiale.
Affiche sur le contrôle des prix aux États-Unis datant de la Seconde Guerre mondiale.

La loi du maximum général en France a existé entre 1793 et 1794.

Lors de la Première Guerre mondiale, la United States Food Administration (en) a renforcé le contrôle des prix de la nourriture[1] - [2] - [3] - [4]. Des contrôles de prix ont également été faits par les États-Unis et l'Allemagne nazi lors de la Seconde Guerre mondiale[5] - [6].

Aux États-Unis, certains États ont déjà établi des politiques de contrôle des prix. Ainsi, la Californie a établi une telle mesure sur les prix de l'électricité[7]. L'État d'Hawaï a brièvement introduit un plafond sur le prix de l'essence afin de lutter contre le « prix abusif » de cette denrée dans l'État en 2005.

Le Canada a adopté une loi anti-inflation en 1975 pour ralentir la forte inflation causée par le premier choc pétrolier.

Loi du marché ou contrôle des prix

Les économistes libéraux critiquent et dénoncent les mesures prises en vue de contrôler les prix parce qu'elles n’atteindraient pas les objectifs prévus et seraient donc contre-productives. Il est cependant rare que le mécanisme de fixation des prix fonctionne de manière totalement libre et les pratiques de contrôle ont toujours existé[8] même dans les pays les plus libéraux. Avec le développement des échanges internationaux, le tassement de la croissance, les problèmes de santé publique et de prise de conscience écologique, la tendance au contrôle des prix par les gouvernements serait en augmentation. Toutefois, les mesures prises tentent de mieux prendre en compte les mécanismes de l'offre et de la demande (exemple : quota de production pour le lait en Europe)[9].

Types de contrĂ´les et objectifs

Graphique en faveur d'un système de prix libres, The Freeman, 1958, traduit en français et en euros (la VO étant en anglais et en cents)
Équilibre entre offre et demande, en concurrence, et situation lorsque l’État impose un prix plafond.

Un contrôle des prix par les pouvoirs publics et les mesures législatives qui l’accompagnent peuvent s’exercer de diverses manières :

  • Prix maximum (plafond) ou taux maximum d'augmentation annuelle par lesquels les pouvoirs publics cherchent Ă  favoriser les acheteurs. Lorsque le prix maximum est infĂ©rieur au prix d’équilibre entre l’offre et la demande, le volume de l’offre est infĂ©rieur Ă  celui de la demande et une partie de celle-ci ne sera pas satisfaite (voir le schĂ©ma).
Une telle mesure s’applique en général aux biens considérés comme de première nécessité, notamment la nourriture et le logement (encadrement de l’évolution des prix, limitation de la hausse des loyers) ; l'objectif est de permettre aux consommateurs d’accéder au bien, en sachant paradoxalement qu’une partie de la demande restera insatisfaite. Il s’agit parfois de protéger les acheteurs (exemple : limitation du taux d’usure).
  • Prix minimum (plancher) par lequel les pouvoirs publics cherchent Ă  favoriser les vendeurs. L'objectif de ces politiques est gĂ©nĂ©ralement de leur assurer un revenu ; plus rarement, il peut aussi s'agir de limiter ou rationner la consommation. Lorsque le prix minimum est supĂ©rieur au prix d’équilibre entre l’offre et la demande, le volume de la demande est infĂ©rieur Ă  celui de l’offre et une partie de celle-ci ne trouvera pas preneur (voir le schĂ©ma).
Le salaire minimum (SMIC) fixant un prix minimum du travail, en sachant paradoxalement qu’une partie de l’offre ne trouvera pas preneur : pour le prix Nobel d'économie Gary Becker : « augmenter le salaire minimum, c'est augmenter le chômage ».
Les législations anti-dumping (qui interdisent de vendre à prix inférieurs aux coûts de production), les actions d'achat public de denrées dont le prix diminue (exemple : la politique agricole commune).
Il peut aussi s’agir de protéger les producteurs actuels contre la concurrence de nouveaux venus (exemple l'interdiction de la vente à perte), ou de protéger les clients des vendeurs contre le risque de faillite des vendeurs (exemple : les tarifs de certains contrats d'assurance).
  • Prix imposĂ© ou prix uniformisĂ© : par exemple les prix des consultations mĂ©dicales ou celui du blĂ© dans la France d'après-guerre[10]. L'obligation pour tous les vendeurs d'appliquer le mĂŞme prix, comme le prix unique des livres en France dont le principal objectif est la prĂ©servation de la librairie de dĂ©tail spĂ©cialisĂ©e ; en gĂ©nĂ©ral, ce sont les Ă©diteurs qui sont chargĂ©s de fixer le prix de vente final.
  • Mesures fiscales (taxes ou subventions) : visant Ă  rĂ©duire la consommation (taxes sur l’alcool, le tabac), taxes douanières et subvention Ă  l’exportation.

