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Conformité

La conformité est l’état de ce qui présente un accord complet, une adaptation totale. La conformité est un terme employé en droit et en gestion de la qualité. Il est répandu en banque et en assurance. Dans l’univers de la finance et du gouvernement d'entreprise, on utilise fréquemment le terme anglais compliance.

Univers normatif

(Mise/Maintien en) conformité :

  • il s'agit de l'exĂ©cution de toutes les obligations de conformitĂ© (exigences auxquelles un organisme doit obligatoirement se conformer, ainsi que celles auxquelles un organisme choisit volontairement de se conformer) dont l’organisme est tenu de respecter ;
  • source : ISO 37301 parue en 2021.

Univers juridique

DĂ©finition

La définition de la conformité en termes juridiques peut se définir comme suit :

« Ensemble d'actions visant à rendre les mesures comme les comportements des dirigeants et personnel au sein d'organismes publics ou privés (associations à but non lucratif, entreprises, syndicats, etc.) comme vis-à-vis de tiers, conformes à la norme externe et/ou interne applicable au lieu où ils opèrent. »

Par « norme Â», on se rĂ©fère aux Ă©lĂ©ments pertinents du droit (normes de droit, directives, lois, et règlements) sans oublier les normes internes Ă  l'organisation de soft law qui peuvent ĂŞtre assimilĂ©s Ă  des engagements unilatĂ©raux.

Obligation et/ou engagement unilatéral

La conformité peut être le résultat d'une obligation légale. C'est le cas aux États-Unis, en application de la loi Sarbanes-Oxley, ou encore dans le domaine bancaire, avec le Règlement CRBF 97-02 de 1997, et le document consultatif du Comité de Bâle, du . C'est également le cas dans le domaine de l'énergie, au sein de l'Union européenne, avec la mise en œuvre de directives visant à assurer la non discrimination entre les différents fournisseurs et consommateurs de gaz ou d'électricité.

En droit français, la conformité peut être également une obligation de l'entreprise pour limiter une sanction en droit de la concurrence en cas d'entente ou de monopole. En France, plusieurs entreprises l'ont mis en place avec l'approbation de l'Autorité de la concurrence :

  • secteur postal (Cons. conc., dĂ©cision no 04-D-65, ) ;
  • secteur des appareils de chauffage (DĂ©c. no 06-D-03, ;
  • secteur de l'Ă©limination des dĂ©chets (DĂ©c. no 07-D-02, ) ;
  • secteur de la tĂ©lĂ©phonie (DĂ©c. no 07-D-33, ) ;
  • secteur du dĂ©mĂ©nagement national et international (DĂ©c. no 07-D-48, ).

À défaut d'obligation réglementaire, l'organisation peut s'engager dans une démarche d'une manière offensive ou défensive :

  • du point de vue offensif, l'organisation peut vouloir communiquer sur le respect de la loi dans un secteur oĂą sa rĂ©putation est mise en cause par l'opinion publique et/ou les mĂ©dias ou prouver leur diffĂ©rence vis-Ă -vis d'organisations similaires ;
  • du point de vue dĂ©fensif, le besoin de mise en conformitĂ© peut se rĂ©vĂ©ler au grĂ© d'un audit interne ou externe qui pourra dĂ©boucher sur un audit de conformitĂ© voire un audit juridique de conformitĂ©. L'exercice est alors de mesurer les Ă©carts entre le comportement (ou la règle adoptĂ©e par l'organisation) et la norme de rĂ©fĂ©rence. Le dĂ©faut de conformitĂ© peut aboutir Ă  un contentieux, une remise en cause des responsabilitĂ©s, et recèle un risque juridique ou d'insĂ©curitĂ© juridique.

