Constitution des Philippines
La Constitution de la RĂ©publique des Philippines (ou Constitution des Philippines) a Ă©tĂ© approuvĂ©e en 1987 et est entrĂ©e en vigueur le 11 fĂ©vrier de la mĂȘme annĂ©e aprĂšs une sĂ©rie de chartes et constitutions.
Histoire
La Constitution actuelle de la République des Philippines est le résultat de diverses constitutions décrétées dans le pays. Depuis sa premiÚre Constitution de 1899, le pays a renouvelé ou modifié profondément le cadre constitutionnel à cinq reprises
Constitution de Malolos de 1899
La premiÚre constitution républicaine des Philippines est la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale de Malolos, le , associée à la PremiÚre République des Philippines, laquelle, a été formée aprÚs la révolution contre l'Espagne, et la déclaration d'indépendance à Kawit, le . Cette Constitution marque la volonté de construire un régime démocratique et inclut la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire[1] - [2] - [3].
Mais, aprĂšs avoir apportĂ© leur soutien Ă la rĂ©volution philippine contre l'Espagne, les Ătats-Unis signent le traitĂ© de Paris avec l'ancienne puissance coloniale et lui achĂštent l'archipel des Philippines. Passant outre la dĂ©claration d'indĂ©pendance des rĂ©volutionnaires philippins, les Ătats-Unis imposent leur protectorat aux Philippines au prix d'une guerre de prĂšs de 14 ans, et d'une rare violence. Au nom d'une ambition civilisatrice, cette guerre devient un des symboles de l'impĂ©rialisme amĂ©ricain. La Constitution de Maloros est ignorĂ©e par les dirigeants amĂ©ricains qui montrent leur conception ethnocentrique et souvent raciste du Monde dans cette guerre coloniale[4].
Constitution de 1935
En 1916, les Ătats-Unis approuvent la loi, appelĂ©e Loi Jones, acceptant l'indĂ©pendance des Philippines Ă condition que soit constituĂ©e une administration ferme et dĂ©mocratique. Le cadre constitutionnel correspondant est rĂ©digĂ© en 1934 et adoptĂ© en 1935. Une pĂ©riode transitoire s'ouvre qui doit dĂ©boucher sur un rĂ©gime dĂ©mocratique indĂ©pendant. Le territoire des Philippines prend pendant cette pĂ©riode le nom de Commonwealth des Philippines. Cependant la Seconde Guerre mondiale et l'invasion du Japon mettent fin Ă cette phase de transition[1] - [5].
Constitution de 1943 Ă la suite de l'invasion du Japon de 1941
AprÚs une longue résistance philippine, le Japon prend possession du territoire et constitue un gouvernement militaire japonais contrÎlé par l'Armée impériale. Des hommes politiques philippins acceptent de collaborer et ratifient une nouvelle Constitution en 1943[1] - [6]. Cette constitution est le socle d'un nouveau régime, la République des Philippines. Dans les faits, l'archipel demeura sous l'occupation militaire japonaise caractérisée par un régime de terreur et de multiples exactions. Contre ce nouvel occupant, se dresse une guérilla fidÚle au gouvernement national philippin, et encadrée par des militaires américains, mais aussi une rébellion communiste, le Hukbalahap ou résistance huk[7].
Constitution de 1935 remise en vigueur en 1946
Les Philippines ayant retrouvĂ© leur totale indĂ©pendance le , remettent en place la constitution de 1935. Cette constitution est la base d'un systĂšme dĂ©mocratique oĂč le prĂ©sident dispose d'une lĂ©gislature par pĂ©riode de 4 ans[1]. Le jeune Ătat philippin doit toutefois faire des concessions aux amĂ©ricains, notamment sur le maintien de bases militaires amĂ©ricaines et sur le droit des citoyens amĂ©ricains installĂ©s aux Philippines Ă exploiter les ressources naturelles du pays[8].
Constitution de Ferdinand Marcos de 1973
AprÚs diverses élections et des successions de présidents, en 1972, Ferdinand Marcos, pour se maintenir au pouvoir, déclare la loi martiale et modifie le cadre constitutionnel, en faisant rédiger une nouvelle Constitution[1].
Constitution actuelle de 1987
Quatorze années plus tard, à la suite de différents mouvements et révoltes, Ferdinand Marcos est contraint à l'exil, laissant la présidence à la veuve de Benigno Aquino (adversaire assassiné en 1983), Corazon Aquino, qui met en place une nouvelle Constitution, celle actuellement en vigueur[1].
Cette nouvelle Constitution est rédigée en 133 jours par une commission de 48 membres et approuvée par un référendum constitutionnel, au suffrage universel le [1] - [9]. La participation au référendum est forte et la proposition est largement approuvée. Ce vote exprime un rejet de l'extrémisme de droite comme de gauche. Il révÚle aussi un désir de stabilité politique[9].
Principaux points de la constitution de 1987
La constitution s'inspire de la Constitution « américaine » de 1935 et d'apports italiens, espagnols et anglo-saxons.