Effets des contraintes sur les acteurs

Par rapport à un marché où l'offre et la demande sont en équilibre, on peut distinguer deux grandes situations :

  1. Le prix d'équilibre respecte spontanément les bornes fixées par le contrôle (c'est-à-dire qu’il reste inférieur au prix plafond et supérieur au prix plancher).
  2. Le contrĂ´le exerce une contrainte active sur le prix.

Dans le premier cas, les effets ne sont pas tout à fait nuls, mais ils ne sont qu'indirects, à travers les anticipations des acteurs économiques sur la probabilité de passer dans le second type de situation.

Dans le second cas, les effets sont multiples :

  • frais supplĂ©mentaires pour le gouvernement (pour imposer sa règle) et pour les agents Ă©conomiques (pour Ă©luder cette règle, ce qui peut se faire lĂ©galement, en profitant de failles juridiques, ou illĂ©galement) ;
  • destruction directe de valeur ajoutĂ©e (surplus), par la rĂ©duction des quantitĂ©s Ă©changĂ©es (les pertes de surplus, en jaune dans le schĂ©ma ci-dessus) ;
  • effet redistributif par transfert de la valeur ajoutĂ©e (rectangle rouge dans le schĂ©ma ci-dessus) entre les producteurs et les consommateurs qui restent sur le marchĂ© ; cette redistribution divise les acteurs en trois groupes :
    • ceux qui gagnent sur la diffĂ©rence de prix (dans l'exemple : les consommateurs qui restent servis) ;
    • ceux qui perdent sur la diffĂ©rence de prix (dans l'exemple : les producteurs capables de vendre, mais bĂ©nĂ©ficiant d’un surplus infĂ©rieur) ;
    • ceux qui perdent par Ă©viction du marchĂ© Ă  cause de la contrainte (producteurs et consommateurs qui vont se tourner vers des produits alternatifs ou le marchĂ© noir) ;
  • apparition d'un marchĂ© noir ; Ă©mergence de modes alternatifs de la rĂ©partition du bien : file d'attente, carte de rationnement, règlementation complexe des prioritĂ©s en fonction de critères plus ou moins objectifs et traduits en dossiers administratifs Ă  remplir, etc. accompagnĂ©s de leur cortège de dĂ©fauts (fraude, discrimination, « pistonnage », bureaucratie…) ;
  • incitation Ă  produire un excès de règlementation (rĂ©pression du marchĂ© noir, extension du prix contrĂ´lĂ© Ă  des marchĂ©s voisins[11], obligation de produire ou de consommer…) accroissant les problèmes ci-dessus.

Dans les démocraties

L’exécutif peut être tenté d’introduire un contrôle des prix qui favorise de nombreux électeurs au détriment d’un petit nombre d’acteurs moins représentatifs dans les urnes.

  • Les bĂ©nĂ©ficiaires approuveront les avantages qui sont souvent visibles et parfois importants. Ils percevront cette mesure comme une justice sociale, sans Ă©valuer la destruction de valeur qu’elle induit en comparaison d’un marchĂ© libre. Ainsi, un locataire ne trouvant pas de logement alors qu’il a les moyens revendiquera un mĂ©canisme d’attribution, mais pas une hausse du prix plafond en vigueur pour accroitre l'offre.
  • Les acteurs pĂ©nalisĂ©s soutiendront les opposants politiques et lutteront par le biais de groupes d’intĂ©rĂŞt ou lobbying, en anglais. MalgrĂ© des moyens financiers souvent supĂ©rieurs, leur poids politique direct reste limitĂ©.

Pour ces raisons, le jeu politique au sein d’une démocratie a tendance à favoriser le contrôle des prix, spécialement pour les denrées les plus sensibles et en période de crise.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Price controls » (voir la liste des auteurs).

Voir aussi

Liens externes

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