Analyse coût/avantage

Tout l'intérêt de la conformité réside dans deux points majeurs :

  • l'efficacitĂ© d'une approche ex-ante qui impose aux diffĂ©rents acteurs soumis au droit de la conformitĂ© de mettre en Ĺ“uvre diverses mesures qui sont immĂ©diatement susceptibles d'ĂŞtre sanctionnĂ©ess en cas non-respect. Cette mĂ©thode est un appliatif au droit plus classique de la concurrence et de la rĂ©gulation qui ne vient sanctionner des comportements fautifs qu'ex-post, c'est-Ă -dire une fois ceux-ci rĂ©alisĂ©s. La philosophie de la compliance peut donc ĂŞtre rĂ©sulĂ©e en une phrase : « mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir » ;
  • la responsabilisation des acteurs soumis au droit de la compliance : dans la mesure oĂą, contrairement aux autoritĂ©s publiques, les acteurs du secteur privĂ© disposent de plus de moyens financiers, des technologies pertinentes et surtout qu'il est le seul Ă  dĂ©tenir l'information, il devient très utile voire nĂ©cessaire de leur laisser mettre en Ĺ“uvre les solutions leur permettant de prĂ©venir toute atteinte Ă  la probitĂ©.

L'action de mise en conformité ou compliance en anglais peut s'établir sur la base d'une analyse contrainte/avantages dont les termes ont été analysés par Christophe Roquilly[1].

« Il est un lieu commun que de penser que la compliance représente une contrainte absolue pour les entreprises. La complexité informationnelle (difficulté liée à l'interprétation des normes) et la complexité computationnelle (difficulté liée à l'augmentation du volume des normes), auxquelles s'ajoute le développement des obligations de déclaration de compliance, sont la source principale de cette perception. Le poids que représentent les obligations de compliance peut être interprété en termes de coût organisationnel (coût de la veille réglementaire ; coût de la mise en conformité ; coût de la communication sur cette conformité) et de coût stratégique (obligation de modifier certains éléments de la stratégie de l'entreprise, dans certains cas). Mais la compliance peut également être perçue comme étant une source d'opportunité pour l'entreprise : développement d'un apprentissage organisationnel en vue de créer et de développer des process et une culture de la compliance, sans pour autant qu'elle soit paralysante ; potentalité d'avantages concurrentiels durables. En effet, on peut se demander dans quelle mesure la compliance peut devenir un facteur de performance et de distinctivité par rapport aux entreprises concurrentes. L'entreprise pourrait en effet se distinguer par son organisation spécifique (coûts, priorités) de conformité aux normes réglementaires, ses choix au niveau des normes non-obligatoires pouvant ne pas être appliquées, etc. »

Modes d'action

La conformité est un des volets de la GRC (gouvernement d'entreprise, maîtrise des risques et conformité interne) très en vogue sous la pression du droit des sociétés.

Cette politique de conformité volontaire ou subie place les directeurs juridiques en première ligne : pour prouver leur conformité réglementaire, les entreprises devront mettre en place un code de bonne gouvernance, développer une fonction de « compliance officer » et intégrer la dimension de « conformité juridique » dans le quotidien opérationnel par des programmes et des processus de vérification.

Sur la base des retours d'expérience de directions juridiques anglo-saxones[2], l'action de mise en conformité peut se traduire par deux approches simultanées :

  • Ă  court et moyen terme, mise en place de programmes de conformitĂ© qui visent Ă  vĂ©rifier pour les dispositifs clefs d'une organisation le respect des politiques Ă©noncĂ©es. Chaque branche de droit (droit financier, droit de la concurrence, droit pĂ©nal, droit de la santĂ© sĂ©curitĂ©, etc.) peut faire l'objet d'une dĂ©marche de conformitĂ© avec la mise en place d'un programme de conformitĂ© spĂ©cifique. Des solutions logicielles tentent de gĂ©rer le flot d'informations Ă  cette fin pour un contrĂ´le point par point qui doit ĂŞtre parfaitement documentĂ© ;
  • Ă  moyen et long terme, mise en place d'une communication interne dĂ©diĂ©e sur le sujet, d'une formation continue ciblĂ©e et adaptĂ©e selon les profils visĂ©s du haut jusqu'en bas de la hiĂ©rarchie de l'organisation avec un traitement prĂ©ventif systĂ©matique des risques juridiques prioritaires.