Le préambule dispose :
« Nous, le peuple philippin souverain, implorant l'aide de Dieu Tout-Puissant, en vue de construire une société juste et humaine et d'établir un gouvernement qui doit incarner nos idéaux et nos aspirations, promouvoir le bien commun, conserver et développer notre patrimoine, et sécurisé pour nous et notre postérité les bienfaits de la démocratie et de l'indépendance sous la primauté du droit et un régime de vérité, de justice, de liberté, d'amour, d'égalité et de paix, nous décrétons et promulguons cette Constitution. »
Elle établit un régime démocratique avec trois pouvoirs séparés et indépendants : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, avec deux chambres de représentants (bicaméralisme), et le pouvoir judiciaire. Il y a trois commissions constitutionnelles : la Commission d'audit (Cour chargée du contrÎle des comptes publics), la Commission d'administration, chargée de contrÎler l'action du service public et la Commission électorale.
L'article II rappelle quelques principes de base du régime :
- Les Philippines sont un Ătat dĂ©mocratique et rĂ©publicain (Section 1)
- Renonciation Ă la guerre (Section 2)
- Suprématie de l'autorité civile (article 3)
- SĂ©paration de l'Ăglise et de l'Ătat (article 6)
- Politique étrangÚre indépendante (article 7)
- Liberté de recourir à des armes nucléaires (article 8)
- Politique sociale juste et dynamique favorisant la justice sociale (articles 9 et 10)
- RÎle de la famille comme unité autonome de base (article 12)
- RĂŽle de la jeunesse et des femmes dans l'Ă©dification nationale (articles 13 et 14)
- L'affirmation du travail «comme une force économique et sociale primaire» (article 14)
- Autonomie des collectivités locales (article 25)
- Interdiction des dynasties politiques et adoption de mesures contre la corruption (articles 26 et 27).
En plus, dans son article III, la Constitution établit une loi complÚte de droits fondamentaux, civils et politiques, qu'elle garantit[1]. Cette charte des droits et libertés comprend :
- Le droit Ă un procĂšs Ă©quitable et la protection Ă©gale (Section 1)
- Le droit contre les perquisitions et saisies sans mandat, inspirĂ© du quatriĂšme amendement de la Constitution des Ătats-Unis (Section 2)
- Le droit à la vie privée (article 3)
- Le droit à la liberté d'expression, liberté de la presse, la liberté de réunion et le droit de pétition (article 4)
- Le libre exercice de la religion (article 5)
- Le droit de séjour et la liberté de circulation (Section 6)
- Le droit Ă l'information sur les questions d'intĂ©rĂȘt public (article 7)
- Le droit de former des associations (article 8)
- Protection contre la dépréciation des obligations contractuelles (article 10)
- Le droit au libre accĂšs aux tribunaux (article 11)
- Le droit d'ĂȘtre informĂ© de son droit de garder le silence et d'avoir un avocat compĂ©tent et indĂ©pendant (article 12)
- Le droit à la libération sous caution et contre une caution excessive (article 13)
- Les droits de l'accusé (article 14)
- Le droit Ă l'habeas corpus. (Article 15)
- Le droit à un rÚglement rapide des procédures judiciaires (article 16)
- Le droit contre l'auto-incrimination (article 17)
- Le droit Ă des croyances et des aspirations politiques. (Article 18)
- L'interdiction des traitements cruels, inhumains ou dégradants (article 19)
- La protection contre l'emprisonnement pour dettes (article 20)
- Le droit contre la double incrimination (article 21)
- L'interdiction des lois rétroactives et décrets de confiscation (Article 22).
Notes et références
Notes
- (es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « ConstituciĂłn de la RepĂșblica de Filipinas » (voir la liste des auteurs).
Références
- Site IDEA (The International Institute for Democracy and Electoral Assistance)
- Ăngel LĂłpez Cabello 2009, Revista Filipina.
- Site thecorpusjuris.com
- Lindemann 2004, Revue française de science politique.
- Site lexjuris.com
- Site exordio.com
- Mangin 1993, p. 142-146.
- LM 1946, Le Monde.
- LM 1987, Le Monde.
Voir aussi
Bibliographie
- (es) Philippines National Assembly, Reglamento de la Asamblea nacional y constitución de Filipinas, (présentation en ligne).
- RĂ©daction LM, « L'indĂ©pendance des Philippines », Le Monde,â (lire en ligne).
- RĂ©daction LM, « Philippines : vote massif en faveur de la nouvelle Constitution. Mme Aquino remporte un triomphe personnel », Le Monde,â (lire en ligne).
- Marc Mangin, Les Philippines, Ăditions Karthala, , 218 p..
- Thomas Lindemann, « IdentitĂ©s dĂ©mocratiques et choix stratĂ©giques », Revue française de science politique, vol. 54,â , p. 829-848 (DOI 10.3917/rfsp.545.0829, lire en ligne).
- (es) Francisco Ăngel LĂłpez Cabello, « La ConstituciĂłn PolĂtica de Malolos: una carta hispĂĄnica », Revista Filipina, t. XIII, no 3,â (lire en ligne).
Webographie
- « Histoire constitutionnelle des Philippines », sur IDEA (The International Institute for Democracy and Electoral Assistance).
- (en) « 1899 Constitution », sur le site thecorpusjuris.com.
- (es) « Acta Jones, Carta Orgånica de 1917 de Puerto Rico », sur le site lexjuris.com.
- (es) « CaĂda de Filipinas, Bataan y Corregidor », sur le site exordio.com.