En tous les cas, l'engagement puis le soutien des dirigeants est un prĂ©alable pour une action qui tend Ă  dĂ©ployer une culture de la conformitĂ© enracinĂ©e dans l'organisation ; « chaque entreprise est unique Â»[3].

Un objectif du contrôle interne des sociétés cotées

Ă€ la lumière des dernières recommandations de l'AutoritĂ© des marchĂ©s financiers (France) du sur les dispositifs de gestion des risques et de contrĂ´le interne — « Cadre de rĂ©fĂ©rence Â», la conformitĂ© aux lois et règlements qui « fixent des normes de comportement que la sociĂ©tĂ© intègre Ă  ses objectifs de conformitĂ© Â» est bien un objectif de contrĂ´le interne. Cette mise en conformitĂ© juridique suppose, « compte tenu du grand nombre de domaines existants (droit des sociĂ©tĂ©s, droit commercial, environnement) Â», une action permanente de veille juridique qui se dĂ©compose en diffĂ©rentes tâches :  

  • connaĂ®tre les diverses règles qui lui sont applicables ;
  • ĂŞtre en mesure d’être informĂ©e en temps utile des modifications qui leur sont apportĂ©es (veille juridique) ;
  • transcrire ces règles dans ses procĂ©dures internes ;
  • informer et former les collaborateurs sur celles des règles qui les concernent.

Univers des processus industriels

Carton vert indiquant la conformité d'un produit[4].

Dans l'industrie et les services, le processus de mise en conformité d'un produit, d'un service, est appelé de différentes manières :

La non-conformité, qui équivaut à un défaut de qualité par rapport au cahier des charges, peut conduire à un ajustement[6], au recyclage (en faible proportion) dans la prochaine fabrication, à la mise au rebut du produit, ou au remboursement du produit ou du service au client. Ce dernier peut accorder une dérogation.

Univers bancaire et financier

En finance, le terme de conformité, ou encore de compliance, est utilisé pour désigner le respect des dispositions législatives et règlementaires, donc des dispositions normatives propres aux activités bancaires et financières, mais aussi des normes professionnelles et déontologiques, ainsi que des orientations de l’organe délibérant ou des instructions de l’organe exécutif[7].

Aux termes du règlement CRBF 97-02, cette obligation est impérative. Tous les établissements financiers, établissements de crédit, prestataires de services d'investissement ou établissements de paiement sont ainsi dotés d'une fonction de conformité.

Les règlementations sectorielles bancaires européennes (MiFID, UCITS IV, AIFMD, Bâle III) et assurance (Solvabilité II), confirment la mise en place d'un compliance officer pour gérer la conformité et traiter les sources de risques.

Les régulateurs américains sont ceux qui ont le plus d'influence dans les banques. En effet, les États-Unis est le principal pays à appliquer des règles très strictes d'embargo. Et ils sont ceux qui infligent les sanctions les plus importantes et dissuasives. Une grande banque française s'est ainsi fait épingler en 2014 par les Américains pour avoir participé au financement d'activités dans un pays sous sanction américaine. La banque a dû payer une amende record de sept milliards de dollars et risquerait de ne plus avoir le droit de traiter en dollar si un incident de ce type venait à se reproduire. Pour une banque internationale, cela signerait sa perte.

De même, les professionnels bancaires et financiers opérant sous forme indépendante, tels que les intermédiaires, doivent s'assurer également de la conformité de leurs activités[8]. La conformité bancaire, ou en assurance, s'applique également dans le droit de la distribution bancaire.

Parmi les thématiques de la conformité financière ou bancaire, il s'agira entre autres :

  • du contrĂ´le du risque (de marchĂ©, de liquiditĂ©, de contrepartie, opĂ©rationnel) ;
  • de la prĂ©vention des dĂ©lits d'initiĂ© ;
  • de la lutte contre le blanchiment d'argent ;
  • de la lutte contre le financement du terrorisme ;
  • du respect des embargos ;
  • du contrĂ´le de la conformitĂ© vis-Ă -vis des politiques d'investissement ;
  • du contrĂ´le de la gestion des investissements ;
  • du conseil aux responsables mĂ©tiers ;
  • du contrĂ´le des prestations essentielles externalisĂ©es, notamment, aux intermĂ©diaires, par exemple, les intermĂ©diaires en opĂ©rations de banque et en services de paiement, pour les Ă©tablissements de crĂ©dit[9] ;
  • risques de litiges et risques d'image.

Les établissements bancaires et financiers ont ainsi mis en place des outils de gestion du risque de non-conformité de plus en plus précis, compte tenu des risques de dérives qui ont pu avoir lieu lors des dernières crises financières.

Car la conformité bancaire et financière joue un double rôle, de protection du système bancaire et de protection des consommateurs de produits financiers.

La crise financière débutée en 2008 renforce l'exigence d'une conformité bancaire et financière efficace[10].

Comme le rappellent Barthelmess et Langlois, les nouvelles technologies financières (FinTechs) et en premier plan la Blockchain ont considérablement changé les pratiques en matière de compliance dans les institutions financières. Ces nouvelles technologies offrent des outils permettant une sécurisation et une mutualisation des informations accrues.

Conformité en psychologie et sociologie

La conformité sociale désigne en psychologie une attitude ou une opinion qui est en accord avec ce qui est attendu d'un individu ou d'un groupe dans une situation donnée ou en ce qui concerne une tâche définie. La conformité peut résulter de la pression d'une groupe, réel ou perçu, ou d'une cohésion sociale forte du groupe. Elle décroît quand la difficulté d'une tâche définie croît, mais elle peut augmenter avec la taille du groupe quand la pression croît aussi[11]. Le conformisme est une forme de conformité augmentée et généralisé: une attitude d'adapter son comportement fortement et démonstrativement aux normes sociales, aux principes d'autorité et aux conventions, causée par soumission volontaire[12] ou forcée par des autorités.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • C. Collard et C. Roquilly, Table-ronde sur « La conformitĂ© rĂ©glementaire et les programmes de compliance », Cahiers de droit de l'entreprise, 2010, 2, p. 9-19.
  • C. Roquilly, « La conformitĂ© rĂ©glementaire conduit Ă  une performance durable », Agefi Magazine, , p. 10-13.

Notes et références

  1. LegalEdhec
  2. Source
  3. Gabriel Mikulfka, Programmes de conformitĂ© : mythes, rĂ©alitĂ©s et opportunitĂ©s , Option Finances/Option Droit & Affaires, mars 2010, p. 54-58
  4. Après une batterie de tests rĂ©alisĂ©s avec succès sur ce mastic semifini, le laboratoire QC interne d'une sociĂ©tĂ© a dĂ©livrĂ© un document (carton, Ă©tiquette, etc.) vert « Produit conforme Â» (document rouge si non conforme) mentionnant notamment la rĂ©fĂ©rence, la date de fabrication, la date limite d'utilisation (DLU) et le numĂ©ro de lot du produit.
  5. Barthlmess B., Langlois J., Quels impacts de la Blockchain sur les pratiques en compliance, Cercle K2, https://www.youtube.com/watch?v=e6V2IL5hxf0&feature=youtu.be
  6. Par exemple, ajout d'un plastifiant si un lot de mastic est trop visqueux.
  7. ACPR, Source
  8. Laurent Denis, Source
  9. Laurent Denis
  10. Reuters, Source
  11. Dictionnaire de sociologie, Larousse, Paris 1973.
  12. Theodor W. Adorno: Études sur la personnalité autoritaire (traduit de l'anglais par Hélène Frappat), Allia, Paris 2007 (1re éd. en anglais 1950) (ISBN 978-2-84485-233-5)
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